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Chapitre-47 | Le couple infernal
Je ne vous ai encore jamais parlé du Comte et de la Comtesse de … Je ne vais pas vous donner leur nom, ni le lieu bien qu'ils le mériteraient.
J'ai connu ce couple il y a trois ans maintenant. Imaginez en pleine Sologne, un petit château au milieu de la forêt. Château sur trois étages avec un nombre incalculable de pièces, toutes meublées avec goût, enfin de ce que j'en avais pu voir. Car au lieu d'être logé dans une chambre nous étions logé sous les combles. Quand tu es jeune tu t'en fous, le tout c'est d'avoir un endroit tranquille pour te reposer.
L'endroit est tranquille, trop.
Nous intervenons à quatre durant plusieurs jours. Cela leur coûte une petite fortune mais cela n'a pas l'air de les déranger.
Elle, c'est vraiment la femme d'une soixantaine d'années, fière, arrogante mais je dirais gentille quand même, toujours à nous proposer "une collation" comme elle dit si bien. Mais dans la cuisine, pas au salon!
Elle exige qu'on l'appelle Mme la Comtesse.
Cela nous amusait en fait, car je suis sûr qu'elle ne voyait pas le côté voyou que l'on avait à l'appeler ainsi. Mais elle en profitait la bougresse et, notre travail terminé de la journée, alors qu'on allait prendre une douche ou se reposer, elle trouvait toujours quelque chose à faire dans son château! En fait elle aime bien avoir quelqu'un à sa botte.
Ses "gens", comme elle les appelle agissent sans parler mais doivent avoir le sourire. Il y a un serviteur dont je n'ai jamais entendu la voix, les autres j'ai pu parler quelques instants avec eux mais n'ont jamais voulu dénigrer les patrons.
Lui, c'est le vieil aristocrate hautain, nous toisant toujours avec dédain et nous donnant des conseils dans notre travail car la première année il a été tous les jours avec nous, distribuant ses ordres.
C'est un homme je pense de 65 ans, cheveux blancs très courts, yeux clairs bleus ciel, élancé, mince. Il devait être un très bel homme dans sa jeunesse.
Il était souvent avec moi et n'arrêtait pas de me dire comment faire mon travail. Cela faisait rire les autres, mais les conseils sont toujours bons à prendre.
Mais quand il a voulu me montrer comment manier une tronçonneuse en se mettant derrière moi, collant son corps à mes fesses, je me suis retiré en le regardant d'un air interrogatif qui ne l'a pas démonté du tout. Mon cul devait lui plaire car les mains sont devenus baladeuses mais sans trop insister quand même vu les regards que je lui lançais.
On était content de finir le chantier et en rentrant j'en ai parlé à mon patron qui m'a cru bien sûr, mais semblait sceptique quand même.
La deuxième année là ce fût pire car le vieux venait taper à nos portes de chambres le matin pour nous réveiller et comme on ne pouvait fermer à clef, il entrait pour nous surprendre nu jusqu'au deuxième matin où je l'ai viré en lui disant qu'on savait très bien quelle heure il était et que je lui interdisais d'entrer dans ma chambre. J'ai bien vu qu'il n'était pas content.
Dans l'après-midi il m'a proposé de venir boire un verre, mais seul dans son salon.
Bien sûr que j'ai senti le traquenard, mais j'avais soif aussi!
Je peux vous dire que j'en suis resté comme deux ronds de flan en entendant la déclaration qu'il m'a fait, comme quoi j'étais le garçon le plus beau qu'il connaissait (c'est vrai Izmir me le dit tout le temps!!!) et qu'il avait envie de moi comme moi sûrement j'avais envie de lui.
J'ai repoussé ses avances et ses mains baladeuses en lui disant que s'il persistait j'en aviserais sa femme de son comportement.
J'entends encore son ricanement et me dire :
-mais ma femme s'en fout complètement mon pauvre ami, au contraire elle aime me voir baiser de jeunes salopes comme toi!
-premièrement, je ne suis pas votre ami, ni pauvre, deuxièmement si je fais salope comme vous dites cela ne sera uniquement que dans vos rêves salaces mais en aucun cas en réalité!
Mais c'est qu'il est persistant ce putain de Comte et malgré tout ce que je pouvais dire, il continuait à vouloir me prendre dans ses bras, essayer de m'embrasser et, quand j'ai vu à la faveur d'une glace la silhouette de la Comtesse qui nous observait, j'ai compris quel couple cela devait être.
J'ai failli le gifler cette fois là mais cela ne l'a pas empêché de continuer à m'embêter les deux jours suivants, venant même en caleçon jusqu'à la porte de ma chambre, si bien que je m'étais réfugié avec un de mes gars. Le pauvre, marié m'a recueilli dans sa petite chambre.
En rentrant j'en ai reparlé à mon patron et là je l'ai bien vu exaspéré car il a pris son téléphone devant moi et quand il a eu le Comte, je peux vous dire que cela a été sa fête. Il pleurnichait au bout du fil et j'entendais tout ce qu'il disait :
-que voulez-vous je suis amoureux de votre gars, vous avez vu comme il est beau et je suis sûr qu'il est gay qu'il aime les hommes de mon âge.
-mon gars comme vous dites aime qui il a envie et s'il vous dit non vous respectez sa décision, mais là il est en colère et je crois qu'il est prêt à déposer plainte contre vous!
Alors cela a été une grande litanie de pleurs, de regrets, qu'il ne fallait pas que je fasse ça, qu'il ne recommencera jamais plus, qu'il ne fallait pas que sa femme soit au courant.
Cela a duré un bon moment et le Comte a invité mon patron et sa femme pour se faire pardonner!
Cette année on y est de retour et je crois cette fois que c'est la dernière fois.
Quand mon patron m'a annoncé que je retournais pour 4 jours au Château, il a bien vu la tête que j'ai fait.
-je ne te l'ai pas dit, mais avec ma femme nous y sommes allés passer un week-end de chasse. Je n'ai jamais vu des hôtes si charmant, lui m'a pris à part pour m'expliquer encore une fois que c'était un malentendu, que tu avais exagéré pour lui faire du tort enfin tu vois toutes les sornettes qu'il a pu me débiter! Nous avons dormi dans les chambres du château nous et ce sont de belles chambres à deux lits. Alors quand il m'a appelé pour me demander si l'on revenait, j'ai dit oui avec mes conditions : que je viendrais à l'improviste pour voir comment cela se passait et que j'exigeais que vous soyez logé par deux dans les chambres et non dans les combles comme les autres années, que s'il n'acceptait pas vous repartez immédiatement arrivés!
-t'es dur patron dans la discussion dis-je en riant.
-et c'est pas tout, j'ai dit que c'était toi qui revenait avec les deux mêmes que l'année dernière et un 4ème nouveau, mon fils Aurélien.
-tu veux qu'il vienne là-bas ? dis-je quand même effaré.
-avec toi il craint rien quand même, même si je sais maintenant qu'il aime les garçons, bande de cachotiers! Même si toi tu étais au courant avant moi!
-faut bien donner des conseils quand on est l'aîné quand même!
-donc comme ça il ne fera pas la tête si vous êtes ensemble dans la même chambre!
-dis donc patron tu me mets dans les pattes un beau mec gay alors que je suis pacsé quand même, tu t'en souviens ?
-oui oui tes deux collègues sont mariés et vont bien être dans la même chambre, c'est pas pour une partouze que vous allez là-bas! Surtout s'il se passe quelque chose tu m'appelles immédiatement, car franchement j'ai pas envie d'y aller, même à l'improviste!
Le sort en était jeté.
Aurélien.
C'est le fils du patron que j'ai connu par hasard, je l'avais vu plusieurs fois plus jeune traîner dans l'entreprise puis il est allé faire des études je ne sais plus où.
Un samedi de retour du marché pendant que mon chéri Izmir fait sa grasse matinée, je suis passé comme souvent chez mon vieux pote Alain qui tient un bar en ville. Il y avait un monde fou, on papotait rapidement quand j'ai vu entrer deux jeunes qui se regardaient comme des amoureux. Cela m'a fait sourire de voir deux beaux mecs comme ça, s'installer à une table sans se toucher, mais rien d'autre n'existait autour d'eux. Ils buvaient leurs paroles en se fixant.
-dis Alain, t'as de nouveaux amoureux ?
-où ça ?
Je lui montre du menton.
-bah c'est deux potes, ils viennent depuis 3 semaines.
-ton radar à pédés est en panne ?
Il rigole en les regardant un peu mieux.
-ouais peut-être si tu le dis.
Quinze jours après, le patron m'appelle pour me dire qu'il allait mettre une autre personne dans mon équipe! Il m'explique que son fils Aurélien a passé les mêmes diplômes que moi mais comme tous ceux qui sortent des écoles, ils en ont plein la tête et qu'il aimerait bien que je lui dise ce que j'en pense. Et j'ai vu arriver l'un des petits mecs du bar de chez Alain. Surpris mais je n'ai rien dit, car Aurélien lui ne m'avait pas capté du tout!
Aurélien avait 21 ans à l'époque, châtain foncé, de beaux yeux marrons clairs en amande , une belle petite gueule aux lèvres magnifiques. Il avait l'air d'être sportif et j'aurais bien voulu en voir plus de ce beau mec!
J'étais déjà avec Izmir, mais à cette époque il ne vivait pas tout le temps à la maison. Il m'apprivoisait!
Il me faisait envie ce petit mec.
Et un samedi je l'ai retrouvé avec son copain en tête à tête et là il m'a vu, a rougi comme une pivoine en pleine éclosion et il bafouillait en regardant son copain qui suivant son regard m'a toisé, et c'était pas de contentement. Ils sont partis rapidement, l'autre devait être jaloux alors que je n'avais rien fait qui puisse penser quelque chose, mais ce nigaud d'Aurélien s'était vendu tout seul et là j'ai compris que personne ne devait savoir qu'il aimait les garçons!
Quand on s'est revu le lundi, j'ai fait celui qui était indifférent. Mais à chaque fois que l'on se retrouvait ensemble, il me fixait et je voyais bien qu'il avait envie de me dire quelque chose. Et quand son père est passé nous voir, je ne l'avais jamais vu bosser autant!
A la fin du travail, j'ai pris les choses en main :
-tu fais quoi maintenant avant d'aller prendre ta douche ?
-rien pourquoi ?
-je t'invite à prendre un verre, ça nous fera du bien et l'on pourra parler tranquillement car je sens que tu as envie de me dire des choses Aurélien.
Il n'a rien répondu mais m'a suivi et quand il a vu que je me garais devant le café d'Alain :
-on va là ?
-oui t'inquiète Alain est un de mes meilleurs amis!
Je sentais bien qu'il me suivait à reculons mais j'avais hâte de voir la tête d'Alain.
Il essuyait des verres quand je suis entré en premier, son grand sourire s'est figé quand il a vu Aurélien, ses yeux sont revenus sur moi, fronçant les sourcils :
-me dis pas que tu t'es mis en travers des jeunes amoureux voyou de solognot!
Aurélien ne savait plus où il était.
-je te présente Aurélien c'est le fils de mon patron et ami, et on a plein de choses à se raconter, alors il nous faut un endroit discret.
-pas de problème, mais… vous deux ? demande t-il en nous montrant du doigt.
-t'es lourd Alain, tu vois bien qu'il est perdu ce jeune!
-et qu'il a besoin d'un vieux comme toi! Allez dans la salle derrière et je vous apporte deux demis!
On est allé s'installer face à face dans la salle et Alain nous a apporté à boire :
-moi c'est Alain, puisque Fabrice ne me présente pas, enchanté de faire ta connaissance Aurélien.
Il lui tend la main qu'Aurélien serre en souriant, puis cette andouille se tourne vers moi en disant :
-lui je lui fais la bise sinon il râle! hein mon chéri que tu râles souvent ?
-pas plus que toi tavernier solognot! Casse toi on a à parler!
Il est parti en rigolant.
-je peux te poser une question Fabrice ?
-bien sûr puisqu'on est là pour le jeu questions réponses!
-toi aussi t'aimes les garçons ?
-eh oui
-mon père le sait ?
-je crois pas, je lui ai rien dit encore!
-tu vas lui dire ?
-s'il me le demande oui bien sûr! Mais toi personne ne le sait, sauf le p'tit mec avec qui tu viens le samedi.
Il boit une gorgée de bière, me regarde :
-Aymeric est un garçon gentil mais très jaloux et quand il a vu que je te regardais la dernière fois, il m'a fait une crise, j'ai eu beau lui dire que tu travaillais pour mon père, il m'a dit que j'étais ton amant!
-oh mais qui c'est ce mec ?
Il était lancé et j'ai peiné à l'arrêter dans son histoire, mais ce que j'ai retenu c'est que le dit Aymeric, à part être jaloux, possessif n'aimait pas trop baiser ni faire de choses sales me dit Aurélien.
-c'est quoi des choses sales pour lui ?
-ben tu sais ce qu'on fait entre garçons ?
-oui même si je sais pas tout, je pense en connaître pas mal, dis-je en riant.
Il se met à rougir, pose sa main sur la mienne :
-tu vas dire à mon père que je suis pédé ?
-pourquoi tu veux que je fasse ça Aurélien, c'est à toi de le faire et de décider quand tu voudras le faire!
-tu sais pas, mais j'aime bien sucer Aymeric, j'aime recevoir son sperme mais quand ensuite je veux l'embrasser il exige que j'aille me laver la bouche et lui ne veut pas me sucer si je mets pas de préservatif!
-rho ben il est compliqué ton pote!
-oui j'ai connu un autre mec avant et lui aimait bien faire tout ça et même me baiser dit il en rougissant encore en baissant la tête.
Je lui relève la tête :
-Aurélien faut jamais avoir honte de ce que l'on aime faire en amour tant que personne n'est forcé à le faire! Tu le vois souvent Aymeric ?
-tous les samedis on se retrouve devant le bar, on boit un verre, on se raconte notre semaine, on mange ensemble et on se fait des câlins et je rentre chez moi après avoir joui une fois comme lui!
-vous sortez pas ensemble en boîte ?
-non il ne veut pas qu'on dise qu'il est pédé!
Le silence se fait, on se regarde et ses yeux sont devenus tristes et moi j'aime pas voir un beau mec triste.
-tu l'aimes ?
-j'sais pas vraiment, j'aime être avec lui, mais je vivrais pas avec, il est trop maniaque, tu verrais comment c'est rangé chez lui!
J'éclate de rire en pensant à chez moi, bon c'est rangé mais pas complètement et les vêtements traînent un peu partout.
-on reboit un coup ? demande t-il.
J'avoue qu'il me fait bander le minet et je le mettrais bien dans mon lit tiens!
-tu manges où ce soir ?
Il me regarde interloqué.
-normalement chez mes parents.
-je t'invite chez moi pour poursuivre la conversation.
Ses yeux pétillaient, je n'osais pas penser à ce qu'il pouvait imaginer!
-d'accord mais je vais aller prendre une douche avant dit-il.
-tu sais, j'ai une vieille maison, un chat et une douche aussi!
Il rigole en me regardant.
-t'as peur ?
-non t'as pas l'air méchant Fabrice!
On est parti sans payer et j'ai entendu Alain nous crier :
-bonne soirée!
Quel voyou celui-là aussi!
Fabrice
nico.tendre@orange.fr
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