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Premier épisodeÉpisode précédent

Nikos le gladiateur | 4

Ainsi donc Cyrillus Caesar Imperator a découvert mon refuge africain et il est parvenu à me piéger.

Que peuvent faire les quelques guerriers des tribus nomades qui peuplent mon oasis et mes montagnes quand débarque le cruel empereur avec sa 3ème légion d'Afrique ? Que puis-je faire quand m'encerclent 6000 fantassins et 600 cavaliers aguerris ?

Que puis-je faire ? La reine Doânatârâ ma protectrice est si loin dans le Sahara. Je ne veux pas que mon petit peuple soit massacré mais non plus je veux renoncer à ma vengeance. Je dois parlementer. Très bientôt, l'empereur m'envoie son émissaire. Notre rencontre aura lieu sur la plage.

Encadré de Penix et d'Alf-Kôr et suivi de mes colossaux gardes du corps Belligéroff et Russiov, je m'avance vers César Cyrillus qui est escorté d'une cohorte de légionnaires. Il est accompagné de son général en chef, Severus Groconus. Ce dernier a un visage semblable à la hure d'un phacochère.

À l'apparition d'Alf-Kôr, il blêmit et hurle :

- Ô César, ce nubien qui accompagne le traître de Nikos, est le général Alf-Kôr qui a massacré mes légions dans le Sahel de l'Est !!! Fais trancher la tête de ce chien maudit sur-le-champ !!!

Cyrillus César lève une main apaisante et me fait un grand sourire conciliant. Il est superbe, lauré d'or, drapé dans une toge de soie moirée. Le galbe de ses bras et de ses jambes est parfait. Son visage, son corps ne sont pas sans me rappeler le physique séduisant de Romanus, mon père-amant chéri que j'ai pourtant dû égorger, jadis, de par la volonté de la déesse Niké.

- Quel bonheur de te retrouver, Nikos le gladiateur. Tu es plus beau encore que dans mes souvenirs. Serais-tu disposé à m'accorder une nuit d'amour afin d'obtenir mon impérial pardon ?

- Dans tes rêves, César ! Je ne suis pas une machine à baiser, tu dois pourtant le savoir ! Que je ricane.

- Mais que si, Nikos, tu es une machine à baiser. Mon cul ainsi que ma queue en ont conservé un souvenir impérissable. Glousse l'empereur.

Cependant qu'il me parle, ses yeux caressent avec convoitise les hautes silhouettes de Belligéroff et Russiov qui se dressent derrière moi. Il est bien placé pour savoir que mes deux gardes du corps sont non seulement montés comme des Titans mais qu'ils sont aussi capables de faucher comme moissonneurs une cohorte de centurions. Sans coup férir.

- Mes espions m'ont rapporté qu'à présent ton foutre avait non seulement les pouvoirs de guérir et de rendre perpétuellement amoureux mais aussi celui de rendre la jeunesse. Est-ce vrai, Nikos ? Reprend le despote.

- Cela est exact, Cyrillus. Pour te le prouver, mais seulement si tu me fais la promesse de repartir rapidement avec tes troupes, je veux bien t'inviter à une petite sauterie chez moi ce soir. Tu peux venir sans escorte parce que pour moi l'hospitalité est sacrée. Tu n'auras rien à craindre pour ta vie et tu découvriras des plaisirs inimaginables. La tenue de soirée n'est pas exigée, cela se passera à la bonne franquette.

L'empereur sait que je dis vrai parce que je suis un homme d'honneur. C'est pourquoi il accepte mon invitation… et mes conditions avec empressement au grand dam du général Severus Groconus, lequel ne cesse de lancer des regards haineux vers Alf-Kôr qui conserve une attitude hautaine et dédaigneuse.

Ce soir-là, simplement chaussé d'élégantes spartiates et vêtu d'une légère toge de lin, Cyrillus Imperator débarque sur son quadrige. Sa mâchoire se décroche quand il découvre le faste de mon palais. Il s'extasie sur le mobilier en bois de thuya qui à Rome vaudrait une incroyable fortune.

Pour le maintenir dans de bonnes dispositions, je lui offre l'une de mes tables en loupe de thuya dont le prix équivaut à celui d'un grand domaine romain. Il est ravi mais son ravissement s'accroît encore bien davantage quand je le conduis dans mes appartements.

Allongés, nus, sur des sofas garnis d'épais coussins, une multitude d'éphèbes entoure Alf-Kôr, Penix, Belligéroff et Russiov eux-mêmes dévêtus. Sur les peaux ointes d'huile d'argan, une savante lumière tamisée fait glisser des reflets mordorés. Deux mignons, couronné de pampres, s'empressent de dévêtir l'empereur avec des gloussements de pigeons.

Cyrillus tient la forme. Malgré son demi-siècle d'âge on ne discerne aucune graisse sous sa peau halée. Sa solide musculature saille au moindre de ses gestes. Il se sait désirable, il est fier de son corps et surtout de sa virilité qui se dresse, arrogante dans une érection jupitérienne.

Caesar imperator ne s'est jamais embarrassé de préambules. Aussi, s'empresse-t 'il de couvrir Penix qui est à plat ventre sur sa couche, exposant témérairement son petit cul pommé et son large dos musclé. Il encule rudement le gaulois en gloussant :

- J'ai toujours eu un petit faible pour les blonds mais à présent, Nikos, il faut que tu fasses le nécessaire pour que j'éprouve du plaisir car pour le moment je ne ressens rien. Le sort que tu m'as jeté est si efficace que j'éprouve, dès lors, davantage de plaisir à pisser qu'à baiser.

- Respecteras-tu ta promesse de partir avec ta légion, Cyrillus, si je t'accorde le plaisir cette nuit ? Que je questionne en m'avançant vers lui.

- Oh oui ! Oui, oui, oui ! Je lèverai le siège, je partirai, je te laisserai tranquille. Promis, juré, craché ! Mais de grâce fais-moi connaître ces plaisirs dont tu as le secret ! Me supplie le tyran en se tortillant.

Je me couche alors sur le bel empereur et l'enfile d'un bon coup de reins. La visite impromptue de mon rostre turgescent réveille brusquement des démons endormis depuis très longtemps. Le corps tout entier saisi d'un plaisir sans pareil, Cyrillus m'emporte dans un galop frénétique en pilonnant l'anus du gaulois qu'il écrase sous son poids accru du poids de mon corps infligeant à l'ensemble de la pièce montée de grandes secousses pénétrantes.

Un bref instant, je m'apitoie sur le sort du vaillant Penix qui subit la virile surcharge en serrant les dents. Mais le guerrier est endurant et ne semble pas trop se plaindre de sa situation. Il y a chez mon amant gaulois un petit fond masochiste que j'ai toujours apprécié.

Ce n'est qu'après que nos trois corps soient devenus glissants sueur que nous consentons à cracher notre foutre en un unanime contentement rugissant. Après un tel orgasme, n'importe quel mortel serait à ramasser à la petite cuillère mais déjà César est debout, tout frétillant. L'œil en feu, il cherche alentours un nouveau sujet de divertissement.

Avisant le magnifique Alf-Kôr en train de se faire savamment astiquer par un jeune masseur très expérimenté, l'empereur se précipite sur lui mais je stoppe sitôt son élan en grondant :

- Chasse gardée, Cyrillus ! Il n'est pas question que tu touches à mon amant en titre. Tu as largement de quoi faire avec tous les hommes qui sont autour de toi. Avec tout ce que je t'ai collé dans le cul, tu disposes encore de longues heures de plaisir alors contentes-toi de Belligéroff et Russiov qui ne demandent pas mieux que de faire des galipettes avec ton impériale majesté.

Le terme galipettes est un doux euphémisme inapproprié quand on entend ensuite les braillements d'extase du potentat romain aux prises avec mes gardes du corps dévoués… il n'y a que lorsque Russiov lui déboîte la mâchoire en lui collant son énorme queue dans la bouche que nous avons droit à un peu de silence. Belligéroff, de son côté, ne perd pas son temps en écarquillant la rosette impériale à la limite du raisonnable… ou du déraisonnable. Je ne sais.

Tout au long de la nuit, ce ne sont que joyeusetés de toutes sortes, assorties de gais accords de flûte et quand l'aurore aux doigts de rose pointe son petit nez mutin, des ronflements sonores et les râles des mâles aux couilles desséchées font résonner les salles du palais. Ce fut une belle partouze… pour ne pas dire une sacrée putain d'orgie romaine… !

Dans un état de ravissement proche de l'extase, l'empereur prend congé en réitérant sa promesse de repartir comme il est venu, avec sa légion. Mais le lendemain, la grande flotte guerrière mouille toujours dans la baie et le camp romain n'est toujours pas levé. Cela ne m'étonne guère car la parole de Cyrillus n'est pas aussi fiable que son goût pour le stupre et la luxure. Il me faut gagner du temps. Alors j'envoie, de nouveau, des messagers vers la Reine du Désert en espérant qu'ils parviendront à franchir les lignes ennemies.

Je suis plongé dans mes pensées mélancoliques quand Alf-Kôr vient à moi, suivi de mon fils Kâmour lui-même poursuivi par ses précepteurs excédés. L'enfant me salue, très excité.

- Père, Alf-Kôr vient de m'apprendre à lancer le javelot. Il m'a dit que j'allais devenir très fort à ce jeu parce que je ne rate presque jamais ma cible. C'est extraordinaire, ne crois-tu pas, père ?

- Ton fils sera un grand guerrier Nikos. Il aime les armes et les manie avec grande dextérité. Par avance, je plains ses ennemis qu'il découpera en petits morceaux. Sourit le Vent Bleu du Désert en posant sa grande main sur l'épaule de Kâmour.

Le petit prince se rengorge de fierté et lève vers son idole un regard éperdu de gratitude et d'admiration. Alf-Kôr est un dieu pour lui. Cela me fait sourire et allège un moment l'angoisse qui oppresse mon cœur. Je complimente Kâmour, je le salue puis j'ordonne aux précepteurs de le ramener dans ses appartements pour qu'il se remette à ses études de prince royal.

Tandis que les précepteurs embarquent, malgré ses véhémentes protestations, mon cancre de fils pour lui apprendre quelques déclinaisons latines, Alf-Kôr s'assied auprès de moi. J'observe son profil énergique qui se découpe sur la lumière déclinante du ciel. Que je l'aime.

Un grand croissant de Lune s'est échoué dans les branches d'un cèdre. La nuit est douce, parfumée des suaves senteurs des jardins. La lueur vacillante des lampes à huile sculpte le corps harmonieux de mon amant. Ce soir encore, il m'enseigne la tendresse. Il apprend à mes mains de secrètes caresses, il apprend à mes lèvres de doux baisers. Sa peau soyeuse glisse sur ma peau. Voluptueusement.

- Tu es triste, Nikos. Est-ce à cause de Cyrillus qui nous assiège ? Que veut-il exactement ?

- Il me veut moi, tout simplement. Il veut que je sois son esclave d'amour car il n'y a qu'avec mon corps qu'il peut désormais obtenir le plaisir. C'est le résultat de la malédiction de la déesse Niké. Tu as pu constater l'autre soir que c'est seulement lorsqu'il est à mon contact qui peut prendre son pied.

- C'est vrai, je l'ai bien vu. Mais il te suffit de lever cette malédiction et il partira. Nous serons alors de nouveau tranquilles. Me répond Alf-Kôr en riant.

- Cela m'est impossible, Alf-Kôr, j'ai encore trop de ressentiments dans mon cœur. Cyrillus a ordonné arbitrairement la mort d'un homme que j'aimais. Je ne puis lui pardonner.

Alf-Kôr ne me répond pas mais pousse un grand soupir en me prenant dans ses bras. Nous luttons avec des gestes doux pour obtenir la victoire. Victoire qui consiste à pénétrer l'autre de notre sexe ardent. Gentiment, mon athlétique adversaire se laisse vaincre et prendre. Ma queue s'enfonce dans ses entrailles chaudes et je le besogne profondément mais avec lenteur.

Sous moi, il est comme un grand fauve alangui. Je mords tendrement son encolure en me repaissant de ses longs gémissements étouffés. Nos sueurs se mêlent et nous murmurons des mots que nous ne prenons pas la peine d'articuler parce que cela n'est pas nécessaire pour que l'autre comprenne que ce sont des mots d'amour.

Quand un orgasme ravageur noue enfin le profond de nos ventres, nos deux corps anéantis de plaisir ne font plus qu'un. Il est moi et je suis lui. Dans le silence complice, un long moment nous écoutons nos souffles. Sous ma main, je sens battre le cœur d'Alf-Kôr à l'unisson du mien.

Après nous être reposés, étroitement enlacés, mon amant pose un baiser sur mes lèvres avant de s'asseoir sur le lit. Il s'apprête à partir. La lueur des lampes fait briller son dos qui est tel un sensuel éventail de muscles.

- Reste avec moi cette nuit, Alf-Kôr.

- Tu sais bien que je dors mal avec des murs autour de moi, Nikos. Laisse-moi rejoindre ma tente. Tu viendras comme à l'accoutumée me réveiller à l'aurore. Comme à l'accoutumée, à ton tour, tu partageras ma couche. Me répond l'homme de bronze en se levant.

Avec un soupir de regret, je le regarde partir de sa démarche souple. Le claquement léger de ses pieds nus sur le dallage s'éloigne tandis que je m'endors, harassé d'amour.

Le jour se lève et la fraîcheur de la nuit persiste encore quand, frileusement enveloppé dans ma toge, je marche vers la tente d'Alf-Kôr. Devant l'entrée, gisent les corps de ses deux gardes serviteurs. Ils ont été égorgés et la terre a bu leur sang.

L'intérieur de la tente est en grand désordre. Ce bouleversement ainsi que de nombreuses traces de sang révèlent qu'il y a eu une lutte acharnée. Tout au long de ma vie de gladiateur je n'ai jamais connu la peur même en face des plus redoutables adversaires et cependant mon sang se glace en découvrant qu'Alf-Kôr a été enlevé et peut-être même assassiné. Je donne l'alerte et bientôt l'oasis entière est en effervescence. Partout on recherche mon compagnon. En vain.

Deux jours durant, je reste replié sur une angoisse mortelle sans obtenir le moindre renseignement qui me permettrait de retrouver mon amant. À la fin du second jour, je demande au mage Amonku de se rendre auprès de l'empereur Cyrillus pour savoir si c'est lui qui aurait ordonné l'enlèvement d'Alf-Kôr. Le mage revient en me disant qu'il n'a pu rencontrer l'empereur car celui-ci serait parti. Il ajoute que les romains sont en train de lever le camp et embarquent sur leurs vaisseaux.

Mu par une soudaine inspiration, je retourne dans la tente d'Alf-Kôr pour y découvrir un torque tordu qui brille sur le sol. Il s'agit de ce collier rigide que les guerriers celtes portent autour du cou. Penix et ses compagnons gaulois arborent fièrement leur torque et ne s'en séparent jamais.

Le collier de bronze à la main j'ordonne que l'on m'amène Penix au plus vite. Attirés par les flammes des flamberges qui m'entourent, des insectes crépitent. Je considère froidement Penix quand il sort de l'ombre pour s'avancer vers moi. Son visage est figé et ses yeux m'interrogent.

- Ce torque appartient à l'un de tes hommes et je l'ai retrouvé dans la tente d'Alf-Kôr. Explique-moi ! Lui dis-je d'une voix sourde en lançant le collier celte à ses pieds.

Penix blêmit et ses épaules s'affaissent. Devant une telle évidence, il ne peut se dérober. Un long instant il me regarde, le visage défait, avant de me répondre :

- L'empereur Cyrillus m'a convoqué secrètement et j'ai dû me rendre à son camp pour l'entendre. Il m'a annoncé qu'il était décidé à lancer ses troupes sur l'oasis pour te capturer. Hommes, femmes et enfants seraient irrémédiablement massacrés. Cependant, connaissant ton courage farouche, il craignait que tu te fasses tuer plutôt que de te rendre. Pour éviter cela, il m'a sommé de lui livrer Alf-Kôr afin s'en servir comme otage pour te convaincre de te soumettre. Il connaît ton amour pour Alf-Kôr. C'est là toute ta faiblesse et ta vulnérabilité, Nikos.

Penix courbe la tête et se tait. Une sourde angoisse m'étreint la poitrine.

- Continue ! Que j'articule dans un souffle.

- Alf-Kôr est très fort, il a lutté comme un lion, mais il était nu et nous étions sept, revêtus de nos cuirasses. Ce n'est qu'après qu'il ait gravement blessé deux de mes hommes que nous sommes parvenus à le ligoter et à le bâillonner.

Un long moment, je ferme les yeux en serrant les dents. Je vois ces brutes tordre les bras de mon bel amant pour les attacher brutalement. Je les vois traîner son corps nu hors de la tente pour le ligoter sur un cheval de bât. Je vois la troupe et son prisonnier s'éloigner dans la nuit alors que je dors, insouciant. La fureur, la douleur et le désespoir m'écrasent simultanément la poitrine. D'un geste bref, j'ordonne à Penix de continuer son récit.

- Nous devions livrer le prisonnier aux romains dans le désert, à proximité des Rochers Hurlants. Une cohorte de centurions nous attendait et le général Severus Groconus les accompagnait. Il était ivre-mort. Cyrillus devait être lui-même saoul pour avoir envoyé Groconus. Il connait pourtant sa haine à l'égard d'Alf-Kôr qui a exterminé ses légions dans le Sahel.

Le grand gaulois, de plus en plus mal à l'aise, a croisé les bras sur sa poitrine et se balance d'un pied sur l'autre. Son regard fuit mon regard et il pousse de brusques soupirs en déglutissant péniblement. Il continue :

- J'ai commis l'erreur de retirer le bâillon d'Alf-Kôr. Le général Groconus était fou de rage de revoir l'homme qui l'avait vaincu à deux reprises. Il a injurié Alf-Kôr qui lui a craché au visage en retour en le traitant de larve. C'était beaucoup trop pour cet abruti de romain.

Je m'adosse à une colonne de l'atrium et je renverse vivement la tête comme pour m'assommer au marbre. Je sais ce que je vais entendre alors que mille images passent devant mes yeux. Tout est fini.

- À quatre reprises Groconus a planté son glaive dans le ventre et la poitrine d'Alf-Kôr. Alf-Kôr n'a proféré aucune plainte mais en tombant à genoux il a dit ton nom. C'était comme un appel ou un adieu, je ne sais plus.

La voix de Penix se casse en prononçant les derniers mots.

Autour de moi, le monde a perdu toutes ses couleurs. Tout n'est plus que cendres. Tout m'apparait distant et sans la moindre importance. Mon âme est glacée, mon cœur broyé dans un étau d'airain. Mon regard doit être effrayant d'absence car Penix se fige comme une statue de sel et ne dit plus mot.

- Où est-il ?

- Nous l'avons enfoui dans le sable pour que les charognards ne profanent pas son corps. Me répond le gaulois d'une voix éraillée.

- Mène-moi à lui.

Ma voix me semble étrangère, lointaine et comme désincarnée.

- Je mérite la mort pour avoir fait cela. Pourtant je l'ai fait pour te sauver, Nikos. Me dit l'homme blond.

- Nous en reparlerons plus tard mais pour l'instant, toi et tes hommes, conduisez-moi à Alf-Kôr afin que je lui donne une sépulture digne de lui.

Un grand silence pétrifie les hommes qui portent des flambeaux quand je me penche sur la fosse d'où s'élève l'odeur douceâtre et nauséeuse de la mort. Le sable poudreux a enrobé le corps nu de mon cher amant, faisant de lui une magnifique, effrayante statue. Ses yeux grands ouverts semblent me regarder malgré le sable qui les recouvre.

Mon esprit est dissocié de moi quand, avec des gestes respectueux, les gaulois m'aident à envelopper la dépouille dans des linges blancs et à la placer sur une nacelle de bois fixée au dos d'un dromadaire. Avant d'enfourcher mon pur-sang piaffant d'impatience, je me tourne vers eux et les contemple d'un regard qui doit leur sembler menaçant car vide de toute humanité. À mon avis, ils feraient bien de me tuer maintenant, en ce lieu isolé dans la nuit, pour échapper à une mort certaine mais Penix, d'un geste autoritaire, ordonne à ses hommes de remonter sur leurs chevaux.

Dans la fraîcheur d'une salle dallée de marbre, je lave le corps de mon amant chéri avec de l'eau de source parfumée et je le vêts de ses plus beaux habits de guerrier. Longtemps après que mes os ne seront plus que poussière, les voyageurs admireront le mausolée que je lui fais ériger, face au grand Océan qui ourlera ses flots encore et encore pour la presque Éternité.

Que suis-je à présent ? Rien, me souffle le vent méchant au-dessus de ma tête alors que je descends sur la plage. L'horizon est vide. Entraînant derrière lui tous ses vaisseaux guerriers, Cyrillus Caesar Imperator est reparti vers sa Rome décadente.

Dans le sable, une pique est plantée et à l'extrémité de cette pique, une tête est fichée. Severus Groconus, la bouche pleine de mouches, fixe le ciel de ses gros yeux exorbités. Le message est clair, Cyrillus a désapprouvé le geste tragique de son général stupide et me présente ses excuses en m'offrant sa tête coupée. Cela ne me suffit pas. Je veux être pour l'empereur un perpétuel tourment.

J'avance alors mon cheval dans la mer en levant les bras tel un orant désespéré pour adresser une prière à la déesse Niké, ma puissante protectrice.

- Ô toi, cruelle immortelle, qui m'a fait connaître autant de bonheurs que de malheurs, lève ta malédiction de sur l'empereur Cyrillus. Accorde-lui de pouvoir de nouveau connaître le plaisir de l'amour mais cela toujours dans l'infernale nostalgie du corps de Nikos le gladiateur. Accorde-moi également la victoire afin que je brise son empire sur les côtes africaines. Je veux que son esprit soit marqué à jamais par mon souvenir amer et le remord.

La déesse Niké a entendu ma prière car l'horizon se couvre soudain de sombres nuages emplis d'éclairs et de grondements orageux. Un vol de corbeaux tournoie au-dessus de ma tête.

Devant les écuries, Penix m'attend. Il a dénoué sa chevelure blonde que le vent ébouriffe comme la crinière d'un lion. Il a dégainé sa longue épée qu'il m'offre à deux mains. Son visage est de pierre quand il me dit :

- Prends ma vie pour ce que j'ai fait, Nikos. Je suis indigne de ta confiance et de ton estime.

Je mets pied à terre et me saisis de l'épée pour la jeter au loin. Je contemple le magnifique guerrier qui me fait face. Je sais qu'il a agi en pensant me sauver mais ce faisant il m'a trahi et provoqué la mort abjecte de l'homme que j'aimais plus encore que ma vie.

- Il ne me servirait de rien de vouloir ta mort, Penix. Je suis probablement autant coupable que toi mais plus jamais ne t'approche de moi. Toi et tes hommes ne manquerez jamais de rien pour vivre dans la décence mais je veux que vous restiez hors de ma vue et cela pour toujours.

Penix courbe la tête mais ne bouge pas. Il reste obstinément debout devant moi alors que je m'impatiente et ne souhaite que me retrouver seul avec ma douleur.

- Je me soumets à ta juste sentence, Nikos, mais avant que je ne m'éloigne à jamais de toi, accorde-moi une dernière faveur. Me supplie le gaulois d'une voix brisée.

- Quelle faveur ?

- Fouette-moi, Nikos ! Marque ma chair afin je ne puisse jamais oublier ma forfaiture ! Je veux que de profondes cicatrices me rappellent chaque jour cet amour de toi que je n'ai pas su préserver. Accorde-moi cela gladiateur et puis je partirai.

Jusqu'à ces jours maudits, Penix fut pour moi l'ami-amant le plus fidèle qu'un homme puisse espérer mais dans l'instant, le désespoir et la douleur m'aveuglent. Je veux cependant répondre à sa prière. Alors j'ordonne à mes colossaux gardes du corps de le dénuder et de le suspendre par les poignets à une poutre avant de me saisir d'un long fouet de cuir de buffle capable d'arracher la peau d'un cheval et de repousser les attaques d'un fauve.

Je ne peux m'empêcher d'admirer le superbe corps étiré de mon amant d'antan que je fouette à présent avec toute la force de mon bras. La longue lanière tressée s'enroule autour de son torse et de ses hanches en laissant de terribles plaies béantes. Je dois perdre la notion du temps ainsi que celle de la mesure. Le dos, les fesses, la poitrine et le ventre déchirés, Penix ne peut plus étouffer ses rauques cris de douleur. Son sang ruisselle sur le pavage de pierre mais il bande comme Priape.

Je jette enfin mon fouet ensanglanté et m'avance vers le beau gaulois qui me fixe intensément de ses yeux couleur de l'Océan. À l'instant où je saisis son membre en érection, il jouit en poussant un cri bestial. Il remplit mes mains d'un foutre brûlant que je bois avant de l'étreindre pour l'embrasser avec fureur.

Dans ce dernier baiser, profond et sauvage, se mêlent la salive, la sueur, le sperme et le sang d'un homme que j'ai aimé. Que j'aime peut-être encore.

Je sors des écuries, abandonnant le supplicié à mes deux gardes du corps qui déjà s'approchent de lui avec un sourire carnassier.

La perte d'un être cher plonge certains hommes dans un total désespoir. Je fais partie de ces hommes qui ne savent pas aimer avec mesure et raison. Est-ce de la faiblesse ? Je n'en sais rien et peu m'importe de le savoir. J'ordonne que me soient apportés vins et liqueurs ainsi que toutes les putains mâles et femelles de mes domaines et alentours. Je me vautre, pour de longues semaines, dans une débauche orgiaque digne des pires bacchanales de Dionysos.

En étreignant de multiples corps je tente vainement de retrouver ce plaisir divin que m'avait fait connaître Alf-Kôr. Quête infernale qui me mène au néant. Je deviens fou. Je veux être mort.

Assis sur un rocher, je contemple la mer. Dans les nuages qui courent sur son horizon bleu, je cherche le visage d'Alf-Kôr. Je suis saoul et sale. Je pue comme un bouc et passe le plus clair de mon temps à boire et à baiser comme un sanglier en rut.

Soudain, un subtil parfum enchante mes narines. Je connais ce parfum et quand je tourne la tête je vois apparaître la reine Doânatârâ encadrée des mages Amonku et Thôr-Dû. Une troupe de guerriers fait comme une muraille derrière eux.

- Tiens, la vieillarde est de retour, avec ses deux charlatans ! Que je m'exclame entre deux goulées baveuses de vin.

Le regard réprobateur des mages m'amuse mais Doânatârâ demeure imperturbable. Il y a même dans son regard quelque chose qui me fait croire qu'elle est navrée de me retrouver dans un état de déchéance pareil. Elle m'adresse un sourire non dépourvu de tendresse. Elle est vraiment belle dans sa robe de lin blanc que le vent marin plaque sur ses formes sculpturales. De lourdes tresses entremêlées de fils d'or encadrent son visage de déesse.

- Salut à toi, Nikos mon Prince consort. Je partage ta souffrance, aussi je viens t'apporter mon aide en souhaitant que tu l'acceptes. Me dit-elle d'une voix apaisante.

- Où étais-tu, vieille sorcière, quand les romains ont massacré mon amant ? Tu me devais pourtant protection ! Où étais-tu, royale catin, quand Cyrillus a encerclé mes domaines ? Dis-le-moi !!! Que j'éructe en crachant à ses pieds.

- J'étais trop loin de toi pour pouvoir te secourir, Nikos. Je suis vraiment désolée mais n'oublie pas que je suis la Reine-Sorcière du Grand Désert. Je détiens de grands pouvoirs et mes drogues peuvent t'arracher à ton désespoir. Voudrais-tu revoir Alf-Kôr ce soir ?

À ces mots, je dévisage la reine comme s'il s'agissait d'une folle. Je ne peux croire qu'elle puisse ainsi martyriser un homme malheureux en lui proposant l'impossible. Tenir de tels propos est aberrant et relève de la pure folie sinon de la pire cruauté. Cette femme haïssable a décidément le cœur plus dur qu'une pierre. Un instant, il me prend l'envie de l'étrangler.

La reine a lu sur mon visage la haine que je ressens à son égard mais elle continue de sourire et me tend un flacon de verre empli d'une substance bleue. Elle me dit :

- Il te suffira de mettre trois gouttes de cet élixir dans une coupe de vin que tu boiras quand Zéphyr sera auprès de toi et la magie opérera.

- Qui est ce Zéphyr dont tu me causes, femme folle. Que je graille d'une voix d'ivrogne en tentant de boire à ma cruche vide.

- Zéphyr est l'un des lieutenants d'Alf-Kôr. Il était son amant avant qu'il ne te connaisse. Il est jeune et très beau. Il sera comme un baume sur ton cœur déchiré. Quant à moi, ne pense pas que je sois une femme au cœur si dur car j'ai connu bien des chagrins à cause de mon grand âge. J'ai vu vieillir et mourir beaucoup d'hommes que j'aimais. Moi aussi, j'aimais Alf-Kôr le Vent Bleu du Désert.

Hors de moi, dans mon ivresse, j'injurie la reine en la traitant de manipulatrice, de menteuse et de vieille femelle lubrique. Il faut qu'Amonku m'assène un grand coup de son bâton sur le crâne pour me calmer.

- Écoute la reine, Nikos. Tu n'as dès lors plus rien à perdre. Fais ce qu'elle te dit et suis-moi dans les thermes pour que l'on te lave et te rase. Tu es plus repoussant qu'un porc vautré dans sa bauge. Gronde le prêtre-mage.

En ricanant stupidement, abruti d'alcool et de désespoir, je suis docilement le mage. Après tout, cela me fera une petite distraction. Tant de ténèbres m'entourent.

Il faut beaucoup de travail pour me rendre un aspect humain mais c'est tout propret et dessaoulé que je rejoins la villa sous la vigilance du sévère Amonku. C'est à cet instant que surgit un étalon couleur d'ébène monté par un jeune homme simplement vêtu d'une courte tunique blanche. Le cheval se cabre devant moi et son cavalier s'annonce :

- Salut à toi Nikos le gladiateur, je suis Zéphyr, envoyé par Sa Majesté la reine Doânatârâ-Boukâ

Certes, il est beau Zéphyr avec ses larges épaules et ses longues jambes musclées. Certes il est beau avec ses yeux d'onyx, son nez droit et ses lèvres au dessin parfait mais il ne s'agit pas d'Alf-Kôr dont nul ne pourra jamais égaler le charme ensorcelant et la beauté racée. La reine se moquerait-t-elle de moi ? Je remarque que le garçon porte, suspendu au cou, la fiole que m'avait offert la reine et que j'avais négligé de prendre. Quand il met pied à terre, je constate qu'il est grand et bien découplé. Sans doute aussi bien monté que son cheval. Il a un port de tête princier mais il n'y a pourtant aucune arrogance dans son attitude.

Sans prendre la peine de lui rendre son salut, je lui fais signe de me suivre et le précède en direction des appartements. J'ai hâte d'en finir avec cette comédie grotesque. Pour prouver à la reine et au mage que je suis de bonne volonté, je vais leur obéir et boire ce putain d'élixir mais comme il ne se passera strictement rien, je pourrai leur demander de me foutre la paix une fois pour toute. Me croient-t 'ils plus fou que je ne suis ?

Quand je me retourne, Zéphyr me tend, sans un mot, le flacon qu'il portait au cou. Je saisis le petit récipient que je débouche pour verser trois gouttes du liquide bleu dans une coupe de vin que je bois d'un trait. Je m'avance sur la terrasse avec un grand rire amer. À quoi suis-je donc réduit ? Prendre des drogues pour ressusciter mon amour mort ? Suis-je donc réellement dément ?

Derrière les hautes palmes de l'oasis, le Soleil se couche dans un dernier flamboiement pourpre. Un oiseau que je ne connaissais pas chante une complainte monotone qui apaise mon cœur. Alf-Kôr pose alors ses grandes mains fortes et chaudes sur mes épaules. Ses lèvres aimées déposent de légers baisers sur ma nuque et son souffle tiède m'enchante soudain. J'ai une folle envie de me retourner, de le saisir à pleins bras, de l'étouffer, de l'embrasser encore et toujours.

Mais il faut que je boude un peu. Comment a-t-il pu me laisser si longtemps sans me donner de ses nouvelles ? Il faut que je marque le coup pour qu'il ne recommence plus à me faire ce genre de farce de mauvais goût.

- Tu es fâché Nikos ? Me demande-t 'il de sa voix profonde.

- Ouais, je crois bien que je suis même très fâché. Où étais-tu passé ? Cela fait des semaines que je t'attends ! Me prendrais-tu pour un con, par hasard ? Que je grommelle.

- Allez ne fais pas la gueule, Nikos. J'étais dans un royaume lointain et il m'a fallu beaucoup de temps pour en revenir. Aller, embrasse-moi Nikos. Murmure-t 'il à mon oreille de cette voix câline qu'il prend parfois pour se faire pardonner une peccadille.

Me saisissant par les épaules, il me fait pivoter brusquement pour m'embrasser à pleine bouche. Il m'étreint avec une force prodigieuse et enfonce très profond sa langue pour capturer la mienne. L'ivoire merveilleusement lisse de ses dents a les senteurs fraiches de la menthe. Je goute sa salive qui est un nectar.

- Tu m'as tant manqué Alf-Kôr. Ne me refais plus jamais un coup pareil. Promets-le-moi. Que j'implore en le dévisageant.

- Je te le promets, Nikos.

Jamais Alf-Kôr n'a été si beau et envoutant que ce soir.

Je suce, je mordille avec délice ses tétons durs qu'il m'offre en bombant la poitrine. Entre mes bras, son long corps de guerrier se dérobe et se donne avec des lenteurs provoquantes. Alf-Kôr me rendra toujours fou d'amour, il ne le sait que trop bien et quand ses grands yeux noirs capturent mon regard, il m'entraine toujours plus loin et plus profond dans le plaisir d'aimer le corps d'un homme.

En me regardant au fond des yeux, il écarte ses longues jambes pour m'offrir sa rosette palpitante. Je le pénètre de toute la longueur de mon gros sexe turgescent en scrutant son visage. J'aime cette petite grimace qui crispe sa bouche quand je m'enfonce lentement en lui. J'aime voir alors ses yeux s'agrandir. J'aime ne plus savoir s'il me demande d'arrêter ou de continuer de le défoncer de plus en plus sauvagement. J'aime entendre son râle rauque quand il inonde son ventre musculeux d'un flot de foutre blanc et crémeux. J'aime vaincre et soumettre mon tyran d'amour mais j'aime surtout le tuer de plaisir.

Tour à tour la femelle puis le mâle de l'autre, des heures durant nous faisons l'amour. Mais j'ai perdu beaucoup de forces dans mes beuveries et bien trop vite, je m'endors, cassé, dans les bras de mon cher amant enfin revenu à moi.

Quand je m'éveille, la chambre est inondée de soleil mais je suis seul, le cœur de nouveau broyé d'angoisse. J'appelle Alf-Kôr qui ne me répond pas. Sur la table en bois de thuya, le flacon bleu scintille. Je n'ai pourtant pas rêvé parce que le drap froissé est mouillé de sperme et porte l'odeur ambrée de mon compagnon. Je respire sa présence mais il ne revient pas.

Je ne suis pas dupe mais je veux l'être. J'ordonne sitôt que les palefreniers sellent Lance, le cheval gris d'Alf-Kôr, que j'enfourche, somptueusement paré comme l'exige mon rang.

Dans les jardins, Zéphyr panse son cheval avec grand soin. L'étalon semble aimer son maître car, pliant l'encolure, il lui lance souvent de longs regards affectueux. Sa robe noire frémit sous la brosse maniée énergiquement par le jeune homme. Zéphyr est sobrement vêtu d'un pagne et sous la peau brune de son dos en sueur, les muscles roulent souplement. L'homme et l'animal sont également beaux et pour un instant, je comprends ce qu'est l'harmonie. Simulant un calme qui ne m'habite pas, je m'adresse au garçon :

- Salut zéphyr, veux-tu faire un galop avec moi sur la plage ?

- Salut à toi Nikos Le Respecté. Ce sera avec grand plaisir que je t'accompagnerai. Me répond le beau gosse en enfourchant prestement son cheval noir.

Lance, le pur-sang d'Alf-Kôr est aussi rapide que le vent et pourtant Zéphyr se maintient à ma hauteur sans difficulté. Il est quasiment nu et monte à cru son étalon noir qui semble surgi droit des Enfers. Les muscles de l'homme comme ceux de sa monture saillent prodigieusement dans un effort d'une élégance aisée. Ils ne font qu'un à tel point que j'ai l'impression de rivaliser de vitesse avec un centaure. Par moment, le jeune cavalier tourne la tête vers moi pour m'adresser un sourire radieux.

Longtemps, nous galopons sur le sable souple et mouillé, nous amusant dans une course sans vainqueur ni vaincu et ce n'est que lorsque la mer remonte que nos montures écumantes de sueur nous ramènent au pas à l'oasis. C'est alors que Zéphyr me demande :

- Veux-tu que je te rejoigne ce soir dans ta chambre, Nikos ?

C'est comme un coup de poignard que je reçois alors dans le cœur. Je sais à présent qu'Alf-Kôr est vraiment mort et que l'homme que je tenais dans mes bras cette nuit n'était autre que Zéphyr. Illusion fantasmagorique dans laquelle une drogue maléfique m'avait noyé. La vie comme l'amour ne seraient-il que des rêves que les dieux nous accordent pour s'amuser de nous ? Pantins pathétiques.

Un sanglot sec me contracte la gorge quand je réponds : « Oui ».

C'est ainsi, que de nuit en nuit, j'ai vidé la fiole bleue que m'avait donnée la Reine-Sorcière.

Chacune de ces nuits, Alf-Kôr, mon amour, est venu me rejoindre. Chacune de ces nuits, je l'ai pénétré, je l'ai bu et je me suis donné à lui. Chaque nuit je me suis rassasié du plaisir de l'aimer. Mais cela est fini aujourd'hui. Je demande audience à la reine et j'ordonne à Zéphyr de m'accompagner.

Majestueuse et distante, Doânatârâ me reçoit dans les jardins rocheux de l'un de ses palais. Je ne vois que ses yeux par la fente de son manteau de cérémonie noir. Elle m'écoute, immobile.

- Ô Reine, par tes enchantements tu m'as accordé d'éphémères et illusoires moments de bonheur en faisant revenir le fantôme d'Alf-Kôr dans mes bras mais je sais que mon bonheur t'indiffère et que ton seul but est d'obtenir mon sperme qui te permettra de rester jeune et belle. Cependant, redonne-moi encore de ton élixir qui me permettra de vivre encore quelques nuits d'amour dans les bras d'Alf-Kôr. Que j'implore.

- Que ton cœur est devenu dur, Nikos. Ton bonheur ne m'indiffère pas et je te porte un amour sincère. Pour te le prouver, je te donne cet autre flacon et t'en donnerais d'autres encore qui te permettront de faire revenir Alf-Kôr auprès de toi mais il faut que tu saches qu'en agissant ainsi, tu évoques son âme à chaque fois et que tu lui interdis de reposer en paix. Me répond la reine en me tendant un flacon bleu plus gros encore que le précédent.

Éperdu de gratitude, veulement, indignement, je saisis l'objet si précieux et m'agenouille devant la souveraine toujours rigide sous son manteau noir.

- Merci de m'accorder ce philtre magique, Ô Reine du Désert. À chaque lune, je te donnerai mon sperme en paiement de ta drogue.

- Je ne suis pas une marchande, Nikos. Je ne veux pas de ta substance virile que j'aurais le sentiment d'acheter. Il faut que tu me la donnes de ton plein gré pour qu'elle conserve sa vertu rajeunissante. J'attendrai 15 ans encore pour que les fils d'Alf-Kôr soient en âge de prendre la succession de leur père. Je perdrais certes une part de ma jeunesse et de ma beauté durant ce temps mais je suis la grande reine Doânatârâ-Boukâ et régnerai longtemps encore sur mes peuples. Bon retour chez toi, Nikos.

En silence, je prends congé de la reine pour repartir vers ma palmeraie. Zéphyr chevauche à mon côté sans dire mot. Au flanc des montagnes, les cèdres immenses bruissent sous la poussée d'un grand vent chaud du Sud. Quelques gazelles apeurées s'enfuient à notre approche. Je rumine les paroles de la reine et je ne suis pas très fier de moi. Quel homme suis-je devenu ?

Je ne suis rien d'autre qu'un drogué qui cherche désespérément à remonter les chemins des temps passés. Temps révolus où il était heureux, probablement sans le savoir. À mi-voix, Zéphyr chantonne une complainte nostalgique. Je lui ordonne de se taire. Il redresse alors la tête et m'adresse un regard perçant à travers la fente de son foulard chèche. Sa voix me parvient, chaude et déterminée.

- Tu sais Nikos, je veux te dire que je t'aime plus que je n'aimerais jamais aucun homme. Chaque nuit je souffre de devenir Alf-Kôr entre tes bras mais je suis également heureux de t'apporter l'illusion d'un bonheur perdu. Accorde-moi cependant une grâce. Une nuit, une nuit seulement, ne bois pas l'élixir et fais-moi l'amour. Fais l'amour simplement avec ton serviteur. Moi, Zéphyr.

Ma monture se cabre quand je tire sur les rênes pour l'arrêter net. Je fixe froidement Zéphyr qui affronte mon regard sans baisser les yeux. Qu'il est beau cet enfoiré !

- Je devrais te faire fouetter pour avoir l'audace de me faire telle demande, Zéphyr ! Aurais-tu la prétention de vouloir remplacer Alf-Kôr dans mon cœur ? Que je rugis sans conviction.

- Fais-moi fouetter et même crucifier si cela t'apaise mais Alf-Kôr est mort, Nikos, et même si tu honores sa mémoire en l'aimant toujours avec passion tu détruis ton âme en faisant l'amour avec son fantôme. Il n'approuverait pas ton comportement.

Je lance mon cheval de guerre contre le sien et un instant, poitrail contre poitrail, les deux étalons s'affrontent mais Zéphyr ne bronche pas et continue de me regarder dans les yeux. Je lui lance alors la fiole bleue qu'il saisit au vol.

- Tiens, prends cette fiole maudite, Zéphir, ce sera à toi de décider si ce soir et les autres, je ferai l'amour avec Alf-Kôr ou bien avec toi ! À toi de choisir !

Les journées me semblent très longues car j'attends avec impatience leur fin pour retrouver le fantôme d'Alf-Kôr. Je suis assis sur la margelle du puits lorsque Kâmour s'approche timidement de moi. Il renifle avant de m'interroger :

- Dis-moi, père. Pourquoi Alf-Kôr ne revient pas jouer avec moi ? J'ai peut-être fait quelque chose de mal qui l'a fâché et qu'il ne m'aime plus maintenant ?

- Non mon fils, Alf-Kôr n'est pas fâché et il t'aime toujours très fort mais il est parti faire la guerre dans un pays très loin d'ici. Un jour nous le rejoindrons, je te le promets. Tu pourras alors monter avec lui sur son cheval pour que vous fassiez des cavalcades de fous, comme avant.

- Mais pourquoi son cheval Lance est-il toujours ici ? Je te vois le monter presque tous les jours. M'interroge t'il.

- Parce qu'il veut que je t'emmène promener sur Lance pour prendre patience. Veux-tu que je t'emmène galoper sur la plage ? Que je propose à Kâmour en m'efforçant de donner de l'assurance à ma voix.

Je suis un instant heureux quand Lance nous emporte, mon fils et moi, dans un galop majestueux. Autour de mon torse, je sens les petits bras de Kâmour qui crie sa joie, les cheveux au vent. Mais aussi rapide que soit le pur-sang gris, jamais il ne parviendra à rejoindre le Vent Bleu des Dunes.

Ce soir, une fois encore, je vois Zéphyr verser, subrepticement, trois gouttes de l'élixir bleu dans ma coupe de vin. Loyal, il a choisi de s'effacer chaque nuit pour laisser venir à moi le fantôme d'Alf-Kôr. Ce geste d'abnégation me persuade de ses sentiments. Alors, tout le regardant, je saisis la coupe et je jette le vin par la fenêtre. Un grand sourire radieux illumine son visage et il me saisit dans ses bras.

Cette nuit-là, je ne connaîtrai pas l'extase comme les nuits précédentes mais j'apprendrai la tendresse d'un homme aimant, attentif à mon plaisir. Doux mais sachant être très énergique quand je me laisse dominer par sa force de jeune lion. Zéphyr sera désormais mon amant. Il a déposé la fiole bleue dans le mausolée d'Alf-Kôr afin que l'âme de ce dernier repose enfin en paix.

Zéphyr sait que jamais je ne l'aimerais comme je devrais pourtant l'aimer car il sait qu'Alf-Kôr a emporté tout mon amour avec lui. Il sait cependant que je lui accorde mes dernières parcelles de tendresse, à lui ainsi qu'à mon fils Kâmour. À présent tout m'indiffère, même mon propre destin. J'ai accepté de rejoindre la reine Doânatârâ toutes les nuits de pleine lune pour lui offrir mon sperme rajeunissant. Je lui fais souvent l'amour parce qu'elle est belle, tendre… et très coquine. Elle m'aime sans aucun doute et m'a comblé d'honneurs.

A la tête de ses armées, j'ai vaincu et massacré sans pitié les légions de Cyrillus Caesar Imperator. Aux dernières nouvelles, celui-ci est en passe de surpasser les cruautés de Caligula. L'empereur romain a mis ma tête à prix pour une somme fabuleuse mais cela m'importe peu et ne fait que rajouter à ma gloire et à ma légende. Légende qui comme toute légende est fort hagiographique.

Je suis jeune encore mais mon âme est vieille. Le visage fermé et le regard lointain, je chevauche en tête du somptueux cortège de la Grande Reine-Sorcière. Je suis Nikos le Magnifique, Prince-General de la Reine Doânatârâ. Le respect et la crainte me précèdent.

Au loin, très au loin devant moi, un vent de sable aux volutes bleues sculpte et resculpte les dunes.

Je devrais à présent avoir les yeux aussi secs que le cœur et pourtant des larmes brulantes jaillissent quand revient vers moi le souvenir lancinant d'Alf-Kôr Le Vent Bleu du Désert.

Fin

Romain

alain.romain@orange.fr

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