PROLOGUE
La maison était si grande qu'il mit dix bonnes minutes à trouver l'entrée. Il sonna.
-Bonjour. C'est Florent, le nouveau...
La porte s'ouvrit sans qu'on ne répondit à l'interphone. Il hésita, et entra timidement. Un escalier : il s'y engagea.
Quelle veine il avait eu de trouver ce job : cet argent ne serait pas de refus pour un étudiant seul et fauché.
Une fois en haut des marches, il frappa à la porte et s'annonça. Moment d'attente. Le trac lui donnait envie de pisser. Un jeune homme lui ouvrit. Dans la pièce se trouvait également un homme d'environ quarante ans. Celui qu'il devinait être le Monsieur Chaumont du combiné l'observa un moment. Il lâcha enfin d'un air hautain :
-Tout a été dit : vous avez la maison à charge pour mes deux semaines de congé, je veux que tout soit en ordre à mon retour. Votre salaire ne sera fixé qu'à ce moment.Vous aurez également à vous occuper de mon fils.
Le ton directif de Chaumont l'avait interdit de regarder le jeune homme jusqu'à présent. Celui-ci en revanche le fixait déjà. Il avait tout du fils à papa, avec sa tignasse impeccable et ses vêtements de même acabit.
-Veillez à ce qu'il ne sorte pas et fasse tous ses devoirs : il passe son bac bientôt, et je lui ai assez dit que j'attendais des notes optimales. Chaque jour devra être consacré aux révisions, et il devra se coucher tôt. N'est-ce pas, Benjamin ?
Le garçon troqua son regard incisif pour un sourire étincelant :
-Oui, Papa. Je compte bien être sérieux, et vous rendre fier.
-Benjamin vient juste d'avoir 18 ans, mais sa mère a insisté pour que quelqu'un puisse le cadrer ces quinze prochains jours. Il faut dire qu'il passe plus de temps avec ses copains qu'à travailler.
Le fils fit un air désolé, qui ferait s'attendir n'importe qui, se dit Florent.
Le fils Chaumont proposa : " Papa, voudriez-vous que je lui fasse visiter les lieux, en attendant votre taxi ? "
-Hmm. Oui, tu peux. Je vais vérifier les bagages pendant ce temps.
Il les laissa sans faire attention au nouveau venu. Florent suivit le lycéen. Hall, salon, cuisine, SDB. Durant toute la visite, il n'y eut d'autre échange que le sourire énigmatique du garçon. Bizarrement, celui-ci le faisait légèrement tressaillir. Arrivé devant les toilettes, l'étranger osa rompre le silence :
-Je peux y aller ? J'ai une envie pressante.
-Fais comme chez toi, sourit-il.
Il pénétra dans les WC si précipitamment qu'il en oublia de fermer la porte. Quel délivrance alors : le flot jaune inondait la cuvette, et le râle de soulagement emplissait l'atmosphère, quand soudain son guide entra et le poussa. Tandis que la pisse éclaboussait la lunette, le sol et son pantalon, il jura. Mais déjà le vaurien était parti. N'osant bouger, il entendit bientôt :
-Papa, je crains que Florent n'ait sali le sol en haut... C'est fâcheux, nous qui venions de tout nettoyer.
Vite, il descendit.
" Pas très dégourdi, hein ? " fit le père, constatant le vêtement trempé. Je me demande si ce n'est pas vous qui auriez besoin d'être surveillé. Je déteste les négligences. Si je n'étais pas aussi pressé, vous seriez déjà viré. Mais puisque ma femme insiste pour que Benjamin ne soit pas laissé seul... J'y vais, fiston. Jérôme doit venir travailler après-demain : s'il y a quoi que ce soit qui ne va pas, reporte-toi à lui. Sois régulier, d'accord ?
-Bien sûr, Papa, miella-t-il.
Et il partit. Le monstre se retourna aussitôt :
-Alors, qu'est-ce que tu attends pour nettoyer tes conneries. J'ai du travail, moi : je veux que tout soit terminé quand je reviendrai.
Il vérifia que le taxi était parti, et s'en alla crânement dans sa chambre.
Déboussolé et intimidé, conscient que le père pourrait avoir oublié quelque chose et revenir, Florent monta chercher une serpillère.
CHAPITRE 1
-Benjamin, c'est prêt !
Il n'avait fait aucune remarque en voyant le lino briller, sinon lui décrire précisément le menu qu'il voulait pour ce soir. Il le faisait désormais attendre. " Benjamin, descends " répéta-t-il.
Au bout de vingt minutes, il descendit. Le richard passa devant lui, s'arrêta devant la pizza, l'examina et conclut : " ce n'est pas ce que j'avais demandé.
-Pardon ? Fit-il.
-Je ne mange pas de tomates.
-Mais, tu n'as pas...
-Hors de question de manger ça. En plus, elle a refroidi. Tu es tellement lent.
-Mais c'est toi qui !
-Je veux la même, sans tomates. Je vais regarder la télé en attendant. "
Il lui tourna le dos d'un pas altier.
C'était trop. Il se posta devant lui.
-Pousse-toi, je ne peux pas allumer la télé.
-Tu pourrais au moins goûter la pizza.
Benjamin le regarda dans les yeux, marqua un silence, et dit enfin :
-OK. Apporte-la moi.
Florent s'exécuta, bien décidé à couper court à ces provocations. Quand il revint, le fils Chaumont trônait sur le canapé, les yeux rivés non sur la TV mais sur lui-même.
-Parfait. Découpe-moi une part, maintenant.
-Tu peux le faire toi-même !
-Ton boulot consiste juste à te charger des repas et de l'entretien. Et tu me refuses un aussi petit service. J'en parlerai à Papa au téléphone. Dès ce soir.
Florent se souvint tout de suite que son salaire dépendait de la satisfaction de Mr Chaumont. Menace facile, mais efficace. Il se résigna :
-Tiens, la voilà.
Benjamin sourit sans rien faire. Au bout d'une minute, il prit le plat que Florent lui tendait, se leva, et l'écrasa sur le visage de l'aîné.
Il explosa :
-Espèce de petit con !
Il prit par le col le jeune prétentieux et lui administra une gifle monumentale. Benjamin réagit par un regard en biais. Puis il se mit à chialer et à courir vers sa chambre.
D'abord la poussée dans les chiottes, maintenant la pizza. Il l'avait bien cherché... Florent resta là, honteux et penaud.
Merci d'avoir lu le début de cette histoire. Elle est loin d'être finie. J'aimerais beaucoup pouvoir bénéficier de vos impressions, critiques, suggestions pour la suite.
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Gaytleman
Autres histoires de l'auteur : Le baby sit-ter