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Saison 1 | Chapitre 11 | La tapette
« Eh, les mecs, faites attention à la tapette du père Lecourt ». Des rires gras fusent, suivis de quelques cris haut perchés qui font redoubler les rires. Puis les voix s’éloignent. Je suis resté dans l’ombre du box démontable et je les vois s’éloigner. L’un d’eux m’est familier de vue. C’est un garçon qui a deux ou trois ans de plus que moi et travaille avec son père sur une exploitation proche de celle de Lecourt. Blessé dans mon amour propre, je me dis qu’à la première occasion, je me paie sa tête.
Pendant ce comice, un petit concours rassemble les éleveurs des cantons alentours, certains n’ont qu’une ou deux poulinières par tradition et ne consacrent aucune attention aux poulains qu’ils vendent directement à la boucherie. Quel dommage ! J’ai d’autres projets. Plus tard, il est dans le box, penché, reins cassés, à essayer de curer le pied de son jeune male qui pèse de tout son poids sur lui. Il transpire et souffle. Je me plante devant lui et, apercevant mes bottes, il relève la tête et rougit. Je repousse la croupe d’une main ferme et le cheval se rééquilibre, allégeant son postérieur et rendant le curage plus aisé. Il me dit « merci », termine et se redresse. Je lui tends la main avec un large sourire « moi c’est Julien » Il la prend, tout maladroit : « Patrick » Je garde sa main dans la mienne « je préfère que tu m’appelles par mon prénom, si tu veux bien ». Puis je le lâche et m’empare du cure pied, je saisis l’autre postérieur de la main d’un habitué du pansage et le cheval se tient seul, sans peser sur moi, ce qui me permet de nettoyer sa sole sans me casser le dos. « Tu vois ! » Je l’invite à prendre ma place, il a compris la position et son visage s’éclaire ! Je passe ma main sur le dos du cheval et le félicite « belle bête ! tu le fais un peu travailler ? » Devant son air incrédule, je soutiens « un si bel animal, ce serait dommage de l’envoyer à la boucherie. On pourrait tenter un premier débourrage pour l’attelage. Si tu veux, je te montrerai… »
Je lui claque sur l’épaule et lui dis « allez, en attendant viens boire une bière, entre voisins » Puis je suspends mon geste et me tourne vers lui, interrogateur « tu n’as pas peur de moi au moins ? » Et sans attendre de réponse face à ses deux yeux ronds, je l’emmène à la buvette. Lecourt m’aperçoit, on échange un regard entendu et je reprends la conversation avec Patrick : les études, le boulot, les loisirs, on se cherche des points communs : Patrick était au même lycée agricole mais en est sorti il y a deux ans. C’est aussi pour moi l’occasion de remplacer les rumeurs, toujours toxiques, par de vraies informations : mon BEPA machinisme agricole ne laisse jamais indifférent par exemple. Jouer dans l’équipe de rugby du lycée non plus et fait considérer autrement ma carrure. Patrick, lui, joue au foot ! Un de ses copains s’approche, l’air sarcastique… Je me tourne vers lui, main ouverte tendue « moi, c’est Julien » Il semble hésiter puis sort une main de sa poche et me serre la cuiller. Je reprends la conversation avec Patrick. L’autre semble un peu déconcerté et pointe un doigt vers moi, hésitant « c’est toi qui joue au rugby ? » Mais c’est Patrick qui répond. Du coup, je lui demande s’il veut une bière et il répond « volontiers » Et voilà qu’il trinque avec « la tapette du père Lecourt ! » Je jubile.
Le patron décide de ne pas s’éterniser et de rentrer pour remettre nos chevaux au pré au plus vite après leur présentation. Il me dit « Je t’ai vu en grande discussion, tu t’es fait de nouveaux copains, des garçons de ton âge » et je devine à sa mine sombre qu’il est préoccupé. Je souris : « on discute, on a juste le même âge, on boit une bière, je ne suis pas un sauvage … » et je me tourne vers lui. Ce pli froncé sur son front me laisse incrédule : « allons à la grangette, patron »
Elle est remplie de fourrage à ras bord mais il m’entraîne à sa suite dans un espace réduit laissé libre. Je le rattrape, me colle à lui dans son dos et l’attire à moi. Je lui murmure à l’oreille « sais-tu que ce matin, mes nouveaux copains ricanaient de moi en me traitant de tapette ? Et encore, à qui ai-je accordé ma confiance et avec qui ai-je renoncé à prendre ce que tu appelles mes précautions ? Sais-tu à qui je pensais quand j’ai dit à ma mère je suis heureux ? Mon bras lui entoure le torse, je défais deux boutons et passe la main dans sa chemise puis sous le maillot. Elle se faufile dans les poils à la recherche de peau tendre et frissonnante, de ses moiteurs. Il presse ma main baladeuse de la sienne pour interrompre ma caresse électrique et nous restons ainsi immobiles quelques minutes. Mon front repose sur sa nuque et, petit à petit, nos souffles s’accordent et s’apaisent dans l’air sec et poussiéreux. Il relâche brusquement l’air de ses poumons dans une profonde expiration et ses épaules se détendent, je le sens qui s’apprête à se remettre en mouvement. Je le libère de mes bras, lui imprime une impulsion pour nous retourner et lui présenter le dos pour qu’à son tour, il m’entoure des sien. « J’aime ma vie ici, patron. J’aime l’odeur des chevaux et des cuirs. J’aime quand tu m’invites à boire du vin. Et puis j’aime … » Il m’interrompt précipitamment « alors c’est bien Julien »
Je me retourne d’un bloc et plante mes yeux dans les siens « non, patron ! Je veux te le dire : j’aime coucher avec toi et c’est bien avec toi que j’ai envie de le refaire » Il me regarde d’un air d’abord inexpressif puis un sourire se dessine légèrement : « Comme ça, c’est dit » Puis son regard s’assombrit : « il est tard, Julien » … « Je sais que tu es attendu, patron »
Plus tard, j’irai frapper à la porte de la petite maison de Monique, pour voir si elle a besoin d’un coup de main. Un bricoleur trouve toujours à faire dans une maison. J’avais surtout besoin d’une présence humaine chaleureuse et Monique, si elle est un peu surprise par ma démarche, en est ravie. Elle m’appelle mon petit Julien alors que je la domine de la tête et des épaules. Elle me fait asseoir et me sers une portion du gâteau de semoule caramélisé qu’elle a confectionné. C’est une figure de femme nourricière et elle reste debout derrière moi à me regarder déguster, car il est très bon, son gâteau. Elle pose la main sur mon épaule et me dit « c’est bien que tu sois entré dans cette maison Julien », puis elle ajoute, comme pour rompre la solennité de ses mots, « j’ai enfin quelqu’un avec qui causer » Demain, je reviendrai effectuer les menues réparations dont elle n’ose me parler et que j’ai notées. Le lendemain, je retrouve le patron au café, on se regarde peu, on se parle encore moins, on retourne au travail comme si on avait un train à prendre. Je nettoie le dernier box quand il approche. Il me jette un œil et me lance les clés du C15. Je termine le curage et monte au volant. Il arrive, cheveux mouillés, il s’est rasé. Je démarre. Il ne dit rien, alors je décide de prendre la direction de la grangette. Il descend refermer la clôture. Je suis resté à le regarder approcher, avec sa démarche en puissance, son visage hâlé, ses cheveux courts, à peine marqué de quelques poils blancs dans les favoris qu’il porte courts. Quand il lève ses yeux vers les miens, ils brillent et son sourire dit son appétit. Mais c’est trop facile, alors je reste là, en pleine lumière. Il vient au contact et pose sa main sur mon flanc pour m’attirer à l’abri mais je résiste. Ses yeux sont plantés dans les miens et, putain que ce mec me plaît ! mais je le provoque « tu veux quoi patron ? » Il se marre « toi, petit con » et je craque.
Il recule et je le suis, je lui cours après, plutôt. Nos corps se collent, nos bouches se soudent. On ronfle, on souffle, on se dévore et nos mains nous déshabillent mutuellement : je veux sa peau à caresser, je veux libérer sa queue pour la presser contre mon ventre. Je veux plonger mon nez sous son aisselle, je veux faire glisser ma main le long de son dos jusqu’au ressaut de son cul. Je veux accrocher mes doigts dans la broussaille de ses toisons. Je veux la rondeur de son épaule et le plat de ses abdos, parcourir les muscles de ses cuisses dans leur longueur et soupeser la masse de ses fesses. La moitié de mon cerveau déchiffre ce que lisent mes mains et l’autre moitié suit la trace des siennes, de sa bouche, de sa langue. Ma peau se hérisse quand sa barbe l’érafle puis s’apaise quand sa langue la rassure. Sa peau est tout autant frémissante et ses tétons dressés. Mais j'en veux à sa bite, maintenant bien décalottée. Je le masturbe en quelques mouvements puis j'ouvre la pochette de gel, l'enduis grassement et me retourne. Il s'empare de la pochette qu'il presse dans ma raie. Son doigt recueille le gel et me pénètre pour me lubrifier et me détendre par des rotations. Ses deux pouces écartent mes lobes et il guide sa queue qui avance lentement en moi. Il me prend par les hanches et nous sommes articulés autour de son axe dans un coulissement qui nous éloigne puis nous percute. Nous montons rapidement de concert pour nous rejoindre dans l'orgasme. Nous nous serrons l'un à l'autre dans ce vertige qui suit la jouissance et nos souffles retrouvent parallèlement un rythme apaisé. Il me dit « Julien, tu m'épuises » avec un petit rire. Je pose la main sur sa fesse, glisse un doigt dans sa raie et perce sa rosette avec une moue « je peux aussi fournir un effort, patron » Il se dégage d'un mouvement du bras qui écarte mon doigt et me claque un smac. « Allez Julien, retour à la réalité. Au travail »
Amical72
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