Je rentre du boulot comme chaque jeudi. J’arrive à mon appart et je me pose, tranquille. Je traine un peu sur mon téléphone.
Soudain je reçois un SMS, car mon colis est arrivé. Je descends donc à l’entrée de mon immeuble le chercher et j’en profite pour récupérer mon courrier. Je remonte un peu pressé d’enfin pouvoir essayer ses nouvelles chaussures que j’ai commandées.
Je pose le mélange de pub et autres papiers sans importance sur la table, je regarderai plus tard. Je me pose sur le canapé et je peux enfin les essayer. Elles sont trop belles ! Et pile à ma taille. J’envoie des photos à mes amis que j’ai soulés toute la semaine avec ça. Ils me proposent une soirée et je finis par les rejoindre. Nous allons dans une petite boite du centre-ville. Je décide de ne pas rentrer trop tard, car je travaille le lendemain. Je rentre donc avec une amie qui habite le même quartier que moi. J’arrive finalement jusqu’à la porte de mon appart. Je rentre et je suis dans le noir seulement éclairé par la lune. Je cherche l’interrupteur quand je vois un bout de papier par terre. Je le ramasse et dessus juste 3 lettres. Seulement 3 lettres. Je suis transporté dans un souvenir : un village près de la mer, un vieux magasin et une maison d’allure un peu vieillotte… Je sens l’odeur des pins et du sel marin me chatouiller les narines et dans cette atmosphère calme et paisible, je m’endors.
Je me réveille en sursaut, il faut que je me dépêche : sinon je vais être en retard. J’avale rapidement deux croissants et je dévale mes escaliers à toute vitesse de peur de rater le métro. C’est seulement quand je suis assis à mon bureau que je repense à ce fameux bout de papier. Pour vous ces 3 lettres ne représentent rien. Mais pour moi c’est un message, un rendez-vous. Mais pour que vous puissiez comprendre, je vais vous raconter une histoire.
« J’étais arrivé dans ce village au début de l’été sans vraiment savoir pourquoi. Mes deux parents travaillaient et m’avaient donc envoyé chez un de leur ancien ami. Arrivé à la gare on était venu me chercher en voiture pour m’amener jusqu’à la maison. Je découvris avec joie ses si beaux paysages, les pinèdes et enfin la mer. C’était la première fois que je voyais la mer et je fus ébloui par cette immensité, cet amas d’eau qui ne semblait jamais finir. Enfin arrivée chez l’ami de mes parents, la femme de chambre me fit attendre dans le salon, car le maitre de la maison travaillait. J’étais très intimidé par cette façon étrange de vivre dont je n’avais pas l’habitude : une grande maison, les domestiques et une étrange impression de froideur. Quand j’ai rencontré le propriétaire, je lui ai tout de suite trouvé quelque chose de désagréable bien qu’il m’ait accueilli très correctement. Mais ce voyage était surtout une idée de mes parents et j’aurais préféré rester chez moi. Les jours suivants, je passais mon temps soit dans ma chambre soit dans le grand parc de la propriété, à lire et à attendre que le temps passe. Mais un soir, l’ami de mes parents me dit que j’étais jeune et qu’au lieu de rester à ne rien faire je ferais mieux de découvrir la région. Devant son aura imposante, je n’ai pas osé lui dire que je n’avais pas envie et que je ne connaissais personne. Et le lendemain matin de bonne heure je me retrouvais sur la route, mon piquenique dans mon sac à dos sans vraiment savoir où aller. J’ai fini par m’assoir sur la plage, seul, à regarder les gens jouer. Je ne savais pas quoi faire et je suis resté tout le matin sans rien faire. Aux alentours de midi, quelqu’un s’est posé à côté de moi.
— Eh ! Tu fais quoi tout seul depuis ce matin ? Ça va bientôt être l’heure de manger. Si tu es tout seul, tu peux venir avec moi !
Il me le proposa avec un sourire tellement sincère et rassurant que je décidai de le suivre. Nous marchâmes quelque instant et nous nous enfoncèrent un peu dans la forêt. Puis il s’arrêta et dit :
— C’est là !
Je ne voyais rien au alentour, je cherchais tout autour de moi : rien. Je me retournais et je vis que mon guide avait disparu.
— Eh ho ! Je suis là en haut.
Je dirigeais mes yeux vers la source de sa voix et je le vis perché sur une plateforme. Je compris alors que c’était une cabane en hauteur comme on voyait dans certains films avec mes parents.
— Allez monte ! Il y a une échelle, ça sera notre QG.
Je finis par le rejoindre et je fus ébloui par la beauté de la vue : on voyait une bonne partie de la côte, mais surtout la mer immense où se reflétaient les rayons du soleil.
Nous avons mangé puis allongé sur le sol de la cabane nous avons parlé de tout et de rien, de nos vies, de nos rêves. Mais un orage s’est mis à gronder au-dessus de nos têtes et nous décidâmes de rentrer. Nous nous séparâmes près de là où je logeais. Et la fin de la journée se passa très vite, car j’étais un peu fatigué.
Les jours suivants nous nous sommes beaucoup rapprochés et nous avons visité pas mal de jolis coins qu’il connaissait. Nous avons passé aussi beaucoup de temps à la plage. Le dernier jour avant que je ne reparte, il voulait n’emmener quelque part. Très tôt le matin il m’a amené dans une crique difficile d’accès que lui seul connaissait et c’est là que nous nous sommes embrassés, la seule fois. Ensuite il semblait pressé et m’a conduit jusqu’au village. Nous sommes arrivé devant une vitrine remplie d’objets hétéroclites, au-dessus on pouvait lire : J.E Antiquaire. Il m’a pris par la main, nous avons poussé la porte qui a émis un discret tintement et il m’a dit :
— Il faut que tu choisisses un souvenir, je te l’offre !
Nous avons passé un bon moment dans le magasin, qui était plus un bazar que magasin d’antiquité, à chercher un objet. Au détour d’une étagère, sous un jeu de quilles en bois clair, nous avons découvert deux livres étrangement semblables. Mais le plus étrange c’était leur contenu : sur chaque page, une lettre délicatement calligraphiée avec en dessous un mot accompagné d’une image d’une photo ou d’un dessin. Il les a regardés d’un air émerveillé et a décidé de les acheter en me disant qu’il m’expliquerait plus tard. Nous sommes ensuite partis à la gare pour que je puisse prendre mon train. Peu avant que je ne parte, il m’a dit :
Tiens je t’en donne un, ils nous servirons à communiquer grâce à une suite de lettre, un peu comme les télégraphes. Des sortes de messages codés.
Je pris le livre qu’il me tendait et me dirigeais vers le train. Nous nous sommes salués une dernière fois avant que le train parte.
— Aux vacances prochaines ! cria il n’oublie pas le livre pour la prochaine fois. »
Mais je ne suis jamais retourné dans ce village, car mes parents s’étaient énervés contre leur ami pour m’avoir laissé sortir seul dehors.
La seule trace qu’il me reste de ces vacances c’est ce livre, mais maintenant j’ai ce bout de papier avec juste 3 lettres.
J’espère que le début de cette histoire vous a plu. N’hésitez pas à m’écrire pour me dire ce que vous en pensez. Si ça vous plait, je compte écrire de nouvelles histoires bientôt.
Tigre Masqué
matty.ff42@gmail.com
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