Premier épisode
Cyrillo :
Tu ne m’as pas demandé la permission, je ne t’ai pas demandé pourquoi.
Romain, Tu m’as suivi, silencieux.
À deux pas de plus mon corps te guide, mon esprit danse encore avec toi.
La musique en fond c’est ta respiration qui met le « beat » et mon cœur est « sampler ».
Quand ton front s’avance et que ton regard de loup me pénètre, mon corps se tord et ma nuque s’offre à ce que tu la mordes. Avant que tu ne plantes tes crocs, mon pied « bootsé » te repousse.
Danse ce tango, je veux te voir te débattre avec ta timidité, celle qui te reste. Tes yeux, tu les connais, ce sont des armes de séduction massive, mais ce corps, tu vas devoir le montrer sans manière pour me plaire.
Je marche devant toi, tu es si silencieux que je me retourne, si tu avais disparu…
Tu as tantôt le regard d’un enfant perdu, tantôt celui d’un prédateur, quand les phares des voitures projettent une lumière froide de tes yeux clairs.
Nous y voilà, dans ma chambre, je n’ai rien allumé, mon intimité est dans l’ombre.
Mon corps est brisé, j’ai peine à ôter ce qui me voile et quand je me prends les pieds dedans, tu me rattrapes en riant.
Il fait toujours noir pourtant tu me dis "bel intérieur !".
Je mets mon index dans ta main qui le serre et je t’emmène.
Je me laisse tomber sur le matelas froid et tu te laisses tomber sur mon corps chaud, sale.
Je roule sous toi et me sépare. Le jour nouveau dessine ta silhouette, je ferme les yeux, les acouphènes de la danse de trop me bercent et je m’endors.
Me boufferas-tu, vas-tu partir, attendre, dormir, je ne sais pas. Je gémis dans mon sommeil.
On aurait pu faire l’amour, s’aimer au petit matin et s’endormir paisiblement.
Je dors sous couvert de ton envie, ton manque, tes désirs, peut-être le jugement, le regret, la comparaison. Je ne sais pas. Je gémis encore.
Mais si… cette respiration est un appel, ça me fait sourire et c’est ce que tu découvriras quand le jour sera là.
Bénissons l’aube qui me réveille à peine et suffisamment pour sentir ta bouche et ta langue qui me lèche, elle est sèche, tu es déshydraté.
C’est un jeu de dupe, semblant dormir, je suis chaque mouvement de ta langue, tu es si délicat pour que dure le mythe que je dors encore.
Je me tourne, j’ai le soleil dans la gueule et je souris encore, les yeux clos, je vois des petites bulles qui se baladent sur un ciel orangé.
Ton souffle se rapproche et ta main se pose sur mon dos.
Bien sûr que je vais me cambrer.
Tu n’as toujours pas besoin de permissions et je n’aurais pas à ronronner pour t’inviter.
Je ne suis pas une chatte, mon petit cul de mec suffit à t’attirer.
Tu mouilles depuis des heures, ton sexe est trempé, macéré, il pue la nuit et ton intention, c’est facile de rentrer dans mon cul.
J’enfonce ma tête dans un oreiller, juste une oreille dépasse et tu la mets en bouche. Tu enfonces ta langue dans le conduit, je frissonne, je me cambre en réaction, tu t’enfonces encore plus loin.
Tu en as encore à me mettre, et c’est en mordant mon crâne que tu pourras te planter jusqu’aux couilles.
Je ne veux plus que tu bouges, reste au fond, joue de ton périnée, je veux sentir l’afflux de ton sang qui gonfle ton sexe dans mon ventre. Par à-coups, comme un battement.
Tu veux jouir, tu en as tant besoin maintenant, tu ne dormiras pas sinon, au risque de devenir capricieux, puis méchant, enfin violent.
Je serre les fesses, étrangle ta bite de mes anneaux, en contorsion je viens t’embrasser.
Nos bouches sont sèches, si quelqu’un un pouvait éjaculer dedans ce serait divin.
De la nuque à mon cul j’ondule, tendu et souple, je danse encore.
Mes chevilles s’enroulent autour tes jambes, tu t’accroches à mes épaules. C'est comme tu veux, du rock, du hip-hop, je suis accroché à toi. Je reçois une onde de choc, une deuxième plus longue et m’inonde.
Mon corps te lâche, le tien s’effondre, nous nous endormons avec ton sexe en moi.
Il y a ce moment où tu vas t’isoler au bout du lit. J’ai soif, j’ai besoin de me rincer. Je reviens encore humide me poser près de toi, un mug de café à la main, à moi te t’observer, et comment t’appelles-tu, que je marque ton nom sur mon carnet de bal.
Romain :
Satisfait de ma fatigue, tu me tends un mug de café odorant. Merci Cyril, mais je n’apprécie pas ton regard triomphant.
Ainsi c’est toi, le fameux Cyrillo ? L’homme au cœur immense. Immense comme un océan. Océan sur lequel naviguent inlassablement d’innombrables auteurs d’histoires érotiques ? Esclaves de ta douce mais inflexible tyrannie…
Étendu comme un grand félin, tu m’observes maintenant. Tu me demandes mon nom et je te le donne avec réticence. Je suis Romain mais je ne veux pas être l’un de tes trophées. Tu m’as tout pris et pourtant je pourrais t’en donner encore davantage mais je me suis écarté de toi. Sur le bord du lit.
Ton sourire, ta tranquille assurance m’irritent. Je sais pourtant que tu peux beaucoup me donner sans jamais rien m’imposer. Tu respectes mon silence et sans un mot tu poses une clé sur mon ventre. Sur ton invitation je prends une douche puis me rhabille sous ton regard redevenu indifférent. Je glisse la clé dans ma poche.
Dans la rue, les mains dans les poches de mon blouson, je m’éloigne d’un pas que je chaloupe car je sens ton regard peser sur mes épaules. Je veux t’offrir une dernière danse. Je n’aurais pas dû prendre une douche parce que j’ai déjà la nostalgie de l’odeur de ta peau sur ma peau.
Les jours sont passés lentement et je suis revenu dans la discothèque. Un Gin Fizz à la main, je te regarde danser. Le roulement grondant de la batterie fait vibrer ma poitrine mais peut-être est-ce aussi mon cœur ? Des éclairs de lumière découpent ta silhouette sinueuse. La grâce de ta danse estompe l’obscénité du basculement de tes hanches.
Je sais que tu m’as vu mais tu m’ignores superbement. Il ne faut pas que j’oublie que, autant que moi, tu es un dominateur. Je te hais soudain et je voudrais briser ce corps musclé que tu fais évoluer si souplement sur la piste de danse. Devant toi, autour de toi, gigote un bel éphèbe, stupide papillon attiré par ta maléfique lumière. Il a vraiment une tête de con ce papillon !
C’est plié. Le beau jeune homme, comme hypnotisé, te suit servilement dans toutes tes fantaisies dansantes. Il est à toi. Cela m’écœure. Le froid de la nuit m’enveloppe tandis que je remonte la rue déserte. Je rentre chez moi.
Le sommeil ne vient pas. Je me tourne et me retourne dans mon lit. Je me lève et me rhabille. J’ai la clé de ton appart’ et maintenant la porte s’ouvre devant moi. C’est le silence total chez toi. Je me déchausse dans l’entrée et c’est pieds nus que je me dirige vers ta chambre.
La nuit n’existe plus dans les villes. Une faible lumière éclaire ton corps luisant de sueur amoureuse et celui de ton jeune compagnon endormi. Comment pourrais-je rivaliser avec autant de jeunesse ?
Qu’importe, j’ai les boules en feu et je te hais d’un amour bestial. Je me déshabille sur le grand tapis de la chambre et m’avance vers ton lit. J’ai vu battre tes cils. Tu fais semblant de dormir. Courageusement, tu restes à plat ventre tout en sachant que je vais être méchant. Appuyé sur mes bras tendus, je survole l’éventail de ton dos. Mon phallus douloureusement gorgé de sang glisse entre tes fesses détendues. Je m’en fous que tu m’acceptes et je t’empale rudement.
Aucune plainte. Tu as serré les dents. Ton jeune amant ouvre les yeux et je l’invite, d’une voix suave, à me donner un coup de main. Je me déchaîne. Maintenant, beau Cyrillo, prouve-moi ton endurance.
Cyrillo & Romain