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Nous sommes montés dans l'autobus et nous nous sommes installés complètement au fond dans le seul banc pour trois de disponible. Je me suis assis au côté de ma mère, car nous avions à discuter. Sonia dormira durant tout le trajet et nous laissera seuls à notre conversation.
" Alors, content de ta semaine? "
" Oui, je suis nouveau, je ne pense plus de la même façon, je crois mes intérêts changés, je ne regarderai plus les personnes de la même façon. "
" Que veux-tu dire? Qui ça les personnes? "
" Les gars et les filles. "
" Explique-toi. "
" Tu nous as fait connaître la vie et fais découvrir nos corps graduellement à Sonia et à moi. Nous nous sommes amusés ensemble, elle me procurait du plaisir, je crois le lui en avoir fait autant, mais cette semaine, Jeff et Jay m'ont fait entrer dans une dimension insoupçonnée. "
" Es-tu gai? "
" Quoi? "
" Préfères-tu les hommes aux femmes? Préfères-tu faire l'amour à une femme ou à un homme? Quand tu baises avec un homme, es-tu comblé ou te manque-t-il quelques choses? "
" Je suis plus satisfait avec un homme, du moins avec Jeff ou Jay. Par contre quand j'ai baisé avec les autres gars, j'étais bien, je n'avais besoin de rien d'autre. "
" C'est bien et c'est OK comme ça, tu as trouvé ta place, ce que tu veux, ce que tu aimes et je suis heureuse. Je t'aime mon grand et suis derrière toi. "
" J'aimerais te poser des questions sur votre façon de vivre à papa et toi. "
" Qu'est-ce que tu veux savoir au juste? Je savais qu'un jour tu me questionnerais sur ton père, mais je ne savais pas quand. Vas-y, je n'ai rien à cacher et ton père non plus. Nous n'attendions que votre intérêt. "
" Pourquoi vous êtes-vous séparés? "
" Pourquoi préfères-tu les hommes? "
" Tu ne me réponds pas, tu dis que vous n'avez rien à cacher. "
" Je veux que tu réalises que certaines choses ne se décident pas d'elles-mêmes, il faut vivre sa vie comme elle doit être vécue. Tu ne peux pas décider de préférer les hommes, tu les préfères, c'est tout, tu dois vivre avec cet état de fait, l'accepter et évoluer avec. Ton père et moi, nous étions rendus à la croisée des chemins et il fallait vivre notre vie chacun de notre côté. Moi, c'était mes enfants, lui avait ses pulsions personnelles, ses besoins propres. "
" Il ne nous aimait pas? "
" Non, ne pense jamais ça. Guillaume vous aimait et il vous aime encore, il s'informe souvent de vous, il suit votre évolution régulièrement. "
" Comment? Tu ne m'as jamais dit que vous vous parliez. "
" Voyons, tu sais que nous sommes amis, qu'il y a beaucoup d'attachement entre nous. Il a toujours subvenu à vos besoins. "
" Besoins financiers oui, mais pour l'affection on repassera. "
" Ne sois pas amer, préfères-tu avoir un père malheureux à tes côtés ou un père heureux qui vit sa vie loin de toi? "
" Était-il obligé de se rendre à l'autre bout du monde pour vivre sa vie? N'aurait-il pas pu rester près de nous? "
" Sa vie l'a amené loin de nous, il est malheureux de la situation, mais il ne pouvait agir autrement. "
" Votre façon de vivre a-t-elle influencé sa décision? "
" Tu veux dire notre façon de vivre notre sexualité? Non, du moins pas directement. Notre libertinage a permis à ton père d'accepter ce qu'il était réellement. Cela a pris du temps, mais il y est parvenu. Je le savais insatisfait et malheureux, sa vie était incomplète et il se devait d'agir pour lui. Je l'aime et lui aussi, mais comme des amis sincères. Il peut me demander ce qu'il veut, il le sait et la réciproque est vraie aussi. "
" Qu'est-ce que tu veux dire par, pas directement et qu'est-ce qu'il est réellement? "
" Ton père, dû à son éducation, a toujours refoulé sa situation. Le fait de baiser avec d'autres personnes, dont des personnes de son sexe, lui a permis de réaliser son penchant pour les hommes. Ton père est gai. Un beau jour, son travail l'a amené à Londres, il a rencontré un Londonien et comme sa Compagnie avait besoin d'une personne de confiance là-bas, je l'ai forcé à accepter. Au début, il a refusé pour vous, mais je lui ai fait comprendre la situation. C'était pour notre bien à tous. "
" Papa est gai? "
" Oui, et plus il se révélait à lui-même, plus il avait peur de son comportement envers toi. Il ne comprenait pas encore la différence entre pédérastie et pédophilie. Un pédéraste aime les personnes de son sexe, un pédophile aime les enfants, garçons ou filles avant leur puberté. Guillaume est pédéraste non pédophile, il n'y avait rien à craindre avec toi et je n'avais pas peur pour toi. "
" Comment vais-je me comporter avec lui quand je le verrai? "
" Comme tu dois, laisser aller les choses et agir comme tu l'entends, mais ne lui en gardes pas rancune. Il vous aime vraiment tous les deux et je suis persuadée qu'il aimerait être à vos côtés pour parfaire votre éducation. "
" Tiens, tu es réveillée toi. "
" Oui. Je dois dire que votre conversation est très intéressante. Comme ça, je ne pourrai pas baiser avec lui? "
" Déçue petite soeur? Ne t'en fais pas, je serai à la hauteur. "
" Un instant jeune homme, c'est ton père ne l'oublie pas. "
" Ce qui est bon avec toi doit l'être avec lui aussi. "
" Vu de cet angle, peut-être, mais il faut être sur la même longueur d'onde. Le respect de l'autre doit toujours primer. "
" Sois sans crainte, de toute façon, je ne sais pas quand ni si nous allons le revoir un jour. "
Ma mère ne répondit rien à cette affirmation et le reste du trajet se fit en silence. Il était tard quand nous sommes entrés à la maison et nous sommes allés nous coucher immédiatement après une bonne douche.
Rodrigue