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Chapitre 10 | Attaché
Le récit de Toni
Sur la route du retour, Adrien tente d’animer une conversation en évoquant Julien … mais je ne réponds que par des onomatopées, incapable d’autre chose. Je perçois son étonnement, ses brefs coups d’œil pourtant il n’insiste pas.
Quand nous entrons dans l’appartement, alors qu’il quitte ses chaussures, je reste planté, bras ballants, anéanti. Il s’approche, pose sa main dans mon dos, m’interroge gentiment …
Je ne peux pas ! Puisqu’à ses yeux, je ne suis qu’un escort dont le seul but était de lui plaire, puisqu’il a « perdu » face à moi …
- « Tu veux bien me baiser, Adrien ? »
J’ai déjà entamé de me déshabiller, jetant mes affaires en vrac au sol. Je relève les yeux vers lui, déterminé :
- « Attache-moi, s’il te plaît, comme au début ! »
Et sans attendre, je vais m’équiper : jockstrap, baudrier, bracelets de poignets et de chevilles, lubrifiant et plugs puis je me dirige résolument vers l’espalier de sport fixé au mur. Adrien m’y rejoint et, comme je l’y invite d’un geste, il attache mes poignets à une barre et choisit un plug qu’il lubrifie. Mais il me réserve alors une surprise, sortant de sa poche un foulard. Il m’en caresse en le faisant coulisser, tendu, sur ma peau ; la soie m’électrise, dresse mes poils et j’en frissonne puis il m’en bande les yeux. Serré.
Il soulève alors mon pied droit et le pose sur une barre de l’espalier avant de recommencer avec le gauche. Sa main me caresse, tend mon dos et creuse mon rein, ouvrant mes fesses et je sens la fraîcheur du lubrifiant * sur mon anus qu’il doigte. Et je retrouve immédiatement ce frisson qui me désarme. Je me cambre, je pousse pour m’offrir commodément, me conformant obligeamment à ce rôle d’instrument dévoué à son plaisir, puisqu’il me voit ainsi, et je le sens introduire le plug. Assez facilement.
Puis il se ravise, le retire et recommence mais, cette fois, le modèle est d’un diamètre bien plus important et exigeant. Précautionneux, il prend son temps, je ventile fortement. Puis il se redresse, toujours silencieux … J’attends ses initiatives, je suis à son service, livré …
Il s’écarte, éteint la lumière, referme la porte derrière lui en sortant.
De longues minutes s’écoulent, dans cette position inconfortable et je commence à frissonner … quand la porte s’entrebâille puis s’ouvre, discrètement.
Aussitôt, j’assure mes prises sur la barre et je me cambre, … mais rien ! Il reste immobile et silencieux. Je sens pourtant, tout proche, dans mon dos, le picotement de ses poils qui viennent lentement au contact. Puis ses mains, ses deux grandes mains douces et fraîches, qui se posent sur moi, ses bras à leur suite qui coulissent et m’enlacent, son menton râpeux dans mon cou, sa bouche à mon oreille, …
- « Alors, Toni, t’es-tu suffisamment puni maintenant ? Vas-tu pouvoir quitter cette mine butée et m’expliquer ce qui s’est passé ? »
Je … sa douceur me suffoque d’une émotion qui, soudain, me submerge. Tout se bouscule et s’enchevêtre, je ne parviens pas même à démêler clairement mon affaire. Je suis secoué de sanglots secs que ses bras contiennent, son visage dans mon cou me prodigue de petits baisers en alternance avec des griffures aiguës de sa barbe et sa voix est comme un onguent émollient.
- « Bien sûr, petit chat !
Bien sûr que j’ai d’abord pensé que tu étais un de ces étudiants escorts. Bien sûr, que j’ai été piqué dans mon orgueil, premièrement d’être démasqué aussi trivialement, ensuite que tu m’accostes aussi cavalièrement. Bien sûr que je t’ai maltraité … Mais ensuite tu m’as surpris, bousculé, intrigué, fait sourire, ton total dévoilement m’a inspiré confiance, bref, ainsi intrigué, je me suis intéressé à toi, alors ÉVIDEMMENT, le malentendu s’est dissipé, et depuis longtemps ! J’ai bien compris que, simplement, j’avais eu l’heur de … te plaire ! Et ton désir de me plaire en retour a désarmé mes préventions, et au-delà ! Et tu as réussi !
Crois-tu que j’aurais présenté un simple micheton à ma mère ? »
Il s’est tu quelques secondes, juste en me gardant pressé contre lui. A-t-il perçu que les battements de mon cœur se sont un peu apaisés ? Il reprend :
- « Maintenant, je voudrais retrouver mon p’tit chat, celui qui se frotte à moi joyeusement et me fait bander parce c’est ainsi qu’il me plaît. »
Ses mains s’activent à me débarrasser du harnais, du plug, des bracelets et à me redresser. Je me retourne face à lui, il défait le bandeau qui glisse souplement au sol et nous restons un instant à nous dévisager. Ses yeux sont bienveillants et je redécouvre le beau mec qui m’a fasciné à la fac. Ses lèvres forment silencieusement :
– « Embrasse-moi, Toni ! »
J’avance timidement les miennes quand sa main sur ma nuque nous rapproche fermement et sa langue m’envahit pour un baiser fougueux qui me transporte, me liquéfie.
Il se détache et sa main sur ma nuque, maintenant, me garde à distance tandis qu’il m’observe. Son regard est si gourmand qu’il paraît me lècher, j’en ai le souffle court, suspendu. Je vois son expression doucement se transformer, une lueur s’allumer. Il me saisit par un poignet et m’entraîne à sa suite : « viens ! »
Il a tamisé les lumières de la chambre et, en entrant, je le contourne, tend le bras et tombe à ses genoux, j’ai déjà sa bite en bouche. Il prend une profonde inspiration sifflante et écarte ses deux bras en reddition. Je déchire l’étui et je gaine soigneusement son sceptre sans le quitter des yeux pour l’aimanter. Je recule et bascule en arrière sur le lit, cuisses relevées. Quand il s’approche, mes mains le positionnent, le guident et, d’une brusque détente, en expirant, c’est moi qui me fiche sur lui. Profond.
Il pèse lentement sur moi en enroulant mon rein et m’envahit, s’installe avec précaution. Putain ! Que c’est bon ! Nous sommes si étroitement encastrés que nous voilà gémeaux et sa queue qui palpite en moi – ou est-ce moi qui le serre en rythme - marque notre commune pulsation. Nos yeux sont soudés tout comme nos mains sur nos avant-bras respectifs, en prises de force au maintien indéfectible. Son regard s’abaisse, se relève, il sourit :
- « Il bande le petit chat ! »
Alors, il rompt l’équilibre, se retire, m’arrache le jockstrap et engloutit ma queue suintante. Il me suce, me lèche, gobe mes couilles avec des grognements sourds, des coups de museau pour me faire reculer vers la tête de lit, des aspirations gloutonnes, des raclements de gorge. Il aspire, tête, savonne, érafle des mille scalpels de sa barbe avant de m’envelopper du velours réparateur de ses lèvres.
Et il me doigte, sobrement, juste pour me garder prêt. Et moi je l’attends !
Là, il se redresse, m’envisage et ses yeux de fauve m’indiquent qu’il se prépare au dernier assaut. Il soulève ma cuisse gauche et se glisse en dessous, bascule mon bassin vers la droite et guide sa bite. Je lis dans son regard et l’accompagne en sens inverse. Elle trouve somptueusement sa place et j’ai l’immense satisfaction de le voir frissonner, saisi. Il me voit l’observer et me sourit. Son bras gauche entoure ma cuisse relevée, le droit mes épaules.
- « branle-toi, Toni, doucement, je te donne le rythme, là, là … »
Il marque le tempo de ses mouvements avec la tête et ne perd pas une miette des soupirs soudains que font naître mes agitations manuelles conjuguées au balancement discret et retenu de son bassin. D’un coup de menton, il m’interrompt et je n’ai plus que le bercement de ses légers coups de lime. Puis il s’immobilise avant de m’engager à reprendre en abaissant sa mâchoire. Il est l’araignée et moi l’insecte pris dans sa toile, qui me débat vainement et qui, de frissons en éblouissements, me rapproche insensiblement de l’explosion.
Il le voit, il l’espère, tente de retarder par des suspensions dilatoires, me précipite par de brusques accélérations ravageuses.
- « Là, ah ! Adrien, tu me … »
Je gicle dans une longue contraction de tout mon corps puis, après quelques secondes, plusieurs répliques m’agitent et mon foutre retombe sur mon buste avec les « ploc » gras des gouttes ouvrant une pluie d’orage sur une terre chaude *². Adrien me renverse à demi et, à genoux, me cingle de rapides coups précis avant de lâcher un gémissement, secoué de spasmes à son tour.
Sans perdre de temps, il se retire, décapote, mêle nos liqueurs de sa main en crabe sur mon torse puis me présente son index à sucer. Il me regarde pendant que je m’exécute puis suce son doigt à son tour avant de m’embrasser avec gourmandise.
- « Ça va mieux maintenant, Toni ? »
- « … »
- « Alors je voudrais que tu me promettes quelque chose, s’il te plaît … Promets-moi de ne JAMAIS engager quoi que ce soit de définitif nous concernant sans, auparavant, m’avoir alerté que quelque chose cloche, même d’un signe … promis ? »
Je hoche la tête affirmativement avec un nœud dans la gorge. Il fronce les sourcils.
- « Et maintenant, tu veux toujours que je t’attache, Toni ? »
Je … je ne sais que répondre, j’ignore ce qu’il attend de moi, je … Son visage est dur et impénétrable.
- « Dis-moi ce que tu veux VRAIMENT, là, maintenant, Toni ! »
- « juste dormir, blotti contre toi … »
Il m’attrape, me retourne, mon dos dans ses poils, m’entoure de ses bras, me colle étroitement à lui, en chien de fusil.
- « Comme ça ? »
Puis il se couche à demi sur moi, m’emprisonne et me souffle à l’oreille :
- « Dis-moi que tu restes mon p’tit chat qui vient se frotter à moi et qui ronronne pour que je le caresse, celui qui sourit et jouit sans façon quand nous prenons du plaisir … »
Autant qu’il m’est loisible dans cette position, j’opine vigoureusement du chef en soufflant un « oui » qui me libère. Je mobilise alors toute ma puissance musculaire et le renverse pour me jeter sur sa bouche et le galocher comme un éperdu.
Oui, c’est lui que je veux !
Attaché ! C’est à LUI que je reste attaché.
Fin de la saison 8
*Faut-il utiliser du gel lubrifiant avec un préservatif et lequel ? Réponse sur un site compétent.
*² « La pluie fait des claquettes » en 1968 Claude Nougaro est accompagné par Maurice Vander ( piano ) Eddy Louiss ( orgue ) L. Trussardi ( basse) et exceptionnellement Daniel Humair ( batterie ), le gratin du jazz français .
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Et encore merci à tous ceux qui m’ont soutenu, encouragé, interrogé, relancé …
A bientôt
Amical72
amical072@gmail.com
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