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Choisir...
Assis sur le banc de ma cabine de piscine, je suis en larmes.
Je me frappe le genou du poing : " Salaud... Salaud... Salaud... "
Et je ne pense pas au mec de la cabine d'à côté... Je pense à moi.
Je suis une ordure !
Je ne peux pas me contrôler ? Je ne suis pas plus fort que ça ? Quentin mérite mieux que ça !!!
Comment vais-je pouvoir regarder Quentin dans les yeux désormais ? Qu'est-ce que je vais faire ?
Je me sens sale, souillé. Je me sens misérable.
J'entreprends de nettoyer le sac. Au moins, ça je sais le faire... Je sais que je dois le faire.
Je finis de me sécher et d'essuyer les traces de ma faute.
Je me rhabille.
Je sors de la cabine. Je me recoiffe à la va-vite.
Je sors : il fait moche. La fin du mois d'octobre est rarement belle par ici.
Je regarde le parking en espérant ne pas y voir Quentin.
Mon téléphone vibre. SMS. " Bisous à mon petit nageur. Rentre bien et fait attention à toi BB. <3 "
Au moins il ne sait pas encore.
J'ai peur qu'il ne l'apprenne. Je ne sais comment. Télépathie ?
Je réponds : " J'ai fini. Douche et ensuite je révise pour vendredi. Bisous mon tidou ! "
Qu'est-ce que je vais faire ?
Et si ce type avait une saloperie ?
On a refait un test au début du mois. Il parait qu'il faut trois mois pour savoir si on a attrapé le sida.
Si je ne dis rien à Quentin, il risque d'attraper quelque chose.
Si je lui dis, je risque de le perdre.
J'ai le coeur qui bat trop vite. Je respire trop vite. J'ai du mal à penser.
Je rentre chez moi par le premier bus. Je reprends une douche... Je me lave avec obsession comme si le savon pouvait dissoudre ma connerie.
Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je dois faire ?
Ce n'est peut-être pas si grave... On n'attrape peut-être pas un truc, comme ça, du premier coup. Faut peut-être plusieurs fois.
Ou alors, je retourne à la piscine jusqu'à retrouver le mec et lui demander s'il est clean ou pas.
Oui voilà... C'est ça... Je dis rien... Je revois le mec... Il me dit et on voit à ce moment-là. En plus, on ne fera rien avec Quentin d'ici à samedi... Il me reste deux jours !!!
Et puis, le mec il n'a pas pris vraiment de risques avec moi... S'il fait pareil avec tout le monde, je ne risque pas grand-chose finalement.
Et puis, s'il était malade... Il ne serait pas en aussi bonne forme !
Voilà : je retourne à la piscine, je revois le mec et on règle cette histoire.
En attendant... Je laisse courir.
Je me plonge malgré tout dans le net pour prendre des infos sur les risques et -surtout- les conséquences. J'ai le coeur qui continue à battre trop vite. J'ai du mal à lire les informations, je dois lire quatre fois les mêmes lignes sans que ça rentre.
Et ce que je lis est épouvantable.
Bordel de merde !
Je vais le perdre. Je vais tout perdre. Je balance ma tablette à l'autre bout du lit.
Je recroqueville mes jambes et les enlace de mes bras.
J'essaye de réfléchir.
Que ferait Quentin ?
Déjà, il ne m'aurait pas trompé... Quel mot horrible.
Mais c'est de sa santé dont il est question. Je sais que le sida ne se transmet pas par de simples baisers... Mais le reste ? Il y a plein d'autres merdes.
Putain ! Je ne me suis jamais autant posé de questions après un plan... Et j'ai jamais rien eu.
Il faut que je voie mon médecin. Il saura quoi faire.
Depuis que je suis étudiant, j'ai réussi à prendre un autre docteur que mon médecin de famille. J'ai mis une cloison étanche entre ma vie privée et mes parents.
Je fonce à son cabinet, le mercredi après-midi, par chance, c'est sans rendez-vous.
Dans la salle d'attente du cabinet, un autre sms arrive : " Je pense à toi mon ange. Révise bien. Moi je me fais chier en cours... dodo !!! J'ai envie de tes bras. Je t'aime ! "
Je compose ma réponse avec les mains tremblantes : " Moi aussi je t'aime. Et pour toujours ! "
Face au médecin, je m'effondre.
J'ai honte.
Tellement honte.
Je lui explique ce qui vient de se passer.
Il est vraiment top, il ne fait aucun reproche et me félicite d'être venu si vite.
Après quoi, c'est la douche froide.
Il m'explique comment se passe un traitement post prise de risque. Les médicaments, les prises à heures fixes, les effets secondaires, les prises de sang, la nécessité de me protéger...
J'explique qu'avec mon copain, nous ne nous sommes jamais protégés... Et que proposer le préservatif, ce serait devoir avouer.
" - Tu ne dois pas jouer avec sa santé. C'est préservatif ou ceinture. Si tu l'aimes vraiment, tu n'as pas d'autres choix. "
Je tente de négocier un délai. D'expliquer pour mon idée de revoir le mec et demander. Mais il est inflexible. Il faut démarrer le traitement dans les plus brefs délais.
Je me retrouve donc aux urgences de l'hôpital avec la lettre de mon médecin. Examen, interrogatoire, prise de sang, prescription, regards pas toujours sympathiques.
Je ressors de là trois heures après, en fin d'après-midi.
Deux SMS de Quentin.
Le premier : " Je rentre chez moi. Je pense à toi mon chat. On se retrouve au restau à 7h ? "
Le second : " Coucou ? Il est où mon minou ? "
Je réponds : " Pardon mon chéri, j'étais dans mes révisions, j'ai pas vu ton message. Je crois que j'ai une gastro. On se voit demain midi au restau. Bisous <3 "
Alors que j'avais réussi à reprendre un semblant de contrôle sur moi, je me remets à trembler et j'ai le plus grand mal à le rédiger.
Je rentre chez moi, planque mes médocs dans mes affaires de cours.
Et je réfléchis longuement. Je prends ma décision.
Je vais tout avouer à Quentin.
Je prends conscience de ce qui va arriver.
Inévitablement.
Je rentrerai seul demain. Rentrerai célibataire. Quentin me haïra. Et il aura raison.
Je vais me coucher, je ne mange pas, j'ai le ventre trop noué pour cela. Je m'isole dans ma chambre, prétextant des révisions : mot magique chez moi pour qu'on me foute la paix.
Je me déshabille. Nu, je m'allonge sous la couette et j'attends le sommeil.
Le lendemain, je retourne à la piscine dans l'espoir de retrouver le mec.
Je pénètre dans l'immense salle en essayant de voir si mon " agresseur " est là.
Mais hélas il n'y a que le jeune maître-nageur et une demi-douzaine de nageurs, tous en maillot de bain bleu, le même que le mien. Ils doivent faire partie d'un club.
Je m'échauffe doucement au bord du bassin.
Au moment où je m'apprête à plonger dans l'eau, le maître-nageur s'adresse à moi doucement.
" - On m'a dit que tu suces drôlement bien... Tu la veux celle-là ? " Et joignant le geste à la parole, il porte la main à son boxer rouge duquel sa queue bandée semble prête à jaillir.
Je le regarde interdit ! Glacé d'effroi.
" Non mais ça va pas ? " Et je recule d'un pas. Je sens alors le torse d'un des autres mecs derrière moi. J'essaye de m'en aller, mais on me retient par le bras.
" Arrêtez putain ! Lâchez-moi !!!" Je hurle de toutes mes forces.
" - C'est toi la putain, reprend d'un ton glacial le maître-nageur, une bonne petite putain qui aime se prendre des bites... Allez les mecs, faîtes-vous plaisir ! "
En quelques fractions de secondes, deux mecs m'empoignent les bras et me trainent jusqu'à un banc.
Mon maillot est enlevé brutalement !
J'entends un bruit de crachat et aussitôt une douleur explose entre mes fesses.
Un premier mec m'encule... Il a une bite énorme... Pendant un temps interminable, il me défonce le cul en grognant et me traitant de putain. Je hurle, mais rien n'y fait.
Avec un grognement, il éjacule directement au fond de mes entrailles.
Il se retire et un autre prend sa place. Il me baise sur le banc alors que les deux autres mecs me bloquent avec des clés aux bras. Je pleure et je hurle, mais rien n'y fait ils ne s'arrêtent pas.
Je vois les maillots de mes deux geôliers dans lesquels les bites sont prêtes à l'action... Ils mouillent...
Un troisième, un quatrième, un cinquième, un sixième...
Ca dure des heures... J'ai mal aux jambes, aux bras, au torse... Mon anus est un puits de douleur sans fond !
Le maître-nageur est le dernier à passer. Sa bite est tellement énorme que malgré ce que je viens de me prendre, la douleur est aussi vive que lorsque le premier est rentré.
Il prend son temps le salaud ! Il fait entrer et sortir sa bite à fond... Je sens le gland buter dans mon ventre avec une douleur de plus en plus aigüe.
Quant il retire entièrement sa queue, je sens du sperme dégouliner sur mes cuisses... Les autres mecs continuent à me regarder en train de me faire tringler comme une pute. Ils se marrent... Ils font des commentaires sur mon " garage à bite "... Ils sont morts de rire en voyant que je bande comme un taureau... Ils se branlent en demi-cercle devant mon visage...
Je bande... Encore une fois... Je me fais violer et je bande encore... C'est la deuxième... Non la troisième fois que je kiffe de me faire violer...
Ils ont raison... Je ne suis qu'une pute...
Le maître-nageur pour un râle profond lorsqu'il éjacule...
Je sens son sperme jaillir en moi...
Remplir mon ventre...
Remonter dans mes intestins...
Les autres mecs se mettent à éjaculer les uns après les autres sur mon visage... Le sperme dégouline sur mes yeux, mon nez, ma bouche...
Soudain je vomis un torrent de sperme !!!!
Je me redresse violement dans mon lit !
PUTAIN ce n'était qu'un cauchemar !!! Nom de Dieu... !!!
J'ai le coeur qui bat à 100 à l'heure, je suis couvert de sueur... Et j'ai le ventre couvert de sperme.
Je m'essuie et finis par me rallonger... Je me rendors au bout d'un moment...
Le réveil sonne vers 11h... Je traine encore un peu...
Un coup d'oeil à mon radioréveil fini par me confirmer que je dois y aller si je veux être à l'heure.
Je prends mon blouson.
Le premier bus est le bon.
J'arrive au restau U.
De loin, je repère sa silhouette.
Il m'attend.
Il ne sait pas encore que j'ai tout détruit.
Je suis une merde.
Mes yeux se mouillent.
J'arrive près de lui.
A son visage, il a vu que quelque chose ne va pas.
Il se rapproche inquiet.
" - Bonjour Quentin... "
J'explique que je n'ai pas faim et que je voudrais prendre un verre dans notre bar. Nous nous installons. Les bières arrivent.
Evidemment, il est plus qu'inquiet. Mais il respecte mon silence et attends que je parle.
Lui, il me respecte au moins.
Lorsque le serveur repart, je prends les mains de Quentin dans les miennes.
Je ne peux empêcher les larmes de couler.
" - Mon coeur je t'aime. Je veux te le dire avant tout. "
Il me regarde avec angoisse à présent... Je vois ses yeux qui s'humidifient. Je ne supporte pas l'idée de lui faire du mal... De lui avoir fait du mal.
" - J'ai fait une grosse bêtise. "
Les mots s'étranglent dans ma gorge.
" - Je t'ai trompé. "
" - Hier matin. "
Il retire immédiatement ses mains. Et me regarde sans un mot.
" - J'ai pas fait exprès... " Dis-je pitoyablement.
Il ne dit rien. Il me regarde. Une larme coule sur sa joue.
" - Pardon... Je ne voulais pas te faire de peine. Je suis désolé. ".
Il ne dit toujours rien.
" - S'il te plait... Dis quelque chose. "
Je tente alors d'approcher ma main des siennes. Il les enlève de nouveau et les mets sur ses cuisses... Il les regarde. Il pleure toujours.
Il ne me regarde pas. Je vois sa mâchoire se contracter nerveusement par instants.
Je me mets au bord de mon siège... et j'attends qu'il réagisse.
Un silence profond s'installe entre nous. Je garde la tête baissé. Je sais ce qui va se passer. Ca me fait mal d'avance, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
Nous n'avons pas encore touché à nos verres. Le bruit dans le bar est insupportable. J'aimerais tellement que tout le monde se barre et me laisse seul face à face avec lui... Et les conséquences de mes actes.
Après une éternité, il se lève. Il prend une respiration : " - Je dois réfléchir. Salut. "
Ca claque dans l'air. Une gifle, un coup de poing aurait été moins violent.
Mais il n'a jamais été violent.
Il s'en va sans un mot, sans un regard.
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Yopi
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