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Chapitre 5
Il reste 3 jours avant la reprise des cours et j'appelle Nicolas dès le lendemain de mon retour. Je ne lui ai pas parlé depuis 2 mois et je comprends à son ton de voix au téléphone, qu'il s'est un peu inquiété de mon silence. Même mes parents, que j'ai eus à l'aéroport, ne m'ont pas gratifié d'autant d'affection.
Je lui dis de passer pour déjeuner. Le temps est toujours aussi radieux, et ma terrasse est hyper agréable pour prendre le soleil.
Un peu espiègle – et sans doute aussi un peu orgueilleux – je l'accueille en débardeur moulant, qui dessine avantageusement mes pecs et laisse même deviner la forme de mes abdos. Son visage lorsque j'ouvre la porte est à la hauteur de mes attentes.
_ Putain de chiotte, parvient-il finalement à lâcher dans une respiration semi-bloquée.
J’éclate de rire en le tirant d'un geste d'autorité à l'intérieur de l'appart et referme la porte derrière lui. J'improvise une accolade qui se veut virile, mais qui achève de le plonger dans une confusion totale. Son visage est rouge lorsque je le relâche.
_ Non, mais Yo, c'est ouf, putain je sais pas quoi dire !
Je le sens hypnotisé. Son regard se balade sur toutes les parties de mon corps, avide d'en imprimer une image éternelle dans son esprit.
_ Si tu savais comment j'en ai chié mon pote !
_ Ouais mais regarde-toi, t'es gaulé de malade, j'en reviens pas. Je savais pas qu'on pouvait avoir des pecs comme ça.
D'un geste qui se voulait sans doute plus maîtrisé, sa main bute contre mon torse et je sens ses doigts qui s'attardent plus que de raison sur le galbe de mes pecs.
_ Ah ouais, c'est pas de la gonflette en plus, balbutie-t-il en se retirant finalement dans un petit rire qui se veut serein, mais qui ne dissimule pas sa nervosité.
Je n'ai jamais vraiment su ce qu'on appelait de la gonflette, mais je rentre dans son jeu.
_ Ca c'est sûr mec ! Touche comme c'est dur !
Et je contracte mon biceps droit en me rapprochant de lui. Nico pose délicatement sa main sur ma boule gonflée à bloc et il commence à la caresser et à en apprécier la taille, lorsque mon regard est attiré par son entrejambe désormais clairement déformé. Je réalise soudain la cruauté potentielle de ce moment pour lui ; je n'ai pas le droit de jouer ainsi avec lui.
_ Allez viens, j'ai commandé des pizzas, elles viennent d'arriver, t'as faim ?
J'espère briser ainsi la tension sexuelle que j'avais involontairement provoquée et me dirige vers l'extérieur. Nicolas me suit après quelques secondes de flottement, et nous reprenons bientôt nos discussions sur un ton plus banal, en ouvrant quelques bières.
Je le sens de moins en moins troublé à mesure que l'après-midi s'écoule, et que nous partageons les nouvelles de nos deux étés respectifs, oh combien différents. Il veut tout savoir sur le programme, l'intensité des entraînements, mes sentiments au quotidien, mais ni l'un ni l'autre ne revenons sur des sujets potentiellement glissants.
_ Bon et j'imagine que dans cet emploi du temps de spartiate, tu n'as pas pu glisser quelque aventure romantique, me dit-il à un moment. Moi c'est pareil, pas de changement, les mecs au taf ne parlaient que des meufs qu'ils avaient chopées en boite la veille et qu'ils ne rappelleraient pas !
Je garde le silence un instant, mais mon trouble ne passe pas inaperçu.
_ Quoi ! T'as rencontré quelqu'un ?
Je souris et c'est mon tour de devenir cramoisi.
_ Putain raconte ! C'était le prof ? Non, tu t'es tapé le coach ?
J'éclate de rire.
_ Mais non ! C'est un autre mec qui suivait le programme. On avait un peu discuté à l'aller dans l'avion, et on s'est revu à l'hôtel la veille de rentrer.
Je peux voir sur son visage toute la curiosité amicale qui s'exprime, et cela me rappelle pourquoi ce mec est mon meilleur pote.
_ Et alors ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je décide de tout lui raconter, peut-être pas dans les moindres détails – certaines choses appartiennent à notre seule intimité à Léo et moi – mais suffisamment pour que le souvenir de cette nuit de rêve resurgisse dans ma mémoire avec une précision cinématographique. J'essaie de dissimuler que je bande tout au long de l'histoire.
_ Putain, et vous avez baisé toute la nuit !
Je le sens à la fois honnêtement heureux pour moi, et fondamentalement jaloux, mais d'une jalousie bienveillante, comme si, par notre proximité quasi fraternelle, mais aussi nos errements de cette dernière année, et le partage de nos frustrations de jeunes puceaux, je venais de lui offrir une part de ma jouissance.
_ Et tu dis qu'il était devenu aussi énorme que toi ?
_ Ouais, même plus. Attends on s'est pris en photo avant de quitter l'hôtel.
Je ne lui montre évidemment pas les photos complètement à poil que j'ai classées dans mes archives bloquées, mais une que j'ai de lui en train de sortir de la douche, serviette de bain enroulée autour de sa taille. De l'eau coule encore le long de son torse et de ses abdos, ce qui fait encore plus ressortir sa musculature.
Nicolas reste bouchée-bée devant la photo avant de me rendre le téléphone.
_ Ah ouais, Yo, je sais pas quoi dire, putain c'est le dépucelage de rêve. Le mec est bandant de ouf.
Je laisse la conversation mourir sur cette phrase et ferme quelques secondes les yeux, allongé sur mon transat, et le soleil de la fin d'après-midi qui lèche mes épaules de sa chaleur déclinante.
Nicolas se lève, son téléphone devant les yeux.
_ Ah merde, je dois répondre.
Et il s'éclipse à l'intérieur. Je suis bien. Évidemment, le souvenir de ma nuit passée avec Léo a réveillé en moi le désir de revivre cette expérience. Je me demande si Léo me manque, ou si c'est simplement le sexe avec lui qui m'inspire cette petite pointe de nostalgie. Mais il est à plusieurs centaines de kilomètres de Paris, et les cours reprennent dans 3 jours, donc rien de sert de se poser ces questions.
Je somnole un moment. Nico ne revient pas. Je me lève et rentre dans le salon silencieux. Il n'est plus là, ni dans la cuisine attenante. Je m'engage dans le couloir qui mène aux chambres, elles-aussi vides, avant d'être attiré par un bruit très léger en provenance des toilettes.
Je m'approche sans un bruit et tend l'oreille. Il est en train de se branler. Je souris. Derrière la porte, le léger grincement de la lunette des toilettes que je connais suffisamment pour y avoir déjà passé pas mal d'heures, ne permet aucune hésitation, ni le souffle un peu court qui l'accompagne en rythme.
A en croire le tempo, la récompense n'est plus très loin, et je me surprends à laisser mon oreille se rapprocher de l'interstice entre la porte et son armature, là où les bruits sont un peu plus clairs. Je l'imagine sa bite dressée à la fois par la découverte de mon corps, puis par l'évocation de ma folle nuit de baise, et enfin par l'image parfaite de Léo, le sourire au lèvre et la bite déjà en train de redurcir pour une ultime cavalcade.
Le souffle s'accélère soudain et un petit gémissement accompagne l'orgasme que je devine. A en croire la durée pendant laquelle il a retenu sa respiration, la jouissance a été bonne et je m'éclipse rapidement pour reprendre ma position au soleil. J'ai un peu honte de mon voyeurisme, et je me dis qu'il faut vraiment que je baise rapidement.
Nico remonte finalement quelques minutes plus tard.
_ Désolé, ça a été un peu plus long que prévu, dit-il en montrant son téléphone.
_ T'inquiète, je prends le soleil.
On discute encore quelques instants et, réalisant qu'il est déjà presque 20h, on décide de sortir boire un coup. Nico propose qu'on retourne dans un bar plutôt sympa du Marais où on avait pris l'habitude d'aller l'année précédente, principalement fréquenté par des gays, mais pas exclusivement, et dont l'un des barmans était plutôt canon.
_ Peut-être qu'en traînant avec toi maintenant que tu es devenu BG, j'aurai un peu de succès.
On rigole en chœur. C'était devenu une blague entre nous. Au début, nous avions tellement mis d'espoir dans ces escapades alcoolisées, comme si la vie se déroulait comme dans ces séries américaines où les héros draguent mecs et meufs au comptoir de leur rade favori, toujours judicieusement rempli de célibataires avides de sexe. Nous étions systématiquement rentrés bredouilles chez nous, l'esprit gentiment embrumé par le whisky, le rhum et le gin qui coulaient à foison.
Ce soir ce serait différent, je le sens à l'excitation qui fourmille dans mon bas ventre et à ma teub dont j'essaie de masquer l'érection naissante.
Le bar est plutôt vide quand on arrive. Il ne dispose pas de terrasse et la météo clémente invite les parisiens à se ruer sur les espaces extérieurs, mais on prend néanmoins place à notre table habituelle.
_ Putain il est toujours aussi canon, me dit Nico en indiquant du coin de l’œil le serveur qui discute, un sourire éclatant sur les lèvres, avec deux clients.
On ne connaît même pas son nom. Mais je dois avouer qu'il est bandant : plutôt grand, les cheveux blond attachés en chignon, des yeux gris-bleus dans mon souvenir, et le visage légèrement halé en cette fin d'été. Son corps, moulé par un T-shirt légèrement trop étroit, laisse apparaître un corps massif de rugbyman.
_ Ahah c'est clair, dis-je en riant.
_ Allez vas-y !
_ Quoi ?
Je le regarde un peu surpris.
_ Bah, mec, gaulé comme tu es, c'est tellement facile pour toi, tu peux avoir tous les mecs que tu veux. Moi si j'étais toi, je commencerais par lui, il doit être tellement bandant au pieu.
_ T'es con !
Je lui envoie un coup de poing amical dans l'épaule et me lève en riant.
_ Allez je vais nous chercher des bières, on va rester soft ce soir.
_ C'est ça Don Juan, me répond-il espiègle.
En vrai, j'ai trop envie de ce mec. Je ne sais pas ce qui m'arrive, j'ai toujours été actif sexuellement, je veux dire tout seul évidemment. Depuis que je suis en âge de le faire, je me branle plusieurs fois par jour, et j'ai toujours eu un niveau d'excitation assez élevé. Il suffit parfois de voir un bout de torse nu dans un film pour avoir envie de me vider. Mais depuis le retour des Etats-Unis, mon degré d'excitation a été décuplé, sans que je sache si c'est le contrecoup de 2 mois de sport intensif et de l'alimentation afférente, qui ont boosté mes niveaux de testostérone, ou si c'est la nuit de baise avec Léo qui m'a fait plonger dans les affres du désir illimité.
En tous cas, à cet instant précis où je m'approche du beau gosse derrière son comptoir, j'ai une envie de baiser d'une intensité que je n'ai jamais connue avant.
_ Salut ! Je vous sers quoi ?
Il est là devant moi. Je lis évidemment dans son regard qu'il ne me connaît pas, que je ne suis qu'une ombre qui passe dans son quotidien envahi de silhouettes aux pensées similaires, aux espoirs et aux tentatives factices. Et je ne sais pas quoi dire face à l'incongruité de l'instant.
_ Deux pintes de blonde, s'il vous plaît.
L'absurdité de mon orgueil me frappe avec une violence qui me terrasse d'un coup. J'attrape les deux pintes et retourne à notre table, un masque nonchalant sur le visage, afin que Nico ne perçoive rien de mon désarrois. Je ne fais même pas attention à la remarque ironique avec laquelle il accueille mon évident échec, ni à la suite de la conversation à laquelle je participe en pilote automatique, et je réussis à feindre le contrecoup du décalage horaire pour abréger cette soirée décevante.
Je m'en veux lorsque je pousse la porte de mon appartement, seul. Nico est vraiment mon meilleur ami, et j'ai été honnêtement ravi de le revoir aujourd'hui, mais je sais que l'ampleur du changement qui s'est abattu sur mes épaules avec une rapidité inédite, et à laquelle je ne me suis pas préparé, me place dans des dilemmes et des défis, auxquels je dois faire face seul pour le moment.
Peut-être ai-je cru un instant, dans l'illusion de l'image que j'ai découverte il y a à peine quelques heures dans le miroir de cette chambre d'hôtel, que la suite découlerait sans effort. Et la nuit que m'a offerte Léo m'a bercé de cette chimère. Mais je sens qu'au fond de moi je reste cet ado complexé qui n'a jamais dragué le moindre mec et qui ne sait même pas comment faire le premier pas.
Je suis excité. Le contrecoup de mon épiphanie du bar n'est pas parvenue à calmer les papillonnements que je sens dans mon bas ventre depuis que j'ai surpris Nico à se branler dans mes toilettes et que j'ai imaginé, sur le chemin du bar, mes futures conquêtes. J'ai tellement envie de baiser, et cela me paraît finalement si compliqué.
J'allume mon ordi. Je sais que ce n'est pas une solution, mais le relatif anonymat de l'écran me rassure. Je me connecte à un site de chatroulette que j'ai maintes fois écumé au cours de mes sessions solitaires, sans jamais vraiment y prendre part autrement qu'en voyeur exclusif.
Je commence à faire défiler les mecs sans grande conviction, passant de profils en profils sans même m'attarder. C'est un chat français et il n'y a pas grand monde ce soir et je m'apprête à refermer la fenêtre quand un mec entre deux âges que j'ai déjà vu passer plusieurs fois et que j'avais zappé sans ménagement apparaît et me fait un signe éloquent pour que je ne l'ignore pas. « cc stp on peut discuter ? »
Je ne sais pas pourquoi, mais son visage suppliant m'émeut et je lui réponds un « cc » minimaliste. Il est en T-shirt noir qui dissimule mal un corps visiblement très maigre, et son visage surmonté de grosses lunettes est passablement ingrat, mais quelque chose dans son regard me le rend sympathique. J'ai besoin de parler.
On commence à s'échanger des banalités, et je ne peux m'empêcher de le chauffer un peu quand il commence à me féliciter pour ce que mon débardeur semble lui laisser percevoir.
« Tu es fan de muscles ? »
« Oui trop, je suis un fan absolu »
Je lui gonfle mon biceps à l'écran et je vois sa mâchoire se déboîter comme dans les vieux dessins animés. Il est en caleçon et je commence à voir la toile se tendre. Je suis moi-même dur comme un taureau, mais l'angle de la caméra de mon ordi ne lui révèle rien.
« Putain, j'aime trop ! Tu veux qu'on se branle ? »
Il est direct et j'avoue que c'est exactement ce dont j'avais besoin pour ce soir.
« Allez ! »
Il retire son caleçon sans attendre, laissant se dresser une belle teub d'une vingtaine de cm à vue de nez, très épaisse, qui contraste avec la maigreur du mec. Celui-ci commence à s'astiquer tandis que je retire lentement mes vêtements. Il est comme hypnotisé, et je me plonge dans son fantasme sans me poser la moindre question sur mon propre plaisir. Je suis excité en voyant un mec bander comme un fou sur mon corps, et c'est quelque chose de totalement nouveau pour moi.
« Mec t'es gaulé de ouf ! Je kiffe tellement »
Nos deux teubs se font face désormais, occupant une grande partie de l'écran. Sa mouille est visible le long de son prépuce, et le ralentissement régulier de ses mouvements semble traduire sa tentative de retarder le moment de l'explosion. Je ne suis moi-même pas très loin du point de non retour.
« Je vais pas tarder »
« Non pas tout de suite, je veux pas jouir trop vite »
Je souris. Sa réponse est touchante mais de mon côté je n'ai qu'une envie, me soulager au plus vite, comme si mon mélange d'excitation et de frustration de la journée m'avait rempli les couilles d'une quantité surabondante de foutre n'attendant qu'un geste de ma part pour s'expulser.
« Trop tard lol »
Et j'accélère immédiatement mon mouvement, inclinant ma tête en arrière et contractant mes abdos au maximum. Je ne regarde plus l'écran, concentré sur ma seule jouissance que je sens monter. Et brusquement, l'orgasme me traverse, plus intense que je l'aurais imaginé, mais plus furtif que ceux dont le souvenir emplit encore mes sens, et je sens le sperme s'écraser sur mes abdos et mon torse. Je surjoue le plaisir en fermant les yeux et en fixant un sourire extatique sur mes lèvres, comme une ultime offrande à ce mec qui m'a aidé à franchir cette mauvaise passe dans laquelle ma soirée m'avait plongé.
J'ouvre de nouveau les yeux après quelques seconde et je vois mon compagnon digital couvert lui aussi de foutre, un dernier jet qui s'écrase sur son t-shirt noir désormais amplement souillé. Je ne sais pas s'il amplifie lui-aussi l'expression qu'il m'offre, mais j'apprécie le plaisir que je lis sur ses traits et dans ses légers mouvements qu'il imprime à sa main droite.
« Merci mec, c'était trop bon »
« Pareil pour moi ! »
Et, sur un salut réciproque, et avant même de nous être essuyés chacun de notre côté, nous nous quittons respectueusement. L'écran noir accueille mon relâchement post-éjaculatoire avec solennité et je ferme les yeux pour apprécier le silence. Je me sens mieux que tout à l'heure, même si je sais que cette parenthèse n'est qu'une rustine et qu'il faudra bien que je me lance rapidement dans la vraie vie si je ne veux pas devenir fou.
Demain est un autre jour.
A suivre...
Merci pour vos messages d'encouragements, je vais essayer de continuer ce journal intime (avec quelques mois de décalage), même si ce n'est pas l'exercice le plus facile dans lequel je me suis lancé. N’hésitez à m’envoyer des commentaires, je suis preneur de vos remarques pour m'améliorer.
Yohann
yohann.gln75@gmail.com