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Saison 6 | Chapitre 8 | Insomnie
Je me réveille en sursaut, il fait encore nuit noire et, une seconde, je ne sais pas où je suis, comme isolé dans ce lit trop vaste, aux draps trop lisses. Puis me parvient la respiration régulière de Lecourt. Je l’écoute quelques secondes avant de me rapprocher furtivement de lui jusqu’à percevoir sa chaleur et le discret mouvement du drap soulevé par sa ventilation. Un instant, il me semble que je veille à son insu sur ses légers soupirs de dormeur puis je réalise combien sa présence, là, dans ce lit partagé, conforte la tranquillité de mon propre sommeil dans la paix de cette chambre silencieuse et combien chacune de ces marques discrètes de confiance réciproque m’attache à lui.
Mais je me sens parfaitement éveillé et mes pensées vagabondent ; je commence à m’étirer, me retourner, m’agiter … Pour ne pas troubler son repos, je ne vois d’autre option que celle de me lever, et, emmitouflé dans le peignoir, sortir sur la terrasse. Je contemple la nuit et ses mirages, ses formes fantasmagoriques, inquiétantes de n’être pas identifiées, ses bruits surprenants, la fuite des nuages dans le ciel sombre et, d’un coup, il est à mes côtés :
- « que fais-tu Julien ? »
- « je ne parviens pas à dormir … sans doute le vin blanc ? »
- « viens ! » Sa main a saisi mon coude et sa voix a vibré dans les basses, sourde, pleine, chaude, aimantée, enveloppante comme maintenant son bras, son corps chaud qui s’encastre avec le mien, nos poils qui s’électrisent, nos jambes nouées en rubans flottants dans les eaux de la nuit, son souffle sur ma nuque et là, sa main en conque qui glisse et vient coiffer mon méat baveux, le moule, le cajole. Je me suis trahi, je bande.
Sa légère morsure dans mon cou, griffé par les lames de sa barbe et aspiré par ses lèvres. Sa cuisse qui soulève le drap, m’enjambe et, tout à la fois, me bascule sur le dos. Son genou glisse sur mon torse et vient l’enserrer étroitement tandis qu’il pose lourdement ses fesses sur ma queue dressée avec un bref frétillement de poule qui se met au nid, s’ajustant exactement sur mon axe. Sa bouche me bâillonne d’une langue souple et les ondulations de son bassin m’invitent à une exploration que j’entreprends du bout des doigts. Ils courent, légers, dans ses poils, épousent les formes, dévalent les pentes, écartent les plis et abordent avec précaution son anus que j’imagine éprouvé par nos précédents ébats, le découvrant légèrement boursoufflé, très doux, très souple, clignotant de petites contractions spasmodiques qui semblent appeler à l’intromission. Est-ce bien cela ?
Ma main qui dégage ma bite et, gainant mes abdominaux, je pose innocemment mon gland sur sa cible. Et je le sens, là, qui creuse le rein et recule imperceptiblement. Ecrasant sa propre bite sur mon ventre jusqu’à en exprimer sa mouille tandis que sa rondelle s’épanouit souplement et coiffe étroitement mon gland. C’est un signal implicite pour nous deux, celui d’une connivence, la rencontre d’une même envie partagée et qui, maintenant, peut dire son nom, se révéler, s’assumer. Mes deux mains pressent ses hanches pour renforcer son contact.
D’un même élan, il se redresse et se cambre en Andromaque* tandis que j’arque mes reins en propulsant mon dard qui avance, somptueusement gainé dans ce conduit qui l’accueille, en familier, tant ma bite et son cul s’accordent, complémentaires, pour des retrouvailles naturelles, pour reprendre la conversation juste là où nous l’avions laissée, comme si rien ne nous avait dés-emboités, mais sans urgence, sans frénésie, pour un bavardage d’insomniaques, feutré, terriblement efficace, ponctué de « oui, là … » et alors l’autre revient, s’applique, insiste jusqu’à retrouver la pression, la contraction, la glissade, ce qui a fait naitre le frisson. Pour une autre sorte de vibration aussi, plus discrète, moins échevelée mais non moins tendue et vertigineuse, car l’autre sait jouer de soi, efficace, précis, en parfait connaisseur de notre géographie du tendre, l’autre qui nous devine, nous dénude.
Salaud de Lecourt !
Lui qui sait faire merveilleusement chanter ma queue, captive volontaire et lubrique de son cul, et entièrement offerte à son bon vouloir … mais elle n’est pas sans connaitre quelques bottes qui lui font lâcher prise dans un soupir de plaisir, le font s’effondrer entre mes pognes pressantes, vagissant et disloqué jusqu’à ce qu’il retrouve, à son tour, … et, au final, cette nuit, il gagne ! Ce n’est pas un spasme, ni une explosion qui me projette au septième ciel mais plutôt une digue qui cède, un épanchement attendu, une délivrance salvatrice et apaisante. Et quand il me rejoint, il se retourne et m’éclabousse, mi- rigolard :
- « je suis certain que tu vas retrouver le sommeil maintenant ! »
Je n’ai pas entendu ce qu’il a dit ensuite.
*1 Pour les anciens, il était connu qu'Andromaque, la femme du grand héros d'Homère, Hector, "chevauchait son époux", et ils racontaient que "derrière les portes, les esclaves phrygiens se masturbaient chaque fois qu'Andromaque montait le cheval d'Hector". Le couple légendaire donne ainsi sa caution à une position pourtant controversée : l'homme y est en situation inférieure, la femme le domine et a la maîtrise du jeu. Voir sur doctissimo
Amical72
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