Un mardi ensoleillé, pas si courant cette année, je me promène à Bordeaux, comme toujours aux aguets en quête de regards croisés. C'est fou comme, lorsque l'on est attentifs, on peut s'apercevoir à quel point on se fait mater, je vous assure testez, par des hommes parfois l'alliance au doigt. Ce jour-là, pas de coup de foudre, un jour sans.
Mes pas me mènent vers cette esplanade célèbre de la ville, Il est bien connu que les gays y rôdent à la recherche d'une proie facile, peu importe l'heure. Il faut bien entendu s'y méfier, entre les casseurs de " PD ", les caméras de surveillance et les rondes de la police, le lieu est sous assez haute surveillance. Il faut dire que j'y ai vu des choses pas possibles alors que des familles parfois traversent le lieu.
Ce mardi donc, ici aussi le calme règne, je m'assieds donc sur un banc, cigarette au soleil, lecture, je suis bien. Des hommes passent souvent âgés mais rien à mon goût, je suis bien exigeant aujourd'hui, je dois vous dire que, parfois, il m'arrive d'avoir envie de faire plaisir à un de ces papys, je sais bien qu'un jour ce sera mon tour et que je serai bien heureux si un beau mec m'offrait ses faveurs, aussi il m'arrive en les voyant me dévorer du regard de me malaxer l'entre-jambe, signal s'il en est, ils s'approchent, on discute, et s'ils n'habitent pas trop loin et peuvent recevoir, et bien je leur offre ma bite à sucer, parfois je les saute, bref je leur fais cadeau de mon corps. Ils sont tellement heureux, et moi cela ne me coûte rien.
À 15h00 je décide d'aller tenter ma chance ailleurs quand un cycliste arrive, je suis plongé dans mon bouquin je lève les yeux, un type pose sa monture le long du muret de ciment, pas très grand mais bien proportionné, chino bleu, chemise blanche, joli de dos.
Il se retourne et se pose sur le banc. Regards alentours, rien ne transparaît dans son regard bleu gris. Blond cendré, bronzé, ce mec est une tuerie, de son sac à dos il sort une bouteille d'eau et un livre, il boit, écarte les jambes, punaise cette bosse, et se plonge dans son bouquin, innocent ? Je le regarde, sans insistance mais je le regarde, comment faire autrement ? De temps en temps son regard se pose aussi sur moi, replonge avec un demi sourire.
Il pose son livre, regarde à nouveau autours, puis moi, son regard se perd, loin, comme j'aimerais savoir ce à quoi il pense... il croise les jambes, quart de tour sur le banc dans ma direction, sa main, belle nerveuse et joliment velue, munie d'une alliance... se pose sur la bosse que forme son sexe emprisonné, comment son épouse (je pense) peut-elle accepter qu'il porte un pantalon aussi suggestif ? Je les connais les épouses qui accompagnent, lors de shopping leur époux et les dirigent toujours sur les fringues les moins sexy !!!! Parfois j'ai envie de donner mon avis mais bon...
Nouveau mouvement, jambes écartées, dépliées devant lui, il met ses mains dans les poches... oh mon dieu il se tripote, ressort ses mains, quelqu'un passe, les remet me regarde rapidement, demi sourire, je ne parviens pas à voir si il bande, j'en fais autant, il regarde, quelqu'un à nouveau... Il reprend son livre. Je ne sais pas du tout quoi faire, ce type semble si sympathique que je n'ai pas du tout envie de tout gâcher, mais s'il y a une ouverture je ne veux pas la manquer...
Un coup de vent, des marrons chutent en rafale, nous levons les yeux l'un vers l'autre de concert, un sourire à nouveau, cette petite grimace qui veut dire " Eh bien, c'est dangereux... ", mais pas un mot. Nous replongeons dans nos lectures, des coups d'oeil, des sourires en coins.
Une heure de ce délicieux manège, je dois partir, que faire ? Lui demander ce qu'il lit ? Ce serait simple, ce n'est pas une posture il lit pour de vrai, les lecteurs aiment souvent à partager leurs idées, mais je n'ose même pas, mais que je peux être con parfois.
Je me lève en me disant que peut-être il allait me suivre ? Je marche, je regarde en arrière, il est dans sa lecture, j'avance encore, me pose sur un muret juste en face, je veux être certain qu'il se soit rendu compte de mon départ, il regarde, pose son livre, le met dans sa poche, enfourche son vélo, démarre.
J'ai les jambes en coton, s'il me demande de le suivre ça va tanguer... Il approche...
Me passe devant, me fait un signe de la main, un clin d'oeil, et me lance un :
" À bientôt !!! ".
Comme j'aimerais que ce soit vrai, avez-vous remarqué que souvent dans les villes on croise souvent des personnes qui nous sont indifférentes, et beaucoup plus rarement, voire jamais celle qui nous émoustillent ?
À bientôt chers lecteurs, merci pour vos mails, ils me touchent.
talma@poste.net
Talma
Autres histoires de l'auteur :