Premier épisode
Chapitre 2 | Balançoire
Le récit de Toni
Tant d’émotions aujourd’hui !
Venir déjeuner chez ma mère avec mon mec qu’elle accueille « comme un gendre » … ça y est ! Cette fois je suis vraiment, ouvertement, un …
Un quoi, d’ailleurs ? un « pédé » ? Ça, c’est une insulte mais, à nous déclarer ainsi qu’on le fait, on se pose, installés dans une relation de couple, on s’expose, on se légitime. Et je veux bien parier que la première personne qui se risquera à la plus petite allusion méprisante devant ma mère devra affronter ses yeux noirs comme des canons de fusils.
Bien sûr, il y a Christiane mais là, c’est la détermination de son propre fils qui m’a réchauffé le cœur.
Puis Monique, qui roule les R, avec ses petites attentions, son babillage, sa modestie et son franc parler ; elle, la vieille femme de la campagne profonde, qui convoque Adrien et le contraint à se dévoiler. Aujourd’hui, nous avons aussi des alliés.
Et enfin, Julien, dans son cercle de sable, qui commande du regard à cet étalon noir ... Et il me semble que je suis comme ce cheval juvénile qui ne peut échapper à l’emprise de cet homme cuirassé au regard pénétrant. Puis Adrien, lui-même, arrive en auxiliaire qui se place sous sa tutelle. Alors, dans l’écurie, quand Julien me regarde, je sais que je serais incapable de lui résister.
Quand je rejoins Adrien dans le vestiaire qui pue l’animal, lui a ce sourire de loup que je lui connais, chasseur sans pitié au braquemard sitôt brandi, prompt à porter l’estocade. Je fonds sur lui, perdant mes doigts dans ses broussailles pour me saisir de ses tétons, avant de lui remballer d’autorité son orgueilleuse érection décuplée : « nous sommes attendus. »
« Male » m’en a pris … En représailles, il me bouscule à son tour, me débraguette en me bâillonnant de sa bouche puis crache dans sa main et plonge, avalant ma bite en me fichant un doigt … pile dans le mille, puis il m’abandonne à mon sort, tremblant d’excitation.
Et toute cette soirée avec SA chaleur irradiante à mes côtés ! Croiser son regard, laisser mes yeux sur lui quand il discute avec Julien, heurter sa cuisse du genou sous la table, me lover brièvement contre lui dans le canapé, toucher sa peau du bout des doigts. En sortant de la grande maison dans la nuit, je suis tout entier tendu dans l’impatience, guettant l’opportunité de me coller à sa peau. Etroitement.
Alors, l’écurie ou le bout du monde, peu m’importe ; le brouillon des mains pressantes, des bouches qui se cherchent, des frusques arrachées sans égards dévoile notre urgence animale, existentielle : toi planté en moi, vite ! Pour, enfin, prendre le temps du plaisir qui nous emporte ; et toi qui l’interromps … pour le plaisir de mieux reprendre, puis nous redire encore … et tu reviens nous rassurer de la permanence de cet élan, pour nous retrouver à nouveau dans la nuit et embarquer sur les eaux d’abord impétueuses des rapides, puis plus calmes.
Mais alors, tu m’éjectes de tes bras contenants, tu me jettes à bas pour rendre les armes et tu abdiques ta royauté, t’offrant à ton tour, allongé, nu, ton mandrin dressé, exposé, … vulnérable. Je sais qu’il me revient désormais de mener la danse, ma caverne gronde en moi, comme l’estomac d’un ogre affamé réclame sa pitance due. A moi !
Mes mains libèrent tes chevilles des derniers lambeaux de vêtement, tu es nu, totalement, à ma disposition, sans réaction. Ma main s’en assure, courant de ton mollet sur le caillou de ton genou, le ressort étiré de ta cuisse pour glisser de l’aine jusque dans la mousse, vers le chaud. Ainsi, JE décide de tout. Je m’approche, me hisse à ta hauteur, poussant le plat de mes doigts sur ton ventre, tes cotes, la rondeur de ton épaule soulevée par l’équerre de tes bras. Peser pour m’assurer de ta détermination.
Je me retourne et t’enjambe, offrant mon dos à ta vue ; mes deux tibias, à plat, encadrent tes cuisses. En maintenant mon buste incliné vers l’arrière, ma main te place, te niche dans mon anneau épanoui et je te sens qui t’arques pour tenter de t’engager, dans un réflexe pavlovien. Je me laisse alors couler sur ton guide, avalant ton sceptre avec une lenteur de gourmet, quand, simultanément, je brandis le mien à la face de la lune.
M’alanguir, me détendre pour t’accueillir profondément en moi, te laisser creuser ton gite pour, ensuite, mieux t’y retenir. Ton corps est prisonnier de ta posture en appui sur tes coudes et n’a, pour toute latitude, que de moduler la cambrure de tes reins. C’est moi qui, balançant mon buste en roulant du bassin, les mains en pinces coulissant sur tes cuisses, entraine ta verge tendue dans mon antre que je serre, détends ou presse à nouveau dans une lente répétition implacable d’efficacité.
Résiste ! Je prends mon temps, je SAIS !
Je me concentre sur la moindre de mes ondulations, le plus léger de mes frissons, presqu’imperceptible sauf pour ton archet qui vibre, ton plaisir qui t’assourdit. Je suspends tout mouvement pour mieux percevoir ta chaleur, puis je reprends ; ta sève monte, comme j’appelle la mienne en écho par les va et vient de ma main sur ma queue. C’est moi qui t’entraine, te retient ou te bouscule, je suis le maitre de nos jouissances.
Tu te cambres, tendu, gémissant et, soudain, un sursaut et tu t’effondres puis me soulève à répétition, en sèches saccades des reins, entrainant mes panaches et, tour à tour, je t’écrase ou t’aspire. Sans bouger, je laisse l’étourdissement se dissiper, les tensions se relâcher, les respirations retrouver un rythme régulier. Je suis ébahi par mon audace, par l’ascendant que tu m’as offert de prendre sur toi. Je déplie mes jambes ankylosées et me blottis en chien de fusil à ton côté, sur la couverture rêche, cherchant ta chaleur.
Tu m’entoures de tes bras, m’appelles « mon petit chat » en m’enveloppant de caresses, tu te penches sur moi, m’effleurant de ta peau, de tes toisons, tu tournes autour de moi, me berçant puis m’affolant de petits baisers, ta main s’arrondit sur ma fesse et, tout autour, tu poursuis ta ronde de touchers légers et de baisers qui m’apaisent puis, petit à petit, leur persistance m’excite à nouveau et je perçois tes intentions dans tes doux murmures et tes câlins, mais, simplement, je t’attends.
Viens !
Amical72
amical072@gmail.com
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