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Saison 1 | Chapitre 12 | Noisette
L’automne est avancé et le patron a acheté quelques têtes de bétail à engraisser. Avant de partir, il est venu à deux reprises s’assurer que je serai bien là à son retour pour aider à descendre les bêtes du camion. Quelle idée ! Pourquoi a-t-il besoin de moi ? Maintenant, le camion est à cul, le pont baissé, les portes ouvertes et moi, les deux avant-bras croisés sur la lice, je regarde distraitement les belles Salers au poil cuivré et frisé piétiner, hésitantes, pour descendre le plan incliné en s’ébrouant, mal assurées sur leurs pattes après le long voyage. Et soudain, cette ligne de dos qui dépasse, ce poil lisse. Une tête qui se lève et aussitôt disparait, absorbée par le groupe …
Interloqué, je lève les yeux vers le patron et croise son regard. Il m’observait, ce madré. Il sourit et me fait un signe de tête, pour m’inviter à aller découvrir. Je passe sous la clôture, écarte les flancs des bovins et je la découvre, campée de trois quart arrière, la tête tournée vers moi, qui m’observe de ses gros yeux ronds, oreilles dressées. Une jument, à coup sûr. Baie à la robe acajou. Un en-tête en losange avec un épi central se prolonge d’une fine liste médiane et se termine en ladre entre les naseaux. J’avance et elle souffle puissamment en m’observant mais ne détale pas. Je pose la main sur son épaule et, après une dernière expiration bruyante, elle replonge la tête dans l’herbe. Elle a du cadre, n’est pas très grande, mais son dos est magnifiquement droit. De la main, je parcours son échine qui frissonne, puis descends le long de l’épaule jusqu’au paturon : elle donne le pied sans discuter. La corne est saine et le fer récent. Quand je lâche son pied, elle relève spontanément l’autre antérieur en croisant.
Alors que je poursuis mon exploration, le patron approche derrière moi : « alors Julien…je te présente Noisette » Comme je passe la main à plat sous son ventre, elle a un mouvement soudain, engageant instinctivement ses postérieurs sous elle. Je m’immobilise avec un « là » grave, elle se détend et rebaisse son encolure vers l’herbe après ce petit sursaut : « elle est vive, patron » Il rit : « quand je l’ai vue, je l’ai trouvée bien faite. Elle se déplace avec de bonnes allures naturelles et je me suis dit : qu’est-ce qu’elle fait là, dans cette ferme, parmi les vaches ? Une présence incongrue. Alors j’ai pensé à toi, Julien » Je me tétanise. C’est vrai, qu’est-ce que je fous là, moi aussi ? Improbable stagiaire qui s’incruste et qui bosse sans salaire. On pourrait le chasser d’un simple revers de la main. Je cherche le patron du regard mais il a fixé le sien sur la jument, sans vraiment la voir d’ailleurs, un demi sourire aux lèvres. Enfin, avec un petit rire et dans un sursaut, il se tourne vers moi, ses yeux dans les miens sans réaliser qu’ils flottent comme des icebergs dans l’océan arctique de mes inquiétudes. « J’ai aussitôt pensé que tu trouverais là un intérêt supplémentaire à fréquenter cette maison » et il me tend le fameux carnet d’identification. « Elle est à toi, Julien. Cet été, elle a baladé quelques estivants en file indienne et, avec la fin de la saison, le fermier était bien embarrassé par son retour. Toi, tu sauras t’en occuper, je pense » D’un coup sec, il tape le carnet dans la main que j’ai tendue vers lui me le confie, puis il tourne les talons.
D’une détente, je le rattrape et l’arrête d’une main sur l’épaule. Il ne se retourne pas : « Prends soin d’elle, Julien » et il m’abandonne à cette joie qui monte en moi.
Bon, je l’avoue, je suis instantanément tombé amoureux de cet animal qui cultivait l’art de passer inaperçu parmi les vaches mais aussi celui de se faufiler subrepticement pour aller grignoter une gourmandise qu’elle a repérée du coin de l’œil. Licolée dans un grand calme, elle a droit à un pansage en règle, sabots graissés à l’onguent vert, crinière et queue démêlées et taillées. Pas un centimètre carré que je n’aie examiné. Un vrai papa poule. Au diner, Monique doit se boucher les oreilles pour se soustraire à la litanie de mes émerveillements « Ben quoi Julien ! on croirait que tu viens de rencontrer Grace Kelly » Puis elle part d’un rire de gorge et m’appelle « mon prince » en me gratifiant d’un amical coup de torchon et ajoute « mange donc, grand cornichon ».
Le repas vite avalé, je suis retourné la regarder, le menton posé sur mes bras croisés sur la lice. Je la siffle, elle se redresse, oreilles orientées vers moi quelques secondes, puis reprend son pâturage avec ce frisson de tout le corps pour chasser les insectes importuns. D’un coup, le patron est à mes côtés, mains dans les poches, il me regarde avec un sourire aux lèvres. Je sais qu’il fait une entorse à son rituel d’homme marié qui passe la veillée avec madame et je suis heureux de cet instant. Il pose sa main à plat sur mon épaule « bonne nuit Julien » « bonne soirée patron »
Tout le lendemain, je l’ai guetté, ce patron, à l’affut d’une occasion, du moindre instant où je pourrais l’avoir « à moi ». J’avais envie de le retrouver contre moi, queue à queue. C’est une image, bien sûr, quand nous avons aujourd’hui un vocabulaire corporel un peu plus riche. Car ce cadeau spontané qu’il m’avait fait, cette surprise, était à mes yeux comme un gage de respect qui me rassérénait : il témoigne que j’ai une vraie place reconnue ici, j’y ai désormais « quelque chose à moi ». Mais le patron a été insaisissable toute la journée, à peine croisé, avec une main qui tapote l’épaule et ce sourire bienveillant qui me ramène toujours à Noisette. Alors je souris en retour.
Monique m’attend de pied ferme, l’air revêche, campée, mains aux hanches, torchon à l’épaule : « tu veux pas que je te prépare un plateau, toi aussi ? Tu pourrais déjeuner à l’écurie avec ta princesse puisque tu n’as plus d’égards que pour elle » Mais, en riant, je saisis la ronchonne par la taille et sa main pour lui faire faire trois tours de valse qui la dérident. « Ne t’inquiète pas, mon petit Julien, ils ont trop besoin de nous. Il faut juste que la patronne se repose, c’est bien normal dans son état »
Comme d’habitude. Il surgit soudainement alors que je travaille au pansage du matin. Il m’arrache la fourche des mains, me tire par un bras jusqu’à un refuge discret entre les bottes de paille. Il m’adosse au mur de paille, s’écrase contre moi et, me tenant la mâchoire dans l’étau de sa grosse main, il me galoche puissamment et impérieusement. Puis il reprend son souffle et me regarde fixement alors que sa main s’applique maintenant sur ma braguette. Mon corps parle de lui-même et il sourit en sentant mon barreau se développer sous ses doigts. Il reste à me regarder tandis qu’il se bat avec le zip de ma cotte à double fermeture. Pratique ! Il suffit de remonter celle du bas, tirer l’élastique de mon slip et hop ! le gredin bondit, déjà mouillant. Une de ses mains tient la barre sur laquelle il laisse tomber un filet de salive, l’autre s’infiltre sous mes boules en dégageant bien tout l’outillage. Puis il s’accroupit et commence à me lécher, les yeux levés vers moi. Sans me quitter du regard, la pointe de sa langue s’introduit en frétillant sous mes boules et remonte en s’écrasant largement tout le long de la hampe, chatouille un peu le frein puis ses lèvres s’arrondissent et embouchent mon gland qu’elles suçotent en courtes aspirations rapides. Puis il relâche la pression quelques secondes avant de refermer ses lèvres et d’avaler tout mon membre puis de le recracher avec un « plop » comme s’il faisait sauter un bouchon. Le froid saisit alors mon gland devenu brûlant. Je gémis, tête renversée, yeux clos. Mes mains fouillent dans ses cheveux pour qu’il poursuive.
Mais il se redresse et m’embrasse les lèvres à la volée. Je sais qu’il m’observe mais je garde les yeux clos, je sens son souffle chaud et ses petits coups de langue sur mon visage, qu’ils dessinent de traces humides. Puis il crache dans sa main et soulevant mon paquet de l’autre, il l’introduit entre mes cuisses pour mouiller mon œillet où il fiche fermement un doigt, m’arrachant un râle. Son menton râpeux frotte le mien et sa large langue se pousse entre mes lèvres tandis qu’il vibre mon anneau. Ma langue se noue à la sienne. Il enfonce brusquement son majeur plus profondément et j’exhale brutalement le peu d’air qui restait dans mes poumons avant de reprendre une grande goulée. Il s’accroupit alors et, d’une main abaisse mon dard vers ses lèvres qui l’aspirent dans un fourreau souple, ferme et doux. Je lui empoigne fermement les cheveux et pousse pour qu’il avale toute ma tige. Il s’emploie alors à des va-et-vient terriblement efficaces dans leur alternance avec ceux de son doigt dans mon fondement. Puis il s’arrête, ne gardant que mon gland en bouche, auquel il applique toutes les succions et caresses que connait sa bouche. Enfin, me sentant me cambrer, il saisit mon manche à pleine main et l’astique avec vigueur en le lubrifiant de quelques rapides coups de langue. Je continue de monter alors qu’il serre fortement mon pieu et masse ma prostate puis je laisse échapper un cri. Aussitôt, il libère sa pression sur ma queue et enfonce un peu plus son doigt alors que j’envoie toute ma gourme dans une gerbe qui se perd dans la paille. Attentif, il retire son doigt, garde ma queue débandée en main en poursuivant ses caresses, me laisse m’écrouler sur son épaule où je commence à retrouver mes esprits. J’attrape le revers de sa chemise pour attirer son visage à moi et l’embrasse délicatement puis j’ajoute « à moi maintenant » de ce ton volontairement mystérieux qui ne laisse en rien présager mes prochaines initiatives. Un code entre nous : je lui annonce que je reprends les commandes.
- « Y a quelqu’un ? »
Il me murmure « plus tard » en haussant les sourcils, narquois et braille « j’arrive ».
Putain, d’habitude il ne vient jamais personne, c’est bien ma chance.
Fin de la saison 1
Amical72
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