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Chapitre 7 | Charmant charmeur
Toni est revenu m’embrasser après m’avoir consciencieusement léché et sucé la bite qui, rassasiée, ne cède pas à ses incantations. Enfin, pas immédiatement ... Ma bouche s’entrouvre pour accueillir sa langue mutine qui vient se nouer à la mienne, toute parfumée de nos sucs. Je souris de ses efforts, l’emprisonne dans mes bras et nous fais rouler l’un sur l’autre mais, même ainsi, il persiste à me piquer de bisous et de câlins. Je ris !
- « Toni, la journée est magnifique et … j’ai d’autres projets que celui de rester au lit. »
Il se redresse, vaguement contrarié, les sourcils froncés. Il m’amuse.
- « Toni, j’ai besoin d’exercice quotidien, c’est une hygiène de vie ! Et, surtout, chaque fois que je le peux, j’ai besoin de grand air. »
Il me regarde, impassible, en attente de ce que je lui réserve. Alors je plisse les yeux pour lui glisser à l’oreille
- « J’ai aussi besoin de laisser reposer le désir, de le cultiver comme un levain que l’on laisse pousser au repos, de songer à mon p’tit chat, de m’imaginer le caresser … »
Ma main droite s’est détachée et l’effleure, à peine, tandis que je le scrute. Il a frémi ! Je l’ai vu tenter d’éteindre son regard pour le dissimuler. Je reviens, j’insiste …Mais il a retrouvé sa maitrise et ne laisse plus rien paraitre.
Alors je le vire du lit !
- « Aide-moi, Toni !
Nous parons le lit de propre, je le bouchonne avec le drap souillé puis lui souffle à l’oreille :
- « Mon p’tit chat et moi allons garder nos odeurs de foutre, de bites, de stupre … jusqu’aux prochains tirs au but. Et pour cela … »
D’un geste vif, je lui lance un petit étui carré comme le frisbee dans une partie d’ultimate, et il le bloque adroitement. Je le connais, le p’tit chat, je l’ai vu, compétiteur engagé sur le terrain de foot … Puis je lui fais préparer un sac avec quelques vêtements et nous partons pour Les Chênaies ; il est au volant.
Je le regarde conduire, attentif, concentré.
- « Être Gay te fermera certaines portes, Toni, mais t’en ouvrira d’autres. Tous les gays ont en partage la crainte commune à toutes les minorités, celle de la persécution même si tous, heureusement, ne se vivent pas comme des victimes désignées. Aussi, nous manifestons une certaine bienveillance pour nos pairs ; cette « solidarité » va te donner accès à certains avantages liés à cette situation, comme l’occasion de conduire cette voiture, par exemple ...
Profite de ces propositions, Toni ! Familiarise-toi, découvre, apprivoise, cultive ces expériences qui te seront fort utiles, éclairantes, parfois. Elles te renforcent, alors regarde-les comme une naturelle compensation de toutes les mesquines discriminations qui, quelquefois, te feront préférer un tiers, simplement parce que lui est straight, même s’il est moins compétent. »
Je le contemple en silence : sous une touffe hirsute de cheveux sombres, sa peau parait satinée, le front est droit et le nez rendu aquilin par une très légère saillie, les lèvres sont charnues, ourlées, les pommettes assez hautes et la mâchoire bien dessinée, ombrée de barbe même rasée de près. Il n’est pas parfait mais c’est justement cela même qui le rend attachant. Très expressif. Un joli garçon. Ou peut-être ai-je appris à le lire …
Il me lance un coup d’œil sombre, sans doute soucieux de l’issue de mon examen mais je l’invite plutôt à un sourire, celui qui soulève sa joue au-dessus du sillon à l’angle de l’aile du nez, tout en la poinçonnant d’une fossette. Un garçon vivant !
C’est cette expression joyeuse que je cherchais à faire naitre chez lui, ce moment rare d’une expression à la fois familière et pourtant fugitive et, donc, précieuse, une expression qui m’est directement adressée, presque réservée.
- « Charmant Toni charmeur ! »
- « je suis enchanté de vous convenir, même un p’tit peu, M’sieur ! »
- « Sois attentif à la route, Toni ! Toi, tu conduis et moi, je te mate à loisir … »
Il me plait ainsi ! Julien a raison : il s’est épanoui, affirmé et il s’est posé, - et d’ailleurs, moi aussi, si je veux être honnête - Julien … qui l’attend de pied ferme.
Quand nous arrivons aux Chênaies, nous le retrouvons dans le cercle de dressage où il tourne tranquillement un jeune cheval. Nous nous rejoignons dans de grandes brassées puis il me fait signe d’aller me changer et garde Toni auprès de lui. Son nouveau salarié est aussi présent. Quand je reviens, c’est d’ailleurs lui qui me présente mon cheval tout harnaché et Julien me fait signe d’entrer dans le cercle.
- « Fais-nous une petite démonstration de détente aux trois allures, Adrien, s’il te plait. »
Toni se tient à son côté.
Amical72
amical072@gmail.com
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