Premier épisode
2 | La fraternité
Le campus de Chicago ayant été rénové dans les années quatre-vingt, sa surface s’était considérablement étendue, et l’institution possédait désormais des parcelles de terrain dont on ignorait jusqu’à l’existence. Aussi les intendants trouvèrent-ils rapidement un hébergement lorsqu’on demanda au conseil d’administration la possibilité de faire de l’équipe de football une fraternité – « ce qui renforcera le collectif et poussera les joueurs à se dépenser pour le prestige de leur université », affirma le coach Clarence auprès de ses supérieurs. Or, selon les arrêtés de l’état d’Illinois, ce type d’association étudiante pouvait demander à vivre sous le même toit, et le cadastre des facultés devait s’arranger pour satisfaire leur requête.
Quelque part dans les rouages de la titanesque machinerie bureaucratique, un gratte-papier aux intentions douteuses, probablement à deux minutes de sa pause repas, songea soudain au grand manoir situé sur Halliwell Street. Ce vestige de l’histoire appartenait autrefois à un vieil aristocrate anglais, apparemment arrivé dans le pays afin de vivre son rêve américain en vendant des actions et des titres de propriétés. Le krach boursier de 1929 ruina ses enfants qui, par dépit, ne trouvèrent pas d’autre solution que de céder le bien de leur aïeul à la ville. Lorsque les gratte-ciels prirent leur envol vers les cieux, et que la City bouillonnante commença à jongler avec les chiffres, on oublia assez vite cette demeure qui, de son côté, n’avait rien de très moderne.
Pas d’hommes en costume trois pièces, ni d’écrans capables de vous donner l’heure dans différents pays qu’on ne saurait même pas situer sur une carte. Seulement de la vieille pierre moussue, du bois vermoulu dévoré par les termites, des vitraux si sales qu’on ne voyait plus au travers depuis des décennies et, surtout, une surface constructible importante qui faisait baver d’envie les promoteurs immobiliers au moment où l’université mit la main sur le manoir. S’ils avaient été plus prompt à réagir, peut-être auraient-ils pu tirer profit de ce lieu qui, pendant plusieurs années, resta inexploité et sans intérêt aux yeux du conseil d’administration, jusqu’à ce que la réclamation du coach Clarence n’arrive sur leur bureau. Les hyènes virent donc s’éloigner à regret un morceau aussi juteux, sur lequel elles auraient pu bâtir des dizaines d’appartements ; au lieu de cela, on y installerait bientôt une bande de grands gosses bourrés de testostérones, qui réfléchissaient davantage avec leur pénis qu’avec leur cerveau.
« Soit, ils doivent apprendre à travailler en équipe, marmonna l’un des doyens tandis que les discussions s’éternisaient quant à la sécurité de l’endroit. Eh bien ils pourront vivre dans ce manoir s’ils le rénovent. Nous leur attribueront un budget, et ils devront nous prouver qu’ils sont doués pour autre chose que courir après un ballon. Ces jeunes vont découvrir le sens du mot débrouillard, un point c’est tout. »
L’entraîneur avait hoché la tête, accepté le cadeau empoisonné sans broncher et l’avait déposé entre les mains de ses petits protégés, dont les mines dépitées laissaient présager l’état du bâtiment. Ils ne surent pas par où commencer quand l’heure fut à la protestation : fallait-il d’abord se plaindre du plancher à-demi rongé ? Des balcons impraticables, sous peine de finir deux étages plus bas, voire dans la cave ? Que dire des rats et autres nuisibles du type cafards, termites, mites, moustiques, araignées, etc. ? Les fenêtres qui ressemblaient à des canettes de bières trop longtemps immergées dans le lac Michigan retrouveraient-elles un jour leur couleur d’origine ?
L’odeur rappela à Grant et Liam Purcell celle de leur grand-père, oublié dans sa maison pendant plus de six mois après sa mort. L’herbe montait si haut qu’ils durent faire une battue pour retrouver le pauvre Trystam, parti en explorateur avec un bâton afin de tâter le terrain ; ils le retrouvèrent les quatre fers en l’air et le sortirent péniblement d’un immense trou carré dans lequel il était tombé. A en juger par les moisissures, il y avait probablement eu une piscine à une époque, en lieu et place de ce gouffre puant. Les ronces hérissaient leurs épines et écorchaient les gaillards, s’accrochant dans leur vêtement, quand ce n’était pas directement leur peau qu’elles écorchaient. Les orties avaient totalement envahi les premiers mètres de la propriété, et le perron était pratiquement inaccessible, sauf à porter des bottes assez hautes pour empêcher les vipères de s’y glisser. L’espace d’un instant, plus d’un footballeur pensa que la maison ne tenait plus que par le truchement du lierre, qui avait resserré son emprise autour des piliers fondateurs à tel point que la construction semblait en grande partie végétale.
Une équipe de football comprend jusqu’à cinquante-et-un joueurs de ce côté de l’Atlantique ; le manoir pouvait aisément abriter une trentaine de personnes, pour peu que l’on fasse tenir deux garçons par chambre. Le groupe sélectionné par l’entraîneur ne comptait pas plus d’une vingtaines de jeunes hommes, triés sur le volet pour être la crème de la crème, selon l’expression qu’il aimait prononcer en français – même s’il avalait la moitié des syllabes et que les mots trébuchaient sur sa langue.
Beaucoup pensèrent que l’administration se moquait d’eux à l’instant où ils virent la ruine qu’on leur confiait ; les fraternités n’étaient pas en odeur de sainteté sur le campus, et les dirigeants avaient systématiquement empêché la création de tous les groupes étudiants depuis la rénovation entamée dix ans plus tôt. Seuls les Epsilon, une fraternité antérieure, avait survécu à la rénovation grâce au soutien d’un donateur privé – un papounet attentionné, persuadé que l’argent fait le bonheur des enfants. La demeure qu’ils occupaient, aux abords de la Maison des Arts nouvellement construite, était le repère de Satan en personne : un lieu de débauche, de luxure, de beuverie quotidienne, où traînaient drogues douces et dures, stéroïdes et autres trafics en tous genres. Rien de surprenant à ce que l’on cherche à tester la motivation des sportifs, et la plupart s’apprêtaient déjà à jeter l’éponge quand Trystam les interpella.
– Attendez, s’exclama-t-il en les voyant tourner les talons, vous ne pouvez pas vous en aller. C’est ce qu’ils veulent, qu’on abandonne ! Parce que si on renonce devant ça, alors on jettera l’éponge dès qu’on rencontrera la plus petite difficulté sur le terrain. Ils ne veulent pas nous décourager, sinon ils ne nous auraient pas donné le moindre centime. Ils financent les réparations, il faut juste qu’on se bouge pour leur montrer qu’on en vaut la peine, qu’on n’est pas une bande de flemmards qui attendent que la balle tombe dans leur camp. Mes parents nous ont toujours éduqués de cette manière, avec mes frères : si tu veux quelque chose, alors bats-toi pour l’avoir, parce qu’on ne te donnera jamais rien gratuitement. On est ici pour jouer au foot ensemble, pour être une équipe ! Et le prix, c’est cette maison ! En apparence, elle ressemble à une ruine. En apparence, on ressemble à une bande de jeunes qui ne pensent qu’à faire la fête. Montrons au conseil d’administration qu’il a doublement tort, et qu’il ne faut pas se fier aux apparences ! Si on n’essaie pas, alors on ne mérite pas notre place… et notre talent ne vaut rien, peu importe ce qu’on en pense, parce qu’on n’aura pas eu la force de le défendre quand il a été mis en doute par une bande de bureaucrates. Ils nous offrent une bouse, sortons-en un diamant pour parader sous leur nez, et on verra s’ils ne nous respectent pas !
Le visage de Trystam vira au rouge et s’harmonisa avec ses cheveux flamboyants. Pour lui qui n’avait pas l’habitude de s’exposer ainsi, se retrouver au centre de l’attention était le comble de la gêne, d’autant plus après une harangue pareille. La main de Liam se posa sur son épaule pour l’éteindre, et cela le rassura de savoir le grand gaillard derrière ; il se sentait moins seul avec les jumeaux pour le soutenir. A l’instant où son regard s’était posé sur le manoir, une vision s’était emparée de son esprit ; le terrain, la bâtisse, tout cela pourrait devenir magnifique – un havre réservé aux sportifs, afin qu’ils forment une véritable famille, dans le plus pur esprit fraternel, loin de l’image donnée par la fraternité Epsilon. Après s’être découvert un talent avec le ballon ovale, le jeune Wells trouvait en lui une force de caractère qu’il ne croyait pas posséder. Il défendait ce projet qui, en quelques minutes, s’était enraciné profondément dans son cœur, probablement pour des raisons trop personnelles – réaliser un ouvrage par lui-même, et prouver à ses parents qu’il était capable de s’investir dans son équipe jusqu’à ce qu’elle devienne sa deuxième famille, sans rivalité quelconque avec un Travis trop présent.
Le premier à faire demi-tour fut Jonas Clarence, le fils du coach. Trystam et lui plaisantaient souvent dans les vestiaires, échangeaient parfois quelques coups d’œil taquins sous les douches, et même si les Purcell restaient le fantasme absolu dans l’esprit du rouquin, il ne niait pas que son coéquipier possédait un certain charme. Tout comme Trystam, il n’en imposait pas par son physique, à l’inverse de Grant ou Liam ; il était aussi svelte que son père, mais possédait quand même une certaine musculature due à l’entraînement drastique qu’il suivait depuis sa naissance, afin de correspondre à l’idéal sportif paternel. Forgé dans cet esprit, il se comportait en bon petit soldat filial, rapide, obéissant, avec toutefois quelques limites, notamment lorsqu’on attendait de lui qu’il rénove de fond en comble une ruine datant de l’âge de pierre, et ayant appartenu à des british huppés près d’un siècle auparavant. Il assuma son choix et, lorsque les paroles de son camarade l’atteignirent, il tourna les talons et affronta le regard de Bartholomé Clarence, conscient d’être une fois de plus une déception pour lui. Seulement, pour une fois, il se fichait bien de son jugement ; il s’approcha de Trystam et planta ses iris d’un bleu saisissant – plus encore que celles de Grant – dans le regard ponctué de vert de l’ailier droit. Il hocha la tête, manière de lui signaler qu’il l’aiderait, parce que lui aussi désirait ardemment bâtir une famille qui ne soit ni abusive, ni possessive, ni ignorante du talent de ses enfants.
Les footballeurs retournèrent les uns après les autres en direction de rouquin pour lui témoigner leur soutien. Donner un défi à relever est souvent le meilleur moyen de souder les troupes, et Trystam venait involontairement d’unir son équipe contre le conseil d’administration : chacun voulait désormais prouver sa valeur avec ardeur, et ils mirent la main à la pâte – ou plutôt au pinceau – quand arriva le premier week-end d’octobre. Dès lors, ce fut un rituel orchestré comme une symphonie magistrale : la vingtaine de garçons s’entrainait la semaine et se réunissait les samedis et les dimanches afin de défricher, clouer, arracher, remplacer, réparer, consolider, sécuriser, peindre et accomplir les milliers de tâches que demandait un chantier aussi monumental. Ceux qui possédaient des relations les firent jouer, de manière à obtenir le concours de professionnels à moindre coût. Les apprentis architectes de la Maison des Arts se joignirent également au mouvement, entrainant avec eux les paysagistes en herbe, davantage pour énerver leurs bruyants voisins Epsilon que pour véritablement aider les footballeurs. Si l’ancienne fraternité voyait l’émergence d’une nouvelle comme une menace pour sa suprématie, tous ceux qui tenaient en horreur cette secte immature et immorale se firent une joie d’apporter leur pierre à l’édifice – par défi, cela va sans dire. La rénovation du grand manoir devint alors non seulement un moyen de fonder un véritable foyer étudiant pour l’équipe, mais également un moyen de résistance pour ceux qui haïssaient les bizutages barbares imposés par les Epsilon ; les humiliés arrivèrent par dizaines et suivirent sans broncher les ordres des amis contremaîtres du coach Clarence.
Les grandes bâches opaques recouvrirent en un rien de temps l’immense demeure. L’odeur de chaux et de peinture se propagea dans les innombrables couloirs des deux étages, pendant que, dehors, l’automne cédait lentement la place à l’air frais et vivifiant de l’hiver. Les premières gelées furent précoces : elles cristallisèrent la verdure envahissante du jardin et, assez vite, on le désherba et l’on retourna la terre argileuse, de sorte qu’au printemps, de nouvelles pousses pourraient y incruster leurs racines et donner naissance à une véritable Eden – les étudiants en botanique y veilleraient.
A la même période, Trystam et Liam arrachèrent une vieille souche pourrie et, de ce fait, ils révélèrent involontairement une étrange dalle qui, si elle avait été blanche autrefois, ne ressemblait plus qu’à un tas de mousse humide et brunâtre. Il fallut les muscles des deux frères, ainsi que le concours du rouquin et de Jonas pour réussir à extraire l’étrange caillou du sol fangeux dans lequel il s’était enfoncé année après année. Les garçons le nettoyèrent et, à l’aide d’une forte dose d’huile de coude, ils parvinrent à lui redonner un semblant d’éclat. L’objet avait dû servir de borne indicatrice dans sa jeunesse et, si l’on se fiait à l’endroit où on l’avait dénichée, elle jouxtait les grandes grilles en fer forgée qui marquait l’entrée de la propriété – grilles que l’on avait démontées une semaine plus tôt pour les confier à un restaurateur tout aussi aguerri qu’il était hors de prix. Les dorures incrustées dans le marbre s’étaient effacées avec le temps, et les gravures restèrent partiellement indéchiffrables tant que la dalle n’était pas convenablement rénovée.
Ce jour-là, les quatre amis décidèrent de passer la nuit dans le manoir, non seulement pour l’imprégner de leur présence, mais surtout parce qu’il n’y avait rien de mieux qu’une vieille bicoque grinçante pour se faire des frayeurs la veille de la Toussaint. N’ayant pas pu décorer la maison pour Halloween, ils voulurent au moins y passer une soirée mémorable. Jonas et Trystam installèrent donc leurs sacs de couchage dans deux pièces à peu près habitables ; le rouquin insista pour dormir à côté de son coéquipier et laisser aux jumeaux Purcell la cuisine. Il prétexta une odeur de dissolvant qui les gênerait, et mit sa requête sur le compte de la mauvaise blague faite aux frères. Si le fils du coach Clarence en fut flatté, il n’en dit cependant rien et se contenta de jeter un regard avide sur le postérieur rebondi de son compagnon de chambrée, à l’instant où celui-ci eut le dos tourné.
Pendant ce temps, Grant et Liam s’arrangèrent pour installer un poste de télévision portatif dans ce qui devait devenir le salon. Relié à un générateur auxiliaire, le gros cube lumineux ressemblait étrangement à un insecte sorti tout droit d’un laboratoire expérimental. Pour ne pas gâcher l’ambiance macabre qui régnait, entre le vent qui hurlait dans le grenier troué, les poutres qui poussaient des gémissements à réveiller les morts et les rats qui émettaient d’étranges « squirk » depuis la cave, les frères avaient ramené un stock des meilleurs films d’horreur loués au vidéo-store le plus proche. Les quatre garçons passèrent donc leur soirée à trembler devant des effets spéciaux peu convainquant, de l’hémoglobine artificielle et des monstres en caoutchouc. Le point culminant de la soirée fut le visionnage d’un film sorti l’an passé, adapté d’un roman de Stephen King, mettant en scène un clown – la terreur secrète de Jonas, probablement. Il se recroquevilla dans le vieux canapé dépoussiéré pour l’occasion. Durant un moment de suspens particulièrement intense, un coup de vent s’infiltra dans les couloirs déserts et fit claquer une porte ; le pauvre joueur sursauta et s’accrocha au bras de son voisin. Trystam tressaillit à son tour en sentant les doigts se refermer autour de son poignet, puis il se détendit en croisant les prunelles bleues dans lesquelles brillait un soupçon de véritable terreur.
– Tu n’as quand même pas peur de ce truc, ricana Grant en voyant la réaction de son camarade. C’est juste du maquillage, tu sais.
– Même, ça reste un clown, marmonna Jonas. Mon père ne veut pas que je regarde des films de ce genre, il dit que ça me fait faire des cauchemars, ajouta-t-il en espérant que le rouge de ses joues passerait inaperçu dans l’obscurité.
Liam fut le seul à esquisser une moue moqueuse quand Trystam passa un bras autour des épaules de son voisin pour l’attirer contre lui et le réconforter. Le rouquin ne semblait pas avoir froid aux yeux, et il observait chaque scène avec un intérêt particulier pour l’histoire, tout en parvenant à contenir les frissons qui parcouraient sa peau – à la différence de Grant, qui s’amusait à déconstruire le film pour dissimuler ses propres angoisses. Aussi Liam supposa-t-il que Jonas éprouvait la même fascination que lui, et qu’au détour d’une opportunité, il venait de gagner le droit de se serrer contre le jeune Wells, sans pour autant laisser transparaître ses véritables intentions. A partir de cet instant, l’ailier gauche se retrouva pris dans une vague de sentiments contradictoires, partagé entre une indifférence feinte pour le rouquin innocent – car il le savait gay et puceau, rien qu’à voir ses réactions dans les vestiaires quand les autres se déshabillaient – et une possible rivalité qui émergeait vis-à-vis du fiston de l’entraîneur.
La soirée prit fin sur une note encore plus comique lorsqu’une bande de fanfarons d’Epsilon voulurent s’introduire dans le manoir en travaux. Ils détalèrent comme des lapins quand ils aperçurent l’imposante silhouette des frères Purcell, découpée en ombre sur un mur et accompagnée par des cris d’animaux lancés depuis la cave par leurs deux complices. Leurs hurlements de terreur firent rire les garçons jusqu’à l’heure du coucher. Liam abandonna Trystam dans la même pièce que Jonas avec une pointe de suspicion, mais il savait que le rouquin avait insisté pour dormir avec le frère de l’entraîneur, aussi l’ailier gauche pensa-t-il que son ami éprouvait une certaine attirance pour son camarade de chambrée provisoire. A aucun moment, il ne supposa que son secret puisse être éventé, et que l’excuse de Trystam les concernait davantage, lui et son jumeau – laissés en toute intimité afin qu’ils se permettent des frasques si l’envie leur en prenait. En fin de compte, il y en eut bien quelques-unes, plutôt discrètes, et principalement pour faire passer l’humeur morose du frère de Grant.
De leur côté, Jonas et son coéquipier ne traînèrent pas ; ils ôtèrent leurs vêtements, se glissèrent en caleçon dans leur sac de couchage et éteignirent la lumière d’appoint fournie par une lanterne électrique. Assez vite, les deux respirations s’apaisèrent et les footballeurs sombrèrent dans le sommeil. Trystam ne resta toutefois que peu de temps dans le domaine des rêves paisibles. Les siens s’emplirent d’abord de clowns tortionnaires d’enfants, de vers carnivores, de sangsues vampires et autres fantaisies horrifiantes, avant de changer d’inclinaison et d’inclure dans le scénario les jumeaux Purcell. Nus, bandés, ils ne couchaient plus ensemble, mais s’amusaient à baiser le corps du rouquin, avant d’aller plus loin, le suçant et le pénétrant avec vigueur, jusqu’à ce qu’il jouisse enfin de tout son saoul en se laissant remplir successivement par leurs chibres – depuis le temps qu’il attendait cela, il se sentit comblé l’espace d’un instant, avant qu’un grincement aigu ne le réveille en sursaut.
Les poutres du manoir venaient d’encaisser un coup de vent, mais ce fut sa propre poutre, tendue entre ses cuisses, qui nécessita en premier lieu l’attention de Trystam. Il écarta les pans de son sac de couchage, et en dépit du froid qui hérissa jusqu’au plus petit poil de son corps, rien ne semblait en mesure d’apaiser le pieu raide, si ce n’était sa main. Il saisit donc la tige de chair, et bien qu’il ne puisse pas la voir, il la sentit qui pulsait entre ses doigts. Il la savait moins longue que celles des Purcell – les seules autres queues en érection qu’il ait jamais vu de toute sa vie, si l’on exclut celle de Travis, le jour où il l’avait surpris en train d’enculer un mec dans sa chambre. Son organe ressemblait à celui de son frère, mais ses couilles se vidaient moins souvent que celles de son cadet, et toujours en solitaire, comme ce soir-là, dans la grande demeure en travaux. Il parcourut à l’aveugle la longueur de sa colonne rigide, apprécia sa chaleur, et même si elle ne concurrençaient pas les jumeaux, il était fier de son épaisseur comme de sa pointe arrondie, légèrement plus épaisse que le reste de l’instrument et un peu plus foncée. Ce n’était pas la bite du siècle, le rouquin en convenait volontiers, mais elle possédait des mensurations honorables et il était persuadé que le jour où il apprendrait à s’en servir convenablement, il procurerait énormément de plaisir à l’élu de son cœur – si ce n’est à celui de son cul.
Trystam joua un moment avec ses tétons roses ; il les titilla, les laissa pointer à son contact et en pinça l’extrémité afin de stimuler cette zone particulièrement érogène. Son torse plat se soulevait ; sa respiration gonflait ses pectoraux, en voie de développement depuis qu’il faisait partie de l’équipe ; ses abdominaux naissants se rigidifiaient dès qu’une décharge partait de son chibre en érection pour se répandre dans le reste de son corps. L’élastique de son caleçon l’incommodait, mais il ne voulait pas prendre le risque de faire des mouvements trop brusques, par peur de signaler à son compagnon de chambrée son activité nocturne. Le nom de Liam ou celui de Grant lui échappa à plusieurs reprises, et pour la première fois, il eut l’impression qu’une étrange humidité envahissait son entrecuisse pendant qu’il s’imaginait en train de se faire pénétrer par l’un des jumeaux.
Les va-et-vient s’intensifièrent et se firent plus vigoureux à mesure que les fantasmes déferlaient dans l’esprit de Trystam. Il se repassait en boucle son rêve, associant les images qu’il avait vues et celles que son esprit lubrique avait conçues de toute pièce. Les Purcell stimulaient son corps, et dans ce moment de folie où les hormones le submergeaient, il aurait pu se rendre dans la pièce voisine pour faire aux jumeaux des choses dont il aurait eu honte le lendemain matin.
Mais tout cela ne se passait que dans sa petite tête rousse, et sa frimousse se crispait au rythme de sa branlette. Il faisait de son mieux pour ne pas laisser échapper de soupir trop insistant, histoire de ne pas malencontreusement réveiller Jonas. Le souffle chaud qui passait par ses lèvres entrouvertes se fit tout de même plus rauque alors que le plaisir le traversait de part en part. Son gland enflait à chaque nouveau coup de poignet ; ce bourgeon appréciait la paume chaude qui étalait le pré-sperme, et alors que Trystam attrapait ses testicules de sa main libre, la porte s’ouvrit, laissant passer un rayon de lumière éblouissant. Le cri qu’il poussa témoigna non seulement de sa surprise, mais aussi de son orgasme ; sa queue se durcit davantage, il souleva le bassin malgré lui et expulsa deux ou trois giclées sur son torse nu, sous le regard médusé d’un Jonas encore vaguement endormi.
Le fils du coach s’était levé avant le réveil de son voisin pour se rendre dans le jardin et y soulager une envie pressante – la plomberie n’ayant pas encore été remise à neuf. Il avait pris avec lui la lanterne électrique afin de ne pas rencontrer trop d’obstacles sur sa route, et il ne s’en trouva que plus ébahi de découvrir Trystam, le chibre à la main et le buste maculé de sperme. Le rouquin bafouilla quelque excuse, mais Jonas n’en entendit pas la moitié tellement les syllabes étaient hachées par l’humiliation. Le brunet se contenta de passer à côté de son compagnon de chambrée, se rallongea sans un mot dans son sac et éteignit la lanterne, de sorte que Trystam ne vit pas son sourire satisfait. Le hasard venait d’offrir au jeune Clarence une vision dont il rêvait depuis un moment déjà, sans pouvoir tenter quoi que ce soit à cause de la surveillance abusive de son père.
Rouge de honte, Trystam resta un moment tétanisé, le sexe mou et dégoulinant entre ses cuisses, son corps exposé au froid ambiant. Il ne reprit ses esprits que lorsqu’un kleenex lui atterrit sur le visage, sans un mot de la part de son bienfaiteur. Il s’essuya en faisant le moins de bruit possible, et chercha à se rendormir, en vain. Son manque de sommeil gâcha même la blague que leur préparait les Purcell, et Jonas fut le seul à subir leur attaque à la mousse à raser – le regard zombifié du rouquin les ayant dissuadé de tenter quoi que ce soit sur lui. Son humeur maussade se prolongea jusqu’au réveil de son voisin, qui ne mentionna pourtant rien de ce à quoi il avait assisté au cours de la nuit. Ce fut comme si tout n’avait été qu’un rêve particulièrement plaisant, qui aurait tout à coup viré au cauchemar.
Dans la semaine qui suivit, rien ne changea. Les entraînements se déroulèrent sans que Jonas ne fasse la moindre allusion à l’activité nocturne de son camarade. Ce dernier ne conserva pas longtemps la théorie du mauvais rêve, trop illusoire, et en vint à la conclusion que surprendre un coéquipier en train de s’astiquer le manche n’avait rien d’exceptionnel pour le fils du coach. Si Trystam n’était pas totalement fixé quant à ses préférences, ils partageaient tout du moins le même sexe, et ils connaissaient par conséquent les activités inhérentes à la possession d’un service trois pièces, d’autant plus quand une poussée d’hormone le stimule plus que de raison – bien qu’au moment où il songea à cela, la véritable stimulation de Trystam se trouvait à quelques mètres de lui.
Il crut voir double (encore) quand les jumeaux se chamaillèrent dans les vestiaires, tous les deux en jockstrap. Leurs paquets, leurs muscles, leurs fesses, rien ou presque n’était dissimulé, tant et si bien que le jeune homme eut un départ d’érection sous les douches. A côté de lui, Jonas savonnait son corps svelte, et s’il nota le regard de son ami, il n’en dit rien, une fois de plus, bien conscient que son père rodait non loin pour surveiller les joueurs. Il ne tarda pas d’ailleurs à rappeler à l’ordre le quarterback et son frère, ce qui fit lever les yeux au ciel à son fils. Il grommela un « foutu tyran », se rinça en vitesse et partit en claquant la porte, non sans avoir entendu la remarque de son paternel ; il l’attendait après les cours à la salle d’entraînement, pour s’assurer que son gosse ne prenne pas trop de poids à force de bouffer « autre chose que des protéines ».
Trystam jeta un œil triste en direction de la porte qui se refermait avec violence. Il appréciait le coach pour sa ténacité et son professionnalisme durant les entraînements ; grâce à lui, son jeu s’améliorait et l’équipe se dirigeait lentement mais sûrement vers un premier match prometteur. Il n’en demeurait pas moins un parent lamentable, et si le rouquin reprochait aux siens de toujours trop choyer son cadet, il préférait le savoir aimé comme lui-même l’était, plutôt que de penser qu’on l’admonestait et le rabrouait constamment en public comme en privé, à l’instar de Bartholomé Clarence et de son fils. Aussi, lorsqu’il remarqua que son camarade avait oublié son portefeuille dans sa hâte de quitter les vestiaires, Trystam décida de sécher son cours de langue étrangère pour retrouver le jeune homme et lui rendre ses papiers.
Il le croisa sans surprise dans le complexe sportif, alors qu’il sortait de l’une des salles de musculation sous le regard courroucé de son père. Le coach reprit un visage avenant pour saluer amicalement son joueur, avant de lancer un dernier regard noir à son enfant et de tourner les talons.
– Il n’a pas l’air très content, fit remarquer Trystam avec une pointe d’innocence.
– C’est un connard, rétorqua Jonas d’une voix tremblante.
Il attendit tout de même d’être assis sur un banc, près du casier où il rangeait ses affaires, pour fondre en larmes. On l’avait poussé à bout une fois de trop, et il craquait à présent, incapable de se contenir davantage. Par chance, il trouva une épaule charitable sur laquelle vider son sac ; l’entraîneur avait exigé de lui qu’il fasse des séries d’exercices redoutables et, étant donné qu’il avait échoué à soulever des poids que même les Purcell auraient difficilement portés à eux deux, il était privé de sortie pendant une semaine. Il passerait donc ses soirées à se perfectionner pour devenir ce que son père n’avait jamais pu être : un garçon fort, capable de réussir n’importe quel exploit sportif, plutôt que de se briser la cheville à vingt ans, comme un pauvre fragile, et de voir sa carrière prometteuse s’envoler loin de lui.
– Il ne me laisse pas exister par moi-même, sanglota le jeune homme en reniflant maladroitement pour essayer de se reprendre. Il ne voit que ce qu’il a raté dans sa vie, et il me traite comme si j’étais son nouveau départ. Depuis que maman est morte, il ne pense qu’à me transformer en ce qu’il aurait dû être… Je ne suis pas un être humain à ses yeux, juste un morceau de pâte à modeler.
Trystam hocha la tête, compréhensif, et une fois qu’il se fut suffisamment repris, il proposa à Jonas de l’accompagner pour se relaxer un peu.
– J’avais prévu d’aller au sauna, pour détendre mes muscles. Il y en a un dans le complexe sportif, tu veux l’essayer avec moi ?
Pris au dépourvu, le rouquin accepta quand même, heureux de pouvoir réconforter son ami. Le malheureux en avait gros sur le cœur, et ils parlèrent de son père tout en se préparant. Ils se déshabillèrent pour s’envelopper la taille dans une serviette, et si le jeune Wells détourna le regard quand Jonas ôta son caleçon, ce dernier ne lui rendit pas la pareille. Le rouge monta aux joues de Trystam, ce qui lui valut une remarque pour le moins inattendue :
– Sois pas gêné, je t’ai déjà vu dans des positions bien moins pudiques après tout.
Jonas rigola et entra le premier dans le bain de vapeur, laissant derrière lui un coéquipier intrigué. L’histoire de la branlette nocturne remontait à plus d’une semaine, et étant donné que le brunet n’y avait pas fait allusion jusque-là, le jeune homme pensait que l’incident était derrière lui, comme si accord tacite poussait les deux joueurs à ne pas en parler. Et pourtant, l’allusion était claire comme de l’eau de roche. La douleur de l’humiliation revint étreindre le cœur du rouquin, et en dépit de la voix intérieur qui lui soufflait qu’il n’y avait rien de plus naturel que la masturbation, il se sentait toujours aussi honteux. Il entra à son tour dans le sauna, referma la porte derrière lui et s’assit assez loin de Jonas afin que la brume chaude masque ses joues écarlates.
La chaleur émanait du plancher, et les volutes humides se glissaient entre les interstices des lattes pour venir se poser sur les corps nus, seulement protégés pas une serviette éponge afin de satisfaire un besoin de pudeur. Les cheveux habituellement indisciplinés de Trystam s’alourdirent rapidement et s’aplatirent sur son crâne, comme si l’on venait de lui renverser un seau d’eau sur la figure. Les gouttelettes se formèrent par dizaines sur sa peau, et il fut bientôt impossible de dire s’il s’agissait de condensation naturelle ou de sueur.
Une odeur de jasmin se diffusait dans la pièce en vue d’améliorer le confort et la relaxation des hôtes. Jonas s’étendit sur son banc, les paupières closes et les bras derrières la nuque. Ses cheveux noirs partaient dans tous les sens, trempés, et pour la première fois depuis qu’il le connaissait, Trystam posa un regard neuf – pas sur son corps, qu’il avait déjà reluqué le plus discrètement possible sous les douches, mais plutôt sur son visage. La rougeur provoquée par la crise de larmes s’estompait, et son visage naturellement doux reprenait contenance. Loin de ressembler à la bouille ronde et joviale de Liam, la tête de Jonas inspirait une affection différente : il aurait pu paraître efféminé, avec sa ligne de sourcils fins, ses lèvres roses, son menton en pointe, ses traits de donzelle, s’il n’y avait pas eu le carré de sa mâchoire. Ce dernier aspect apportait une touche de virilité à son corps fin ; les jumeaux Purcell n’avaient pas besoin de cela pour affirmer leur statut de mâle dominant, mais Jonas, quant à lui, jouait sur l’ambiguïté de son apparence – tantôt minet délicat, petite fleur fragile qu’il faut protéger, et tantôt un homme révolté contre son père, sorti de l’adolescence et possédé par des velléités d’indépendance.
Il passa distraitement une main sur son torse athlétique – certes pas aussi imposant que celui de Liam (la comparaison s’établissait toujours dans l’esprit de Trystam, malgré lui), mais il possédait des atouts physiques dont il pouvait être fier, en dépit de toutes les remarques désobligeantes de son père. Ses tétons cuivrés pointaient ; il joua un instant avec, puis leva son bras et le ramena derrière sa tête, laissant ses doigts batifoler avec ses mèches noires. Il poussa un soupir de satisfaction tandis que ses muscles se détendaient, après l’effort considérable qu’il avait fourni. Il fit même craquer ses articulations afin de paraître plus séduisant encore. Le brunet savait que son camarade le dévorait des yeux, qu’il détaillait chaque parcelle de son anatomie, et qu’il aimait ce qu’il voyait – son attirance pour les hommes était tellement évidente, et Jonas n’avait eu de cesse de tester les limites depuis un moment déjà, jusqu’à surprendre le rouquin en train de se raboter la poutre.
– Tu pensais à quoi, quand tu te branlais l’autre nuit ? Enfin, je devrais plutôt te demander à qui tu pensais…
– Hein, s’exclama Trystam en sursautant, pris au dépourvu. Euh… enfin… des filles… ça te regarde pas…
– Des filles, mon œil ouais, ricana Jonas sans prendre la peine d’ouvrir les yeux. T’es gay comme un phoque, on le sait tous dans l’équipe, et on s’en contrefiche ! Tant que tu sautes sur personne dans les douches, tu baises bien avec qui tu veux.
Le jeune Wells ne sentait plus son cœur tant les battements étaient rapprochés. Ses tempes cognaient contre son cerveau, la tête lui tournait, et il lui sembla que sa vue se troublait, même si ce n’était dû qu’à la vapeur environnante. Ses mains tremblaient, et il se mura dans un silence coupable en espérant que le moment gênant soit passé. Grave erreur, Jonas continua sur sa lancée, décidé à ne pas lâcher le morceau.
– Tu sais, j’m’en fiche que tu te caresses la queue dans ton sac de couchage, je me demande juste à qui tu pensais, c’est tout. Allez, tu peux bien me le dire ! A moins que… tu pensais à moi ?
Le fils du coach se redressa, et même à travers l’air opacifié, Trystam put distinguer sans difficulté les deux saphirs qui lui servaient d’iris. La lueur amusée se reflétait sur ses lèvres, même si l’air taquin du jeune homme dissimulait un intérêt plus profond.
– Ça va pas, se récria Trystam avec une pointe d’hésitation dans la voix. J’allais pas faire ça en pensant au mec qui dormait à côté de moi !
– Punaise, tu bandais en pensant aux jumeaux, c’est pour ça que tu les as envoyé pioncer à côté ! Si c’est pas moi, alors c’est forcément les Purcell ! Ils t’excitent à fond, avoue ? Tu t’astiquais comme un gros cochon ! Lequel te fait le plus d’effet ? Grant ? Liam ? Les deux, si t’es un coquin. Dans un sens, ça se comprend, ils sont archi-bandants, et vu le matos qu’ils ont au repos, j’ose pas imaginer quand on les excite. Mais à mon avis Grant est pas gay, si tu en vises un, tente plutôt Liam.
L’illumination de Jonas surpris Trystam autant qu’elle le mit mal à l’aise. Evidemment qu’il pensait aux Purcell, et il fut bien incapable de dire si son camarade l’avait entendu prononcer leurs noms pendant qu’il se soulageait, ou s’il avait seulement relevé les œillades constantes qu’il jetait en direction des frères. Toujours était-il que le malaise venait d’atteindre un seuil critique. Les cheveux du rouquin semblaient bien ternes en comparaison de son teint cramoisi. Il baissa la tête quand Jonas se leva, persuadé qu’il devrait affronter son jugement. Ce dernier s’étira, fit rouler les muscles de son dos, ondula du bassin à tel point que la serviette menaça de se décrocher et, voyant qu’elle tenait bon, il la dénoua lui-même. Elle s’écrasa sur le plancher détrempé, laissant à l’air libre le peu qu’elle dissimulait jusque-là. Trystam ouvrit des yeux ronds comme des billes quand il se retrouva nez-à-nez avec le postérieur de son camarade – certes pas aussi rebondi que celui de Liam ou le sien, mais pas non plus plat comme une galette.
– Euh, Jonas… T’as fait tomber ta serviette, t’as les fesses à l’air.
L’interpellé rigola en entendant la voix tremblante et le ton mal à l’aise. Il se retourna et exposa son sexe à-demi mou.
– Oups, pardon. C’est mieux comme ça ? Tu n’as plus de vue panoramique sur mon cul ? Après, peut-être que tu voudrais encore y jeter un petit coup d’œil, hein ? Dis-moi juste le côté que tu préfères, et il est à toi.
– Mais à quoi tu joues, punaise ! s’exclama le rouquin, à la fois tétanisé et fasciné par ce qui se trouvait à moins d’un mètre de lui.
– Eh ben, je te donne des raisons de penser à moi quand tu te branles. Y a pas de raison que ce soit le privilège des Purcell.
Le petit asticot prenait de plus en plus de volume entre les cuisses de son propriétaire, sans même que Jonas le touche. Le morceau de peau sombre s’étirait, enflait par à-coup, jusqu’à ce que le prépuce recule derrière la couronne et ne dévoile le gland, pointe triomphante de ce sexe dressé. Pour la deuxième fois depuis qu’il était arrivé sur le campus, le jeune Wells contemplait une queue bandée ; longue, épaisse, pourvue d’un gland violacé qui s’harmonisait avec la teinte de la hampe, courbée et tendue à tel point qu’elle frappait les abdominaux de son propriétaire. Entre les jambes de Grant ou Liam, elle aurait semblé à sa place, mais étant donné la taille fine de Jonas, le membre en imposait – sans pour autant atteindre des proportions monumentales. Il aurait tout de même pu faire rougir les vantards de l’équipe, fier de leur seize ou dix-sept centimètres.
Le fils Clarence s’approcha de son coéquipier, empoigna son sexe devant lui et passa sa main sur le pieu rendu humide à cause de la vapeur.
– Elle te plaît ? lui demanda-t-il d’une voix soudain plus basse et sensuelle. C’est normal que tu vois la mienne, j’ai vu la tienne – et entre nous, le spectacle m’a beaucoup plu, alors profite bien de celui-ci.
– Arrête, tu vas quand même pas te branler devant moi, hoqueta Trystam en se collant contre le mur à mesure que son partenaire de jeu se rapprochait de lui.
– J’avoue que c’est pas vraiment mon intention, même si le résultat final sera le même. Disons que ce sera simplement plus agréable pour toi que si tu me regardais juste faire.
A chaque pas, le rouquin observait les testicules de Jonas qui oscillait ; elles n’étaient pas assez relâchées pour pendre à proprement parler, mais elles n’étaient pas non plus complètement rétractées. En dépit de l’angoisse qui lui étreignait les entrailles, le jeune homme était forcé d’admettre que la vue lui plaisait, et pas qu’un peu si on en jugeait par la bosse qui soulevait sa serviette. Sa queue pulsait, remontait et retombait sur le banc ; Jonas le remarqua, ce qui ne fit qu’accroître l’intensité de son masque de lubricité. Jamais Trystam ne l’avait vu comme cela, chaud et excité, contrairement aux Purcell, qui laissaient clairement filtrer leur potentiel sexuel et excitaient quiconque se trouvait à proximité – surtout Grant, le charmeur charismatique, si semblable à Travis Wells sur ce point.
En ce qui concernait Jonas, le rouquin découvrait une personne totalement nouvelle, dont il n’aurait jamais supposé l’existence s’il ne l’avait pas eu sous le nez. Certes, il l’avait reluqué plus d’une fois, mais sans sexualiser complètement l’acte ; son petit jeu se retournait à présent contre lui – mais était-ce vraiment un mal ? Même s’il avait tout d’un pervers, avec sa bite entre les mains et sa manière d’avancer, tel un félin prêt à bondir sur sa proie, Jonas n’en devenait pas menaçant pour autant. Au contraire, il réveillait chez son ami des désirs enfouis, des plaisirs qu’il s’était trop longtemps refusé. Leur proximité s’était renforcée ces derniers jours, aussi Trystam céda-t-il à son démon intérieur et, quand Jonas vint s’asseoir sur ses genoux, il ne l’en empêcha pas, pas plus qu’il ne lui interdit de se pencher en avant pour l’embrasser.
Leurs lèvres se rejoignirent, et si l’ailier gauche ne lutta pas, il ne réagit pas non plus. La langue aventureuse de Jonas ne rencontra que ses dents. Il fit glisser ses mains sur le torse plat de son partenaire, saisit ses doigts et les posa sur son chibre rigide. Trystam rougit et murmura :
– Je… j’ai jamais… je sais pas comment…
– T’en fais pas, ça vient assez naturellement, lui répondit le fils de l’entraîneur en repensant à sa premières fois, quelques semaines auparavant, dans une pièce du manoir en travaux, avec un ouvrier particulièrement pressé de prendre sa pause-déjeuner, et la virginité anale d’un étudiant au passage.
Rassuré, le rouquin tenta sa chance à son tour : il approcha son visage de porcelaine jusqu’à ce que la bouche de Jonas l’attire de nouveau. Cette fois, leurs langues se trouvèrent rapidement et entamèrent une valse aussi chaude que l’air ambiant, prolongée par des caresses sur leurs torses nus. Les yeux bleus se perdirent dans les yeux verts ; la tristesse de Jonas, les confidences de Trystam sur ses fantasmes, ces éléments permirent d’établir autant de liens intimes, ce qui facilita le rapprochement physique, jusqu’à ce que le rouquin se lève sans cesser d’embrasser son ami.
La serviette tomba, son pénis frappa l’entrecuisse de Jonas, et le brunet sourit de toutes ses dents. Il branla la tige bandée de son coéquipier, et ce premier contact fit gémir Trystam. Son gland sensible n’était pas encore habitué à ce qu’une poigne ferme – autre que la sienne – vienne stimuler ses nerfs et jouer avec son plaisir. La pointe arrondie n’était toutefois pas la seule zone avec laquelle le fils Clarence voulut s’amuser ; sa langue titilla les tétons rosés du jeune homme, lécha ses abdominaux plats et courut dans son cou tendre, pendant que les mains de Jonas s’emparait des fesses rondes et briochées pour les pétrir avec force. Il glissa même un doigt ou deux dans la raie imberbe et commença à s’amuser avec la rondelle.
Voyant que cela ne rassurait pas son partenaire, il posa ses lèvres entre ses pectoraux et les fit descendre jusqu’à ce qu’elles atteignent le pubis de Trystam, d’un roux plus clair que les cheveux, presque blond. Jonas referma ses doigts autour de la queue de son partenaire, en admira la droiture, l’épaisseur et la longueur – il avait déjà vu plus imposant, mais le jeune homme se défendait autant que lui dans ce domaine.
Un éclair de désir traversa les prunelles du minet brun tandis qu’il refermait sa bouche autour de la pointe turgescente, avec une moue qui signalait ostensiblement son envie de sucer une bite pareille. Pour une première fellation, le rouquin fut servi comme un roi ; il ne put dire si les compétences de son camarade venaient de l’expérience ou du talent, mais il vit rapidement son sexe disparaître en intégralité. Le nez de Jonas se posa plusieurs fois de suite contre son bassin, en dépit des bruits de gorge qu’il émettait, et de ses joues qui viraient au rouge à cause du manque d’oxygène. La gorge-profonde fut intense, peut-être même trop pour un débutant. Moins d’une minute après le début de la pipe, Trystam fut prit d’une soudaine envie de décharger ; son sexe enfla, et ce ne fut qu’en le retirant de force à son suceur qu’il parvint à se maîtriser tout en conservant une érection convenable. Le brunet comprit qu’il était allé trop vite en besogne, poussa son ami jusqu’à ce qu’il s’assoit sur le banc, et le premier prodigua de nouveau ses bons soins au second, avec plus de modération.
Environné par les volutes de vapeur, le corps humide, les cuisses écartées, Trystam savoura davantage cette deuxième tentative. La langue de son partenaire se révéla aussi agile autour de son gland que lorsqu’elle était dans sa bouche ; elle cherchait son frein, récoltait la mouille dans son méat, couvrait parfois la hampe de salive avant de retourner se concentrer sur la pointe du beau missile. D’une main, Jonas branlait la partie qui restait à l’extérieur de sa bouche, s’assurant ainsi que le plaisir prodigué à son partenaire soit total. Il massa ses boules et joua un long moment avec le corps du rouquin, le stimulant de différentes manières ; il l’encouragea même à le maîtriser par la nuque pour lui imprimer un rythme plus susceptible de lui convenir. Cinq minutes s’écoulèrent, et alors que le puceau allait battre le record des dix, il se retira de justesse et aspergea généreusement le visage de Jonas, qui reçu trois ou quatre jets de semence blanchâtre, liquide et légèrement translucide sur le nez, les paupières, le menton et même sur le front, à la racine de ses cheveux. Confus, le jeune Wells bafouilla des excuses :
– Je… désolé, je pensais pas que c’était si proche… Je voulais pas…
– T’excuse pas, j’ai adoré, lui rétorqua son partenaire avec une expression satisfaite, toujours à genoux entre ses cuisses.
Jonas récolta un peu de semence avec son index et, profitant du fait que son partenaire soit vierge, il posa le liquide visqueux sur sa langue pour s’en délecter sans pudeur. Puis il remonta avec souplesse jusqu’à ce que son visage soit face à celui du rouquin, et il lui roula une pelle dont le jeune homme allait se souvenir longtemps.
– Me dis pas que tu l’as jamais goûté, soupira le brunet, faussement exaspéré. Il est tellement bon ton jus, ce serait dommage de gâcher.
La langue de Trystam préleva donc la semence qui dégoulinait sur le visage plus si innocent de son coéquipier, et il l’aida à se nettoyer. La vapeur acheva de laver les joues de Jonas. Il empoigna ensuite son propre sexe et baissa les yeux dans sa direction, manière de signaler à son partenaire que la faveur n’était pas à sens unique.
Il le releva, la pine raide, et attendit patiemment que le beau Wells s’agenouille devant lui, excité et anxieux. Ce dernier commença par se saisir de la tige, observer sa courbure, et se souvenant de la manière dont on venait de lui prodiguer la même gâterie, il posa ses lèvres sur le gland sombre. Une goutte de pré-sperme perlait sur le méat, et elle répandit sa saveur salée dans la bouche de Trystam quand il fit passer le sommet de cette bite derrière ses dents. Sa langue glissa sur l’épaisse couronne, entre la peau du prépuce et la base du bourgeon turgescent, puis s’agita maladroitement sur la grosse pointe. Le rouquin aurait été gêné de tant de maladresse, s’il n’avait pas été encouragé – pour ne pas dire excité – par les râles que poussaient déjà Jonas.
Ce dernier ne se fit pas prier pour attraper les mèches rousses, alourdies par l’humidité, mais il laissa sa liberté de mouvements à son suceur, le temps qu’il trouve comment se démener avec une queue dans la bouche. Trystam ne parvint pas à avaler plus d’un tiers de la hampe, et il lui sembla qu’elle lui distendait les commissures des lèvres, alors qu’il n’écartait simplement pas assez la mâchoire. En songeant à la bite bandée de Liam ou de Grant, il se dit qu’il valait mieux commencer avec une pine standard, bien que sensiblement au-dessus de la moyenne, avec de s’attaquer à des calibres mesurant une bonne vingtaine de centimètres.
A mesure que les minutes s’écoulaient, la technique du jeune Wells s’améliorait. Il s’agrippait à la hampe du chibre, avançait et reculait sa tête, s’amusait à sortir le gland, puis à le reprendre en bouche, passait la pointe de sa langue sous le frein ; il sortait de ce beau fruit chaud une quantité de sève remarquable – Jonas étant un gros mouilleur, autant par devant que par derrière. Trystam goba ses couilles charnues, joua avec sa bite, la frappa sur son visage pour en sentir toute la rigidité, et parvint même à en avaler plus de la moitié en insérant la pointe dans sa gorge – ce fut là le mieux qu’il fit, et cela ne dura pas plus d’une seconde avant qu’il ne vire au cramoisi et n’ait un haut-le-cœur.
Le brunet posa même ses paumes sur les joues écarlate du rouquin et, lui tenant la tête, il avança et recula son bassin pour lui baiser la bouche en règle, s’assurant toutefois que le jeune homme n’en soit pas incommodé ; il sembla au contraire apprécier la manœuvre, à tel point qu’il branla sa tige revigorée, de nouveau raide et prête à tirer. Les veines qui parcouraient la colonne de chair enflèrent, les pulsations s’amplifièrent, de même que les soupirs de satisfaction d’un Jonas comblé, mais alors qu’il s’apprêtait à se faire asperger à son tour, Trystam eut une vision : celle de son frère, Travis, occupé à enculer ferme, mais également capable de se comporter comme la pire des salopes si une queue l’excitait (sans le savoir, son aîné s’en doutait). Une humidité qui ne devait rien au sauna se manifesta alors entre les cuisses du rouquin ; il abandonna la pine au bord de l’orgasme, se redressa d’un bond, roula un patin fougueux à son partenaire et, alors qu’il caressait ses pectoraux légèrement gonflés et ses abdos taillé à grand coup de tyrannie paternelle, il dit à Jonas, d’une voix si enfiévrée qu’il ne la reconnut même pas :
– J’ai envie que tu me la mettes ! Encule-moi, mec, et vas-y bien à fond !
Jonas ne se le fit pas dire deux fois. Un immense sourire illumina son visage, et même si sur le moment, seule son envie était perceptible, il fut touché au plus profond de lui (son cœur donc, mais ailleurs aussi) par la confiance que lui accordait Trystam, pour l’autoriser ainsi à lui prendre ainsi sa virginité anale. Il laissa donc les lèvres du rouquin s’égarer un moment sur son torse et aller suçoter ses petits tétons cuivrés, mais sa gaule le rappela finalement à l’ordre.
Il allongea le jeune Wells sur le parquet humide, le laissa s’installer sur le ventre et relever un peu son bassin afin d’offrir ses merveilleuses fesses. Jonas les caressa avec délicatesse, lécha leur peau de pêche, apprécia leur forme si parfaite, et finit par les écarter pour révéler la rosette serrée. Un peu de salive sur ses doigts pour faire office de lubrifiant, et le fils Clarence commença à la masser pour qu’elle se détende plus facilement. La moiteur qui les environnait, combinée à l’excitation de Trystam, contribua à faciliter l’introduction des premières phalanges dans ce rectum très étroit. Le rouquin gémit quand l’index entra en lui, suivi du majeur – avec peut-être un peu trop de hâte, car il se sentit plein malgré les doigts fins de Jonas. Une succession de mouvement en ciseaux contribua à le détendre, et il se laissa aller tandis que son partenaire couvrait sa nuque et son dos de baiser. Le torse ferme du brunet se colla contre la peau de Trystam, et ce dernier put dire sans les voir où se trouvait chaque partie du corps de son amant.
Jonas doigta un moment le rouquin, l’entendant couiner malgré lui à chaque mouvement. Son sexe prenait une ampleur remarquable entre ses cuisses, et jamais il n’avait bandé à ce point, pas même lorsqu’un ouvrier en rut l’avait enculé sur l’échafaudage le plus proche. Trystam lui faisait envie depuis un bon moment, et il n’était que trop heureux de ravir une perle pareil aux Purcell – car ils auraient fini par se le taper, tôt ou tard, ça ne faisait aucun doute.
Le minet brun retira ses doigts du cul de son partenaire et, après s’être approché d’une alcôve taillée dans le mur, à-demi dissimulée par la vapeur, il constata que la rumeur qui circulait en salle de musculation était vraie ; les étudiants ayant la fâcheuse habitude de copuler comme des étalons en rut dans les saunas, le personnel du complexe sportif laissait à leur disposition des préservatifs ainsi que des bouteilles de gel lubrifiant. Jonas s’empara donc du matériel et se fit un devoir de tartiner le trou de Trystam, intérieur comme extérieur, afin qu’il ne soit pas incommodé par la pénétration – un homme possède toujours un très haute estime de son organe, et avec sa queue bandée entre les jambes, le jeune homme se pensait l’être le plus membré de la terre, doté du chibre suprême et grand pourvoyeur d’orgasmes. Si ses hormones l’illusionnèrent quelque peu, elles le poussèrent aussi à prendre mille précautions pour ne pas abimer un cul pareil, et Trystam lui en fut très reconnaissant après coup.
Une fois capoté, Jonas posa la pointe de son missile courbé à l’entrée de l’anus et, pression après pression, par petits à-coups, il dépucela son ami. Son gland, long et aussi épais que le manche, s’inséra en premier entre les deux monts rebondis, puis la hampe suivit progressivement. Les yeux fermés, les poings serrés, la mâchoire crispée, Trystam ne sentait plus que son anus qui s’ouvrait en grand pour laisser passer l’engin de son coéquipier. En dépit de l’humidité et du lubrifiant, il avait l’impression qu’on le déchirait en deux, et il se demanda l’espace d’une seconde si Travis n’était pas maso pour aimer à ce point de faire culbuter, surtout que ses partenaires étaient souvent moins délicats que Jonas. Ce dernier prenait son temps et faisait de son mieux pour atténuer la douleur du rouquin, ne lésinant ni sur le gel, ni sur les caresses, jusqu’à ce que son ami commence à apprécier la pénétration. La brûlure entre ses cuisses s’estompa, et le jeune Wells ne gémit plus de douleur, mais se mit à soupirer de plaisir. Il devinait chaque centimètre de la bite qui forçait son intimité ; il en sentait les veines à travers le latex, appréciait les pulsations qui l’ébranlaient, et adorait cette chaleur qui émanait d’elle pour se répandre en lui.
Le pubis ras de Jonas percuta le fessier bombé de Trystam, et les deux hommes lâchèrent de concert un râle satisfait. Plongé presque jusqu’à la garde dans le cul de ses rêves, le brunet encouragea son compagnon tout en amorçant un lent mouvement de va-et-vient. Le rouquin crut d’abord que son rectum allait partir avec la bite, et il se contracta autour par réflexe ; le cri de son camarade le surpris, avant qu’il ne comprenne qu’il s’agissait surtout d’un hurlement de plaisir. A chaque fois qu’il se resserrait autour de son membre, son partenaire émettait un son similaire, et il ne s’aperçut pas toute de suite que lui-même lâchait un couinement ; les contractions lui donnaient l’impression que la bite de Jonas était encore plus grosse. Il obéit toutefois au « détends-toi, tu vas aimer » qu’on lui glissa au creux de l’oreille.
Trystam relâcha ses sphincters, et la pine coulissa avec facilité, stimulant ses nerfs rectaux. Le jeune homme souleva son bassin pour accompagner le rythme, et le redescendit quand son amant se renfonça dans son boyau à la fois chaud et étroit. La queue se mit à glisser avec de plus en plus d’aisance en lui, et il se retrouva bien vite plaqué au sol, victime de son plaisir. Les couilles de Jonas claquaient, il avançait et reculait au-dessus de lui ; Trystam voyait son ombre et sentait ses lèvres qui se déplaçaient sur la peau de son dos, allant du creux de ses reins à la base de sa nuque. Mais il n’était plus soumis qu’à une seule sensation, électrisante et brute : la bite qui se déplaçait dans son cul et en limait l’intérieur.
Les coups de reins s’amplifièrent, les râles de Jonas aussi, sa pine faisait grimper Trystam en direction du septième ciel, son trou s’y accrochait par moment pour qu’elle reste un peu au fond de lui avant de repartir, et il la sentait alors enfler et pulser, comme un étalon sauvage avide de liberté. Elle reprenait ensuite sa course dans son rectum, et le baisait tandis que les muscles de Jonas se contractaient contre son dos. Les pectoraux haletants se gonflaient contre ses omoplates, pendant que son coéquipier mordait la peau de son cou et lui laissait des marques qui indiqueraient à qui voudrait le savoir ce qu’ils avaient fait ensemble.
La sueur coulait sur eux, et même s’il n’y a rien de plus naturel dans un sauna, la vapeur n’était pas la principale responsable. Le rouquin s’attendait à éprouver une jouissance impressionnante, mais il n’aurait pas cru qu’une sodomie provoquerait une érection d’une telle intensité entre ses jambes. Ecrasée entre le parquet et ses cuisses, sa bite bandait à l’extrême, dure et gorgée de sang ; elle pulsait tant et si bien que cela devenait douloureux. Trystam aurait voulu se redresser pour se branler, mais Jonas l’enculait avec tellement de fougue qu’il n’eut pas le temps de se mettre à quatre pattes. Le gland gorgé frappa une zone sensible de son rectum, et au moment où le jeune Wells découvrait l’usage de la prostate au sein du plaisir anal, trois giclées blanchâtres se répandirent sur les lattes de bois sans qu’il ne puisse les maîtriser. A vrai dire, il les sentit à peine, et son cri accompagna davantage une autre découverte – celle d’un homme qui jouissait au fond de ses entrailles. Trystam perçut avec un discernement accru chaque soubresaut qui s’emparait de la queue de Jonas, chaque rasade qui percutait le réservoir en latex et le remplissait, jusqu’à ce que l’engin perde soudainement du volume et sorte de lui-même du cul béni de son hôte.
Les deux hommes restèrent un moment affalé sur le sol, en nage, le souffle court. Trystam contorsionna son cou pour apercevoir le visage rouge de son ami. Ses mèches sombres tombaient sur son visage détrempé, son corps venait de s’écraser sur celui du rouquin, et il n’eut pas à chercher longtemps ses lèvres avant de les rencontrer. L’ailier droit roula sur le dos, Jonas s’installa sur lui, et ils restèrent un long moment enlacé, afin de laisser la pression retomber. A force de baisers de moins en moins torrides et de plus en plus langoureux, le rouquin redescendit sur terre, et bien loin de se sentir honteux, il se laissa envahir par une paix intérieure. Il comprenait maintenant pourquoi son frère adorait à ce point le sexe, même s’il le pratiquait avec nettement moins de douceur que les deux footballeurs. Jonas se débarrassa de la capote et aborda ce qu’ils venaient de faire sur le ton de la banalité. Il confia toutefois à son ami qu’il n’avait pas non plus une expérience monumentale dans ce domaine, et Trystam lui répondit alors qu’il devait donc posséder un talent inné.
– Je ne sais pas, s’exclama Jonas en riant et en remettant une serviette autour de sa taille, mais j’aimerai exercer plus souvent mes talents sur toi, pour être honnête. C’est dur de trouver un bon partenaire, surtout avec mon père qui est constamment sur mon dos.
Son camarade hocha la tête, pensif, en se disant que peut-être, si l’envie le reprenait, il pourrait trouver un moyen pour éloigner le coach et soustraire son fils à sa surveillance quelques heures, afin de réitérer cette expérience au combien délicieuse. Encore pris dans l’étourdissement de sa première fois, Trystam ne formula pas son idée à haute voix, pas plus qu’il ne vit le temps passer. Il se retrouva habillé dans les vestiaires sans trop savoir comment, et il décida de raccompagner Jonas jusqu’à chez lui, sans apercevoir le regard qui pesait sur sa nuque au moment où il quitta le complexe sportif.
Liam Purcell ne quitta pas des yeux ses deux camarades, et quand ils furent hors de son champ de vision, il se laissa tomber sur son banc de musculation, abattu. Même de loin, il avait reconnu l’expression de douce béatitude qu’arborait le visage du rouquin. Cela ne signifiait qu’une seule chose : Jonas venait de lui voler sa virginité. Dépité, le grand gaillard fit ce qu’il faisait toujours quand il se sentait d’humeur maussade ; il alla trouver du réconfort auprès de son frère, qui l’attendait déjà sous la douche.
* * *
Matt
matthieuGat@gmail.com
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