Premier épisode
J’avais donc piqué la curiosité de mon élève. Ce lycéen redoublant et bon à rien avait réussi à être plus docile à notre dernière séance de tutoring. Je ne m’attendais toutefois pas à ce que les choses soient faciles. Quand il faudrait revenir à Balzac, il était prévisible qu’il se remette à ruer dans les brancards. Et moi de mon côté je me retrouvais à devoir gérer mes hormones qui faisaient un rush dès que je repensais à lui. Il avait un corps de sportif, loin des standards de son âge. Et je l’avais vu à poil, fantasmant sur son… sur ses… sur tout en fait. Heureusement qu’il ne m’avait pas vu le reluquer, il aurait été ingérable sinon.
Suite à un accord avec sa mère, nous avions convenu de faire trois séances par semaine : c’est plus que ce que je faisais normalement. Six heures de cours en tout : le mardi de 18 h à 20 h, le jeudi de 21 h à 23 h, et le samedi de 10 h à 12 h. Des horaires assez variables, car il fallait composer avec mes propres cours, et ses entrainements sportifs. Ça faisait un total de 45 € par semaine. La mère, trop heureuse de trouver un tuteur qui n’avait pas fui trop vite et qui plus est accepte de s’investir et de donner autant de temps, décida de me donner cinq de plus pour arrondir à 50 €. Je n’allais pas refuser.
Le mardi suivant, je pars de la fac dès que mes cours sont terminés, pour aller directement chez mon élève. J’arrive à l’heure tout pile, et madame m’ouvre encore, et me fait monter vers la chambre de son fils. Il est présent, ce coup ci, à moitié vautré sur son lit en écrivant des trucs sur son téléphone, très certainement à envoyer des sms ou sur Facebook. Je le salue, il me regarde, et me salue en retour. Nos rapports restent très peu loquaces. Je m’installe à son bureau, et il me rejoint sans que j’aie besoin de lui demander. Que de progrès !
Quand je lui demande la redac que je lui ai demandé, il me tend une feuille griffonnée. Ce n’est pas très long : il doit y avoir une bonne douzaine de lignes. C’est mieux que la dernière fois, même si ça reste lamentable à son niveau. En silence, je tente de déchiffrer ce qu’il a écrit, tout en sentant son regard sur moi. Le texte, très maladroitement, tente de raconter un rapport sexuel entre lui et ce que je devine être sa copine. C’est vraiment nul à un niveau abyssal. Ça n’arrive même pas à être excitant, tellement il est nécessaire d’imaginer ce qu’il a voulu dire à travers ses hiéroglyphes.
La plupart se seraient offusqués et auraient tenté de lui parler de textes d’un autre niveau littéraire, ou même de quoi que ce soit d’un minimum plus intéressant, mais je ne me démonte pas : après tout c’est sur comment bien écrire ce genre de choses que je l’avais amadoué la précédente fois. On va donc travailler son torchon, pour en faire un récit de cul digne de ce nom. Enfin, digne d’un synopsis de film porno basique et décérébré, car on arrivera pas à en faire du Pauline Réage. Après tout, ce n’est pas le fond, c’est la forme qu’on doit améliorer pour le moment. Et puis, même moi je m’étais amusé à faire des nouvelles de cul par le passé, et ça m’amusait pas mal.
– Bon, y a beaucoup de travail. Déjà il faut essayer de respecter le temps des verbes : là, tu mets au passé, là au présent, c’est le bordel. En plus là tu parles de toi à la première personne, et là à la troisième.
Il a l’air un peu paumé à retrouver ce dont je lui parle. Je tente de corriger avec lui, au fur et à mesure.
– Un récit, généralement, c’est mieux au passé, on va garder ce temps. Faut rectifier ce verbe là, et celui-ci.
Je fais des ratures, mais j’évite de faire ça au rouge, pour éviter de faire trop « prof ».
– Tu préfère avec « je », ou « il »
– Ben euh… j’sais pas.
– Avec « je », ça fait plus journal intime, on s’identifie plus au personnage. Mais « il » c’est plus pratique, tu peux montrer des choses que le personnage ne voit pas.
- Bah « je ».
Mine de, rien qu’avec ça, je lui montre l’intérêt d’utiliser les bons mots, et la nécessité de les choisir correctement, sans les balancer avec une catapulte, ce qu’il semblait avoir fait avec son premier jet.
– Il faut essayer de ne pas se focaliser sur l’action, et les gestes des personnages. Décris aussi, de temps en temps. Et dans un texte avec de l’émotion, comme là, il faut aussi expliquer ces émotions, comment elles transparaissent sur le visage, ou dans les gestes des personnages.
Je l’ai perdu avec « transparaitre », mais globalement il semble avoir pigé. C’est vrai que son texte manque de description : il aurait niqué une poupée gonflable qu’on ne le devinerait même pas dans la façon dont il l’écrit. En fait, le seul élément de description concerne son propre sexe, qu’il décrit comme très très gros, très très long,… sans grande variation dans les termes, mais avec une régularité tellement impressionnante que ça pourrait presque être prit pour une figure de style. Sept fois en tout dans le texte ! En une douzaine de ligne, je pense que c’est un record. Ça ne m’étonne pas, surtout chez les petits jeunes, on se jauge beaucoup à la taille de la bite. Chez les plus vieux aussi d’ailleurs. Moi ça m’a toujours échappé. La taille du sexe de Nicolas doit pas mal lui triturer le ciboulot. D’autant qu’avec 2 à 3 ans de plus que ses camarades, il doit paraître un monstre dans les vestiaires du cours de sport. Il avait le malheur de ne pas être très doué dans les études par rapport à sa classe, mais d’être sacrément développé physiquement pour son âge.
Je le croyais quand il écrivait qu’il en avait une « si grosse » : le peu que j’avais deviné hier, subrepticement entre ces cuisses, allait dans ce sens.
– Tu vois, pour dire que tu as une grosse queue, tu peux utiliser plein d’adjectifs différents : grand, immense, gigantesque, colossal, puissant, titanesque, etc… et tu peux varier pour donner des effets. Met « monumentale », quand tu la montre à la fille : un monument c’est visuel. Met « copieuse », quand elle la suce, ça induit la relation avec la bouche.
Il opine, et corrige comme je lui dis. Moi, pendant ce temps là, j’en ai une demi-mole à force d’imaginer et de décrire sa bite. Et dire qu’il avait même insisté pour que je lui suce pour le « motiver » entre les exercices. Je tente de me calmer en me disant que ce genre de mec est plutôt du genre à « casser de la pédale » et qu’il n’avait certainement dû dire cela que dans l’unique but de me provoquer.
– Et puis la description ça passe également par plein de détails : la couleur et la forme, que ce soit du sexe en lui-même ou du gland, le prépuce aussi, ainsi que les veines. Et puis les couilles aussi…
Il me regarde en reculant un peu la tête.
– « tain t’a l’air de vachement t’y connaître en bite mon pédé…
Je hausse les épaules, et tente de rester impassible.
– J’en ai une et je sais utiliser des mots pour décrire, c’est pas compliqué.
Il a une drôle d’expression et revient à son texte en marmonnant un truc que je n’arrive pas à comprendre. J’ignore s’il m’a grillé ou pas. Ouais, je m’y connais en bites, depuis quelques années j’en avais aligné pas mal. Mais ce n’était pas ses oignons, et j’avais peur de lui laisser une “ouverture” qu’il retournerait contre moi pour me faire chier durant les cours. Quelques instants passent, alors que nous nous remettons à travailler sur la redac.
La suite de la séance se passe calmement. Je fais exprès de prendre mon temps, de ne pas brusquer la leçon, craignant qu’il ne décroche. J’essaie de faire de régulières digression pour parler de livres intéressants, sur le ton de la discussion, et en tentant de donner le moins possible un côté académique à tout ça. Si possible en nous orientant vers des choses plus récentes et séduisantes, des bouquins jeunesse, mais je réalise vite que même Harry Potter ça le gonflerait. J’en profite pour essayer d’un peu plus le connaitre, savoir comment il fonctionne. Le sport a l’air de clairement être au centre de son univers, mais de façon générale, il ne semble s’intéresser à rien. Même au niveau sportif, il ne tente pas de connaitre plus de choses : joueurs internationaux, actualité, etc… il suit vaguement, mais c’est tout. Non, sa vie, c’est vraiment l’entrainement et les quelques personnes qu’il fréquente. Et sa petite amie, bien que même elle ne semble pas avoir une place prépondérante dans sa vie.
Pour finir, nous tentons de trouver ensemble un sujet potable pour son prochain essai. On opte finalement pour qu’il parle de ses dernières vacances. Ça ne sera pas un mal d’avoir un texte avec un sujet plus “montrable” au cas où sa mère demande à jeter un œil sur comment avancent les cours. Puis je l’encoura
Dany92
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