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En 1962, Térésa avait décroché son bac à Rio. La jeune fille ne s'était jamais plu dans l'atmosphère chic de l'entourage de sa tante. Il n'était pas question pour elle, dans ce milieu, d'aller à l'université (ce quartier général des gauchistes), quand bien même c'était le vœu de sa défunte mère. Le mari de sa tante, pourtant de fortune bien récente, s'estimait bien au dessus de telles vulgarités et regardait avec méfiance "les intellectuelles". Il avait été flatté que sa nièce par alliance, inscrite dans un lycée prestigieux, décroche le bac avec mention malgré ses ennuis de santé, mais il s'opposa fermement à ce qu'elle aille plus loin. Au fond, même si Anna, sincèrement désireuse de veiller au mieux sur les intérêts de sa nièce orpheline la défendit jalousement, Térésa détonnait trop dans l'environnement policé de son oncle par alliance : trop noire (en tant que fille d'un noir et d'une mulâtresse) trop provinciale et surtout trop affublée des croyances bizarres que lui avait léguées sa grand-mère. A plusieurs reprises, Anna avait tenté de la convaincre de renoncer à la fameuse pipe (qu'elle suspectait d'avoir été fatale à son père Rodrigo et, de façon encore plus radicale, au propre père de la jeune fille); rien n'y fit. Térésa aimait bien son exubérante et fantasque tante ; mais sur ce chapitre, elle ne voulut jamais rien entendre.
Un an après l’obtention de son diplôme, elle manifesta tout à coup l’intention de regagner le Nord. Elle avait près de 19 ans et était pleinement guérie des problèmes pulmonaires qui auraient pu lui être fatals. Elle sauta sur la proposition faite par Victor de rentrer à Natal pour s'y établir avec le reste du pécule qui lui venait de sa mère et quitta Rio sans même dire adieu à son ami Manoël, que sa tante rêvait pourtant de la voir épouser...
Le destin du beau Manoël (1958)
Trois mois après le départ précipité de Térésa, Manoël Esposito perdit son père, d’une attaque cérébrale. Manoël avait l’impression que le monde lui était devenu hostile. Il aimait beaucoup sa mère, qui était encore une très belle femme, mondaine accomplie, un peu superficielle, mais dotée d’un charme légendaire. Pourtant, c’est avec son père, un self made man taciturne et réservé qu’il s’était toujours le mieux entendu. Il était le petit dernier ; son frère ainé avait fait de brillantes études et il avait succédé à leur père à la tête des entreprises familiales ; leur sœur s’était mariée avec un banquier et ils vivaient tous, comme leur mère, une existence insouciante dans la bonne société carioca. Lui, était en passe de réussir ses études de droit et, sans compter sa part de l’héritage familial, il serait certainement un jour un brillant avocat. Il était jeune, à 23 ans ; il était riche ; il était beau avec ses cheveux noirs bouclés, ses yeux verts et son teint légèrement hâlé, son corps souple et musclé qu’il entretenait soigneusement dans son club de polo ultra chic.
Pourtant, il ne parvenait pas à se débarrasser de cette tristesse qui ne l’avait jamais quittée depuis le décès de son père et que le départ de Térésa ne faisait, curieusement, que rendre plus sensible. Il l’avait rencontrée à la bibliothèque, à l’époque où elle passait son bac et que lui-même n’était qu’en deuxième année de droit. Elle s’était trompée de livre, avait pris le sien par erreur et le lui avait rendu avec un sourire timide. Dès ce moment-là, ils étaient devenus amis. Au fil du temps cette amitié s’était renforcée et, en dépit de son… problème, il l’avait senti se transformer un attachement sincère. Il l’avait présentée aux siens et s’était imaginé qu’il pourrait un jour lui proposer de devenir sa femme, malgré les remarques acides de sa mère qui trouvait que Térésa était bien loin de leur statut social.
Dans son milieu, se marier, à son âge, devenait nécessaire, et Térésa aurait peut-être pu devenir une partenaire idéale dans sa vie mondaine…
Au lieu de cela, elle était partie, presque sur un coup de tête…
En réalité, c’est tant mieux comme cela, pensa-t-il. Térésa est intelligente et je n’envisageais pas une seconde de lui mentir toute ma vie. Or, Dieu sait comment elle aurait pris la révélation de la vérité…
Il aurait dû lui expliquer la situation, lui avouer son homosexualité et lui dire qu’il n’était physiquement attiré que par des hommes, de préférence costauds et bien virils. Et cela, pour autant qu’il s’en souvienne, depuis le début de sa puberté, vers 12 ou 13 ans. Même si il n’en était devenu absolument certain qu’après avoir croisé la route de Guilherme…
C’était cinq ans auparavant, en 1958. Il avait dix-huit ans, cette année-là.
Depuis plusieurs mois, il se faisait prendre par la longue queue fine de son camarade de lycée, Simon. Il avait appris à bien sucer le membre viril avant de se faire enculer sans douceur par son pote qui gémissait en lui larguant toute sa sauce dans le ventre. Mais Simon, décidément plus attiré par les filles, venait de le larguer et Manoël cherchait à meubler comme il pouvait son célibat avec un garçon de son âge. Certes, il lui était déjà plusieurs fois arrivé de regarder, à la dérobée, l’un des employés de son père, un jeune maçon de 28 ans nommé Guilherme Heinz, mais sans songer réellement à l’attirer dans son lit. Fils d’immigrés allemands comme son nom l’indiquait bien, Guilherme était un colosse blond et baraqué de plus de 1m90, avec des yeux bleus acier et des grosses mains d’étrangleur. Il travaillait dans l’entreprise de construction de M. Esposito en tant que maçon, à la base, mais le patron estimait énormément son travail et lui confiait de plus en plus souvent le pilotage de chantiers. Il finira l’année suivante par devenir le contremaitre du père de Manoël. Guilherme, cependant, n’avait pas bonne réputation. On disait qu’il taquinait volontiers la bouteille et qu’il se comportait mal lorsqu’il avait bu. Son mariage, disait-on, battait de l’aile à cause de cela, mais on racontait surtout que sa femme avait voulu jeter l’éponge parce que son mari aimait un peu trop les jeunes garçons…
Manoël se souvenait parfaitement de ce qui s’était passé ce soir-là ; le soir où sa sœur Sofia fêtait son vingtième anniversaire.
Une cinquantaine de jeunes étaient invités dans les jardins de la belle villa aux abords de Petrópolis où les Esposito avaient leurs quartiers d’été, et la fête paraissait réussie. Les parents de Sofia avaient exigé, pour la sécurité, que des adultes servent de vigiles et soient postés aux accès de la villa, tandis qu’eux mêmes s’étaient repliés sur l’appartement à Rio. Comme souvent dans ce cas, des employés de l’entreprise Esposito acceptaient de jouer les gardiens contre quelques réals. Guilherme faisait partie de cette petite milice prétorienne et, en habitué des lieux, il s’était réservé le contrôle de l’accès à la maison proprement dite, sévèrement interdite à toute personne non autorisée.
La fête battait son plein entre le jardin plongé dans la pénombre et la piscine illuminée. A proximité, des couples dansaient le twist et on entendait rire les filles qui flirtaient avec leurs cavaliers. Manoël avait dû se soustraire aux avances de quelques unes, attirées par son physique charmeur tout autant que par la perspective d’épouser un jour le cadet d’une famille riche et puissante. Son frère Vincente, 21 ans, moins beau, mais plus grand et plus fort n’avait pas tant de problèmes et devait certainement être en train de jouer au parfait gentleman avec sa fiancée, laquelle ignorait évidemment que l’héritier des entreprises Esposito avait récemment mise enceinte la fille de la bonne…
Manoël avait bu quelques verres de whisky-coca, pour tâcher d’oublier son mal être. Il se débarrassa de sa veste et, d’une main nerveuse, défit son nœud papillon. De là où il était, il avait une vision d’ensemble. Plusieurs beaux jeunes mâles s’agitaient sur la musique, mais comment savoir lequel aurait potentiellement répondu à ses avances ? Pas l’inaccessible Pedro, en tous cas : le meilleur ami de son frère avait passé l’essentiel de la soirée à peloter les seins de la ravissante Juliana et ne lui avait même pas jeté un coup d’œil. Hétéro à 200%...
Irritable, un peu ivre, Manoël était allé se resservir un verre et il avait démarré sur les chapeaux de roue sur une réflexion de sa sœur quant au négligé de sa tenue vestimentaire. Après l’avoir insultée, il avait décidé de se tirer pour rentrer tout seul à Rio ! Il s’était pointé dans le garage, bien décidé à s’emparer de la petite Austin de sa mère qu’il avait déjà conduite une fois ou deux avec la complicité de son père… Mais, évidemment, il ne serait probablement jamais arrivé à faire plus d’un ou deux kilomètres avant de se perdre ou de faire un accident.
Quoiqu’il en soit, Manoël s’était retrouvé nez à nez avec Guilherme qui lui avait signifié fermement qu’il n’était pas question qu’il le laisse toucher à la voiture maternelle. Le ton était monté très vite. Hors de lui, Manoël avait ramassé un bâton et avait taché d’en frapper Guilherme. Le bois s’était brisé de façon dérisoire sur l’épaule du colosse qui en avait retiré à peine une égratignure. Au comble de la fureur, Manoël s’était mis à hurler.
- Sors-toi de mon chemin, sale larbin ! Je fais ce que je veux, et c’est pas tes oignons…
- C’est ma responsabilité et je te conseille de te calmer.
- Sinon quoi ? tu m’envoies en camp de concentration….Goering ?
Manoël soudain eut l’impression que sa tête explosait.
La baffe qu’il avait reçue l’avait projeté à deux mètres de l’endroit où il était auparavant… Les oreilles bourdonnantes et un filet de sang à la commissure des lèvres, il chercha à se relever, et, sonné, il s’affaissa de nouveau sur les géraniums.
Quelques instants plus tard, il se sentit soulevé du sol et transporté sur l’épaule du géant blond jusqu’à la salle de bain au rez-de-chaussée de la maison déserte. Le bruit de la musique de la surprise-partie qui se déroulait toujours dans le jardin lui parvenait comme à des kilomètres. Muni d’un gant de toilette, et avec une douceur qu’on n’aurait pas attendue de ses grosses pognes, Guilherme lui nettoyait le visage avec de l’eau chaude savonneuse. Sous l’impact de la baffe, Manoël avait pris contact sans douceur avec le sol, mais son visage et ses cheveux avaient juste été maculés de boue. Aucun bobo au visage. La muqueuse dans sa bouche avait déjà cessé de saigner. Manoël porta la main à sa pommette qui, par contre, menaçait de rester durablement tuméfiée.
- Je suis désolé. J’y ai peut-être été un peu fort…
- Un peu fort ? Tu m’as démoli la mâchoire.
- Tu m’as poussé à bout. Tu trouves cela normal de me frapper comme un chien ? De m’insulter, de me traiter de nazi alors que je ne fais que te protéger contre toi-même ? De me parler comme si j’étais une merde parce que je bosse pour ton père ?
- Je suis désolé. J’y ai peut-être été un peu fort…
Ils rirent tous les deux, d’un rire nerveux.
Manoël observa leur reflet dans le miroir, et une expression perverse déforma son beau visage.
- Guilherme… C’est vrai ce qu’on dit ? Que tu aimes bien les petits garçons ?
Le regard bleu noircit immédiatement et les énormes poings se serrèrent.
- Du calme ! du calme… Je voulais juste savoir ce que tu penses des grands garçons… Ils peuvent être intéressants aussi, non ?
- Fous-moi la paix !
- Allons, Guilherme… Tu peux être sûr que je ne dirai pas à mon père que tu m’as flanqué une baffe et j’inventerai quelque chose pour expliquer le bleu que je vais avoir. Mais en échange, j’aimerais bien que tu me laisses enlever ta chemise pour vérifier que ton épaule n’a pas été blessée avec mon coup de bâton, c’est tout…
- Laisse-moi tranquille…
- Comme tu veux, mais je crois que ma mère ne sera pas très contente de savoir que son fils a été tabassé, même avec d’excellentes raisons.
- OK. J’enlève ma chemise et on s’en tient là, d’accord ?
Evidemment, ils ne s’en étaient pas tenus là.
Manoël avait caressé le torse massif et poilu qui s’offrait à lui, en excitant sous ses paumes les tétons pointus au milieu de leurs larges aréoles roses. Après avoir léché les poils odorants sous les aisselles, il n’avait pas tardé, malgré la résistance de Guilherme à s’attaquer à la braguette du grand blond, qui de toute façon, était gonflée à bloc depuis un moment. Les odeurs viriles qui émanaient de l’entrejambe du jeune maçon faisaient chavirer Manoël. Malgré sa joue endolorie, il ouvrit largement la bouche pour engloutir la grosse saucisse bien rouge et bien gonflée qui finit par jaillir du futal. Se délectant du goût du pré cum qui coulait abondamment, le garçon se mit à lécher consciencieusement l’énorme gland, promenant sa langue tout à l’intérieur du large prépuce. Il poursuivit son exploration avec la grosse hampe veinée, légèrement renflée au milieu, pour finir par les deux grosses valseuses toutes roses qui pendaient lourdement, au milieu de leur buisson de poils blonds. Le nez collé à la peau chaude du bas-ventre de Guilherme, Manoël se noyait dans des sensations d’une intensité inédite en sentant les grandes mains puissantes du maçon fourrager nerveusement dans ses cheveux mi-longs.
- Viens, on va en haut, dans ma chambre. On sera plus tranquilles…
Sans laisser à Guilherme le temps de protester, Manoël l’entraina en le tenant par la main. Ils gravirent quatre à quatre les escaliers, dans l’obscurité pour ne pas alerter les autres qui s’amusaient dans le jardin et qui auraient pu remarquer de la lumière dans les étages. A tâtons, ils parvinrent dans la chambre de Manoël ; dans le noir, ils s’arrachèrent mutuellement leurs vêtements et nus, dans l’obscurité complice, ils s’abattirent ensemble sur le petit lit de Manoël qui gémit sous le poids inhabituel qu’on lui demandait de supporter. La tête blottie contre le cou de son amant, les bras serrés autour du corps blanc et poilu qui se pressait contre le sien, il se soumit aux doigts inquisiteurs de son viril partenaire qui, après lui avoir un peu branlé la bite, explorait avec dextérité son petit anus encore bien étroit. Doucement, comme on calme un poulain affolé, il sut apaiser le garçon qui avait hâte de connaitre le plaisir entre ses bras et qui voulait, tout de suite, être pénétré, dévasté, violé par le gros sexe raide qu’il caressait d’une main avide. Guilherme, prit tout son temps et, se plaçant tête bêche avec le fils de son patron le laissa sucer avec dévotion la queue imposante qui allait le sodomiser pendant qu’il s’occupait de lécher et lubrifier abondamment le petit cul, futur héros de la suite des évènements.
La suite des évènements, ce fut une sodomie d’une infinie douceur, se souvint Manoël qui, après une préparation de près d’une heure, accueillit entre ses reins le membre épais de son nouvel amant sans la moindre douleur. Plus tard, bien plus tard, Guilherme a avoué qu’à l’époque où il était lui-même un jeune homme et qu’il vivait avec ses parents aux abords de la forêt amazonienne, il s’était perdu dans la jungle et avait été recueilli par des indigènes. C’est là-bas, pendant son séjour chez les indiens, qu’il avait initié à l’amour des garçons des tribus albaranis. Jamais il ne s’en était tout à fait remis, et le désastre de son mariage s’expliquait bien, en effet, par l’addiction qui lui en était restée.
Dans la nuit de Petrópolis, en attendant, Guilherme sut faire usage pour le meilleur de ce qu’il avait appris dans la jungle. Millimètre par millimètre, il enfonça son gros braquemart dans l’anus étroit de son petit partenaire qui tremblait à la fois de peur et de désir. Caressé sur le ventre, l’intérieur des cuisses, et le long de son sexe de nouveau tendu, le jeune homme se sentait fondre à mesure que l’organe viril progressait en lui et, brusquement, il s’abandonna tout entier aux délicieuses sensations que lui procuraient la grosse tige qui l’avait pénétré et les couilles poilues qui venaient enfin s’appuyer sur ses fesses. Soumis, désormais, au vigile qu’il avait insulté une heure plus tôt, Manoël se laissa conduire par lui dans une chevauchée fantastique, leurs deux corps unis dans une recherche éperdue du plaisir suprême. Attentif à bien laisser croitre les sensations qu’il faisait naitre dans le ventre du beau gosse écrasé sous son poids, Guilherme promena longuement et lentement sa grosse queue dans le conduit anal serré de son jeune partenaire jusqu’à ce que, comme un feu de silex, patiemment allumé, un orgasme gigantesque se lève comme une vague démesurée et les submerge ensemble. Le petit lit ne résista que par miracle aux mouvements désordonnés qui les agitèrent lorsque le plaisir devint insoutenable. L’anus distendu par l’énorme barre virile qui le déformait, entièrement couvert par le corps de ce colosse appliqué à le faire jouir, Manoël avait été projeté dans un océan de plaisir. Des années après, il se souvenait de ce sentiment d’être rempli et d’être protégé.
Insoucieux finalement d’être entendus par ceux d’en bas, ils avaient crié à l’unisson lorsque leurs sexes, en même temps, s’étaient gonflés pour expulser toute la sève qu’ils contenaient. Enculé jusqu’à la garde, Manoël sentait contre les siennes les énormes cuisses poilues du jeune maçon, ses mollets épais et ses pieds qui s’emmêlaient aux siens. Presque sans s’en apercevoir, leurs mains s’étaient jointes, leurs doigts entrecroisés. Et cette jouissance énorme, inhumaine, les avait laissés inertes, immobiles dans le petit lit, semblables à deux pantins désarticulés... Manoël se souvenait qu’il était resté plusieurs minutes incapable de reprendre ses esprits, les reins dévastés sous le poids considérable du géant blond à qui il s’était offert, et les boyaux inondés sous l’énorme flot de bon lait viril qu’il avait reçu en récompense.
Pendant des mois, les nuits de Manoël restèrent hantées par le souvenir de cette jouissance exceptionnelle… et par la façon brutale dont tout cela s’était achevé. Il se souvenait de la façon qu’avait eue Guilherme de se lever sans un mot, de se rhabiller à la hâte et de dévaler les escaliers pour disparaitre dans la nuit. Dès le lendemain, Manoël avait cherché à le revoir et s’était pointé au bureau, sur les chantiers, et même à son domicile… En vain.
En fait, Guilherme avait disparu pendant près de six mois et sa femme avait même demandé à la police de lancer un avis de recherche. Manoël avait entendu son père et quelques collègues du jeune maçon se perdre en conjectures. On savait qu’il avait rassemblé la nuit même quelques affaires dans une vieille valise mais personne ne sut jamais où il était allé. Et puis, un jour il avait réapparu, sans donner d’explications. Il avait repris la vie commune avec sa femme, lui avait fait deux enfants, avait été promu contremaitre et s’était acheté une petite maison…
Cinq ans s’étaient écoulés depuis la nuit de Petrópolis, et Manoël avait cessé d’être un jeune homme charmeur pour devenir un homme sportif, au corps solide et harmonieux, un beau brun aux yeux verts qui attirait dans la rue le regard des passants des deux sexes. Il n’avait jamais eu beaucoup de mal, en jouant sur son physique de séducteur, à attirer dans son lit beaucoup d’autres hommes virils et bien membrés qui lui auront procuré bien des orgasmes mémorables. Il y a eu en particulier un appariteur, qui travaillait à la fac où il s’était inscrit après le bac. Il était grand et costaud, avec une peau chocolat au lait et des abdominaux durs comme du béton. Et une queue longue, épaisse et raide, avec laquelle il savait lui torturer le derrière de la plus exquise des façons. Ce type était une bête de sexe, mais il ne brillait pas en revanche par ses qualités intellectuelles... Manoël sortait de ses bras épuisé, les fesses littéralement défoncées par cet amant brutal et viril. Pendant quelques temps, il s’était senti tellement comblé physiquement après leurs étreintes qu’il s’était cru amoureux. Avant de réaliser qu’il ne lui était pas possible d’entretenir la moindre conversation avec son beau vigile une fois sorti du lit…
Il y avait eu Jaime également, le cousin de Pedro, le meilleur ami de son frère Vincente. Jaime était marié, mais un jour, à leur club de polo, Manoël l’avait surpris en train de sucer voracement la longue bite d’un jeune lad. Le fait de s’être découvert des… passions… communes les avait rapprochés et ils étaient devenus amants ; depuis quelques années, ils couchaient donc ensemble, occasionnellement. Et ces deux beaux jeunes gens de la bonne société passaient régulièrement des heures en tête à tête, dans une chambre d’hôtel discrète, à se sucer la bite en se doigtant le cul. Mais Jaime était marié, plutôt passif, et surtout d’un égoïsme rare…
Oui, Manoël avait fréquenté beaucoup d’hommes. Mais jamais il n’avait trouvé quelqu’un qui lui fasse oublier le maçon athlétique qui lui avait donné tant de plaisir et qui l’avait ensuite abandonné.
Voilà pourquoi, parfois, Manoël se sentait triste…
Mascareignes
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