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Chapitre 8 | Andromaque
Le récit de Julien
Je m’allonge aux côtés de Benjamin et remonte à sa hauteur sur le lit. Il se tourne vers moi, encadre mon visage à deux mains et me galoche. Son corps bascule sur le mien et, écartant sa cuisse à l’équerre, il m’enjambe et vient s’asseoir sur ma bite mouillante. Il balance son bassin et, tâtonnant de la main, vient pointer mon missile en position de tir.
Un simple « tss ! », un coup d’œil échangé et il tend le bras pour s’emparer de la trousse d’urgence. Puis, d’un coup, il plonge sur ma queue qu’il engloutit plutôt maladroitement. Il est plus précis en remontant - mais cette inexpérience me sauve peut-être ! - puis il revient m’embrasser avec une telle complicité sensuelle, un tel entrain joyeux que je songe immédiatement à Lecourt et à nos goinfreries étourdissantes.
Bien sûr, j’ai un pincement au cœur mais l’impétuosité qui illumine Benjamin me renvoie à l’émerveillement de ces instants fugaces de fusion, de complétude, d’entente… Et cela vient clouer le bec à l’absent. Alors, c’est moi qui en redemande. Un baiser profond en salade de langues, trempé, bruyant, dont toute pudeur et retenue sont bannies.
Je regarde Benjamin m’équiper puis nous lubrifier grassement, soulever sa cuisse pour se placer à califourchon et se cambrer pour me guider en lui. Je m’efforce simplement d’adopter la position la plus facilitante, ma bite est presqu’insensible à force de concentration.
Je le scrute, je l’admire quand il s’embouche et, aussitôt, se laisse aller, m’absorbant progressivement, alternant de fermes poussées et de profondes inspirations, les yeux clos, le visage alternativement figé ou marqué, toujours concentré et précis. Il a rejeté ses épaules en arrière, saisissant une de ses fesses dans chaque main pour un assemblage plus étroit. Il s’immobilise, la tête basculée en arrière, bouche ouverte. Je sens son cul palpiter, se serrer, se desserrer.
Il a pris une longue inspiration, ramené un regard aiguisé sur moi, ses deux mains, doigts en crochets, ont hersé la toison de mon torse, il s’est brusquement détendu comme pour libérer ma queue en lui avant de la gainer précisément, à nouveau, comme l’artisan assure sa prise sur le manche de l’outil. Lentement, il a contracté ses cuisses pour se soulever. Lentement. Puis il s’est renfoncé, tout aussi lentement. Il me dévore.
Puissant animal carnassier !
Il a recommencé à bouger, avec précaution. Il a rassemblé sa salive en creusant ses joues avant de la laisser filer sur sa queue qu’il a ensuite coiffée de sa paume. Il joue de son gland luisant alternativement avec sa main ou de la pulpe de ses doigts et ondule du bassin. Je comprends alors qu’à l’emballement de la machine, il préfère une caresse voluptueuse, recherchant la précision de la touche, l’ajustement de nos contacts, la subtilité de ses contractions pour des vibrations éreintantes de délicatesse.
Il laisse couler une lame de son regard qu’attentif, je guettais et, rasséréné, reprend son ondoiement serpentin et lascif, qui me ravit comme une caresse très légère, très lente, subtilement efficace et envahissante et que, pour rien au monde, je ne voudrais interrompre.
Je m’efface autant que possible, m’efforçant de cultiver notre harmonie en ajustant ma posture, bridant l’élan de mes mains qui voudraient pourtant étreindre ses cuisses, leur interdisant d’être trop présentes et de le distraire de sa concentration. Je suis suspendu à nos souffles retenus, à la fragilité soyeuse de notre accord, à la discrétion de notre progression vers l’acmé.
Nous nous guettons l’un l’autre avec l’acuité de félins, la fluidité de dauphins. Chasseurs déterminés, tendus, attentifs. Il a maintenant des crispations dans la mâchoire, de brusques sursauts des épaules et il laisse filtrer un sourd murmure de contentement qui se bloque soudain dans sa gorge. Temps d’arrêt ! Ma main remonte en épousant son flanc, contenante, apaisante, et il repart.
Mais il ne saurait tout retarder indéfiniment et, soudain, son gémissement s’étrangle, son conduit m’écrase en lui et sa main glisse pour pointer sur moi son vit écarlate qui envoie une première salve dans ma toison. Lors de son bref relâchement qui suit, je le rejoins dans une profonde inspiration qu’il interrompt sauvagement par d’imparables contractions et un autre envoi. Immanquablement, sa faiblesse à la suite m’autorise un deuxième éblouissement qu’il éteint tout aussi net. Nous engageons une alternance d’extases, tout aussitôt suspendues, ponctuées de nos soubresauts et de nos souffles et qui vont decrescendo jusqu’à ce qu’il s’abatte à mon côté, la tête enfouie dans mon épaule.
Une émotion monte alors en moi qui me submerge, mélange de mélancolie et d’énergie vitale, doublée d’une immense reconnaissance pour lui, là, à côté, qui est secoué d’un rire.
- « j’adorais quand elle me chevauchait de la sorte, telle Andromaque ! »
Ma main est juste venue se poser sur son épaule, une simple accolade, qui ne guérit rien mais qui entend, qui partage, qui est présente.
- « je crois que nous n’avons pas totalement asséché la boutanche de Bourgogne … »
Et c’est dans le plus simple appareil que nous revenons en cuisine. J’ai grand soif mais lui décline la bouteille d’eau que je lui tends et je bois à la régalade … quand il s’approche, l’air enjoué, saisissant mon téton entre deux doigts.
- « Je sens que ton traitement énergique commence déjà à faire effet. »
La vigueur de sa pince sur mon mamelon me surprend, m’arrache la bouteille des lèvres … et me voilà trempé ! Aussitôt, je la retourne vers lui d’un vif mouvement de poignet, l’aspergeant copieusement. Bousculade puis, rapidement, nous tombons dans les bras l’un de l’autre, avec de grandes brassées accordées à nos rires.
- « Je te remercie d’avoir fait appel à moi, j’avais grand besoin de me dérouiller et de me dévouer à une bonne cause ! Trinquons maintenant. »
C’est un moment joyeux de complicité, d’amitié toute masculine, comme une troisième mi-temps qui réunit tous ceux qui ont contribué au collectif de l’équipe, dans une fraternité qui dérape parfois. Bien naturellement.
- « Le stagiaire souhaite-t-il rejoindre sa chambre …ou accepte-t-il de partager ma tanière ? »
Une petite flamme danse dans sa prunelle et, simplement, il fait tinter son verre contre le mien.
Dans la nuit, je me suis réveillé, écoutant la respiration sonore* et régulière de Benjamin. Il dormait sur le côté, me tournant le dos et je me suis approché de sa masse, de sa chaleur pour m’assurer de la réalité de cette présence à mes côtés. Lui n’est que de passage mais je sais qu’il me réconcilie avec cette nécessité : partager la vie.
*
Tu ronfles - Juliette - Live @ Le pont des Artistes
Amical72
amical072@gmail.com
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