1 | Nikolas Lazlo dit Nikko
Je vous situe le début de l'histoire dans le temps - Quelques mois après mes 18 ans / Il y a de cela plus d'une quinzaine d'années en arrière, quelque part en France.
Je me prénomme Nikolas Lazlo. C’est ce qu’indiquent les registres de l’état civil. Mes parents me surnommaient parfois Nikko.
J’ai été un petit garçon modèle. Celui dont les parents sont fiers parce qu'il étudie bien, parce qu'il parle des langues étrangères, parce qu'il excelle en sport, parce qu'il est élégant au temple.
Je viens d’une famille protestante pure souche, très pratiquante. Mes parents n'ont jamais été ni très "fun", ni très ouverts aux changements quels qu'ils soient. Je peux dire que nous menions une vie des plus austères. Je m'étais promis de ne pas jamais reproduire mon schéma familial. Les attentions étaient rares, même de la part de ma mère.
J’avais l’habitude d’aller au temple protestant. De toutes les façons, je vais te dire, je n'avais pas vraiment le choix étant donné qu'il était hors de question que je puisse me soustraire d'une quelconque façon aux obligations religieuses de mes parents.
J’ai toujours été premier de la classe. Je ne faisais jamais de vagues. Et de toutes les façons, la réussite et l'excellence n'étaient pas des options dans la tête de mon père. Il me fallait réussir tout et tout le temps et si c'était mieux que mes camarades, mon père était des plus joyeux.
Je n’invitais jamais aucune de mes amies ni aucun de mes amis chez moi. Tu m'étonnes que je n'avais pas envie que des camarades mettent les pieds chez moi!
Mes parents m'aimaient à leur façon certainement, mais leur façon de m'aimer ne me convenait pas. Ils ont toujours été persuadés qu'ils se montraient aimants envers moi. Moi, je voyais la différence quand j'étais invité chez mes camarades. Je me suis donc vite aperçu que pour rester l’être choyé et aimé par mes parents et les autres, je me devais d’être conforme à la personne que les autres souhaitaient voir en moi, c'est à dire quelqu'un de polissé, lisse, et linéaire sans aucune aspérité. Autant dire quelqu’un que je n’étais pas ou plutôt plus quand je suis devenu adolescent. A bien y penser, je n'ai jamais été un être linéaire du tout, même petit.
Je commençais à me perdre à force de faire de mon mieux pour contenter tout le monde. J’étais de plus en plus malheureux.
En plus de toutes les obligations auxquelles je devais faire face chaque jour, mes hormones ont commencé à me travailler de plus en plus intensément.
Pour avoir la paix de la part de mes parents qui commençaient à s’inquiéter de ne jamais m’entendre parler de filles, j’ai commencé à collectionner les filles comme des bibelots. Juste pour faire comme si j’étais dans le moule hétérosexuel de mes géniteurs. Je ne prenais pas les filles les plus populaires. Je prenais celles qui avaient de la conversation et qui bossaient leurs cours. Avec les filles, ça n’allait jamais bien loin. Des bisous et on en restait là. Ce n’était juste pas mon trip à moi. Moi, mes hormones faisaient pencher la balance vers les corps musclés des garçons qui gravitaient autour de moi, à la piscine, au tennis, au volley-ball, dans les vestiaires, dans la rue. Mais je m'étais toujours interdit tout écart de ce genre et j'évitais de laisser divaguer mon regard, surtout quand mes parents étaient dans le coin. Il était clair que dans mon esprit et dans mon corps, le sexe se conjuguait au masculin et non au féminin.
J’étais le centre des attentions au collège comme au lycée. Je faisais partie du groupe des élèves en vue au lycée, ceux avec lesquels il fallait être vu et ceux avec lesquels il fallait être en bons termes.
Et puis du jour au lendemain, en terminale, un peu avant mes 18 ans, je n’ai plus réussi à composer, je n’ai plus réussi à faire semblant.
J’ai pris mes distances avec ma copine du moment. J’ai commencé à ne plus fréquenter mon groupe de m’as-tu-vu. J’ai commencé à ne plus aller au temple. J’ai commencé à m’isoler. Je ne pratiquais plus de sport au lycée. Je me suis mis à fumer, à fumer beaucoup même. Je ne fréquentais plus les cafés après les cours. Je n’allais plus aux soirées spéciales de mes amis blindés d’argent.
Par contre, je faisais tout pour passer sous les radars. Je prétextais des devoirs à rendre, des exposés à faire, des examens à préparer. Tout le monde m'a cru quand je prétextais être débordé de travail scolaire. Quel excellent acteur j'aurais pu être à jouer des rôles de composition! Mes parents ont même trouvé mon implication parfaite à leurs yeux.
J'avais enfin décidé de me débarrasser du carcan dans lequel on m’avait enfermé de mon plein gré.
Je n'allais même plus au temple, et cela avec la bénédiction de mon père.
S'il avait su ce à quoi j'occupais mon temps libre et mes soirées et nuits passées hors du domicile familial!
Enfin, j'allais également pouvoir commencer à m'épanouir dans ma vie amoureuse, une vie conforme à mes orientations sexuelles. J’aimais trop regarder les garçons.
Moi, en fait, ce qui m’émoustillait, c’étaient les formes masculines. Cela me faisait vibrer lorsque sur mon chemin se trouvait un garçon de mon âge qui était à mon goût. Mes hormones étaient de plus en plus en alerte. Tous les matins, je me réveillais avec une barre de fer dans mon caleçon. j'étais solo pour assouvir toutes mes envies à ce sujet.
Mais, je n’avais concrètement encore jamais embrassé aucun garçon. J’en rêvais, de ce contact masculin. Même si les bien pensants autour de moi considéraient les émois entre personnes de même sexe comme hors norme.
Mon lycée privé organisait tous les ans en coordination avec le lycée public voisin une journée sportive suivie d’une soirée pour les lycéens seulement. Seulement pour les terminales. Cette année en tant que bon élément sportif il m’avait été demandé de jouer au volley-ball avec mon équipe même si j’avais pris mes distances avec mon équipe. Nous devions jouer contre l’équipe du lycée public.
Absorbé que j’étais à marquer des points, je n’ai même pas remarqué mon homologue capitaine de l'équipe adverse. Grand, cheveux châtain clair avec une mèche plus longue et des yeux noisette.
A la fin du match de volley-ball, nous nous sommes tous salués. Mon équipe avait gagné sur le fil, yes!
Le capitaine de l'équipe adverse est venu me saluer et me féliciter pour ce petit point gagné dans la dernière seconde.
Nos regards se sont croisés. Nous nous toisions. Nous soutenions le regard de l’autre. Sensations étranges que celles qui ont parcouru mon corps et mon cerveau pendant ces secondes intenses. Je crois que c’était réciproque.
J’étais tombé sur un mec à mon goût, enfin. Mais trop beau pour être vrai. Il ne peut pas être homosexuel. Non, laisse tomber l’affaire, Nikko.
Grand, cheveux châtain clair avec une mèche plus longue et des yeux noisette. C'est là que je me suis rendu compte que le physique de ce mec me plaisait.
Comme j'étais un peu anesthésié par mes sentiments diffus, je me suis contenté de lui serrer la main et de lui faire une accolade sportive. Rien de plus.
C'est après coup, que je me suis dit que j'avais été trop con de laisser passer ma chance avec lui, infime soit-elle.
Je crois que je suis amoureux. In love !
Le destin remettra-t-il ce joli garçon sur mon chemin?
Sasha Minton
sasha.minton2019@gmail.com
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