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Timide
Les heures qui suivirent furent épouvantables.
Je rentrai chez moi directement tout en m'assurant sept ou huit fois que mon téléphone était en réglé à fond. Malgré cette précaution je vérifiais toutes les 30 secondes si je n'avais pas manqué un coup de fil ou si un sms était arrivé ou encore si j'avais du réseau.
Mais l'horrible rectangle de plastique restait désespérément muet.
Pourquoi ne lui avais-je donc pas demandé son numéro ? J'étais dans l'impossibilité de le contacter sans passer par Fabien. Et s'il avait été " à moi ", je n'aurais jamais donné son numéro à qui que ce soit, surtout pas mon ex.
Je me mis donc au lit, anxieux et impatient. Je ne dormis pas une seconde cette nuit-là. Les rares moments où je pus fermer les yeux, j'avais le portable dans la main et près du visage.
Lorsque le jour se leva, il fallait que je me rende à l'évidence, pas de nouvelles de Thomas.
Non plus que de Fabien.
J'entamai donc une journée morne entre petit déjeuner en mode " patate " devant la télé et douche triste. Je n'avais pas envie de sortir. Pas même de chatter ou chercher un plan avec ce bon vieux grindr.
La fatigue se faisant sentir, je m'endormis devant mon film.
Je fus réveillé par le téléphone qui hurlait l'arrivée d'un message.
" Salut. J'ai finis mon tournoi. Si tu veux qu'on discute. Appelle-moi. "
J'appelai aussitôt. Je reconnus à peine la voix qui me répondit.
" Allo ?
- Salut, c'est Yves !
- Déjà ? T'as fait vite. "
Non !!! J'aurais dû attendre... là ça fait trop " genre je t'attendais ".
" Oh ben je matais la télé et j'avais mon tel sous la main.
- Ah ok... Donc je te dérange pas ?
- Non du tout... T'as déjà fini tes matchs ?
- Oui, j'ai pas été très bon, mais c'est pas grave. T'as quelque chose de prévu c't'aprem ?
- Non, pas trop. Et toi ?
- Pareil.
- Tu veux venir manger un morceau ici ? Ou bien mater un film ?
- ... Oui... j'aimerais bien.
- T'es où ?
- Ben sur le parking du centre multisport.
- ... C'est où ça ?
- Ben juste à côté du rond-point de la victoire... Tu vois ? Près du Auchan et du Darty.
- Ah oui ! Je suis à 10mn en voiture. Ça te va ?
- Oui, je t'attends. "
Je me lève, m'habille en quatrième vitesse et remercie le ciel d'avoir tout de même pris une douche. Je me coiffe, re-lave les dents et fonce au lieu du rendez-vous.
Sur place, je vois arriver Thomas. Il est encore plus beau que la veille, en survêtement, casquette et baskets. Malgré cette tenue, il n'a rien de la racaille de banlieue, juste un jeune mec sportif. Il me fait un petit signe et monte dans ma voiture. En partant, je vois qu'il fait signe à d'autres jeunes.
" Tu leur as dit quoi ?
- T'es mon tonton Yves.
- Ah... Quand même..."
Il me regarda avec un sourire désarmant de candeur et ajouta :
" Ben, tu pourrais. "
Ne voulant surtout pas m'engager sur ce terrain glissant, je décidai de changer complètement de sujet.
" Tu veux qu'on passe au Mc Do pour prendre de quoi manger ou bien un plat de pâtes à la maison te convient ?
- Comme tu veux. J'ai faim mais te dérange par pour moi, je peux attendre ce soir.
- Tu dois rentrer à quelle heure ?
- J'suis majeur, je fais ce que j'veux mais faut que je prévienne si je rentre tard, fait-il avec un sourire à damner un saint.
- Ouais, normal. Alors ce sera Mc Do ! "
Une demi-heure plus tard nous étions chez moi avec les sacs en papiers débordant de sandwichs et de frites à moitié froids.
Nous mangeâmes au salon en discutant de nos expériences réciproques avec Fabien. Nous arrivâmes à la conclusion que nous nous étions télescopés dans la vie de Fabien et que Thomas était probablement le " troisième " à cause duquel j'avais repris mon indépendance. Thomas s'en excusa tout en me jurant que lui n'était au courant de rien. Il était très jeune à l'époque et avait été impressionné par les discours convaincants de Fabien.
Je tentais de comprendre comment il avait pu accepter de revenir vers Fabien après qu'il soit parti pendant deux ans et surtout comment il avait pu accepter de lui servir de lope.
La réponse cingla comme un coup de fouet : " Sûrement pour les mêmes raisons que toi. "
Je l'avais bien cherché. Je restais interdit, incapable d'embrayer sur autre chose. C'est Thomas qui débloqua la situation :
" Pardon, mais je suis pas super fier. J'aime bien... Quand... Comme hier soir quoi. Mais, j'ai pas envie de ça tout le temps.
- Moi non plus. Mais c'est vrai qu'il est "convaincant" quand il veut."
Il eut un petit rire.
" Mais toi... ? T'aimes ça ? "
Me concentrant tout à coup sur la répartition des noix de pécans dans mon Mc Fleury, je cherchais un moyen de m'en sortir.
" Parfois oui. Mais, c'est pas ce que je cherche. Là j'ai personne, alors... Je m'amuse.
- Tu cherches quoi ? "
La conversation commença à me rappeler ces fausses discussions sur les réseaux sociaux " Tu cherches quoi ? T'aimes quoi ? etc. " pour lesquelles les deux seules réponses valables sont ou bien " me faire enculer " ou bien " enculer " mais rarement les deux en même temps.
Je posai ma glace, pris une grande respiration et, plongeant mes yeux droits dans les siens, je répondis :
" l'Amour, avec un grand A. Le mec qui finira ses jours avec moi, si ça existe."
Il sourit : " Je te souhaite de trouver. "
Douche froide. Pas ce que je voulais entendre.
Je lui pris la main : " J'ai peut-être une piste..."
Il rougit. Je vis nettement ses avant-bras se couvrir de chair de poule.
" Quelqu'un de gentil, doux, avec qui ça irait physiquement et qui pourrait être fidèle, ajoutai-je. ".
Je soulevai sa main jusqu'à ma bouche et y déposai un baiser. En la reposant sur son genou, je vis nettement que son sexe approuvait le programme. Je lui souris alors doucement en effleurant doucement son entrejambe.
" Tu as envie ?
- Je crois bien que oui, me répondit-il tout timidement.
- Je ne veux que tu te sentes forcé, j'ai vraiment envie mais je ne veux pas... Non, en fait je veux que toi tu ais encore plus envie que moi. Que ça te fasse plaisir. VRAIMENT plaisir.
- Tu veux que je mette un collier ? Que je me mette à quatre pattes ? Tu veux que je te lèche les pieds ? Tu veux que je sois ta lope ? "
Comme je restais complètement stupéfait de ses questions, il prit peur.
"Je ne verrai plus Fabien si c'est ce que tu veux. Je peux mettre un plug toute la journée et même tu pourras pisser dans ma bouche quand tu veux ou me filer à tes potes ! "
De toute évidence il s'était mépris sur mon étonnement et tentait de surenchérir sur le mode SM. Je pris alors sa main et posai mon index sur sa bouche en lui souriant.
" Et si tu m'appelais juste Yves ? Et si tu m'embrassais tout simplement ? Et si on faisait l'amour en égaux, en partenaires, en amants ? Et si on gardait ces jeux pour... d'autres moments que ce soient des exceptions et non la règle ? "
J'ai alors ôté mon doigt de ses lèvres pour y apposer les miennes. D'abord, timide il accepta assez vite les caresses de nos langues. Je l'attirai à moi, le fis s'asseoir sur mes cuisses. De mes mains, je lui fis monter le bassin jusqu'à ce la ceinture de son survêtement soit à la hauteur de mon front. Il semblait un peu désemparé et ne savait pas exactement quoi faire. Alors, je fis glisser son pantalon pour découvrir qu'il portait mon jock-strap de la veille. Il eut l'air tout à coup gêné et, pour lever tout doute, je me mis à embrasser sa queue qui était devenue dure comme le rock.
Ces simples baisers le firent gémir bruyamment, il semblait surpris et tenta de reculer.
Je ne lui en laissai pas le loisir.
Mes mains occupées à retenir son bassin qui tentait de fuir, je mordis la ceinture de mon jock et, à force de contorsions, je dégageai son sexe.
Son odeur était délicieuse.
Blanc, droit, raide, surmonté d'un gland brillant je ne pris qu'un instant pour l'avaler tout entier.
Il gémit à nouveau.
Tout au fond de ma gorge, son gland occupait tout l'espace. Mon nez collé à son pubis, mon menton effleurant ses couilles, je restai un long moment comme ça, sans bouger.
Quand je sentis que je risquais de faire un bruit peu sexy, je libérai son membre qui resta fier et luisant face à mon visage.
Il entrouvrit la bouche sembla vouloir me parler, mais je lui refusai ce luxe en le reprenant en bouche.
Je me mis à le masser de ma langue, dessus, dessous, longuement.
Il se mit à haleter de plus en plus fort.
Pas de répit.
Mes mains glissèrent sur ses côtes jusqu'à poitrine dont les muscles tendus formaient un sillon sur le sternum.
Ses tétons pointaient, durs et pointus.
De la pulpe de mes pouces je les lui massai provoquant une contraction plus intense encore de ses abdominaux.
Cela le fit se pencher légèrement ce qui faillit faire quitter ma bouche à sa queue mais sans pitié, je poursuivis la petite (enfin, pas si petite) fugueuse pour la conserver entre me lèvres.
La fontaine, non, le geyser de sperme qu'il largua dans ma gorge s'accompagna d'un cri puissant : surprise et plaisir mêlés.
Après m'être assuré en deux ou trois secondes, qu'il n'y avait plus de sperme à collecter, je relâchai mon emprise, relevai le jock, remontai son survêtement et le fis s'assoir à nouveau contre moi.
" Voilà... Voilà ce que je voudrais. Te donner du plaisir sans que tu te sentes l'obligation de me le rendre, sans que tu imagines devoir te rabaisser pour que je prenne soin de toi. Voilà... Je voudrais juste... prendre soin de toi. "
Il me dévisagea comme si je lui avais... je ne sais pas... raconté un conte de fée ou une histoire extraordinaire. Il réfléchit un instant.
" Tu es le premier à me dire ça. C'est pas que j'ai connu des tas de mecs, mais... ceux qui j'ai eu ont toujours voulu ça... comme Fabien je veux dire. Je pensais que c'était comme ça "en vrai", pas comme dans les histoires d'amour hétéros où... ben c'est tendre. Je croyais que j'étais pas normal de vouloir de la tendresse... "
Une larme perla au coin de son oeil. J'étais triste mais aussi heureux de lui avoir fait prendre conscience qu'on peut être un mec et aussi donner et recevoir de la tendresse. Il se pelotonna alors contre moi et durant un quart d'heure, même plus peut-être, ne dit pas un mot.
De temps en temps je lui caressai le bras ou la cuisse, ou déposai un baiser sur sa nuque.
Il s'endormit ainsi contre moi.
C'était étrange et révélateur je crois.
Il était bien, en confiance et probablement épuisé par notre soirée et sa matinée de sport.
La vérité est que nous nous sommes réveillés en même temps, une heure ou deux après.
Le visage tout endormit, il me sourit et m'embrassa.
Il ne fallut pas longtemps pour que nous nous retrouvions nus sur mon lit.
Il présenta ses fesses et les écarta en me demandant de le prendre, de lui donner du plaisir -car, me dit-il, il éprouvait vraiment du plaisir à sentir un sexe s'enfoncer en lui- et tout naturellement nous échangeâmes nos semences en un soixante-neuf où nous nous fîmes jouir exactement en temps.
Vers vingt heures, il rentra chez lui.
C'était il y a cinq ans.
Samedi, on se marie.
Yopi
yop_ex@outlook.fr
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