Premier épisode | Épisode précédent
6 | Bien dur – Le récit de Jérôme.
A la fin de mon service à l'IME, surtout après une permanence de nuit où je dois dormir dans un de ces lits étroits à ressorts, si aucune obligation paternelle ne fait obstacle, si ...
Je me précipite aux Chênaies.
Je déboule, l'esprit obscurci par les hormones à la recherche de Julien, je cours à sa recherche : sa maison, la cour, les hangars, les écuries, le bureau ! Je distingue sa silhouette à contre jour, assis face à l'écran.
-"Désolé, Julien a dû s'absenter."
Le fauteuil pivote et c'est Lecourt qui est face à moi, moi qui reste planté là, debout, désorienté, bouche ouverte. Il me sourit.
-" Mais moi, je suis là !"
Alors d'un coup, l'image de Julien que je suis venu retrouver se déchire comme une toile fragile et ma déception due à son absence avec elle, laissant sur l'écran une réalité bien tangible : cet homme aux cheveux courts, les tempes griffées de blanc comme sa barbiche bien taillée, son front barré de nettes rides parallèles, sa machoire carrée, ses larges épaules, sa chemise en coton bourru, - tiens, porte-t-il aujourd'hui encore un de ses marcels cotelés sous sa chemise ?- aux manches roulées sur ses avant-bras velus ...
Il ne dit rien, il sourit, amusé tandis que je le fixe avec une insistance qui, je le réalise soudain, frise l'impolitesse. Je n'ai fait que le croiser depuis la soirée où ... Une bouffée remonte dans ma poitrine, la salive afflue dans ma bouche, je déglutis.
Ses yeux, oui, ses yeux brillent d'une lueur joyeuse, piquante et ... Mes yeux ne peuvent se détacher de lui, ils reviennent sans cesse à lui, pour l'observer et je m'empêtre, soudain fébrile. J'essuie les paumes de mes mains en les écrasant sur mes cuisses comme si j'étais en sueur, je ne parviens pas à reprendre le fil ordinaire des choses, à recouvrer une attitude sociale banale ...
Quand lui, la tête légèrement inclinée, me regarde avec cet oeil maintenant narquois.
Je ...
Il s'est levé, posément, du fauteuil. Il s'est redressé, soudain si proche de moi que mon pouls s'affole ; sa main, ferme, épouse la forme de mon triceps, au-dessus du coude. Il me retient, se penche à mon oreille et je perçois son haleine dans mon cou.
-" Julien place toujours un nécessaire dans la pharmacie des écuries en cas d'urgence , va le chercher et retrouve-moi sous le hangar."
Il est resté penché sur moi encore quelques secondes et je l'ai senti s'emparer de moi, me humer, sans protester en rien, ni même esquisser un geste. Sa simple proximité, magnétique, m'électrise. Soudain, je tourne précipitamment la tête vers lui et nos nez se heurtent. Par réflexe, je me cambre pour m'écarter, à peine.
Je respire, vite, par la bouche et mes yeux sautillent : les siens, clairs, ses lèvres, toutes proches et entrouvertes, son regard encore, étrangement calme et profond, son sourire qui s'élargit. Je sens comme un fourmillement dans ses doigts qui n'ont pas lâché mon bras.
Je m'arrache à lui, me précipite jusqu'à l'écurie. L'armoire à pharmacie, les portes, les tiroirs, là! Voilà, c'est ça, j'ai trouvé !
Putain, mon coeur bat la chamade comme si ... D'un coup, tout s'éclaircit.
J'ai couru jusqu'aux Chênaies retrouver Julien et, clairement, ce n'était pas pour boire un verre de limonade. Exceptionnellement, aujourd'hui il n'est pas là mais Lecourt, si ! Lecourt avec qui j'ai déjà batifolé mais ...
Une profonde inspiration remplit mes poumons en même temps qu'une image s'impose à moi : Lecourt va m'enculer, je le veux, peu m'importe où. M'autoriser cette pensée réveille un frisson, celui d'une transgression, mais aussi un goût d'inachevé quand Lecourt a débarqué à l'improviste chez Julien, un soir où j'étais là et ... ; mais oser formuler clairement ce désir dans mon esprit est également une victoire, sur le non-dit, sur cette pulsion qui ne disait pas son nom. Aujourd'hui, je vis dans la lumière, je vois clair en moi.
Or en fermant les yeux deux secondes, je sens déjà son vit implacable m'ouvrir souverainement le cul. Et j'en vibre déjà. Je ne sais rien d'autre et aucune autre pensée ne parviendra à s'immiscer pour m'en détourner : cette fois, je l'aurai tout à moi et je me promets de faire banquet! J'ai faim et cet appétit me dicte ses exigences.
Je suis soudain calme, déterminé, calculateur ... et pourtant affamé à la fois.
Lecourt a reculé l'antique C15 dans la cour, moteur ronronnant, j'y grimpe. Il enclenche la première. Il conduit avec les fesses très reculées dans le siège et le buste droit penché vers l'avant, son avant-bras gauche s'arrondit autour du volant, la paume de sa main droite coiffe le pommeau du levier de vitesse et je ne résiste pas au besoin d'appliquer ma cuisse contre sa main serrée, il ne se dérobe pas mais ne décroche pas ses yeux de la route qu'il balaie du regard, concentré comme s'il redoutait que déboule un animal.
Rapidement, il quitte la voie goudronnée, engage le véhicule dans un chemin et bute sur une barrière. Je comprends à son léger mouvement vers moi qu'il attend que je descende l'ouvrir. En la franchissant, par la vitre ouverte, il m'enjoint de la refermer soigneusement et je m'en acquitte scrupuleusement.
A quelques pas, une grange basse nous tourne le dos et je la contourne à pied en suivant les traces de roues. J'entends claquer la portière. C'est donc là que nous allons baiser et je sens mon impatience revenir au galop ; la vue superbe sur la rivière qui miroite en contrebas me laisse indifférent, je n'attends qu'une seule chose : me faire bourrer le cul !
Lecourt est campé entre les grandes portes en bois délabrées et ouvertes sur un empilement vertigineux de fourrage ; en me voyant approcher, pourtant, il trouve à se glisser derrière un des vantaux. Je le suis.
Sitôt que j'entre dans la pénombre, sa main crochète ma nuque et il m'attire à lui. J'ai fermé la mienne sur le gel et les capotes dans ma poche pour m'assurer de leur indispensable présence et aussi mes yeux, pour ne m'en remettre qu'à lui.
Rien d'autre n'a d'importance que la satisfaction de ma libido toute puissante quand, d'abord maladroitement, sans doute troublé par la pénombre, il cherche à me galocher.
Moi, j'ai tout de suite trouvé à cerner dans son froc le membre dont je compte me régaler.
Et il est bien dur.
Amical72
amical072@gmail.com
"Si tu veux qu'ça bout / Si tu veux qu'ça m'émeut / Si tu veux que nous / On refasse du feu / Si tu as envie / Et si tu veux qu'je veux moi aussi " MATHIEU BOOGAERTS – 2012 - "AVANT QUE JE M'ENNUIE"
Autres histoires de l'auteur :