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13 | Un bouc – Le récit de Joris
-" Salope de p'tit pédé, tu m'as bien eu."
Pourtant, le tapotement sur ma joue pourrait passer pour affectueux et le ton n'a rien de menaçant, il me paraîtrait plutôt amusé, presque reconnaissant après cette pipe magistrale et ses friandises surprises. J'avale, lèche, nettoie avec une application irréprochable. Sa jambe, passée par dessus mon épaule, son talon qui marque mon dos me maintiennent le visage dans ses fourrures, le nez dans ses effluves, mes doigts demeurent crochetés dans ses crinières. Le paradis.
Que je hume, que j'effleure de mes lèvres, que je m'enhardis à piquer de légers bisous pulpeux, de succions de plus en plus franches.
Et il ne me chasse pas de ce jardin d'eden, non! Il rit doucement, oriente discrètement ma tête ou la bloque, la guide, l'invite du bout d'un doigt, marque par de subites inspirations qu'il manque soudain d'air, maintenant que ma langue s'aventure à nouveau, chaque fois qu'elle débusque un point érogène insoupçonné, puis il me ramène à sa bite qui retrouve sa forme, idole suplombante dont j'attends qu'elle me comble de ses bienfaits.
Un pétillement dans ses yeux noirs, la mandibule avancée, prognathe de détermination, il me la soustrait d'une main en couvercle comme pour m'en priver et qu'à nouveau, je le lèche, l'embrasse, le cajole, ici, là, alentours, ...
D'un coup, il a roulé sur le dos, soulevant haut ses cuisses, sa main sur mon crâne a précipité ma tête sous ses bourses, écrasant mon nez dans le fourré pileux de sa raie et ma langue a renoué avec son plissé, serré mais frémissant, dont elle s'est sauvagement délectée.
Tout aussi brusquement, il s'est rétabli et, comme de rien, exhibe maintenant devant mes yeux une trique de bouc, vibrante, rougeoyante de tension, sur laquelle je me rue pour l'engloutir.
-" Capote-moi vite, petit pédé car, sois-en certain, maintenant, je vais t'embrocher!"
Cette fois, le ton n'admet aucune discussion, mais l'envie féroce qui me tord les tripes réclame avec tout autant impatience.
Par de petites tapes sèches, il m'indique la position idoine, celle de la prière, sur le divan. Il m'envoie quelques giclées de lubrifiant qu'il me laisse le soin d'étaler, usant de sa queue tantôt comme d'un strigile pour ramener sur sa cible le gel qui dégouline, tantôt comme un poinçon qui m'assouplit l'anus par de brèves pressions répétées, pognant mes fesses, se raclant la gorge d'un feulement de fauve, lissant mon dos en cherchant l'alignement parfait de la ligne de tir, soulevant les sangles de mon suspenseur pour les relâcher dans un claquement cinglant ...
Et d'un coup, j'ai compris.
A ses mains fermement ancrées dans la chair replète juste en dessous de mes crêtes iliaques, à leur tremblement contenu, à l'augmentation de la pression de son gland sur mon frippé, lequel n'attend que ça! Compris que LE moment est venu.
J'ai pris une profonde inspiration, poussé en sens inverse et j'ai senti chaque millimètre de cette intrusion irrésistible, de cet envahissement souverain, par cette barre de feu qui m'écartèle, me distend et pourtant me comble, me complète. Maintenant, ses poils chatouillent mes fesses, se détendant comme des ressorts avant de s'applatir comme le crin d'un siège et garnir ma raie, j'encaisse son ultime coup de reins, celui par lequel il s'assure de la totalité de notre imbrication.
J'exhale un "oui" vaincu, m'étirant désespérement vers l'arrière tout en ouvrant à deux mains mes globes pourtant déjà aplatis, espérant, qui sait ? Peut-être qu'il parvienne à me transpercer de part en part alors qu'il amorce un souple balancement qui m'écrabouille à chaque retour ; je suis ... fébrile, tremblotant, vaincu.
Il ralentit le mouvement et fait couler du gel le long de mon coccyx comme le mécanicien graisse la bielle en cours de va et vient ; sa fraîcheur tranche si cruellement sur la chaleur qui remonte de mon ventre que je crie.
Mais rien ne perturbe sa détermination ; j'ai beau vagir, m'agiter, sursauter, il poursuit sa route imperturbablement tandis que je roule des épaules, ébloui, suffoqué, me soulevant sur les bras, le cul en offrande, ramoné sans relâche. Je m'accoude au dossier, cambré et cou tendu autant que je peux, pour trouver l'air qui me fait défaut. Je plane.
Deux pinces s'emparent de mes tétons, pour une morsure, vive, électrique et, à nouveau, l'éblouissement, blanc. Petit à petit, son rire me parvient à nouveau, bercé par ce mouvement régulier qui me calibre, me lime, me ponce, me lisse de plus en plus souplement. Un alésage d'une douceur millimétrée, une vocation.
Mais son rire se fait râle. Soudain, il se penche sur moi, ses lèvres happent mon oreille, ses dents froissent mon pavillon, le pincent cruellement ; sa main me cale fermement les épaules en appui contre le dossier du fauteuil, puis accentue ma cambrure en creusant mon rein, revient étirer mes mamelons sans ménagement ... Son glissement fluide et régulier se mue en coups secs, décochés l'un après l'autre, assortis de ahanements qui s'essoufflent et claquent comme d'ultimes efforts.
Il se tend d'un coup, comme un ressort qui me cloue, puis redouble en échos jusqu'à se fixer, tendu, arqué, grinçant. Son halètement se meurt en soupir et il s'effondre sur moi. Nous roulons emmêlés et il ramène mon visage dans la moiteur de son aisselle dont l'odeur puissante me bouleverse. Je la lèche et il rit, sûr de lui, triomphant.
Il rit encore quand je viens têter son mamelon, quand je dévale son ventre pour aspirer sa bite gluante que j'ai débarrassée du latex. Il me précipite vigoureusement à bas du canapé, presse sa plante de pied sur mon visage et me regarde me régaler de son gros orteil d'un air pensif. Il se penche brusquement, sa main vient presser mon paquet comme un demi-citron, il contemple sa paume, la retourne et l'expose à ma vue. Je viens y laper mes propres traces gluantes en cherchant ses yeux.
Ils sont noirs, insondables et me scrutent.
-" Tu veux toujours te faire percer?"
Je ... Je reste interdit, bouche ouverte, les yeux accrochés aux siens, je déglutis dans un incertain hochement de menton qui vaut acceptation à ses yeux et il se lève, farfouille dans une pile de vêtements, en extrait un peignoir dont il s'enveloppe.
- " Attends- moi ici !"
Il m'abandonne ainsi à mon sort, puis reparaît quelques minutes plus tard et me fait signe de le suivre. J'amorce un mouvement pour enfiler mes habits mais il m'alpague d'une main autoritaire et m'entraîne nu, ou presque, à sa suite jusqu'à une des cabines du corridor.
L'escogriffe nous y attend.
- " On commence par lequel ?"
En fanfaronnant un peu, je dégage mon épaule droite. Au moment crucial, une grosse patte velue détourne mon menton vers la gauche, un doigt le soulève, un regard me soutient. Une vive piqure, mon cri qui se bloque dans ma gorge, la tige du barbell qui frotte désagréablement en se frayant un passage, une compresse, c'est fini !
Mais, pour le moment, un seul suffira, merci.
Son bras a enveloppé mes épaules pour me ramener dans la réserve.
- " Ça va ?"
Je hausse une épaule, fataliste. Sa main m'arrête, me fait pivoter, l'autre dénoue la ceinture de son peignoir. Putain, sa queue ! C'est un bouc et j'aime ça.
Amical72
amical072@gmail.com
* « Ah c'qu'il est beau mon chibre / Quand il est à l'air libre / Son uniforme est joyeux, tête rose et veines bleues / Quand le printemps l'caresse, il se gonfle d'ivresse » Pierre Perret chante « mon chibre »
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