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Peu, vraiment très peu de gens savent ce qui s’est passé dans cette histoire entre le retour de Térésa à Natal, en 1963 et disons… 1972. Il y en a un qui sait, mais il ne divulguera rien.
Moi, Ted Morton, qui vous ai accueilli au tout début des Contes brésiliens, je dois être attentif à ne pas trop en dire. Je peux seulement vous révéler qu’en 1967 Victor et son ami Ignatio ont eu un sacré choc lorsqu’ils se sont aperçus que le sage petit Bruno l’était beaucoup moins qu’ils ne le pensaient. Les pauvres ont eu bien du mal à s’en remettre et, pendant quelque temps, ils ont même préféré que Bruno aille vivre avec Térésa, dans l’appartement de la callé Oliviera. Ceci dit, il ne s’écoula pas trois semaines avant que Victor qui adorait littéralement son pupille, ne se laisse pousser par Ignatio à lui proposer de revenir à Ponte Negra. Mais les choses n’étaient pas si simples et Bruno, privé de la compagnie d’un certain Tobie avec lequel il s’entendait fort bien, se mit à commettre toutes sortes d’extravagances. Cette forme particulière de crise de l’adolescence prit une telle ampleur que, la mort dans l’âme, son oncle décida de le mettre en pension, d’autant que ses résultats scolaires avaient beaucoup baissé. Térésa dut réconforter son oncle, qui, désespéré d’avoir dû se résoudre à une telle extrémité, passait au début le plus clair de son temps à rendre visite à Bruno dans sa pension et à se disputer avec lui au parloir…
Mais il ne fallut pas beaucoup plus que quelques semaines pour que Bruno s’aperçoive que l’univers de la pension lui convenait tout à fait, et vous vous doutez bien pourquoi... Aussi, pendant les quelques années qui suivirent, ses résultats scolaires s’améliorèrent spectaculairement à tel point qu’il eut son bac à 17 ans, avec mention. Victor était fou de joie et il n’aurait pas fallu beaucoup le pousser pour qu’il vende le restaurant afin de payer à son neveu des études supérieures dans les Universités les plus chères des USA. Bruno, sagement, refusa et s’inscrivit à Sao Paulo au prestigieux campus Armando de Salles. Trois ans plus tard, il en ressortait, âgé de vingt ans, avec un diplôme d’ingénieur en poche, et une proposition d’emploi chez IBM qui installait justement une nouvelle succursale à Recife.
La soirée de Bruno (1974)
En descendant de l’autobus climatisé, Bruno respira une large goulée de l’air chaud et humide de Recife. Le trajet de 250 km entre les deux villes lui avait paru interminable, de même que lui avait semblé ridiculement court le week-end qu’il avait passé en famille, à Natal. La villa de Ponte Negra, soudain, avait paru trop petite pour accueillir la foule des cousins, des amis, des voisins… Le temps avait manqué à Solana, tout à la fois femme de ménage, cuisinière, confidente et amie de la famille pour le gaver comme elle le voulait de petits plats et de sucreries. Bruno avait tout juste eu le temps de bavarder quelques heures avec sa sœur Térésa dont le ventre s’arrondissait de son premier enfant. Et c’est à peine s’il avait pu chahuter ses oncles Victor et Ignatio et jouir de leurs mines incrédules quand il leur racontait certains de ses exploits.
Le temps avait semblé trop court pour savourer l’harmonie familiale, enfin retrouvée. Elle était là, pourtant, et ils se sentaient plus soudés que jamais, même si les oncles avaient encore du mal à accepter sa liberté de mœurs. Sans grand enthousiasme, Victor avait enfin admis que son pupille aurait finalement la même sexualité que lui ; mais à ses yeux, Bruno resterait toujours le petit garçon sage qui venait se blottir dans ses bras avant d’aller au lit. Ni lui ni Solana ne pouvaient comprendre d’où lui venaient toutes ces idées perverses. Ils regardaient avec une incrédulité vaguement désapprobatrice la dépravation dont leur « Angelito » faisait devant eux complaisamment étalage. Bougonnant contre Ignatio qu’il trouvait trop compréhensif, Victor tentait comiquement de lui faire la morale. Au moins, lui disait-il, fais comme moi et trouve-toi un amoureux, mais un seul ! Et Bruno, de hausser les épaules et de répondre en riant qu’il aimait trop le sexe, et qu’il lui faudrait au moins deux ou trois Ignatio, rien que pour lui… Rien ne l’amusait plus que de contrefaire la grimace vaguement dégoutée que faisait alors son oncle. Mais les deux hommes, Ignatio d’abord et puis Victor ensuite, finissaient immanquablement par céder au grand rire contagieux de Bruno.
Quelques heures à peine auparavant, il était encore dans les bras de Térésa qui avait tenu à le raccompagner jusqu’à la gare routière, avec son futur mari. Les noces auraient lieu finalement après la naissance du bébé, pour qu’on puisse bien faire la fête. Térésa semblait heureuse, avec ce grand gaillard noir, prof d’éducation physique dans le lycée dans lequel elle enseignait désormais. Alors que les passagers du bus se bousculaient pour descendre, Bruno songea que sa sœur devait prendre cher dans l’intimité du lit conjugal, vu la carrure du futur beau-frère et vu l’énormité du service trois-pièces qu’on voyait lourdement balloter dans son survêtement Adidas…
Les rues du centre-ville, à Recife, étaient mieux éclairées qu’à Natal. Du parking de la gare centrale, brillamment illuminé, Bruno pouvait apercevoir l’immeuble du front de mer où il avait pris en location un appartement. Il récupéra dans la soute de l’autocar son sac à dos et l’énorme emballage isotherme que Solana avait bourré de toutes sortes de provisions, comme si Recife était soumis aux affres d’un strict rationnement alimentaire. Courbé sous ce fardeau, il franchit les quelques centaines de mètres qui le séparaient de chez lui et aussitôt arrivé, s’affala sur le canapé. Pourtant, il n’était pas fatigué ; il avait même dormi dans le bus.
Mais il se sentait seul et malheureux. Le départ de Natal, le chagrin qu’il avait perçu dans le regard de ses oncles, celui qu’il ressentait lui-même d’être obligé de repartir si vite… Ils s’étaient promis de se revoir dans peu de temps, mais chacun d’entre eux savait qu’il ne lui serait pas possible de venir de Recife à Natal toutes les semaines…
Bruno soupira. Au fond, il savait très bien comment chasser cette tristesse qui l’accablait.
Il se leva d’un bond, courut à la douche et puis s’habilla rapidement, mais en prenant soin de revêtir un jean serré pour bien mettre son cul en valeur et une jolie chemise noire qui faisait ressortir ses cheveux clairs et son teint bronzé.
Une heure plus tard, il était dans un des bars de Recife où, d’après le bouche à oreille, les plus beaux mecs venaient s’encanailler, et où il commençait à avoir ses habitudes. Bruno répondit au clin d’œil complice que lui adressa l’un des deux serveurs ; le plus beau et le plus sympa. L’autre était plus petit et plus timide mais, se souvint Bruno, c’était des deux le plus généreusement membré… Pour un dimanche soir, 20h30, il n’y avait pas grand monde, dans la salle. Quelques femmes, esseulées qui riaient fort en regardant les mecs, et une dizaine d’hommes, certains plutôt âgés et d’autres dans tout l’éclat d’une jeunesse triomphante, mais qui ne bougeaient pas de leur siège. Le juke-box crachait des rythmes latinos et, avant de se faire alpaguer par une fausse rousse, qui lui rappelait vaguement Lola, l’entraineuse de la callé Oliviera, Bruno choisit d’aller s’asseoir non loin de l’entrée, dans un coin plus tranquille.
A vingt-deux heures, se promit-il, extinction des feux, afin d’être en forme pour aller travailler, le lendemain lundi…
Il s’absorba un instant dans ses pensées, refaisant le film de son séjour à Natal et regrettant de ne pas avoir pu au moins croiser Tobie. Le souvenir des expériences qu’il avait pu vivre avec son ancien petit camarade, accéléra légèrement le rythme de ses pulsations cardiaques. Là bas, dans la pénombre, il crut un instant voir une petite vieille, avec une pipe à la bouche qui lui faisait un signe de la main. Et, au même moment, il eut le sentiment d’une présence, toute proche.
Bruno leva le nez de sa chope de bière et lança un regard interrogatif. Là… vers la gauche… Une tête nouvelle, un client qui venait tout juste d’entrer, un beau gars très brun avec une coupe de légionnaire et un polo vert pale qui mettait en valeur sa musculature athlétique. Entre 20 et 25 ans, pas plus. Le gars le dévisageait avec insistance et finit par lui dire, en désignant la banquette :
- Dis-moi, camarade : il n’y a plus beaucoup d’endroits pour s’asseoir et je veux être sûr de voir mes collègues quand ils vont arriver. Je peux me mettre là ?
- Bien sûr, répliqua Bruno en se poussant légèrement. La place est libre.
Le nouveau venu posa par terre son sac à dos et s’installa à ses côtés, avec un soupir d’aise. Bruno jeta autour de lui un coup d’œil circulaire et ne vit aucune vieille avec une pipe. Le mirage s’était évanoui, mais il savait à quoi s’en tenir et sourit intérieurement.
Il tendit la main à son voisin :
- Moi, c’est Bruno.
- Salut ! Moi c’est Javier…
- Si tes collègues ne sont pas censés arriver tout de suite, j’ai peut-être le temps de t’offrir un verre ?
L’autre eut l’air intéressé.
- Je crois que je suis un peu en avance. C’est la première fois que je viens à Recife et je connais personne. Les copains sont partis chacun de leur côté et on s’est donné rendez-vous pour 21 heures, mais au lieu de risquer de me paumer, j’ai préféré venir attendre ici.
Bruno se leva et, soulevant sa chope à moitié vide, lança :
- Je vais faire le plein et je reviens. Je te ramène la même ?
L’autre marqua un temps d’arrêt et, après l’avoir toisé de haut en bas, finit par accepter d’un simple hochement de tête.
Pendant plus d’une heure, assis sur la banquette non loin de l’entrée, ils discutèrent en fumant des Lucky Strike. Javier avait 21 ans et venait du Minas Gerais. Il était depuis six mois militaire, dans la marine et c’était la première fois qu’il venait dans le Nordeste. Bruno s’intéressa à son quotidien, à l’organisation de la vie à bord, à ses loisirs. Javier répondait au début avec une certaine retenue, mais après la deuxième chope, il devint vite évident que les deux collègues avec lesquels il avait profité de la permission à terre octroyée à l’équipage, en cette fin de week-end, lui avaient beaucoup appris sur la solidarité qu’on se manifeste parfois entre marins lorsque les semaines sont longues sans toucher terre.
Tout avait commencé à l’infirmerie, car Javier, dans les premiers jours, avait souffert du mal de mer. Pendant qu’il attendait le bon plaisir de l’officier-médecin, il n’avait pas eu d’autre ressource que de s’en remettre à l’infirmier, José, un gars de Rio, sur lequel il avait dû s’appuyer, cassé en deux, pour aller vomir dans les toilettes quand les nausées étaient devenues trop fortes. L’autre était resté enfermé avec lui dans l’étroite cabine, le soutenant, le consolant et lui caressant les cheveux. Et, à peine Javier s’était-il senti un peu mieux que l’infirmier lui avait baissé sur les cuisses son pantalon d’uniforme, l’avait sucé jusqu’à la jouissance et avait tout avalé avec un grognement satisfait. Pour cette fois, Javier avait été bien incapable de lui rendre la pareille, très incertain des réactions de son estomac torturé. Mais il s’était senti tout de suite mieux et le remède qu’il avait ainsi découvert lui avait paru tellement savoureux qu’il ne pouvait plus s’en passer.
Javier avait compris qu’à bord du bâtiment, bon nombre de marins s’associaient ainsi à deux ou à trois, parfois à beaucoup plus, pour se soulager les couilles en toute discrétion. José et un de ses amis, un dénommé Luis, ont vite constitué avec Javier le noyau d’un club assez fermé, mais très convivial.
A bord, désormais, Javier avait ses habitudes. Du coup, il n’avait que très modérément partagé l’enthousiasme de José, lorsqu’il avait appris que le commandant accordait aux membres de l’équipage qui le souhaitaient la permission de rester à terre jusqu’au lendemain. Ses amis avaient quand même réussi à le persuader de quitter le bateau. José et Luis connaissaient bien Recife, surtout José qui y avait visiblement quelques amis qu’il avait hâte de retrouver…
- Ils m’ont dit 21heures, à cet endroit, soupira Javier. Mais je suis pas sûr de les voir !
Il tournait et retournait sa chope dans ses grandes mains aux ongles courts, s’excusant de ne pas pouvoir, avec sa maigre solde de marin, rendre à Bruno son invitation et lui payer la tournée. L’autre alla jusqu’au bar et revint avec deux nouvelles chopes pleines.
- C’est dans les moyens d’un ingénieur chez IBM, déclara-t-il en riant.
Javier rit aussi, de son rire grave, viril. Il fixa un instant son vis-à-vis de ses yeux sombres et, après avoir descendu d’un seul coup un tiers de sa bière pression, il lui dit à quel point il lui était reconnaissant de l’aider à meubler son attente.
- Hé bien, je serais disposé à ce qu’on remplisse ensemble bien plus que cela, riposta Bruno, mais je crois que tes amis ne vont plus beaucoup tarder, malheureusement pour moi…
L’autre parut n’avoir pas entendu et ils continuèrent à écouter la musique. Il devait être presque 21h30 lorsqu’enfin une silhouette baraquée fit son apparition et se dirigea vers eux.
- Voici Luis, annonça Javier en se levant pour serrer la main du nouveau venu.
- Salut, moi c’est Bruno et j’ai tenu compagnie à ton copain en attendant.
Luis était apparemment légèrement plus âgé que Javier, moins grand mais tout aussi costaud. Très brun, lui aussi, quoiqu’un tout petit peu moins typé. Il écrasa négligemment les doigts de Bruno en lui serrant la main, tout en lui décochant un large sourire de ses dents blanches.
- Et José, alors? Il ne vient pas ? demanda Javier.
- Non, je crois qu’il est sur un coup. On ne le verra pas de la nuit.
- Mais alors, où est-ce qu’on dort ? Javier laissa percer une pointe d’angoisse dans sa voix grave. Il est trop tard, on ne peut plus retourner sur le bateau.
- T’inquiète, on va se démerder…
Bruno, intérieurement, se frottait les mains.
- Dites, les gars, cela ne me regarde pas, mais… Vous n’êtes pas à la recherche d’un endroit pour dormir ?
- Pourquoi ? tu peux dépanner ?
- Bien sûr ! Deux beaux militaires perdus dans la jungle de Recife, c’est un devoir patriotique de m’en occuper…
- T’es tout seul ?
- Oui…
- Hé bien, c’est un devoir pour deux militaires de protéger un civil qui est tout seul dans une ville aussi dangereuse que Recife.
- Alors, on y va quand vous voulez !
- On est partis…
Une demi-heure plus tard, dans son petit appartement de l’avenidad Epitacio, Bruno ne se sentait plus du tout triste. Ce n’était pas la première fois qu’il ramenait chez lui un amant de passage, loin de là. Mais c’est bien la première fois qu’il se faisait deux marins aussi costauds et bien membrés.
Sous les supplications de Javier qui souffrait de sa vessie trop pleine de bière, ils avaient fini le trajet presqu’en courant et ils s’étaient dépêchés de gravir les trois étages d’escalier pour arriver jusqu’à son appartement. Pendant que Bruno bataillait contre la serrure, le jeune marin avait ouvert son jean et il n’avait eu que le temps de l’emmener dans les toilettes où il était resté profiter du spectacle de la grosse queue couleur bistre qui évacuait un flot d’urine. Luis les avait rejoints après avoir refermé la porte extérieure, et, enlaçant Javier par derrière, il n’avait laissé à personne le soin de secouer le gros engin de son camarade, jusqu’à la dernière goutte de pisse. Avec un abandon qui trahissait une longue habitude, Javier les bras ballants, se laissa aller entre les mains de son collègue, qui poursuivit son action en flattant sensuellement les grosses couilles à moitié sorties du jean. En quelques secondes, Javier afficha une érection qui dépassait les 20 centimètres.
Le spectacle était si chaud que Bruno eut peur de se jouir dessus. Luis, brusquement, s’interrompit et balança une grosse claque sur les fesses de son camarade.
- Allez ! ce salaud est en train de bander comme âne, mais on va pas le faire cracher tout de suite… Tu nous offres un verre ? poursuivit-il en se tournant vers Bruno.
Ce dernier s’exécuta et partit vers la cuisine, où il sortit trois verres qu’il remplit d’une double dose de whisky.
Lorsqu’il revint dans le salon, portant les verres sur un plateau, il eut un délicieux choc visuel. Les deux jeunes marins s’étaient intégralement dévêtus et, debout au milieu de la pièce, se frottaient sensuellement l’un contre l’autre. De là où il était, Bruno apercevait les deux garçons de profil et voyait leurs deux grosses queues étroitement collées l’une sur l’autre. Luis se pencha légèrement et alla chercher le bout d’un téton sur les pectoraux poilus de son collègue. Mordillant sadiquement la pointe érectile, le beau militaire faisait gémir sa victime qui, malgré cela, le caressait depuis la nuque jusqu’au tout début des fesses. Javier fit entendre soudain un petit grognement lorsque Luis, poursuivant son avantage, lui introduisit brusquement un index dans l’anus. Creusant les reins pour échapper au doigt qui le fouillait, Javier pressait du coup plus étroitement encore son érection contre le ventre de son camarade qui se mit à alterner de plus belle sur ses seins les morsures brutales et les coups de langue réparateurs.
Au bout d’un moment, Javier, au supplice, lui repoussa la tête et, comme l’autre faisait mine de recommencer, il entreprit de le ceinturer. Les deux hommes étaient à peu près de même poids, mais Javier était plus grand. Il prit progressivement l’avantage sur Luis qui résistait, peu habitué apparemment à se laisser dominer. Bruno était si excité, à les regarder, qu’il sentit ses couilles se durcir dans son jean et faillit laisser choir son plateau.
- Pose çà sur la table et viens là, avec nous… murmura Javier de sa voix grave, légèrement essoufflé par les efforts qu’il faisait pour maitriser Luis.
Bruno obéit et se dévêtit en quelques instants pendant que les deux militaires leurs muscles gonflés, leurs magnifiques corps nus tendus par l’effort, cherchaient à se faire trébucher l’un l’autre. Le spectateur se rapprocha vivement, les écartant de la table en verre qui aurait pu faire les frais du combat. La lutte entre les deux marins dura encore quelques secondes, juste assez pour que Javier, se glissant en un instant derrière Luis l’emprisonne de ses deux bras serrés. Bruno avait désormais sous les yeux le corps somptueux de Luis qui se débattait, avec ses cuisses largement écartées qui laissaient voir en pleine lumière une érection démesurée.
- Qu’est-ce que tu attends ? souffla Javier à l’intention de Bruno, qui se précipita à genoux, bouche ouverte.
Le jeune ingénieur dut s’y reprendre à deux fois avant de réussir à emboucher la queue énorme qui battait de droite à gauche au rythme des mouvements désordonnés de son propriétaire. Il parvint toutefois à prendre en bouche l’organe viril qu’il absorba progressivement jusqu’à la base. Quand le nez de Bruno atteignit enfin le pubis plat et dur de Luis, le bout du gland était à l’orée de l’œsophage. Le membre somptueux fut honoré comme il le méritait et Bruno se mit à le sucer avec une passion et une avidité de connaisseur et d’expert. Un long frisson de plaisir parcourut l’échine du marin, qui ne parut pas, pourtant, vouloir se résigner :
- Bande de salauds !
Javier ne répondit pas mais se mit à lécher l’oreille de Luis, puis plongea vers l’épaule offerte de son camarade, pour lui faire à son tour endurer toute une succession de morsures et de coups de langue. La bouche grand’ ouverte, Luis semblait chercher sa respiration. La fellation magistrale que Bruno lui administrait avait eu raison de sa résistance.
- Stop ! C’est bon, les gars… on arrête…
- Attends, c’est pas fini…
Javier avait relâché son étreinte, certain que Luis, désormais sous l’emprise totale de Bruno, ne se révolterait plus. Mais il était resté derrière lui et, profitant de ce qu’il avait les jambes écartées, il avait glissé sa queue dans le sillon fessier de son collègue, l’obligeant à se cambrer et caressant à son tour son ventre plat et ses pectoraux secs.
- Vous ne m’aurez pas, s’insurgea encore Luis d’une voix déformée par le plaisir.
- C’est ce qu’on va voir… hein, Bruno ?
La bouche outrageusement pleine, le maitre de maison était incapable de répondre autrement que par un borborygme, mais ses mains étaient libres. Elles caressèrent les cuisses dures et musclées de Luis, poursuivirent leur chemin jusqu’aux couilles qu’elles effleurèrent avec délicatesse. Bruno sentait sur sa langue la grosse matraque du marin qui palpitait, déjà prête à se rendre. Le corps viril vibrait, proche de la jouissance. Alors, les mains de Bruno remontèrent jusqu’aux fesses qu’elles empoignèrent brutalement pour les ouvrir plus largement encore au frottement lascif de la queue raide de Javier et celui-ci, avec une puissance et une lenteur irréelle poussa tout doucement le bout de son gros gland dans l’orifice anal de Luis, pantelant.
- Ah ! non… Ohhhhhh…. Ah ! ouiiiiiiiiiii…
La défaite de Luis était consommée. Un geyser explosa dans la gorge de Bruno et faillit l’étouffer. Le superbe corps masculin auquel il venait de soutirer sa semence eut encore un spasme et puis se laissa tomber lentement sur la moquette.
- Vous allez me payer çà, les mecs…, déclara Luis au bout d’un instant.
- On est trois, çà fait trois manches, en principe, répliqua Bruno. Mais on fait les deux dernières dans mon lit, si çà t’ennuie pas ?
Finalement les trois hommes ne s’étaient endormis, enchevêtrés les uns dans les autres, qu’au moment où le soleil allait se lever. Puis, le réveil avait sonné, à sept heures ; car les deux militaires devaient se trouver à bord de leur navire à 8 heures et le jeune ingénieur à son bureau à 9.
Dans un bar de Chicago, Bruno et Ted Morton étaient assis l’un en face de l’autre, quelques mois après leur rencontre à Recife. Le jeune brésilien était venu rendre visite à son amant yankee et découvrait le nord des USA.
- Donc, si j’ai bien suivi, Rosa c’est ta grand-mère ?
- Exact. Mais je ne l’ai pas connue. J’avais deux ans quand elle est morte.
- OK. Mais si je comprends bien, chaque fois que tu es sur un coup valable, il y a son fantôme qui t’apparait, c’est cela ?
- C’est pas aussi simple que çà, mais… en gros, oui.
- Mouais…
- Qu’est-ce qui te gêne ?
- Rien… Enfin, si… Ca veut dire que pour nous deux, comme t’as pas eu d’apparition, c’est du bullshit ?
Bruno éclata de son grand rire de folle.
- Tu te souviens du t-shirt que tu portais dans le hall de l‘hôtel quand je t’ai dragué et qu’on est monté ensuite dans ta chambre ?
- Euh… non ! Je m’en souviens pas.
- Fais un effort.
D’un coup, la mémoire me revint.
Je portais un t-shirt blanc que j’avais acheté l’année précédente dans le Village lors d’un voyage à Toronto. J’avais été séduit par un détournement d’image bien dans la manière de la communauté gay au Canada : on y voyait le capitaine Haddock, muni de son célèbre accessoire, en compagnie de Tintin et du professeur Tournesol qui le regardaient en souriant. Autour de l’image, était écrit en grosses lettres majuscules : « Nous aussi, on aime la pipe »
FIN
Mascareignes
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