Différentes interprétations restent possibles...
D'une minceur presque squelettique et épuisé, il s'était endormi d'un coup, en pleine lecture d'un recueil de nouvelles de Maupassant, dans un vieux train régional qui contenait encore des wagons à compartiment au lieu des habituels espaces optimisés et ouverts. Ses longs cheveux blonds tressés à la façon africaine recouvraient ses épaules et oscillaient accompagnant les vibrations du train. Quant une secousse plus forte le réveilla, il remarqua alors en face de lui un autre passager qu'il n'avait pas vu entrer. Un homme énorme et musclé, les épaules et la poitrine rondes, le torse puissant, volumineux, le teint brun des gens du sud lui faisait face. Il était en train de soupirer devant une image publicitaire utilisant une jeune femme lascive et typée maghrébine : "... et un phantasme colonial ! Encore un, putain !".
Relevant les yeux le nouveau passager le vit en train de l'observer, le salua et s'excusa s'il l'avait réveillé.
Ils engagèrent la discussion. Le jeune costaud se présenta en tant qu'étudiant marocain, venant de Paris. Il se rendait à Brest voir des amis et vendre quelques affaires. La grève de la veille avait perturbé le trafic, l'obligeant à prendre des correspondances annoncées au cours de son voyage.
- "Et vous ? Que faites vous dans la région ?" demanda-t-il.
- "Là je retourne chez mes parents. Me reposer et prendre quelques forces avant de retourner à la ZAD."
- "Pardon ?"
- "La Z.A.D., la zone à défendre : occuper un lieu dans un but politique. Dans mon cas c'était des champs réservés pour un aéroport dont la région n'a pas besoin... Pendant quatre jours je suis resté enchaîné aux arbres sans bouger, ni manger. Vous imaginez les désastres écologiques ? Tous les produits chimiques polluants supplémentaires ? Alors qu'il y a déjà un aéroport à Nantes ! Vous n'en avez vraiment pas entendu parler ?"
- "Ho vous savez moi la politique... et en plus je suis ici en tant qu'étranger, je n'ai pas la nationalité française. Quant aux produits chimiques, ne m'en parlez pas ! J'en utilise beaucoup."
- "Pour quoi ?"
- "Je me suis mis il y a quelques années à la musculation, j'ai utilisé des produits et les effets sur mon physique ont été impressionnants. Sauf que je n'ai pas beaucoup d'argent... Pour financer mes études, mon sport et mes produits, bref ma vie quoi, je me suis mis à acheter des substances dopantes en grande quantité. Je les dose pour obtenir des combinaisons que je revends plus chers. Pour tester mes mélanges, je m'utilise comme cobaye."
- "Et ce n'est pas dangereux ?"
- "Si ça l'est... je ne vais pas tarder à m'arrêter, les effets secondaires en ce moment sont... durs."
Il s'arrêta un instant, gêné, tourna la tête vers la fenêtre où défilaient des images fugitives de villages et de forêts. Le jeune sportif reprit en baissant un peu la voix :
- "J'ai des érections incontrôlées !"
De nouveau, une pause. Puis encore plus bas :
- "... et des montées de lait ! Je ne pensais même pas que c'était possible pour un homme. Mais ça me brûle et me presse. Et si je le tire à la main il en reste toujours un peu."
Dans le compartiment un long silence malaisant suivi cette étrange révélation.
Le temps passait et son musculeux interlocuteur semblait de plus en plus mal, le front couvert de rosée, la respiration profonde. D'un coup n'y tenant plus il ouvrit sa chemise, les pectoraux saillants, les alvéoles pulmonaires gonflées autour des imposants tétons irrités et cerclés de tatouages aux étranges motifs géométriques.
- "Mais qu'est ce que je fais ?" se lamenta l'infortuné.
Le zadiste passa d'une attitude perplexe à décidée.
- "Hé bien, monsieur, avec votre accord, je peux vous aider à vous débarrasser de tout ce lait." proposa-t-il.
En face, le regard devint presque méfiant.
- "Vous... m'aider ? Vous voulez dire... ? Je dois vous prévenir que je ne sais pas s'il est comestible ; vu tous les dopants que je prends."
- "J'en prends le risque."
- "Alors... c'est d'accord."
Le mince blond s'approcha le regard incrédule vers le protubérant mamelon, et au dernier moment se jeta dessus avec avidité, arrachant un bref cri de surprise, vite recouvert par des bruits de succion et des soupirs de soulagement.
Pas une goutte ne tomba par terre. Et après avoir nettement allégé les deux mamelles brunes, le zadiste se releva, en se léchant les lèvres comme un chat après un bon repas.
- "Je... je vous remercie vraiment." dit l'étudiant marocain avec un sourire embarrassé mais heureux.
Le zadiste éclata de rire.
- "C'est moi qui vous remercie, quatre jours que je n'ai pas mangé, il me restait juste assez pour payer le train ! Votre don va m'aider à ne pas tomber dans les pommes avant de retrouver mes parents."
PoisonFecond
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