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6 | SOS
Le récit de Julien
Je me réveille très tôt, ainsi qu’à mon habitude. Je SAIS que Cyril dort contre moi et je ménage son sommeil de mille précautions, me détache lentement, poil par poil, de son corps chaud, ramenant le drap sur lui avant de m’extraire de la couche. Je referme la porte de la chambre et mets un café à couler. J’enfile ma cotte directement sans rechercher un slip disparu dans nos ébats puis mes bottines sans chaussettes et je sors faire le tour des paddocks alentours. Dans la fraîcheur de ce matin d’été, je me sens gonflé par une étrange joie qui n’est pas celle d’avoir dormi avec un amant, non, celle-là, je la connais. Je l’ai partagée avec Lecourt, la veille.
Non ! C’est une euphorie nouvelle, celle d’un possible. Presque d’un espoir. Celui de vivre avec un mec, de s’endormir à ses côtés, de se réveiller avec sa peau collée à la mienne et de savoir, sans même s’interroger, qu’il sera là, à l’identique, le soir puis jour après jour.
Ce mec là n’est pas même Cyrille; lui va partir, tracer son propre chemin. Non, c’est la possibilité d’un mec qui partagerait ma vie au quotidien, toutes les petites choses de la vie.
C’est la certitude qu’aujourd’hui cette option du couple ordinaire nous est offerte qui me réjouit ! Mais une autre chose également.
Alors que moi, le quadra expérimenté, j’ai tout appris à ce jeune puceau ignare, voilà que c’est lui qui me fait accéder à une nouveauté : ce sentiment de liberté, d’émancipation tranquille affichée sans ostentation. Voilà que ce petit con m’enseigne en retour, m’infligeant, en sus, un nécessaire rappel à l’humilité.
J’en souris ! On a toujours à apprendre de l’autre, même de celui qu’on croit surclasser.
Mes pas m’ont ramenés vers la maison dont je pousse silencieusement la porte. Il est là, debout, nu, le cheveu humide, à siroter une tasse de café, joli jeune homme à la peau lisse et à la belle stature masculine. Son regard happe le mien, son sourire s’accorde au mien, immédiatement complices. Il a aussitôt posé sa tasse pour m’en servir une, naturellement, et il me la tend.
- « Tout va bien ? »
J’ai sobrement opiné du chef, comme si, après ma ronde du matin, je venais retrouver celui qui partage ma vie au fil des jours pour une collation en commun. J’ai saisi la tasse proposée d’une main, entouré sa taille de l’autre, porté le breuvage à mes lèvres …
Fracas.
Les tasses se sont renversées quand elles ont été précipitamment abandonnées sans égard sur le comptoir et, après une bousculade soudaine, il halète entre mes bras quand je l’écrase de tout mon corps contre le placard. Mes mains le pétrissent avidement quand les siennes descendent fébrilement le zip de ma combinaison et m’en extraient.
- « Baise-moi, Julien ! »
Il s’est retourné, les épaules collées à la porte, le visage écrasé de profil, le rein cambré pour offrir sa croupe à mes mains qui la moulent et la fende. J’ai craché et mon index a sommairement lubrifié son fion de salive. Un second crachat dans ma paume en a fait autant de mon gland et je brandis mon pieu que je lui fiche sèchement. Il a froncé une seconde les sourcils mais cette ombre s’est aussitôt dissipée et il a entrepris de repousser ses fesses qui dévorent mon membre.
Tandis qu’il l’avale délicieusement, je ferme les yeux ! Voilà, c’est exactement ça ! Vivre avec un mec, le retrouver pour baiser au gré de nos envies, sans devoir partir loin, sans devoir mentir, sans même se dissimuler.
Ses fesses se pressent sur mon bas-ventre et je nous fais pivoter d’un demi-tour. L’avant-bras posé en soutien à plat au bord de la table, il s’est plié à angle droit et, ainsi, ma queue le fourre sans qu’il n’en perde rien. Il frétille, transpercé, comblé.
Tandis qu’il s’astique de sa main libre, j’ai empoigné ses hanches des deux miennes pour lui imprimer un balancement de métronome et envoyer au monde ce message universel de détresse : trois courts, trois longs, trois courts, trois ... Il chante, une mélopée plaintive scandée par le signal de morse quand les profonds coups de rapière viennent lui couper le souffle. Pas de chichis, du brut, du sec, du régulier, de l’efficace.
Son fion s’est brusquement serré, son corps a sursauté puis son rein s’est fait souple. Je me finis alors en lui avec jubilation, dans de puissantes glissades, l’attirant fermement à moi pour le ficher bien au fond et le remplir, puis, repu, desserrer ma prise.
Le garçon s’est dégagé, retourné et accroupi. Il vient me sucer, me lécher, me dispensant quelques frissons supplémentaires, si électriques qu’ils en deviendraient insupportables d’intensité. Je l’empoigne et le redresse pour le galocher. Le goret s’emploie désormais comme un chef et sa langue a le goût de sauvagine. Il me glisse à l’oreille :
- « Il te reste à m’emmener au sauna, comme promis, Daddy.» Il rit. « Je suis certain que tu aimeras diversifier la solide formation que je te dois. »
Il rit, il m’échappe, joyeux et léger comme la jeunesse.
Amical72
amical072@gmail.com
* « La vie c’est toujours amour et misère » Georges chante Comme hier
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