Si on m'avait dit que cela m 'arriverait je ne l'aurais pas cru. Plutôt bien fait de ma personne, 35 ans, aimant procurer du plaisir à un homme au sein d'une relation de confiance et de respect, j'ai toujours été attiré par de jeunes garçons, légèrement plus jeunes que moi... Alors si on m'avait dit !
Cela faisait plusieurs mois que ma vie sentimentale était en jachère. Après une merveilleuse histoire d'amour qui m'avait comblé, hélas soudainement interrompue, ma libido s'était mise en berne. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle serait ainsi réveillée, et en de telles circonstances.
S'il y a bien une chose que je refuse de négliger c'est mon cadre de vie, mon confort, la tristesse est plus supportable " au soleil " dit si bien le grand Charles. Considérant que la beauté est toujours un remède à la morosité, j'ai toujours pris grand soin de la décoration de mon appartement. Et chaque semaine, qu'il vente ou qu'il pleuve, je rends visite à mon petit fleuriste pour renouveler le bouquet qui orne mon salon pour le plaisir de tous mes sens.
Ce mardi matin, la température était clémente, le soleil du matin envoutant, le printemps annonçait enfin son retour, je me rendis comme chaque mardi à l'ouverture de la boutique de mon fleuriste. Nous nous connaissons bien maintenant.
" Bonjour Arnaud, alors quel bouquet te dicte ton humeur ce matin "
Me dit-il pour m'accueillir. C'était bien ma veine, c'était sans doute le seul fleuriste de Ferney-Voltaite hétéro. De toute façon il ne m'aurait pas plus, très gentil et bien élevé, mais pas très cultivé, nul n'est parfait, et j'ai besoin de pouvoir mener de riches conversations avec mon compagnon, fut-il de passage.
" Je suis à toi tout de suite, je termine avec Monsieur "
Ajoute-t-il. En effet je ne l'avais pas encore vu, mais un client était déjà là, la soixantaine bien mûre, cheveux gris coupés très cours, grand, pas trop mince, bien bâti, chaussures de cuir marron clair et costume anglais, je croise son regard bleu clair étincelant et un frisson me parcours. Immédiatement je chasse de moi cette tellement curieuse et surprenante sensation qu'elle me fait peur et me plonge dans la concentration de celui dont la vie dépend des fleurs qu'il va choisir.
Je suis tellement concentré que je ne m'aperçois même pas du départ de cet émouvant client. Bouquet acheté, de retour chez moi, je repense à lui quelques instants comme l'on pense de temps en temps à l'inaccessible pour se croire capable de plus que notre petite médiocrité, puis je reprends ma semaine telle qu'elle devait se dérouler, sans plus songer à cet énigmatique épisode.
Le mardi suivant, de nouveau chez mon fleuriste, je me promène comme d'habitude entre les présentoirs en cherchant l'inspiration du moment quand je sens une présence près de moi. Pas le temps de me retourner, je sens deux mains se poser très délicatement, sensuellement et furtivement sur mes hanches et une douce voix chaude me susurrer à l'oreille
" Pardon je ne fais que passer excusez moi "
Le souffle chaud de cet homme qui effleure ma nuque hyper sensible termine de faire naître en moi une immense émotion qui me coupe le souffle. Je tourne légèrement la tête à droite le temps de voir l'inconnu s'éloigner vers l'extérieur du magasin sans être capable de rien dire. Alors mon fleuriste m'interpelle
" Bonjour Arnaud tu as l'air tout chose, un souci ? "
Je lui réponds bêtement
" Non non j'ai juste été surpris je croyais être seul dans le magasin "
" C'est un nouveau voisin mais tu le connais il était là mardi dernier, apparemment il fait comme toi, en tout cas pour le moment, un bouquet chaque semaine... et pour toi alors "
Je ne l'écoute déjà plus, je suis perdu dans le souvenir du regard de ce bel inconnu qui, l'espace d'un instant, par la seule force de sa délicatesse et de son souffle, à créer en moi l'immense vide de l'espoir de le revoir : boule au ventre, jambes qui flageolent, je ne suis pas sur d'aimer ce qui m'arrive... mais j'aime ce que je ressens.
Je ne m'étais pas trompé. Cette nouvelle semaine a été un calvaire. Impatient de le revoir, peur de ne plus le revoir, peur de ce que je vais tenter, ou pas, si je le revois, peur de me faire du cinéma, peur de ne pas lui plaire, mais irrésistible envie de ressentir à nouveau son souffle chaud sur ma peau !
Mardi suivant, mon coeur bas la chamade au moment de me diriger vers la boutique de mon fleuriste. En arrivant je remarque que rien n'a été sorti sur le trottoir c'est inhabituel. Je pénètre dans la boutique et j'aperçois de dos mon bel inconnu en grande discussion avec le fleuriste. A mon arrivée ce dernier approche son téléphone mobile de son oreille et s'éloigne vers la réserve pendant que l'objet de tout mes désirs se retourne pour m'accueillir.
" Bonjour Arnaud, je peux vous appeler Arnaud ? Notre ami n'a pas été livré ce matin il est en train de se débattre au téléphone pour savoir s'il va pouvoir nous servir quelques roses.... Il nous a préparé un café "
Et il me tend une tasse de café. Voyant mon étonnement il ajoute
" Je savais bien que vous viendriez ... je l'espérait " dit il en plongeant son regard dans le mien avec une infinie douceur " alors je lui avais dit d'en préparer un second... vous allez bien ce matin ? "
Je prends la tasse et la pose immédiatement de peur de le renverser tellement je perds mes moyens. Et je lui bredouille
" Oui très bien merci beaucoup, un peu déçu pour les fleurs c'est rageant "
Quel imbécile, je ne sais même pas ce que je dis, je reste hypnotisé par cet homme magnifique, par sa si belle maturité, par son regard, par ses égards pour moi, par ses si jolies rides d'expression... je fonds !
S'en suit une discussion sur la place des fleurs dans notre intérieur, la bêtise des gens qui n'imaginent pas qu'un homme puisse être sensible à de telles préoccupations, la précocité du printemps, mais au fond, je n'écoute pas et ne sais pas ce que je dis, il me semble que ce moment est hors du temps, j'admire le visage de mon interlocuteur à chacune de ses expressions, voyant bouger ses lèvres avec une folle envie d'y coller les miennes...
" Vous n'êtes pas d'accord ? ... Arnaud, vous n'êtes pas d'accord avec moi ?? "
Cette interpellation me sort de ma torpeur.
" Oui oui bien entendu, tout à fait d'accord " avec quoi ? Je ne sais pas, quelle importance.
Je remarque qu'il s'est rapproché de moi. Il s'est légèrement déplacé à mon coté et se trouve à quelques centimètres de moi, je sens son souffle sur le coté de mon visage, c'est une effroyable douceur qui m'emporte dans les méandres de mes désirs charnels. Il me dit
" Je vais devoir y aller, j'ai beaucoup apprécié cette discussion, c'est toujours un vrai plaisir de vous croiser Arnaud " Puis il me pose un discret et furtif bisou sur ma joue tout en posant sa main en bas de mon dos, puis quitte rapidement la boutique...
Ce dernier contact à provoqué en moi une décharge d'adrénaline " tsunamique " ! Je me précipite sur le trottoir, regarde à gauche regarde à droite et tombe nez à nez avec lui qui éclate alors de rire...
" J'espérais bien vous faire de l'effet mais à ce point là je suis comblé ! "
Je fais mine de me vexer un peu, histoire de ne pas lui sauter au coup en pleine rue, alors il ajoute
" Ne m'en veuillez pas trop, j'avais simplement envie, alors j'ai tenté, je n'aime pas me retenir mais vous n'imaginez pas à quel point je suis soulagé de vous voir me porter autant d'intérêt "
Je reprends alors mes esprits afin de réussir à lui dire enfin
" J'espérais aussi vous plaire un peu, à vrai dire, ceux deux dernières semaines m'on paru terriblement interminables. "
Alors il m'attrape doucement et très délicatement la main droite en me disant
" Acceptez de venir prendre un autre café avec moi j'habite juste au dessus, nous verrons si nous pouvons ensemble tuer le temps... "
Et je le suis admirant son corps, ses petites fesses bien fermes mises en valeur par son pantalon de costume, et son corps élancé vers sa nuque grisonnante qui laisse deviner que Monsieur s'entretient et dois être toujours musclé sinon très bien " entretenu ". Jai presque honte moi de n'être qu'en jean, certes noir et sobre, et chemisette blanche, décontracté... Il m'ouvre la porte d'un ascenseur minuscule dans le quel à peine ais-je eu le temps d'entrer qu'il me rejoint se plaquant à mon dos, l'espace ne permettant pas de ce mouvoir davantage.
Dès que la porte est fermée, je sens sa main gauche venir se plaquer sur mon ventre pour me serrer contre lui, je lève les yeux et aperçois les siens dans le miroir, brillants, qui me regardent avec une infinie tendresse mêlée de l'inquiétude de celui qui a peur d'être refoulé, sa main droite vient déboutonner très habilement un bouton de ma chemisette afin de venir se poser juste sous mon sein gauche...
En même temps qu'une immense et apaisante chaleur émanent de ses mains immobiles sur mon corps, tout en me fixant des yeux ses lèvres déposent délicatement quelques bisous sur ma nuque caressée par son souffle doux : je suis électrisé, hors du temps et hors du monde, une profonde chaleur monde du bas de mon ventre, je pousse un immense soupir et laisse tomber ma tête en arrière en fermant doucement mes yeux... je le sens attrapé le lobe de mon oreille avec ses lèvres et me susurrer tout bas un si tendre et timide " merci Arnaud, merci, merci..... ".... Ce trajet en ascenseur me paraît durer plusieurs éternités.
pourtonplaisir
Autres histoires de l'auteur : La nouvelle vie d'Arnaud | Mon beau black à moi