Cela fait six mois que je déraille. Certes je continue de bosser et mon équipe est solidaire.
Ce sont de vrais potes qui ne m'ont pas lâché mais ils ne peuvent rien faire pour me sortir de ma douleur. Douleur en laquelle je commence d'ailleurs à me complaire.
Mon mec m'a plaqué. Je l'ai dans la peau ce salaud de Roland avec lequel j'ai vécu presque dix ans. Dix ans de baise et de tendresse. Dix ans à étreindre et à caresser son corps magnifique. Dix ans à entendre sa belle voix aux chaudes intonations du sud. La nuit est vide, mon coeur est vide, mon lit est vide. Seules mes burnes sont pleines.
Il est parti avec un jeune mec de moitié notre âge. Il est aussi parti avec la caisse mais de cela je m'en fous. Je n'en suis pas à une caisse près. Je le sais bien que j'ai un coeur de midinette mais on ne peut pas se refaire.
J'ai 39 ans mais j'en parais dix de moins. Je suis réel beau gosse avec un corps de jeune premier américain. Style surfer californien si vous voyez ce que je veux dire...
J'ai des pecs et des abdos de rêve et je me déplace sur des jambes de marathonien.
J'entends des protestations jalouses s'élever. Vos gueules et allez voir ailleurs si j'y suis !
Je suis le plus beau ! Faudra vous y faire... bandes de vieilles tarlouzes aigries !
La baston ne me fait pas peur et personne ne vient casser les couilles quand je suis de méchante humeur... mais j'ai un coeur de midinette.
Avec Roland, il n'était pas nécessaire d'aller en salle de gym. Nous baisions comme des acrobates et les positions du Kama sutra étaient devenues d'ennuyeuses banalités pour nous. Nous faisions le bonheur des marchands de literies et nous étions des VIP dans tous les Sex-shop d'Europe.
Je n'arrive pas à oublier mon mec avec son petit cul d'enfer, sa massive queue d'étalon et ses grosses couilles juteuses si bonnes à bouffer avec ou sans Tabasco. C'est mon coeur qui parle. Je suis inconsolable.
Alors, presque tous les soirs, je vais me bourrer la gueule. Grâce au travail physique de la journée, j'élimine et mon physique de beau gars bien musclé ne bouge pas mais cela ne saurait durer, j'ai quand même presque quarante ans.
Je ne me rase plus et j'ai une tête de sauvage avec une tignasse de lion.
J'ai même fait l'acquisition d'une monstrueuse Harley Davidson et j'ébranle tout le secteur avoisinant de mes pétarades grondantes. À vingt kilomètres à la ronde, personne ne peut fermer l'oeil et je m'étonne encore de ne pas avoir été lynché. Mais ça ne va pas tarder.
Faut dire que j'ai une inquiétante allure avec ma barbe en broussaille. Les mères rentrent leurs gamins à mon passage. Je veux faire chier le monde entier. Je veux que chacun sache combien je suis malheureux. C'est débile mais cela me fait du bien. Enfin, que je crois.
Un soir du mois de juin, alors que je roule, tout pétaradant, vers un bar dont je suis devenu le plus solide pilier, je vois un jeune homme qui fait de l'auto-stop sur le bord d'une petite départementale.
C'est un beau gaillard, svelte et bien baraqué. Son torse nu est luisant de sueur et il semble harassé.
Saisi de pitié malgré l'égoïste douleur qui me blinde pourtant si bien le coeur, j'arrête mon cheval de feu.
Tout content, le jeune mec trottine vers moi. Sans un commentaire et le visage fermé, je lui tends un casque que je sors d'une sacoche. Il est très jeune, à peine vingt ans.
Sans dire mot, il prend le casque, le coiffe et bloque la jugulaire sous son menton carré.
Il endosse son gros sac à dos et me dit tout souriant :
- Je suis prêt.
- Où vas-tu ? Daigne-je alors lui demander.
- Je vais à Sainte Maxime, pour la saison. Cela fait cinq heures que je suis planté là. Merci de vous être arrêté. Me répond-il en baissant les yeux comme un gamin timide.
Sûr que je n'ai pas l'air avenant avec ma barbe hirsute, mon casque allemand et mon gilet en cuir clouté. Une vraie gueule de pirate viking. Lui par contre, avec son casque, me fait penser à un jeune légionnaire romain après une longue marche forcée. Très sexy... mais crado.
- Avant que je t'emmène à Saint Maxime, veux-tu prendre une douche chez moi ? Tu m'as l'air aussi cradingue que crevé.
Voilà que je me lance dans l'humanitaire maintenant. Je n'ai pourtant aucune idée derrière la tête en lui proposant cela. J'ai soudain simplement envie d'aider un type qui m'a l'air paumé. J'ai envie de faire quelque chose de plus positif que d'aller me torcher la gueule.
J'ai besoin de rencontrer un peu d'humain vrai et sain.
Le garçon me regarde avec de la surprise dans l'oeil droit et de la méfiance dans l'oeil gauche. J'éclate de rire parce que du coup il a vraiment la tête d'un gosse qui rencontre le grand méchant loup. Je rajoute :
- N'aies pas peur, je ne te violerai pas. D'ailleurs tu me sembles assez costaud pour te défendre. Non ?
- Ça oui, je suis costaud. Je n'ai pas peur Monsieur mais c'est si inhabituel que l'on soit aussi sympa avec moi. Je suis surpris.
- Alors ?
- Alors oui. Je vous suis. Me répond-il après avoir réussi à distinguer mon sourire à travers les poils de ma barbe.
Je l'emmène au mas. Je lui désigne la chambre d'amis du rez-de-chaussée qui est équipée d'une salle de bain puis je vais retirer mon cuir et mes bottes pour enfiler un vieux jean coupé aux genoux. Que je suis bien avec le torse et les pieds nus ! Je suis assis sous le grand figuier quand le jeune mec apparaît une serviette nouée autour de la taille.
Planté sur le perron de l'entrée, il est très beau dans sa rayonnante jeunesse. Il a un nez droit et le cheveu ras.
- Tu veux boire quelque chose ? Que je lui demande, toujours en admirant sa fine silhouette d'éphèbe.
- Je veux bien parce que j'ai très soif. Mais dites-moi où ça se trouve et je nous prépare à boire.
- À ta gauche dans la cuisine, dans le frigo, apporte-moi une bière s'il te plaît.
- Ok, ça marche.
Il rapplique vite fait avec un plateau chargé des boissons. Il s'assied face à moi et répond à mes questions.
Il est vraiment craquant avec des yeux que je connais déjà et ses membres déliés et musclés. Il se prénomme Virgile, il a 19 ans et il vient d'obtenir son brevet de coiffure. J'ouvre des yeux ronds.
Pour moi, le coiffeur type, c'est un mec qui danse le tango avec ses fesses toute la journée, sauf quand il va rendre visite à papa et maman. Quand je dis cela à Virgile, il rit en renversant la tête. Non, ce n'est pas son style, il est même boxeur amateur. Il rit encore un bon coup.
C'est sa mère qui l'a élevé, seule, parce que son père s'est tiré vite fait après sa naissance.
La dernière fois qu'il a vu son géniteur, c'était au début de cette année. Il l'avait amené au resto mais ils n'avaient eu strictement rien à se dire. Virgile s'en fout royalement, l'amour de sa mère lui suffit largement.
Il est rafraîchissant ce garçon avec son humour et son regard pétillant. Je lui propose de rester à dîner et même de passer la nuit dans la chambre d'amis. Il accepte sans hésiter. Demain je l'emmènerai chez son premier patron. Nous dînons et à 22 h tout le monde va faire dodo. Il est bien trop jeune pour moi.
Le lendemain je l'emmène à Sainte Maxime et le laisse devant un salon de coiffure de la promenade. Il me remercie en termes simples et touchants. La journée passe et je ne bois que trois whisky. Je suis bien.
Le soir venu, mon portable vibre. C'est Virgile, il me demande de l'héberger cette nuit encore. Il a été engagé pour la saison mais c'est la galère pour trouver un logement. Il me dédommagera.
Bizarrement, ce coup de téléphone remue plein de choses en moi et je lui réponds que je vais le chercher.
Il est tout heureux d'avoir été engagé. Sous le grand figuier nous discutons. J'ai une grande maison et une vieille 4 L dans la remise. C'est un tacot, mais c'est bien suffisant pour faire le trajet jusqu'à son lieu de travail.
Il peut disposer de la chambre et du tacot pendant la saison. C'est gratos, je n'attends pas après cela. Il est un peu gêné mais il est aussi aux anges. Je suis un peu son sauveur.
S'installe alors pour moi un rythme de vie différent. Je ne vais plus me bourrer la gueule tous les soirs et j'attends Virgile pour dîner. Il ne revient jamais sans quelque chose à boire ou à manger. Il se fait de bons pourboires et quand le week-end arrive, il m'invite à déjeuner ou à dîner dans un village du haut var.
C'est un compagnon charmant et il semble fier de marcher à mes côtés malgré ma barbe de brigand.
Un soir cependant, il me fixe d'un oeil critique et décide :
- Je vais tailler ta putain de barbe et te couper les cheveux. J'ai amené mon matériel.
- De quoi ? Pas question que tu touches à un seul poil de ma barbe !! que je croasse.
- Ça repousse ! De plus, comme ça, je n'aurais plus l'impression de dîner tous les soirs avec Robinson Crusoë. Tranche-t-il.
Et je me retrouve donc assis et docile, un peignoir autour du cou, avec des bourdonnements de tondeuses et des cliquetis de ciseaux plein les oreilles. C'est un véritable travail de débroussaillage. Au bout d'un temps fou, il me libère et je trottine voir le résultat dans le grand miroir de l'entrée.
Virgile est un pro. J'ai rajeuni de 15 ans. Sa coupe undercut associée à une barbe rase me donne un air chébran. Quasi classe.
Débarrassée de la masse des cheveux et de la barbe, ma tête est toute petite par rapport à mes épaules qui semblent bien plus larges. Je me plais bien et en souriant, je redécouvre la sensualité de mes lèvres.
Virgile m'a suivi. Bras croisés et accoté au mur, il me regarde sans sourire.
- Tu es vraiment un beau mec, tu sais. Je ne dirais pas non si tu me proposais la botte. Me balance-t-il.
- Tu es trop jeune pour moi, je pourrais être ton père. Je ne fais pas dans le bébé. Que je rétorque en me passant une main satisfaite dans les cheveux.
- Ben alors, si tu me prends pour un bébé, tu n'as qu'à me donner le biberon. D'autant que tu en as un gros... qui me semble plein de bon lait. Roucoule-t-il.
Et avant que je ne puisse répondre, il est derrière moi et m'empoigne le paquet. Dans le reflet du miroir, je regarde la main de l'effronté. Ce n'est pas une main d'enfantelet. C'est la main d'un homme fort, elle est grande, musclée et veineuse. Elle est belle.
- Ne déconne pas Virgile. C'est vrai quoi. Je suis trop vieux pour toi. Aller... lâche moi. Que je bafouille.
- Non !
Le jeune homme me saisit par les bras et me retourne pour me plaquer ses lèvres sur la bouche. La rapide intrusion de sa langue surprend la mienne et joue avec. Il a enveloppé mon torse nu avec ses longs bras et me serre contre lui pour me prouver sa force.
C'est vrai qu'il est fort, très fort même. Il est presque de ma taille mais lui, il dispose de muscles neufs. Sans effort, il me plaque dos au mur.
Il s'accroupit souplement et en moins de deux ma queue est dehors mais je ne bande qu'à moitié. Il émet tout de même un grognement appréciateur et avale mon gland. Une érection fastueuse survient vite.
Je prends sa tête entre mes mains pour la repousser doucement.
- Pas ici. Pas comme ça, Virgile... viens. Je murmure, la voix très rauque.
Il me suit dans l'escalier jusqu'à ma chambre que je laisse dans le noir. Je fais glisser mon jean et mon slip.
Quand je me retourne, c'est pour découvrir que le garçon est toujours dans l'encadrement de la porte, les bras levés et les mains posées sur le chambranle. Il me contemple mais je ne vois pas son visage. Un léger hanché donne à sa silhouette, découpée par la lumière du couloir, une sinueuse sensualité.
C'est le monde à l'envers. Voilà que je me suis foutu à poil devant un jeunot qui sort à peine de l'oeuf. Que je suis prétentieux de dire cela. Le " jeunot " s'avance et m'expédie sur le lit d'une seule bourrade.
La seconde d'après, il est à califourchon sur mes cuisses et m'empoigne la queue comme si elle lui appartenait.
La seconde d'après, ladite queue est raide comme un gourdin. Elle échappe total à mon contrôle, cette garce !
- Bébé va téter le gros biberon de papa. Il va être bien sage et donner tout son lait, le gentil papa ? Chantonne l'insolent de sa voix de baryton.
Sa bouche emprisonne mon gland et je me cramponne aux draps. Virgile suce aussi bien qu'il coupe les cheveux... ce n'est pas peu dire.
Je serre les dents car je veux conserver un minimum de dignité et ne pas trop lui montrer que je prends mon pied. Ce n'est pas parce que cette insolente jeunesse se croit tout permis qu'il faut baisser les armes. Ah mais !
En fait, je suis en train de me liquéfier. Comble de tout, il se redresse et arrache son t-shirt.
Par les dieux, qu'il est beau ! Je pense soudain à Dalida chantant " Il venait d'avoir 18 ans ". Ce n'est pas de ma faute si j'aime le rétro... Mais je ne vois que cette comparaison pour vous faire comprendre le désarroi d'un mâle mature qui se reçoit en pleine gueule la triomphante splendeur d'un jeune mâle.
La lumière diffuse du couloir sculpte le torse musclé du jeune homme. Elle fait glisser de longs éclats d'or sur sa peau sans défaut. Elle auréole ses cheveux ras. Je suis fasciné par tant de sensuelle beauté.
Je murmure son prénom et je saisis ses poignets. En douceur mais en déployant ma force de grand mâle orgueilleux, je le bascule lentement, sans quitter son regard des yeux. Il est maintenant couché sous moi et je maintiens toujours fermement ses poignets.
- Maintenant, papa va punir le petit garçon désobéissant. Que je ronronne en embrassant la pomme d'Adam qu'il m'offre en renversant la tête.
Il me fait un petit sourire désabusé, ferme les yeux puis s'abandonne à moi. Je fais coulisser son jean et son caleçon sur ses longues cuisses dures et soyeuses d'un duvet blond.
Il a un très beau sexe légèrement arqué. C'est un membre du club des TBM. Ses bourses rasées sont lourdes et douces, prêtes à être bouffées. Il murmure :
- J'aurais bien aimé que tu te laisses faire, tu sais.
- Demain, promis. Que je chuchote dans sa petite oreille de faune.
- Promis ?
- Promis !
Alors, il se laisse retourner comme un chat confiant. La peau de son large dos est chaude et douce sous mes lèvres. Ses reins se creusent et ses petites fesses sont comme des pommes. Il sent si bon la jeunesse.
Mon sexe maintenant gainé et lubrifié cherche et trouve la rosette au creux de ses fessiers musclés. Je le pénètre avec lenteur en écoutant son long gémissement. Il se donne sans retour et totalement.
Il est à moi dans toute sa profondeur, dans toute sa vigueur de jeune mâle.
Je coulisse dans ses courageux sphincters. Je suis gros, très gros et je l'écartèle, je le sais.
Il gémit sourdement mais m'accepte et ondule sous mon poids comme une houle lente.
Peu à peu mon plaisir devient égoïste et crescendo mes coups de reins plus amples. Je veux toujours m'enfoncer davantage dans le corps de Virgile. Je pilonne sans miséricorde sa prostate, ronde sous mon gland.
Je veux que ses râles soient encore plus rauques. Je glisse ma main sous son bassin et je saisis son grand sexe qui est comme une barre d'acier brûlant. Ses poings froissent les draps. Je veux le faire mourir de plaisir et qu'il meure sous moi. Je veux qu'il connaisse la petite mort et il la connaîtra.
Je veux aussi le faire durer. Je veux démanteler sa trop arrogante endurance d'athlète.
Je veux le vaincre de jouissance. Je ralentis et m'allège dès que je sens que je vais jouir.
Dans un arbre du jardin, une chouette hulule, célébrant la nuit.
Longtemps encore Virgile se rythme à mon rythme. Il enfonce le visage dans les draps pour étouffer son cri :
- Je n'en peux plus... je vais jouir !!
Ma main s'emplit de foutre brûlant tandis que le vigoureux gaillard m'emporte tel un bronco de rodéo. Toutes ses forces sont nouées par un orgasme ravageur. Son rugissement me fait jouir et ses sphincters étranglent ma queue qui crache sans discontinuer.
La chouette s'est tu, certainement très impressionnée. Le silence chuinte dans mes oreilles. Je n'entends que nos souffles d'amants fourbus. J'embrasse la belle nuque courbée mais je laisse mon poids sur le jeune corps haletant.
- Le petit garçon sera bien sage maintenant ? Que je roucoule.
Un rire secoue le torse que j'étreins sous moi. Sa voix fait vibrer ma poitrine, pesante sur son dos :
- Tu es un tueur, Franck... tu le sais ça ?
- On ne me l'avait encore jamais dit. Réponds-je, satisfait.
- Hé bien, moi je te le dis... tu m'as démoli. Mais n'oublie pas, demain je te pompe.
Le lendemain, je tiens parole et le jeune tigre me sèche les couilles sans la moindre pitié.
Il a un solide appétit.
Je ne me pose pas de questions. J'en ai assez bavé comme ça. À chaque jour suffit sa peine... et son plaisir. Fin septembre, Virgile partira. Il est jeune et la vie est devant lui. Je prends ce qu'il me donne et j'estime que c'est une chance pour moi. Il m'a remis en selle.
Que pourrais-je demander de plus ?
Ce jeune homme ne me fait pas oublier mon ex mais il met généreusement du baume sur mon coeur. Il m'aide à comprendre que Roland ne veut plus de moi. Ma convalescence ne convient pas au Destin qui n'aime pas trop les contes de fées. Il lui suffit de faire vibrer mon téléphone pour me refaire plonger dans la réalité.
Roland me téléphone un dimanche. Il me fait une grosse crise de nostalgie et me blablate qu'il n'a jamais cessé de m'aimer. J'écoute bien davantage le son de sa voix que ses paroles.
En résumé : son minet l'a largué comme un malpropre après lui avoir pompé tout son fric. Maintenant, cela ne lui déplairait pas que je lui offre logis et couverts. Il faut être pragmatique dans la vie. Il me prend pour une poire. Il sait que j'ai un coeur de midinette.
Je lui réponds gentiment que je ne veux plus remonter sur sa galère because le mal de mer. Il va quand même venir me voir. Il faut que nous restions de bons amis tout de même...
Il arrive, il sera là dans vingt minute. Click !
Sur la terrasse c'est un vrai foutoir. J'ai agrandi les évacuations de la clim et maintenant Virgile, torse nu, fait des raccords de peinture sur la façade. Sur la table de jardin, il y a des pots de peinture, des pinceaux et des rouleaux avec leurs rallonges télescopiques en aluminium.
J'ai à peine le temps d'annoncer à Virgile que nous allons avoir de la visite que déjà déboule un 4X4 noir. Rugissements de V8, crissements de pneus et projections de gravier. Pas de doute, c'est Roland qui débarque ! C'est son style rodéo !
Il me hèle du haut de son monstre comme si nous nous étions séparés la veille. Il ne doute de rien le Roland !
- Salut Franck, comment va ? En pleins travaux à ce que je vois ?!
Gainé dans son débardeur provocateur, il marche vers moi. Il est toujours beau, costaud et sexy mais je remarque qu'il a des plis amers aux commissures de sa bouche. Il me fait la bise et me dévisage.
- Tu es flamboyant, Franck. Ma parole, tu as la tête d'un amoureux.
- Merci Roland, mais ce n'est pas grâce à toi si j'ai une tête d'amoureux.
- C'est grâce à lui, alors ? Me demande-t-il en désignant du menton Virgile qui nous tourne carrément le dos depuis son arrivée.
Je hausse les épaules en lui répondant qu'il s'agit d'un jeune saisonnier que j'héberge pour l'été, rien de plus. Roland n'est pas dupe et se force à sourire en plantant un regard jaloux dans le dos musclé du jeune peintre.
Il pense que la place est prise et il n'a pas tout à fait tort. Qui va à la chasse perd sa place.
Virgile, imperturbable, continue de nous offrir le spectacle de son joli dos en V. Il ne se retourne pas. Il peint avec une application maniaque...
Mon ex commence son baratin. Je l'écoute en pensant à autre chose et je jette de temps en temps un coup d'oeil vers Virgile qui s'obstine à nous tourner le dos. Cela doit faire quatre couches de peinture qu'il a passées depuis l'arrivée de Roland.
Pour paraître aimable et pas trop rancunier, je propose à Roland de boire un verre à l'intérieur. Il commence à faire chaud. Je me tourne alors vers le dos du jeune peintre laborieux :
- Tu viens boire un verre avec nous, Virgile ?
Virgile se tourne enfin vers nous, un petit sourire ambigu aux lèvres. Roland se statufie.
- Salut papa.
Le ciel me tombe sur la tête et sur celle de Roland, probablement.
Un siècle se passe pendant que Virgile s'essuie tranquillement les mains avec un chiffon. Il m'enveloppe ensuite d'un regard amoureux (bien appuyé) et roucoule de sa plus belle voix :
- Allez vous installer dans le living... je m'occupe de tout, mon chéri.
Ma mâchoire se décroche pour me tomber sur la poitrine tandis qu'un volcan éruptionne à coté de moi. Roland saisit une rallonge télescopique sur la table et me cingle la tempe gauche de plein fouet, comme pour me tuer !
- TU BAISE MON FILS !!! FUMIER !!!
Assommé, je vacille avant de m'effondrer le cul dans la grande jardinière. C'est un cataclysme dans mon crâne. Dans un brouillard zébré d'éclairs, je vois Roland foncer sur moi pour m'achever à coup de manche.
Une ombre svelte s'interpose brusquement entre mon agresseur et moi. C'est Virgile.
- Touche le encore une seule fois et je te fous en l'air !!! Crache-t-il comme un cobra furieux.
Le fils est face au père, prêt à l'affronter. Le puma feulant face au grizzli rugissant. Virgile va se faire massacrer. J'ai la nausée.
Je veux me relever pour intervenir mais mon corps n'est plus qu'un chiffon mou. Mes mains, mes bras et mes jambes ne m'obéissent plus. Tout tangue. Je suis fracassé. Out.
Pourtant, comme dans un film au ralenti, je vois tout : Virgile danse sur ses jambes. Il est aérien. Il est en posture de combat, la garde haute. Roland, les yeux pleins d'éclairs, a jeté le manche mais brandit ses gros poings de pierre en avançant vers le garçon avec une détermination haineuse.
Je vois le combat et j'entends le choc des coups, mats et sourds. Ils se battent sauvagement. Les côtes de Virgile craquent et le nez de Roland éclate. Le fils ne pliera pas et le père ne renoncera pas. Je vais vomir.
Corneille vole à mon secours : le père jaloux m'aime encore et j'aime le fils qui méprise son père. Vite à vos plumes, théâtreux de mes deux et pondez-moi une pièce digne de ma catastrophique aventure.
En alexandrins s'il vous plaît !! Et si chaque vers ne comporte pas ses douze pieds, ce sera la grosse fessée !
Je parviens à me dresser sur des jambes flageolantes et réussi à pousser un barrissement sonore.
- Arrêtez, bordel !! Tout ça, c'est de ma faute !! Arrêtez s'il vous plait !! Pardonnez-moi... je ne savais pas !!
Miracle des mots ou bien violence assouvie ? Le combat cesse et les deux hommes me regardent, bras ballants.
Roland me balance un regard lourd, torche son nez sanglant d'un revers de la main puis retourne à sa voiture, démarre et arrache le gravier de l'allée en fonçant vers le portail. Avant de partir, il a grondé :
- Cela ne se passera pas comme ça, tu peux me croire !
Je suis anéanti, au bord des larmes et je me tiens la tête à deux mains. Roland ne m'a pas raté. Virgile me ceinture de ses longs bras et pose son front sur mon front. Il est essoufflé et il exhale une odeur de sueur chaude. La sueur du combat. Sa pommette droite est meurtrie.
- Chut, chut, chut, ce n'est pas de ta faute... tu ne pouvais pas le savoir. Me dit-il. Toujours aussi protecteur, mon jeune guerrier.
Virgile me ressuscite avec une vessie de glace et me couche sur son lit. Je suis fracassé mais je récupère vite.
Virgile a une côte fêlée et malgré cela ce petit salaud profite de ma faiblesse passagère pour me dépoitrailler et me bouffer les pectoraux. Sa main me cramponne le paquet. Il est incorrigible.
Alors je le gronde comme un gamin et j'entreprends de bander son torse pour soulager la douleur de sa côte.
Col incliné, il se laisse faire gentiment. Il souffre mais ne veux pas le laisser paraître. J'embrasse sa nuque.
Mon jeune héros est trop sexy avec son bandage blanc qui tranche sur le bronzage de son torse d'athlète.
Je ne résiste pas à la tentation et le renverse sur le lit pour lui dévorer les couilles. Il écarte ses longues et belles jambes pour s'abandonner à ma voracité... tout en me traitant de soigneur indigne.
Je lui rétorque qu'il s'agit simplement du repos du guerrier. Guerrier que je vais vider de ses dernières forces. Cela bien entendu pour le remercier de m'avoir protégé... je ne suis pas un ingrat, lui dis-je. Entre deux bouchées. J'avale son gland mouillé et goûte la délicieuse liqueur séminale qui s'en écoule.
Cela le fait rire mais aussi grimacer de douleur à cause de sa côte fêlée. Je le bouffe, je le suce et je le branle tandis qu'il gémit doucement. Il me donne à boire de grandes rasades de son sperme crémeux.
Un orgasme ne me suffit pas, j'en veux deux. Elle est si pleine de force et de jeunesse ma belle proie blessée.
Je lui prends tout, puis le laisse s'endormir, épuisé. Les membres étendus, il gît, nu, et le soir l'enveloppe avec tendresse. Je le regarde un long moment pour bien me remplir le coeur d'un souvenir qui m'aidera à vieillir dans la nostalgie.
Virgile vient de me dire qu'il m'aimait et qu'il veut me garder à lui seul. Il a décidé de rester auprès de moi pour me protéger aussi car il sait que Roland reviendra à la charge.
Me voilà embarqué sur une bien inquiétante galère... ne croyez vous pas ?
Pris entre le marteau et l'enclume, je n'ai pas fini de dérouiller. Qu'ai-je fait à ce fameux Bon Dieu pour mériter cela ? Quelqu'un pourrait-il me le dire ?
Fort heureusement, ma bonne grosse moto pétardeuse m'attend dans le garage, prête à m'emporter vers les bars du voisinage, de nouveau tout barbu et de nouveau tout blasé.
J'ai un coeur de midinette.