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Saison 2 | Chapitre 5
Je passe faire quelques courses avant de rentrer à l’appart. Plein le cul de bouffer des plats préparés en fait. En rentrant je me gare sur la place handicapée à 20 m de chez moi. Et alors que je récupère les sacs dans le coffre, un gars arrête sa caisse juste à côté de moi, sa vitre baissée.
- Eh, mon gars, ça te dérange pas de prendre la place handicapée pour descendre tes courses ?! Tu connais pas « si tu prends ma place tu prends mon handicap » ?
Je repose les sacs dans le coffre encore ouvert.
- Et si toi tu prenais ça hein ??
Et je lui fais un beau doigt d’honneur alors que mon autre main soulève ma jambe de survêt pour qu’il voie ma belle prothèse.
- Ah désolé… je pouvais pas savoir…
- Bah la prochaine fois… ferme bien ta gueule mon gars !
Je n’écoute pas sa réponse, pas envie de m’embrouiller avec ce blaireau-là…
Je referme la porte de mon appartement avec un soulagement énorme. La semaine a été douloureuse… vraiment… à tous les niveaux. Enfin je laisse tout derrière. Une petite voix m’intime à la honte, et à regarder les choses en face, je l’envoie copieusement se faire foutre… c’est bon, j’ai assez donné, je crois…
Je passe l’après-midi à glander, pas envie de grand chose. Le temps file cependant assez vite, je me fais à manger et vers 22 h je décide d’aller de me coucher après avoir pris un bon somnifère.
Je suis réveillé dans la nuit par une pression chaude et rassurante. J’ouvre difficilement un œil en essayant de rassembler mes esprits. Dans mon empressement de vouloir me coucher et ne plus penser, j’ai dû oublier d’éteindre la lampe.
- Ça va bébé ?
Je grogne, pas encore en état de comprendre, le somnifère doit empêcher mon cerveau de se mettre en marche comme il le devrait.
- Je voulais pas te réveiller, mais j’ai trop envie de toi là…
Et effectivement je sens sa trique comme ma hanche. Sa bouche quitte mon oreille et ses lèvres glissent divinement le long de ma colonne vertébrale. Ma tête lourde et ensommeillée se repose dans mon oreiller alors qu’il m’arrache déjà des soupirs irrépressibles. Ses mains saisissent virilement mes fesses, elles les pétrissent, pour enfin les écarter et c’est à présent sa langue agile qui me fait soupirer comme un fou. Il prend tout son temps, et je sais qu’il kiffe autant me bouffer le cul que j’aime sentir sa langue m’ouvrir et me préparer à le recevoir bien profondément.
- J’ai trop envie de toi putain…
Il se redresse et se cale à genoux contre moi. Sa main droite me force à me mettre également à genoux. Son torse puissant se colle contre mon dos frissonnant, et son autre main tourne ma tête pour guider ma bouche vers la sienne. Je suis évidemment dans un état d’excitation assez humide. Ses bras autour de moi, son corps contre le mien, ses lèvres soudées aux miennes, sa langue qui joue amoureusement avec la mienne, sa bite bien raide qui glisse entre mes fesses, son odeur que j’aime tant… le cocktail est juste ouf…
- T’as envie de moi bébé ?
- Ouais…
Je me cambre autant que son bassin se fait pressant contre moi.
- Dis-le-moi putain… je veux t’entendre me le dire…
- J’ai envie de toi Hakim…
- T’es à moi maintenant bébé…
Je ne trouve à répondre à son emprise qu’un « oui » dénué de toute volonté. Son gland gonflé au max appuie et entre en moi. Je souffle comme un ouf, il me mord la lèvre, ses yeux sombres rivés dans les miens. Puis d’une seule traite il s’enfonce en moi à fond. La douleur est trop forte.
- Ressors Hakim tu me fais trop mal…
- Nan ça va passer bébé… suce le tu verras tu vas kiffer.
Avant que j’aie pu intégrer ce qu’il vient de me dire, sa main ferme me repousse et me force à regarder devant moi, et je me retrouve face à des abdos clairs et imberbes, qui surplombent une bite tendue à l’horizontale. Hakim me saisit par les hanches et commence à me bourinner, il me fait vraiment mal, mais en même temps 2 autres mains m’attirent doucement vers cette autre teube que je connaissais par cœur. Sans comprendre ce que je suis en train de faire, je commence à le sucer, toujours démonté par Hakim qui ne se soucie pas de l’absence de plaisir dans laquelle il me laisse.
- Tu vois Alex !! Je t’avais bien dit qu’il kifferait ça !!
- Ouais putain ! J’avais oublié comment je kiffe sa bouche !
- Profite mon pote !
« Mon pote »… Et je les sens se rapprocher l’un de l’autre, je tourne un peu la tête pour regarder et je les vois s’embrasser à pleine bouche, passionnément, alors qu’ils prennent plaisir de mon corps sans pudeur. Cette vision, comme un électrochoc, me sort de ma soumission. Je me dégage d’eux, de leurs corps, de leurs queues, de leur manque de respect… Je me lève, étonné de sentir le sol froid sous mes 2 pieds. Je recule sans les quitter des yeux. Je les vois descendre du lit. Alex si vivant, mais ses yeux si froids. Hakim sur ses 2 jambes tout comme moi. Ma main trouve la porte, mais elle refuse de s’ouvrir. Une panique dingue s’empare de moi, ils se rapprochent, le même sourire malsain dessiné sur leurs lèvres.
- Allez bébé on s’amuse trop là reviens…
- Ouais Mika reviens… tu m’as trop manqué… je vais te montrer…
Dans un sursaut, comme si j’avais fait une chute de plusieurs mètres, j’émerge de sous la couette, assis dans mon lit, seul, dans le noir, à bout de souffle, en sueur, en pleurs, à deux doigts de gerber.
Ma nuit s’est donc terminée à 3 h 30. Même si je sais bien que c’est quasi impossible j’ai trop flippé de retomber dans ce putain de cauchemar. Sérieux ! C’est quoi mon souci ?? Comment mon putain d’esprit peut être assez dérangé pour imaginer ou élaborer un scénario pareil ?
J’arrive au CHU ce lundi matin vraiment éclaté. La nuit dernière non plus n’a pas été très bonne. Trop peur de m’endormir. Je croise Armand, on échange rapidement sur les consults que j’ai assurées la semaine dernière.
- Et du coup je reprends le dossier d’Hakim ?
J’acquiesce de la tête.
- C’est vrai ce qu’on raconte ? Tu t’en vas ?
- Ouais…
- Tu devrais réfléchir Mika… T’es fait pour ce job, je n’ai jamais vu quelqu’un se débrouiller aussi bien avec les gens. Et j’ai pas honte de dire que malgré ton jeune âge t’es bien meilleur.
- Arrête s’il te plait Armand… ce n’est pas contre toi, mais là j’en ai un peu marre que tout le monde me répète ça…
Il me laisse d’un regard entendu et va attaquer sa journée qui doit être aussi chargée que la mienne. Je mets un bon moment à redescendre de la colère dans laquelle ses putains de gentilles paroles m’ont mis. Qu’est-ce que j’en ai à foutre d’être fait pour ce taf… qui se demande ce que ça me coute…
Milieu de matinée. Je passe au bureau des infirmières reposer le dossier de ma dernière séance et prendre le prochain. Une nouvelle infirmière sort de la chambre d’Hakim, paniquée.
- Mickaël venez vite il est tombé !!
- Je suis pas médecin ! Appelez quelqu’un d’autre.
- Oui, mais personne ne répond…
- Y a pas un interne ou je ne sais qui par là ?
Je vois à sa tronche que non, visiblement, y a personne !
Elle doit voir à la mienne qu’elle me casse vraiment les couilles.
- Putain…
Je le trouve dans la douche, assis, nu et trempé.
- Je peux vous laisser ? Le patient de la 316 a un problème avec son drain et (…)
- Ouais ouais, c’est bon, je gère.
On se regarde quelques secondes. Je crois lire dans ses yeux de la gêne.
- Qu’est-ce que t’as foutu bordel ?
- Je me suis retourné et…
- Et t’as glissé ouais je vois. T’as mal où ?
- Là.
Il se tient la cuisse gauche. Pourquoi il faut toujours que ce soit la jambe amputée qui morfle quand on se casse la gueule sérieux !
- Rien d’autre n’a tapé ?
- Nan je suis tombé comme ça, sur le cul, comme une merde…
Au lieu d’être ému par sa détresse manifeste à se retrouver dans cette position humiliante, je bloque sur son corps nu qui me replonge dans la panique de mon cauchemar.
- Tu peux m’aider du coup…
- Quoi ? Ah oui…
Je m’approche donc de lui. Je marque une hésitation au moment de saisir ses avant-bras. Il ne la manque pas et une ombre passe dans ses yeux.
- T’avais fini ?
- Ouais ouais c’est bon.
Je prends sa serviette et je la pose autour de mon cou.
- Prends appui sur moi.
Je pense qu’il doit comprendre ce que ça peut me couter d’être là, dans cette salle de bain, avec lui. Du moins, c’est ce que je crois lire dans son regard. Il passe son bras autour de mes épaules, avec beaucoup de précautions, presque timidement. À nouveau on bloque un peu. Le malaise est plus que palpable. J’enserre à mon tour son torse et il saute sur le sol. Me retrouver si proche de lui putain… jamais je n’avais ressenti ça… un peu comme quand on touche du doigt un souvenir trop vivace, ça fait du bien une seconde, mais on sait que ça ne peut pas durer plus longtemps… et ça vous laisse dévasté…
- Assieds-toi.
Je mets sa serviette sur sa bite, je n’ai plus à la voir, et je m’accroupis pour regarder sa cuisse. Il a bien marqué.
- Ça doit pas être grand-chose. Mais je vais quand même demander à ce qu’un médecin vienne t’examiner pour être sûr.
Je me redresse. Il baisse la tête.
- Ok… merci d’être venu…
J’ai envie de lui balancer que je n’avais pas le choix, mais même si ça me met les nerfs je crois qu’il a eu son compte. Je fais quelques pas vers la sortie. Je m’arrête.
- Tes séances vont reprendre. Armand, le kiné qui va gérer ta rééduc est revenu de vacances. Je vais faire le point avec lui sur ton dossier dès que possible.
- Pourquoi faire, sérieux ?
Je me retourne. L’expression de son visage me serre la poitrine et je me rends compte que je suis capable de m’adresser à lui sans me montrer agressif.
- Quoi ? Tu veux tout arrêter ? Rentrer chez toi en béquille, faire une croix sur ta vie ?
Il détourne son regard.
- J’en sais rien… je suis tellement désolé Mika… je te jure, je suis désolé de ce que je t’ai fait… j’ai été trop con…
Des sanglots l’obligent à marquer une pause. Moi j’ai aussi la gorge douloureusement nouée.
- Tu méritais pas ça Mika… je suis désolé, je voulais pas te faire souffrir… faut que tu me crois, t’es la dernière personne que je voulais voir souffrir… t’as tout fait pour moi, je sais même pas si tu sais ce que tu m’as apporté… et moi… putain… faut pas que tu démissionnes… à cause de moi… wallah… je veux pas te prendre ça en plus…
Malgré tous mes efforts, mes joues sont trempées.
- C’est pour moi que je le fais… Tu m’as juste montré qu’il est temps pour moi de faire autre chose… il faut trop s’impliquer, et je suis plus armé pour ça…
- Sérieux bébé… Mika… je me le pardonnerai jamais si tu quittes ton job à cause de moi…
- T’as rien fait de plus que les autres Hakim. T’as pas à te sentir responsable. C’est comme ça c’est tout…
- J’aurais tellement aimé faire plus justement… j’aurais dû t’aider… t’aider à te sentir plus fort… ou juste fort comme moi je sais tu l’es…
- Arrête Hakim s’il te plait…
Je prends une grande inspiration.
- On fait tous des conneries. C’est moi qui a été le plus con dans l’histoire. Ça pouvait se finir que comme ça. Je le savais. Depuis le début. Mais c’est bon, tu dois te concentrer sur ta jambe, ta rééducation, t’es tout près du but Hakim. Et rien ne doit te détourner de ça.
- Ouais… la meilleure raison de remarcher, c’est moi ? C’est ça ?!
Il écoutait donc ce que je lui disais…
- C’est ça… rien ne s’arrête ici pour toi. Tu vas remarcher, tu vas sortir d’ici, et tu vas pouvoir reprendre ta vie.
Son regard redevient intense et perçant.
- Et pour ce que je vais laisser ici ?
Je n’ai pas la force de continuer.
- Y a rien que tu laisseras ici.
Je me détourne encore.
- Allez sèche toi et habille-toi. Je t’envoie quelqu’un pour ta jambe.
Mickaël
one.mik.kal@gmail.com
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