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11 | En veux-tu ou pas ? – Le récit de Julien.
Quand, après le boulot, j’ai ouvert la porte de ma maison, c’est une bonne odeur de fromage gratiné qui a aussitôt envahi mes narines et provoqué un soupir de satisfaction anticipée.
- « Hmmmm ! Bonjour Jérôme ! Qu’est-ce que c’est ? »
- « Salut Julien. Un simple gratin de pâtes aux lardons. »
Il m’avait prévenu de sa venue mais j’étais déjà reparti aux champs avant qu’il n’arrive. En rentrant, j’ai vu son VTT nettoyé dans la douche des chevaux, ses vêtements mis à sécher.
Je le retrouve, douché, vêtu d’un de ces vastes maillots de basketteur sans manche dessiné pour dégager les épaules et les bras, occupé à tourner le contenu d’une sauteuse avec une longue cuiller en bois. Je m’approche.
L’éclairage de la hotte fait paraître presque blancs les poils souples qui soulignent la crête de ses trapèzes, remontant en filet d’un côté jusqu’à sa nuque et nappant l’arrondi de son deltoïde de l’autre. Les mouvements de ses deux bras font rouler ses muscles et coulisser les larges bretelles de tissu qui tantôt aplatissent, tantôt retroussent ces herbes folles qui se libèrent comme des ressorts ou, contrariées, s’enchevêtrent.
Mais qu’est-ce qu’il est sexy, ce costaud poilu à contre-jour.
Il a vivement tourné la tête, jetant un coup d’œil joyeux vers l’arrière. Vers moi qui l’examine en gourmand. Cette fois, ce sont des vapeurs de caramel qui me parviennent.
- « Que nous prépares-tu, là ? »
- « J’ai découvert quelques pommes fripées dans la souillarde, je les ai épluchées, je les fais revenir dans un peu de beurre et de sucre puis je couvrirai pour qu’elles poursuivent la cuisson à l’étouffée. »
Mes mains se referment sur ses côtes, au dessus de sa taille et accompagnent sa respiration. Sous le long maillot, il a enfilé un short flottant assorti et ses solides mollets velus en dépassent librement, jusqu’à ses pieds nus sur les tomettes.
- « Tu es un vrai magicien du logis. »
- « Et je m’entraîne à partager le quotidien d’un autre poilu, histoire de me reprogrammer. »
Je renifle bruyamment les effluves de cuisine.
- « J’avoue que tu me sembles parfaitement préparé pour le rôle. »
Sans se départir de son sérieux, il tend le bras pour s’emparer du couvercle ; de l’autre main, il mouille les pommes et recouvre prestement sa préparation du verre bombé, aussitôt voilé de vapeur d’eau. De l’index, il règle la puissance du feu au minimum sous l’ustensile et se retourne d’un bloc, le sourire en coin.
- « Peut-être que maintenant tu aimerais que papa te donne le bain avant de passer à table. »
Mes deux mains que sa rotation avait chassées sont revenues encadrer sa taille. Nos yeux jouent à chat, sautillent, pétillent et nos lèvres peinent à contenir un sourire canaille.
Je romps le jeu d’une moue.
- « Je prends grand soin de me décalotter le gland sous la douche chaque matin mais peut-être qu’à la charcuterie de terroir, tu préfères aujourd’hui des mets plus … fades mais garantis aseptisés. »
Il renverse la tête en arrière dans un rire puis revient planter ses yeux dans les miens.
- « Sans aller jusqu’à me régaler de smegma car j’abandonne la consistance grumeleuse du lait ribot à la table des bretons et l’odeur du munster à celle des alsaciens, un de mes partenaires, un certain agriculteur, m’a ouvert les yeux, appris à fuir les produits falsifiés ou équivoques, les illusions et les faux semblants comme les étourdissements trop violents qui nous font perdre tout sens commun. Désormais, j’ai cessé de me leurrer, je privilégie les choses qui rassemblent tous les traits de ce qu’elles sont en réalité. Donc, j’aime croiser le goût et l’odeur du corps des hommes avec qui j’ai commerce. Je dirais même que ça me rassure, tu vois, j’ai encore besoin d’être tranquillisé !- sur la nature exacte de l’exercice que je me vois pratiquer.
Or j’aime sucer une queue au bon goût de bite, particulièrement après le sport. »
Il m’adresse alors un sec coup de menton provocateur.
- « Une bonne pipe de poilu, ça te branche ? »
Je fais rouler mes mains d’avant en arrière sur ses crêtes iliaques, adoptant un air emprunté, le ton faussement modeste.
- « Moi, on m’a inculqué l’exigence de partager, l’équilibre de la réciprocité : donner ET recevoir, un prêté pour un rendu, un plaisir contre un autre. Tu me suces, je te lèche et inversement. »
Il fronce les sourcils, comme préoccupé.
- « On se cantonne à la bite … ou le jeu est plus ouvert ?
Je hausse négligemment une épaule.
- « Ce n’est pas une compétition, mais je préfère jouer en catégorie expert, les amateurs du dimanche qui ne se gargarisent que de mots m’ennuient. »
Il a souri. Son bras est venu envelopper mes épaules, le mien enlaçant sa taille en retour et nous avançons ainsi de quelques pas.
- « T’as raison ! En même temps, ... »
Il s’arrête brusquement.
- « Ceux qui rougissent, prenant une mine outrée quand on leur demande s’ils aiment sucer une queue mais qu’on retrouve à genoux et disposés à toutes les fantaisies, même les plus extravagantes et sans filet, dés que l’obscurité et certaines substances font sauter leurs inhibitions ne m’inspirent pas vraiment confiance. »
Il casse sa nuque et secoue un instant sa courte chevelure en tous sens en soupirant, soudain accablé. Sa main, doigts en étoile, glisse de mon épaule dans mon dos qu’elle presse.
Quand il relève son visage vers moi, je lis dans ses yeux à la fois la concupiscence gourmande attendue mais aussi, comme cachée derrière, un relief égaré d’inquiétude, une demande atavique de ré-assurance. Est-ce le vestige de cette fracture qui le partageait en deux êtres inconciliables depuis si longtemps quand je l’ai recueilli, ivre mort, place d’Espagne ? En reviendra-t-il jamais ?
Et la tendresse m’étreint en même temps que le désir crispe mon rein. Mon bras remonte et mes doigts vagabondent dans la barbe dense de ses joues. Un gratouillis brouillon.
L’association avec mon pâle sourire a-t-il suffi à le réconforter ? Il tourne vivement la tête pour déposer un éclat de bisou sur mes doigts et tourne vers moi un visage maintenant radieux. Une fossette remonte sa joue et il mordille sa lèvre inférieure pour se contenir de trop vite sourire.
Je me compose un visage d’ange, je baisse les paupières et tend imperceptiblement le cou. En attente. Sa barbe frôle ma joue.
- « Bon, alors, cette pipe, en veux-tu ou pas ? »
Mon sens pratique a, une fois de plus, fait merveille. Jamais je n’avais aussi rapidement extirpé mon torse de ma cotte, faisant voler du même arrachement maillot et sweat par dessus ma tête avant d’ouvrir les bras et d’écarquiller les yeux en assurance de mon absolue bonne volonté.
Ses yeux, qu’il plonge dans les miens, semblent receler un élixir si chaud, si onctueux, si puissant que je suis presqu’effrayé par ce qu’il me promet. Ses deux mains entourent ma taille, se rejoignent dans mes reins et s’infiltrent sous la ceinture de mon slip, lentement, subrepticement.
Puis, rapide comme l’éclair, elles contournent mes hanches, étirant largement l’élastique vers l’avant pour libérer le contenu, la gauche fixe ma hanche, la droite cueille mes couilles et, entre deux doigts, pointe mon épieu. Il m’adresse un dernier regard, sombre, déterminé, puis il s’effondre et m’engloutit.
Suffocant.
Je rugis, me dresse sur la pointe de mes orteils, envoyant mon bassin vers l’avant, menton au plafond.
Mais il tient bon.
Dans l’instant, mes jambes flageolent, ma main, incertaine, vient se raccrocher à ses cheveux fins et bouclés comme pour un hommage de vaincu, il amorce un leeeent glissement, à la fois précis et soyeux. Une torture infiniment délicieuse.
J’en gémis.
Amical72
amical072@gmail.com
Quelle est cette substance blanchâtre et caséeuse qui remplit mon sillon balano-préputial quand je décalotte mon gland, est-ce « normal », docteur ? Mais oui, c’est simplement naturel, c’est du smegma
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