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Retour à la maison
Il était midi quand je me suis éveillé en ce lendemain de Noël. De ma chambre, j'entendais jaser dans l'autre pièce, je me levai, enfilai sous la douche afin de dissiper les ravages de la nuit précédente et rejoignis Ken et papa dans le living. Guillaume vint à ma rencontre.
" Es-tu prêt à retourner à la maison? "
" De toute façon, je devrai y retourner un jour ou l'autre. "
" Marie doit venir en fin d'après-midi. "
" Tout est déjà fait? "
" Oui. " Et il m'empoigna par les épaules et me serra contre lui.
" Tant mieux. " Répondis-je.
Nous avons quitté l'hôtel non sans avoir dit bonjour à notre service aux chambres, ils ont été si gentils. Nous sommes arrivés à la maison et tout était propre comme si rien ne s'était passé. La chambre de maman avait été nettoyée, les murs repeints, toute la literie avait été remplacée.
" Ken, tu as fait du très beau travail. " Dis-je.
" Je n'ai que donné les ordres. " Répliqua-t-il?
Le téléphone sonna et je répondis.
" Éric, c'est toi? " S'étonna la voix à l'autre bout.
" Oui Jacques, c'est moi. "
" Que s'est-il passé? " Ajouta-t-il.
" J'attends ma tante d'une minute à l'autre. Tiens justement, la voilà. Je te rappelle ce soir, nous pourrions prendre un café quelque part. "
" OK. J'attends ton appel. " Et il raccrocha.
" Mon cher petit, c'est affreux. " Dit Marie en se jetant dans mes bras en pleurant.
Sa montée de sanglots m'a fait déborder moi aussi et nous avons pleuré tous les deux un moment. Je sentis une main sur mon épaule, je me retournai et Jeff me regardait avec des yeux remplis de larmes également. Je lui sautai dans les bras et l'embrassai avec affection.
" Merci d'être venu, Jeff. Je suis tellement content de te voir. Pouvez-vous nous excuser quelques instants, j'aimerais être seul avec Jeff? "
" Nous comprenons, allez. " Répondit mon père.
J'amenai Jeff dans ma chambre et lui racontai les évènements, du party de l'équipe aux évènements tragiques en passant par l'arrivée de papa. Il m'écouta passionnément. À la fin, il me questionna sur mes projets.
" Pourquoi, ne viendrais-tu pas avec nous à la ferme? Je t'aime et aimerais t'avoir près de moi. "
" Je sais et moi aussi je t'aime beaucoup, mais je voudrais être près de mon père quelque temps. Tu sais, je viens tout juste de le retrouver, le drame nous a rapidement rapprochés. "
" Je comprends, mais j'espérais. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? "
" Qu'est-ce que tu veux dire? "
" Oui, vas-tu rester seul dans cette maison? "
" Oups, je n'y avais pas pensé. C'est vrai, il va falloir m'organiser tout seul maintenant. Je dois rejoindre mon père à la fin de l'année scolaire seulement. Je vais y réfléchir et sûrement trouver une solution. "
" Tu peux toujours venir à la maison, tu sais. "
" Je sais, merci. " Et je l'embrassai amoureusement.
Nous avons roulé sur le lit, enlacé l'un à l'autre, nos baisers se faisant de plus en plus profonds. Après quelques minutes d'étreinte, nous avons regagné le salon.
" Vas-tu rester ici, Éric? " Me demanda tante Marie.
" Justement, Jeff m'en parlait, je n'y avais pas pensé sur le coup, mais je vais y réfléchir et prendre une décision rapidement. "
" Éric, tu peux venir en Angleterre immédiatement, tu sais. " Dit mon père.
" Oui? "
" Bien sûr. " Ajouta Ken.
" Tu peux venir chez nous aussi. " Dit Marie.
" Je voulais finir ma session ici avant de m'expatrier, mais avec les évènements, il faut tout repenser. "
" Penses-y, Éric. De toute façon, ta décision sera la bonne, j'en suis sûr. " Dit mon père.
Je remarquai les deux boîtes de bois sur la table du salon. J'interrogeai mon père du regard et il me fit un signe affirmatif. Tout était silencieux, je m'approchai et effleurai respectueusement les boîtiers.
" Qui est qui? " Demandai-je.
" Celle-ci c'est Michèle et celle-là Sonia. " Dit Ken.
" Prends-en soin, OK, je vais revenir les voir, promis. "
" Je te promets de leur trouver un coin paisible. " Dit Marie.
" Au pied du gros chêne, maman aimait bien s'y asseoir. "
" J'y avais pensé. Et Sonia, juste à côté, de toute façon, elles ne se séparaient jamais. " Ajouta-t-elle.
" Ce sera parfait. "
Je me retournai, embrassai ma tante sur les joues, des larmes venant mouiller ces baisers et couru dans ma chambre. À peine quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et Jeff vint déposer un baiser sur ma joue.
" Peu importe ta décision, s'il te prend le goût de venir à la maison, la porte sera toujours ouverte. "
" S'il te plaît, ne me ferme jamais celle de ton coeur. "
" Sois sans crainte, j'aurai toujours une place pour toi. "
Nous nous sommes embrassés et il est reparti avec sa mère, me laissant avec mes souvenirs et bien des interrogations. Je suis resté seul quelques instants puis, j'ai repensé à Jacques, il fallait maintenant faire face à la réalité. Je lui ai téléphoné et nous avons décidé de nous rencontrer chez lui, on sera mieux pour jaser.
Il m'accueillit avec chaleur et amitié. Il comprenait la douleur qui m'étreignait, d'un autre côté, il voulait savoir ce qui s'était passé.
" Comment ça va? "
" Je vais passer au travers. "
" Que s'est-il passé? "
Je lui racontai les événements des derniers jours et les explications policières sur les motivations des gestes posées.
" Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? "
" Tu es le troisième qui me pose cette question aujourd'hui. Je ne sais pas exactement. J'ai diverses autres possibilités : je peux continuer à vivre seul chez nous, finir la session et partir pour l'Angleterre comme prévu en juin. Je peux également rejoindre mon père à Londres immédiatement. Je peux vendre la maison et prendre un logement jusqu'à la fin de la session. Il faut prendre le temps d'analyser la situation et penser à l'avenir. "
" Tu pourrais aussi venir vivre ici. "
" Merci, c'est gentil de ta part. "
" Pauvre Tom. "
" Oui, mais au moins, il a tiré un bon coup avant de mourir. "
Nous avons continué à jaser une partie de la soirée et il était très tard quand je l'ai quitté. Il aurait probablement aimé baiser, mais je n'en avais pas le goût et il l'a compris.
Rodrigue