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7 | Réputation
Le récit de Julien
Après cette belle soirée et sa prolongation avec Olivier, j’ai retrouvé les bras de Lecourt et … j’ai eu soudain l’envie, évidente, de m’abandonner à lui.
Marre d’être celui qui porte le rôle du macho à la bite sempiternellement au garde à vous ? Besoin de lâcher prise ? Plaisir de me laisser porter ? …
Lecourt est celui avec qui je peux me laisser aller à être inconséquent avec légèreté, m’affranchir du carcan des rôles dévolus au masculin, sans pourtant déchoir en rien.
Pour l’heure, je me suis allongé sur le ventre et il est venu écraser mes omoplates de son torse velu, murmurer à mon oreille que je le précipite tout droit en enfer … tout en caressant délicatement mes fesses charnues et velues.
Et j’en frissonne.
Depuis le début, ses deux larges pognes aux doigts forts, qu’on imagine rudes et calleuses, sont un mystère de douceur et de sensibilité émolliente dés qu’elles se posent sur moi. Qu’elles tracent des sentiers qui batifolent, couchent mes poils, pétrissent mes globes ou m’égratignent, elles me font soupirer, ventre noué, en attente de plus grands vertiges, de sidérantes pâmoisons.
Ses doigts dévalent ma raie touffue, brossent les poils de mon périnée jusqu’à mes couilles, remontent, furètent, se fraient un chemin …
- « Le petit trou du cul de Julien ... »
Son doigt masse en rond, pressant légèrement. J’ai cassé mon rein, soulevé sensiblement mon pelvis, ouvert un peu plus mes cuisses. Je sens les poils de son torse se poser, se replier en boucles qui éclatent contre la peau de mon dos qu’il presse à nouveau pour venir à mon oreille.
- « Alors c’est moi qui suis chargé de l’entretien de ce paradis, vraiment ? »
J’ai haussé des épaules, tendu le bras vers le chevet pour m’emparer de l’indispensable lubrifiant que je lui donne. Son doigt revient se poser sur mon fripé. Paré, fluide, il masse en rond puis se fiche d’un coup et je me crispe.
Mais sa pulpe opère tout en douceur en moi tandis qu’il murmure.
- « Et bien, manquerais-tu de pratique au point d’avoir oublié ? »
Nullement ! Mais je parviens à encore résister à la vague qui monte en moi.
En tous cas, lui n’a rien oublié de ce qui me fait tant d’effet. Il creuse ma caverne d’une caresse légère et je ressens brusquement un grand froid m’envahir, un manque d’air, comme une soif inextinguible avec, pourtant, un abondant afflux de salive puis, tout aussitôt, une chaleur irradier et me submerger. J’ai appuyé mon front sur le matelas, déroulé ma nuque pour faciliter de longues et profondes inspirations. Mes cuisses s’ouvrent en ciseau, il m’enjambe, s’enduit de gel et guide sa queue dans ma raie, bascule son poids dans ses reins.
Je le réclame, non sans ajouter « doucement », mon éternelle appréhension qui, dés qu’il s’engage en moi, disparaît, comme d’habitude avec lui. Je le sens qui m’investit, souplement, et je viens à sa rencontre, pour l’accueillir. Là …
J’ai basculé sur le côté, la cuisse supérieure relevée à l’équerre et lui, dans mon dos, est ancré en moi, son buste relevé sur un bras, s’enroule autour du mien et sa main retourne ma tête, il vient m’embrasser.
Et les subtiles oscillations de son bassin qui me bercent répondent aux entrelacs soyeux de nos langues pour m’entraîner dans un tournoiement qui m’étourdit. Ses doigts ratissent et jouent de ma fourrure quand sa paume, elle, se fait lourde comme pour me maintenir plongé dans ce maelstrom de sensualité où je me sens tellement en sécurité. Je creuse ma bouche, mon cul, pour espérer l’aspirer totalement en moi, et je voudrais qu’il ne se retire jamais, qu’il ne suspende jamais ses caresses souples et discrètes qui me font flotter sur un nuage vaporeux …
Sa main s’est emparée de ma queue, réveillant un autre point de plaisir car, à ce simple toucher, j’ai réalisé combien elle est chaude et bandée. Toute sa main s’enroule comme un ruban dans une très lente volute, qui monte … redescend ... Je suffoque brusquement, un hoquet fait claquer mon diaphragme dans un bref appel d’air salvateur puis, aussitôt, l’apnée. Ses lèvres à mon oreille qui susurrent.
- « La belle queue de Julien ! Tu n’as pas oublié, tu en as dit en garder assez pour moi, tout à l’heure. Alors, à ton tour de tenir parole car je réclame mon dû. »
Un glissement serpentin, des jambes qui se dénouent pour se renouer, les positions inversées ; les cuillers basculent, celle du dessous vient couronner celle qui la recouvrait il y a un instant pour un tout aussi exact encastrement ; ma main, à tâtons, trouve le flacon de gel et,sans coup férir, moule ses fesses velues à l’endroit précis où elles se fendent, s’écartent pour que mon majeur y plonge.
Et il fait mouche.
Ses épaules ont été secouées par une explosion, une expulsion d’air et, baudruche dégonflée, vidée, il s’effondre sous moi emprisonnant mon doigt dans son tréfonds. Comme entravé, il peine à vibrer dans cet étau qui sursaute au rythme de ses halètements. Je le laisse retrouver son souffle et mon doigt explore en lentes glissades de serpent chaque possibilité de mouvement qu’il me concède progressivement. J’ai collé mon torse qui couvre maintenant son dos, mon visage au plus près du sien pour accorder nos respirations ; à mon tour, je veille sur lui et sur la montée de son plaisir.
Un deuxième doigt vient rejoindre le premier, souplement, pour un pas de deux étudié, calculé, stratégique. Pour une LENTE montée de son plaisir.
Qui nous met en appétit.
Ses soupirs, ses sursauts, ses brusques crispations suivie d’une détente qui le creuse, l’ouvre, pour moi qui en bande comme un bouc.
Lui lécher l’oreille, en mordiller le pavillon, obturer l’orifice de ma langue, le harceler, l’attendre et, enfin :
- « Prends-moi, Julien ! »
A genoux derrière lui qui se redresse à quatre pattes, je mate ses belles cuisses et ses fesses velues, ses couilles qui pendent et ballottent, sa main gauche qui vient tirer son globe ouvrant sa raie d’un drôle de sourire dissymétrique ; je le laisse venir, reculer, se tendre, me chercher ...
Tenant ma queue brandie d’une main cerclant sa base pendant que, lentement, l’autre l’enduit grassement de lubrifiant, avec méthode et précision, avant de la pointer vers son anus froncé que je devine dans sa raie touffue, comme l’escrimeur pose la pointe de sa lame sur le torse de son adversaire, juste à l’à pic du cœur.
Il faut croire que ce n’est pas un combat, ou qu’il est bien doux de se faire embrocher ainsi puisque Lecourt presse son fion exactement sur mon gland, qu’il s’ouvre dans un gémissement de satisfaction et poursuit, appliqué à me dévorer progressivement, quand, immobile, je ne fais que résister, patiemment, sans rien d’autre que soutenir de la main mon sabre dans l’exact alignement de son axe.
Il s’évertue, redresse son torse sur ses bras tendus, presqu’accroupi, ses fesses frétillent et tutoient ma touffe pubienne, il cherche comment s’empaler plus commodément et avaler toute ma hampe.
J’ai encadré ses hanches à deux mains et les deux siennes partent vers l’arrière, s’accrocher aux miennes pour m’attirer à lui, mon torse vient frôler le haut de son dos, ma bouche à son oreille, l’une que je lèche, puis l’autre.
- « Pour quelqu’un qui se dit vieux, tu me sembles avoir encore bon appétit et j’espère que tu sens combien tu me fais bander, Lecourt. Je voudrai te servir tant que je pourrai jouer au faune ! Tant que ma queue se dressera, ton cul sera toujours son nord magnétique. »
Mes doigts sont remontés vers ses tétons que je martyrise tour à tour pour qu’il sursaute et resserre brusquement son conduit en réflexe puis mes mains à ses épaules font écrouler le haut de son buste dans le matelas quand je maintiens son cul en hauteur, ses cuisses à angle droit. Là, je roule lourdement du bassin sur ses fesses et ma large queue écrase à loisir son anneau qui l’enserre, comme on travaille une pâte, on ramollit un joint, on assouplit un élastique, .
Puis, jambes tendues, je le pilonne d’une rafale de rapides coups de reins en mitraillette qui le font suffoquer.
- « Alors Lecourt, qu’en penses-tu ? »
Je l’ai libéré, me suis écarté pour qu’il roule sur le côté. A genoux, cambré et bite dressée, je le surplombe de toute l’arrogance mon priapisme devenu presque douloureux à force de détermination.
Je le connais « mon » Lecourt ou, plutôt, « nous » nous connaissons.
Je le vois sourire malgré la lumière tamisée, il approche son index de ma hampe et pèse sur elle pour la rabattre, son doigt glisse et elle s’échappe pour venir claquer contre mon ventre. Il rit, se rapproche de moi en rampant, son index crochète ma tige et l’attire à lui, sa langue …
Ô putain ! Sa large langue est remontée jusqu’à mon frein où sa pointe frétille jusqu’à trouver mon méat et là, ses lèvres aspirent mon gland de la plus suave des façons, sa main en nid douillet soutient mes boules ...
Je fonds.
A petits coups de pattes, il me fait m’allonger, m’adosser à l’oreiller, cuisses largement ouvertes, relâché. Avec les deux mains délicates d’une lavandière qui pressent, roulent, vissent, dévissent avec précaution un tissu précieux, il m’enduit la tige de lubrifiant, ses doigts enveloppent mes bourses, glissent dans ma raie et l’un perce souplement mon anus. Je suis soudain enveloppé d’ouate, revenu à une sensibilité suave et douce, détendu et sans plus aucune résistance. Livré.
Il m’enjambe et une main dans son dos me guide souplement en lui où je retrouve l’écrin velouté de son cul puis son doigt s’insinue dans le mien et les vagues de ses contractions me soulèvent d’un coup, me voilà soudain assis, nos torses au contact, menton relevés, yeux affrontés épiant le moindre sursaut dans ceux de l’autre, souffles courts. En rut.
Nos reins roulent et ondulent, son cul moule exactement ma bite dans son fourreau et je serre son doigt dans le mien. Sa pupille scintille, il jubile.
- « Allez, beau mâle ! Donne moi ce que tu m’as promis. »
Puis, assez rapidement, une première vague nous soulève. A la redescente, son doigt diabolique presse en moi le bouton nucléaire et une réplique me surprend, m’étourdit. Il me retient dans ses bras pendant que quelques saccades me secouent encore. Nous basculons sur le côté. Ma main découvre mon abdomen trempé de son foutre et je vient plonger deux doigts dans son antre libérée, missiles téléguidés qui lui arrachent à son tour un sursaut, une suffocation.
Nos bouches se sont unies, nos langues entremêlées comme on croise les doigts pour lier des mains, on ronfle, on se galoche, on roule l’un sur l’autre. Le premier, il s’écarte.
- « Arrête un peu, je n’en peux plus, aie pitié de mon grand âge ! »
Je m’esclaffe.
- « Tu aimes trop le plaisir Lecourt, tu trouveras toujours comment m’en dispenser pour ta propre jouissance.
Et si, je t’invitais, à mon tour, en t’offrant quelques fines rapières pour un banquet de Gargantua, humm ? »
L’idée même de le voir cerné par quelques dagues tirées au clair et bien décidées à le goinfrer me fait sourire mais il proteste en grommelant.
- « N’y songe pas ! Je tiens à ma réputation ! »
Mais le trop pur angélisme de son sourire ne me guérit pas totalement d’un doute.
Amical72
amical072@gmail.com
* « J'ai retrouvé ta lettre où tu disais : peut-être un jour on sera trop vieux / Pour s'écrire des poèmes, pour se dire que l'on s'aime, se regarder dans les yeux / Tu parlais de naufrage, d'un corps qui n'a plus d'âge et qui s'en va doucement / De la peur de vieillir et d'avoir à subir, l'impertinence du temps ... » la maison de retraite par Michel Jonasz.
* Alors, pour conjurer, « Danse avec moi / Grisons nous tous les deux / De l'instant merveilleux / Fermons les yeux / Danse avec moi / Profitons de l'accord / Qui fait vibrer nos corps / Dansons encore ... » La chanson est interprétée de sa voix aigrelette par Suzy Delair dans le film « Quai des orfèvres » réalisé par Henri-Georges Clouzot et sorti en 1947
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